muscle squelettique
ENERGETIQUE DE L’EFFORT MUSCULAIRE
La contraction musculaire a pour origine une modification รฉlectrique transmise ร la cellule musculaire par un nerf moteur.Ce phรฉnomรจne consomme de l’รฉnergie fournie par des processus biochimiques dans la cellule, principalement des rรฉactions d’oxydo-rรฉduction.La contraction musculaire est fonction de la disponibilitรฉ des sources d’รฉnergie.Le travail musculaire produit une grande quantitรฉ de chaleur. Celle-ci est รฉliminรฉe sous forme de vapeur d’eau par ventilation chez le chien (halรจtement) ; ce mรฉcanisme entraรฎne un risque important de dรฉshydratation principalement lors des efforts d’endurance en l’absence d’abreuvement.L’hyperthermie est en outre trรจs frรฉquente aprรจs un effort musculaire .
Physiologie de la contraction musculaire
Les sources รฉnergรฉtiques chez le chien sont constituรฉes par :
– des glucides stockรฉs sous forme de glycogรจne dans le foie et les muscles. Leur concentration est un peu plus รฉlevรฉe (2 ร 3%) chez les sujets entraรฎnรฉs ร effectuer des exercices musculaires soutenus et prolongรฉs.
– des triglycรฉrides des tissus adipeux et musculaires qui correspondent respectivement ร 20% et ร 1% du poids du corps chez un sujet en รฉtat d’entretien correct [49]. Du fait de ce relais mรฉtabolique, on nโobserve pas de fatigue chez le chien suite ร une carence en รฉnergie glucidique.
Les mรฉtabolites รฉnergรฉtiques circulants reprรฉsentent une rรฉserve รฉnergรฉtique trรจs modeste.
Ils ne sont pas en outre directement utilisables par la cellule musculaire qui se comporte comme un transformateur d’รฉnergie utilisant l’รฉnergie libre contenue dans l’ATP.
Cette libรฉration d’รฉnergie s’effectue par hydrolyse enzymatique de l’ATP au niveau des structures รฉlรฉmentaires de la fibre musculaire.
ย L’ATP, source d’รฉnergie de la contraction musculaire
La seule source d’รฉnergie directement utilisable au niveau du muscle est constituรฉe par des molรฉcules d’ATP.Lors de l’effort, la lyse enzymatique de l’ATP en adรฉnosine diphosphate (ADP) et en phosphate inorganique (Pi) libรจre l’รฉnergie nรฉcessaire pour assurer le travail musculaire (caractรจre exergonique de la rรฉaction chimique).ATP โ ADP + Pi + Energie Contraction
L’ATP doit donc รชtre rapidement et continuellement synthรฉtisรฉ.Les voies mรฉtaboliques qui participent ร ce processus sont diverses et ont chacune leurs caractรฉristiques propres. En simplifiant ร l’extrรชme, trois filiรจres mรฉtaboliques se relaient dans le temps pour assurer la continuitรฉ d’un effort une fois celui-ci commencรฉ (cf partie I, chapitre II.B) [1,41,44].
Contraction volontaire contrรดlรฉe par le systรจme nerveux central, la contraction musculaire se traduit par la production d’un travail mรฉcanique du fait du raccourcissement de la longueur des cellules, et donc du muscle striรฉ squelettique.
