En choisissant la musique comme thème principal de mon mémoire, mon choix était d’abord orienté vers le lien entre littérature et musique. En quoi la musique peut-elle aider l’enfant à devenir lecteur ? Je me suis lancée par la suite dans des recherches concernant la musicologie, mais après réflexion il me semblait difficile de réaliser une enquête portant cette discipline dans une classe car elle devrait comporter un profil d’élèves particulier. J’ai donc poursuivi mes recherches sur le rapport entre l’enfant et la musique à l’école.
Je me suis alors attardée sur le livre de Frédéric Billiet et Monique Leblanc : De la pub pour Mozart : La musique de publicité dans l’éducation musicale qui parlait de l’utilisation de la musique publicitaire à l’école. Il mentionnait notamment une musique classique instaurée comme hiérarchiquement supérieure à l’école qui déclenchait un effet de rejet chez les élèves par la suite. Le témoignage de Fl.SCHMITT rapporté par Angélique Fulin illustre parfaitement le ressenti d’une majorité d’élèves face à ce type de musique : « des gens ont essayé de me faire aimer Mozart, d’autres Bach, d’autres Wagner. Ce sont les choses que l’on m’a vantées le plus que j’aime le moins. » . Ensuite, j’ai lu dans un ouvrage d’Isabelle Lamorthe que l’on était plus attentif à une écoute si on avait déjà entendu la musique au préalable, « le son déjà entendu, c’est une présence familière et sécurisante. »,.
L’ECOUTE CHEZ L’ENFANT
L’ECOUTE
Distinction entre écouter et entendre
Selon le Trésor de la langue française (TLF) , écouter c’est tendre « l’oreille vers ce que l’on peut entendre, prêter attention à ce que l’on entend ». Entendre c’est « percevoir par l’oreille ». On constate donc qu’écouter possède un aspect plus actif qu’entendre, il s’agit de reconnaître, analyser un son alors que le fait d’entendre se limite à la simple perception du son.
Cependant si l’on se réfère à Pierre Schaeffer, on découvre que les distinctions sont plus nombreuses et nuancées. En effet, il compte 4 modalités d’écoute à savoir : écouter, ouïr, entendre et comprendre. Le concept d’écoute rejoint la définition du TLF, en précisant qu’écouter c’est « viser la source par l’intermédiaire du son et de traiter le son comme indice de cette source » . « Ouïr » est une écoute passive c’est-à-dire que l’on « perçoit par l’oreille, sans chercher à écouter ni comprendre ». Entendre est également une perception auditive comme Ouïr à la différence qu’entendre « manifeste une intention d’écoute, sélectionne ce qui nous intéresse, pour opérer une qualification de ce que l’on entend ». Enfin, la modalité « Comprendre » concerne l’interprétation que l’on fait du son entendu. « C’est saisir un sens, des valeurs, en traitant le son comme un signe renvoyant à un sens, en fonction d’un langage, d’un code. » .
Les différents types d’écoute
Tout individu possède une écoute dite « naturelle » qui se « manifeste généralement par un questionnement (Qu’est-ce que c’est ? Qui est-ce ? ) et réside dans l’identification d’un bruit ou d’un son pour se renseigner sur l’évènement ». Cependant on distingue deux types d’écoute : l’écoute active et l’écoute passive. Selon Angélique Fulin, l’écoute active se définit par « j’entends ce que je vise » et l’écoute passive par « j’entends ce qui domine ». C’est-à-dire que l’on perçoit le son sans s’interroger sur son origine, on peut parfois même l’entendre sans s’en rendre compte dans l’écoute passive. Une écoute active, en revanche, induit que l’on porte une pleine attention sur le son, sa provenance, son fonctionnement, sa signification.
On peut distinguer deux types d’écoute active. Il y a tout d’abord l’écoute libre qui suscite l’attention du sujet mais avec une dimension de plaisir puis « l’écoute analytique » qui demande une démarche plus approfondie et permet à l’élève de « s’approprier progressivement le langage musical, structurer les formes les plus courantes et élargir son champ auditif ».