Modifications morphologiques du muscle lors de sa contraction
Lors de la contraction musculaire, les myofibrilles subissent une diminution de leur longueur due ร un raccourcissement du sarcomรจre. Au maximum de sa contraction, la longueur du sarcomรจre diminue de 20 ร 50%.Lorsque la cellule est en รฉtat de contraction, on observe un tassement du sarcomรจre, avec un rapprochement des deux disques Z, sans variation de la longueur du disque A, et la disparition plus ou moins complรจte du disque H.Lors de l’รฉlongation de la fibre musculaire striรฉe, le sarcomรจre apparaรฎt รฉtirรฉ. Les deux disques Z sont รฉloignรฉs alors que la longueur du disque A n’est pas modifiรฉe, et que celle du disque H est augmentรฉe (Figure 5).En microscopie รฉlectronique, on retrouve ces mรชmes modifications et l’on constate รฉgalement qu’il n’y a pas de modification de longueur des filaments d’actine ou de myosine. Lors de la contraction, les filaments d’actine pรฉnรจtrent et progressent entre les filaments de myosine, ce qui aboutit ร une diminution de la longueur du disque H.A l’inverse, lors de l’extension, les filaments d’actine reculent et pรฉnรจtrent moins dans le rรฉseau de myosine. Le disque H a alors une longueur plus importante [23,32] (Figure 5).L’onde de dรฉpolarisation gagne la profondeur de la cellule musculaire striรฉe par le systรจme T, directement vers les unitรฉs contractiles que sont les sarcomรจres. Le systรจme T forme une triade avec les saccules du rรฉticulum endoplasmique qui l’entoure. Or, ces citernes du rรฉticulum ont la remarquable propriรฉtรฉ d’accumuler de grandes quantitรฉs de calcium du fait d’une ATPase calcium dรฉpendante, si bien que la plus grande partie du calcium cellulaire y est sรฉquestrรฉ.L’arrivรฉe du potentiel d’action au niveau de la triade a pour effet de libรฉrer brusquement le calcium sรฉquestrรฉ (ouverture des canaux ioniques). Le calcium diffuse alors librement dans le sarcoplasme, oรน sa concentration augmente plus de mille fois.Cette augmentation de la concentration en calcium est ร l’origine de la contraction : elle provoque une modification dans la structure du filament fin et permet ainsi le pontage avec le filament รฉpais .Au repos, lorsque la concentration en calcium est basse, la tropomyosine et la troponine sont disposรฉes de telle sorte qu’elles inhibent la formation des ponts. Lorsque la concentration en calcium est รฉlevรฉe, celui-ci se fixe sur la troponine qui change de forme et entraรฎne le dรฉplacement de la tropomyosine. Cette derniรจre, superficielle initialement, va se fixer dans la rainure de l’hรฉlice d’actine : la tropomyosine ne recouvre donc plus les sites d’interaction actine-myosine et ne s’oppose plus au pontage.Une fois l’onde de dรฉpolarisation passรฉe, le calcium regagne les citernes du rรฉticulum endoplasmique formant les triades, ce qui stoppe l’activitรฉ ATPasique. Le sarcomรจre retourne alors ร sa longueur initiale.La contraction rรฉsulte d’une succession de liaisons entre l’actine et la myosine ; chaque phase de liaison est suivie d’une phase de dissociation qui permet ร la myosine d’atteindre le site de liaison d’actine de l’unitรฉ suivante. Ainsi de proche en proche, les filaments d’actine se dรฉplacent par rapport aux filaments de myosine. Chaque liaison consomme une molรฉcule d’ATP.Le calcium amorce donc la contraction musculaire mais permet aussi une activation de la voie permettant d’obtenir une mobilisation du glycogรจne musculaire en glucose disponible .
Les voies du mรฉtabolisme รฉnergรฉtique et leur chronologie lors de l’effort musculaire
La cellule musculaire a donc besoin de sources d’ATP pour gรฉnรฉrer le cycle contraction – relaxation du muscle.Sa concentration dans l’organisme est trรจs faible ; les rรฉserves seraient donc vite รฉpuisรฉes si, lors d’un effort musculaire, l’organisme ne mettait en jeu divers processus pour produire de l’รฉnergie en gรฉnรฉrant de l’ATP [25].La quantitรฉ maximale d’รฉnergie offerte au muscle lors d’un effort en fonction du temps a รฉtรฉ รฉtablie chez l’homme (par Howald en 1974) mais on admet une courbe d’allure identique chez le chien [25].Bien qu’un chevauchement des voies mรฉtaboliques existe, on admet classiquement une succession de trois phases principales lors de l’effort :
– Pendant les quelques secondes qui suivent le dรฉbut de l’effort, la cellule utilise ses stocks d’ATP, qu’elle reconstitue ร partir de la phosphocrรฉatine du muscle sans avoir besoin d’oxygรจne (par transphosphorylation). C’est la voie dite anaรฉobie alactique.
– Puis la cellule musculaire met en place la glyco(gรฉno)lyse anaรฉrobie (production d’acide lactique) ร partir du glucose, issu du glucose sanguin, du glycogรจne endogรจne musculaire et hรฉpatique. Il s’agit de la voie anaรฉrobie lactique.
– Avec une inertie de quelques minutes se met en place la voie aรฉrobie avec consommation d’oxygรจne, production de dioxyde de carbone et d’eau. Cette phosphorylation oxydative met en jeu le cycle de Krebs et a pour substrat le glucose, issu du glucose sanguin circulant, du glycogรจne hรฉpatique et des acides gras dรฉrivรฉs des triacylglycรฉrols du tissu adipeux [25]. Le glycogรจne musculaire est aussi une source รฉnergรฉtique mais il est dรฉgradรฉ plus graduellement que lors de la voie anaรฉrobie [41].
Chaque voie รฉnergรฉtique de renouvellement de l’ATP, que l’on peut travailler spรฉcifiquement lors de l’entraรฎnement, est caractรฉrisรฉe par :
– un domaine d’intervention au cours de l’effort fonction de son dรฉlai de mise en action,
– sa capacitรฉ (quantitรฉ maximale d’ATP fournie),
– sa puissance ou intensitรฉ (quantitรฉ maximale d’ATP fournie par unitรฉ de temps),
– ses facteurs limitants [25].
La voie anaรฉrobie alactique
Le domaine d’intervention du systรจme des phosphagรจnes est trรจs court. En quelques secondes, l’ATP qu’il peut libรฉrer est รฉpuisรฉ.Dรจs l’arrรชt de l’effort, la rรฉaction s’inverse et le stock se reconstitue .
Crรฉatine kinase
Phosphocrรฉatine + ADP + H+ โโ ATP + Crรฉatine
Sa capacitรฉ est donc limitรฉe. Cette voie n’intervient de faรงon prรฉpondรฉrante que pendant les toutes premiรจres secondes de l’effort. En revanche, sa puissance est รฉlevรฉe : les rรฉactions qui permettent la mise ร disposition de l’ATP sont immรฉdiates. Une molรฉcule de phosphocrรฉatine fournit une molรฉcule d’ATP.
Il se forme une molรฉcule d’ATP sans oxygรจne et sans formation de dรฉchets mรฉtaboliques.
La voie anaรฉrobie alactique n’a pas de facteur limitant, ร part sa faible capacitรฉ.
L’entraรฎnement ou le rรฉgime alimentaire n’ont pas d’influence sur elle [25].
ย La voie anaรฉrobie lactique
La glycolyse anaรฉrobie utilise le glycogรจne et dรฉgrade le glucose-6 -phosphate en acide pyruvique. Celui-ci, converti en acide lactique, n’est pas utilisรฉ par le muscle et s’accumule. Le processus se met en place avec un dรฉlai d’une dizaine de secondes et atteint son maximum d’intervention 30 ร 60 secondes aprรจs le dรฉbut de l’action chez l’homme [25,41].Chez le chien son domaine d’intervention serait encore plus bref selon Binzoni.Glucose โ Glucose 6 phosphate โ Acide pyruvique โ Acide lactique + Energie Glycolyse ADP + Pi ATPSa capacitรฉ est รฉlevรฉe mais sa puissance est limitรฉe et fournit environ moitiรฉ moins de kcal/min que la voie anaรฉrobie alactique. Dรฉjร au bout d’une minute l’intensitรฉ maximale qui peut รชtre fournie n’est plus que d’environ 70% de ce qu’elle รฉtait dans les premiรจres secondes. Les lactates produits sont en partie mis en circulation, le foie pouvant les reconvertir en glucose.Pour une molรฉcule de glucose, il y a formation de deux molรฉcules dโATP.Pour une molรฉcule de glycogรจne, il se forme trois molรฉcules d’ATP.
L’acide lactique est le principal facteur limitant. En grande quantitรฉ, il ne peut plus jouer son rรดle de tampon. En outre, la voie anaรฉrobie est gรฉnรฉratrice de protons qui acidifient la fibre musculaire.
Cette accumulation dโeffets combinรฉs est mal tolรฉrรฉe par le muscle (fatigue musculaire, crampe, arrรชt de lโeffort) et dans la circulation gรฉnรฉrale (acidose, hyperammoniรฉmie, fatigue gรฉnรฉrale)
L’entraรฎnement peut augmenter la puissance de cette voie par amรฉlioration de l’activitรฉ enzymatique et permet une meilleure tolรฉrance musculaire ร l’acide lactique (cf partie III) [25].
La voie aรฉrobie
La voie aรฉrobie correspond ร l’oxydation de l’acรฉtylcoenzyme A (issu de lโacide pyruvique suite ร la glycolyse) par le cycle de Krebs ce qui aboutit ร la formation de dioxyde de carbone et d’eau. Le dioxyde de carbone diffuse trรจs facilement et ne s’accumule pas localement. Il est รฉliminรฉ par voie pulmonaire.La lipolyse aรฉrobie correspond ร la ฮฒ oxydation des acides gras libres en acรฉtylcoenzyme A .La voie aรฉrobie n’est rรฉellement active qu’au bout de trois ou quatre minutes. Si le muscle reรงoit ร volontรฉ les substrats qui lui permettent de l’alimenter (oxygรจne, glucose, acides gras libres), elle a une capacitรฉ thรฉorique infinie. En pratique un effort de faible intensitรฉ (moins de 30% de l’intensitรฉ maximale) peut รชtre maintenu plusieurs heures. En revanche, sa puissance est limitรฉe, comparable ร celle de la voie anaรฉrobie alactique.Si l’intensitรฉ de l’effort dรฉpasse la puissance maximale aรฉrobie, la voie anaรฉrobie est ร nouveau sollicitรฉe.Aucun dรฉchet n’est produit. Le principal facteur limitant de la voie aรฉrobie se situe en amont : c’est le dรฉbit maximal d’oxygรจne que peut recevoir le muscle (VO2 max). La consommation d’oxygรจne dรฉpend :
– du dรฉbit cardiaque,
– de la ventilation et des รฉchanges alvรฉolaires,
– de facteurs tissulaires locaux (circulation musculaire, intensitรฉ de la voie
aรฉrobie) qui assurent le prรฉlรจvement de l’oxygรจne.
La rรฉcupรฉration musculaire permet un retour de la cellule musculaire ร son รฉtat initial par reconstitution des stocks, paiement de la dette en oxygรจne et รฉlimination des dรฉchets (protons) .
Les effets de l’entraรฎnement sur la voie aรฉrobie seront envisagรฉs en troisiรจme partie de cette รฉtude.
Classification des fibres musculaires striรฉes squelettiques
A l’intรฉrieur d’un muscle, les fibres musculaires striรฉes squelettiques ne sont pas toutes identiques. Elles possรจdent des caractรฉristiques morphologiques et fonctionnelles variables ce qui permet de distinguer deux groupes de fibres chez le chien (et tout mammifรจre) :
– les fibres I appelรฉes fibres lentes,
– les fibres II appelรฉes fibres rapides.
Cette classification est basรฉe sur des mรฉthodes histochimiques enzymatiques : on localise les sites actifs de certaines enzymes grรขce ร un milieu d’incubation contenant le substrat spรฉcifique de l’enzyme et un colorant servant de rรฉvรฉlateur. On recherche des enzymes telle que la NADH transfรฉrase, indicatrice d’une capacitรฉ oxydative, sur des coupes transversales de muscle congelรฉ
La composition en fibres de type I ou de type II est remarquablement fixe et il existe une certaine corrรฉlation entre le type de cellules musculaires striรฉes et les propriรฉtรฉs contractiles du muscle.
La majoritรฉ des muscles possรจdent environ 50% de chaque sorte d’unitรฉsMais certains muscles sont plus riches en fibres lentes (les muscles posturaux) et d’autres en fibres rapides (les muscles de l’activitรฉ gestuelle).La proportion de chaque espรจce de fibres est gรฉnรฉtiquement fixรฉe et dรฉtermine une fois l’รขge adulte atteint l’aptitude d’un chien ร rรฉaliser un certain type de performance.L’entraรฎnement peut modifier spรฉcifiquement chaque type de fibre (cf partie III, I.D.) mais dans des proportions toutes relatives.L’ensemble des cellules musculaires striรฉes qui dรฉpendent d’un mรชme neurone moteur est appelรฉ une unitรฉ motrice. Ces cellules ont une topographie dispersรฉe au sein du muscle. Toutes les cellules musculaires d’une unitรฉ motrice sont d’un mรชme type, et il semble que le type des cellules musculaires soit dรฉterminรฉ par la cellule nerveuse qui exerce une influence permanente sur elles.
1) Les fibres ร contraction lente
La fibre de type I, รฉgalement dรฉnommรฉe S.T. (slow twitch) est une fibre rouge, ร contraction lente et ร mรฉtabolisme essentiellement aรฉrobie oxydatif. A l’intรฉrieur de cette fibre, se produit essentiellement une phosphorylation oxydative intra-mitochondriale. Elle a une forte teneur en myoglobine. Elle est entourรฉe d’un riche rรฉseau capillaire et elle est spรฉcifiquement รฉquipรฉe pour un mรฉtabolisme aรฉrobie et une activitรฉ prolongรฉe ร faible tension. La vitesse de contraction et la force dรฉveloppรฉe sont faibles mais la fibre de type I est peu fatigable [41,57].
2) Les fibres ร contraction rapide
La fibre de type II A, classification basรฉe sur le polymorphisme des chaรฎnes lourdes de myosine du muscle squelettique, รฉgalement dรฉnommรฉe F.T.A (fast twitch A), est une fibre blanche d’activitรฉ intermรฉdiaire qui utilise les deux voies mรฉtaboliques. Elle est riche en glycogรจne et en enzymes glycolytiques et dans une moindre mesure en mitochondries. Elle est moins oxydative et davantage anaรฉrobie. C’est une fibre relativement rรฉsistante ร la fatigue, elle est le point de dรฉpart d’une activitรฉ phasique prolongรฉe [41,57].
La fibre de type II B, รฉgalement dรฉnommรฉe F.T.B (fast twitch B) est une fibre blanche phasique. Son mรฉtabolisme est essentiellement anaรฉrobie. Elle est pauvre en mitochondries et en enzymes oxydatives. Elle est riche en glycogรจne et a une trรจs forte activitรฉ glycolytique. Elle est trรจs sensible ร la fatigue. Cette fibre est ร l’origine d’une puissante activitรฉ physique dรฉveloppant une grande force mais de courte durรฉe [41,57].
On รฉvoque รฉgalement des fibres de type II X, aux caractรฉristiques (mรฉtabolisme oxydatif / glycolytique) intermรฉdiaires entre les fibres de type II A et II B. L’existence des fibres II B chez le chien est parfois contestรฉe, certaines รฉtudes n’ayant pas rรฉussi ร mettre en รฉvidence ce type de fibre [48].
Par ailleurs, d’autres auteurs rapprochent les fibres de type II B et II X, proches par leurs caractรฉristiques mรฉtaboliques. Ainsi, il a รฉtรฉ montrรฉ chez le cheval que l’isoforme IIx de la chaรฎne lourde de la myosine ne pouvait รชtre mise en รฉvidence, mais que par contre une isoforme IIb du cheval avait les mรชmes propriรฉtรฉs de migration en รฉlectrophorรจse que la myosine IIx du rat [3].
Dans cette thรจse, nous n’entrerons pas dans ce dรฉbat, et nous citerons les fibres II B lorsqu’elles sont รฉtudiรฉes (chez l’homme par exemple), mais en gardant ร l’esprit cette variabilitรฉ des types de fibres entres les diffรฉrentes espรจces animales.
3) Les fibres intermรฉdiaires
Appelรฉes aussi fibres de transition, d’autres types de fibres musculaires sont trouvรฉes
ร l’intรฉrieur du muscle : les fibre II AB et les fibre II C. Ces fibres semblent davantage correspondre ร des รฉtapes de transition d’un type de fibre ร un autre.
Les fibres musculaires prรฉsentent en effet cette particularitรฉ de pouvoir รฉvoluer d’un type ร un autre et ce, en fonction de la nature du travail auquel le muscle est le plus frรฉquemment soumis [57].
Les fibres de type II C, par exemple, sont retrouvรฉes chez les jeunes sujets et rรฉapparaissent lors d’une immobilisation prolongรฉe [46].
Le Tableau 1 rรฉsume les caractรฉristiques des fibres lentes et des fibres rapides du muscle striรฉ.
Deux exemples types d’effort en sport canin
L’effort rรฉalisรฉ par un greyhound en course est un effort trรจs intense mais bref, le sprint, qui ne dure que quelques dizaines de secondes.
En phase d’accรฉlรฉration, le mรฉtabolisme รฉnergรฉtique mis en jeu est de faรงon quasi-exclusive anaรฉrobie. Puis, la production รฉnergรฉtique par la voie alactique devenant nulle en environ trente secondes de course, et celle produite par la voie lactique diminuant plus progressivement, l’รฉnergie nรฉcessaire pour maintenir la vitesse et la distance de la course est alors issue de la voie aรฉrobie (au bout de 15 secondes d’effort).
Il nโexiste pas de moyens dโaugmenter la phosphocrรฉatine musculaire de la voie anaรฉrobie alactique. Lโamรฉlioration de la performance chez le greyhound se fait donc par la sรฉlection gรฉnรฉtique et la favorisation du travail en anaรฉrobiose lors de l’entraรฎnement (envisagรฉe en partie III), permettant ainsi le dรฉveloppement des fibres rapides de type II B [32,34].
L’effort rรฉalisรฉ par un chien de traรฎneau lors de courses longues distances est un effort d’endurance. Le mรฉtabolisme est orientรฉ dans ce cas vers la voie aรฉrobie stricte, qui se met en place aprรจs quelques minutes de course, permettant ainsi ร l’organisme un ajustement de la consommation d’oxygรจne.
Les acides gras issus de la lipolyse sont la principale source d’รฉnergie du travail musculaire : une รฉpargne du glycogรจne musculaire se met en place et permet de prolonger des performances relativement รฉlevรฉes dans le temps.
L’amรฉlioration de la performance est permise par le travail ร l’entraรฎnement en aรฉrobiose (envisagรฉ en partie III), favorisant le dรฉveloppement de fibres