Il est important de faire la distinction entre ces deux types d’écoute (active et passive) afin de définir sa séquence en termes d’objectifs pédagogiques. En effet, une écoute passive peut être utilisée à l’école dans le cadre d’un retour au calme par exemple. Les élèves se « laissent aller à la relaxation de leur corps, et la musique peut les y aider » . L’écoute active quant à elle servira dans le cadre du développement des facultés de perception auditive des élèves mais également dans la caractérisation d’éléments musicaux précis (tels que le style musical, le rythme, l’instrumentation, la tonalité, etc.).
« Autrement dit, un évènement sonore ayant été primitivement choisi, nous passerons, grâce à un second choix, de la « perception brute », à la « perception qualifiée ». Nous voyons donc que, loin de restreindre notre observation par un rejet négatif, il s’agit de parvenir à une plus grande qualification par une écoute plus compétente, moins banale. C’est à la recherche de cette écoute «praticienne» que nous allons maintenant travailler. » .
L’écoute à l’école : les réponses types des élèves
À l’issue d’une écoute musicale, on peut attendre 3 types de réponses possibles de la part des élèves. Il peut s’agir de réponses affectives où les enfants vont associer la musique au sentiment qu’ils éprouvent en l’écoutant (par exemple : «ça me rend triste », « ça me fait peur »). On peut également recueillir des réponses narratives, c’est-à-dire que l’élève intègre la musique à une histoire ou à un moment vécu (par exemple : « ça me rappelle la fois où … »). Enfin les enfants peuvent exprimer des réponses analytiques traitant de la musique par ses paramètres propres tels que le rythme, la tonalité, l’amplitude (par exemple : «c’était fort », « c’était aigu », « c’était rapide ») et également les instruments employés (par exemple : « j’ai entendu de la trompette »).
La signification d’une musique est toujours ouverte à chacun. Elle peut être ouverte à une variété d’émotions et d’images mentales très large selon les individus de par leur histoire, leurs goûts, leurs connaissances. Cependant, la musique publicitaire réduit à un seul sens possible celui de l’image imposée par le spot, le clip publicitaire. La musique publicitaire permet souvent de n’avoir qu’une idée narrative en tête, celle de la publicité. Sur le plan affectif elle dénature un peu le sentiment premier de la musique qu’ils auraient éprouvé s’ils l’avaient écoutés sans images publicitaires. Cette première familiarisation avec la musique peut conduire à deux conséquences possibles. Elle peut permettre de passer plus rapidement à une écoute analytique de la musique ou au contraire les enfants risquent de rester totalement dans la narration de la publicité du fait qu’elle les fait rire, qu’ils n’aiment pas le produit présenté, etc.
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Table des matières
INTRODUCTION
I) L’ECOUTE CHEZ L’ENFANT
A) L’ECOUTE
a) Distinction entre écouter et entendre
b) Les différents types d’écoute
c) L’écoute à l’école : les réponses types des élèves
B) LES INSTRUCTIONS OFFICIELLES
II) LA MUSIQUE CLASSIQUE
A) DEFINITION
B) LA MUSIQUE CLASSIQUE ET L’ENFANT
C) MUSIQUE CLASSIQUE ET PUBLICITE
III) LA MUSIQUE PUBLICITAIRE A L’ECOLE
A) LES ENFANTS ET LA MEMOIRE AUDIOVISUELLE
B) L’INTERET QUE PRESENTE LA MUSIQUE PUBLICITAIRE DANS LES APPRENTISSAGES
IV) MÉTHODOLOGIE ET MISE EN ŒUVRE PEDAGOGIQUE
A) PRESENTATION DE LA DEMARCHE
B) MISE EN PLACE DE LA DEMARCHE
a) La mise en place des questionnaires
b) La mise en place des séances
C) ANALYSE DES DONNEES
b) Questionnaire 1
c) Questionnaire 2
e) Post-entretien individuel
CONCLUSION ET PROLONGEMENTS
LISTE DES ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE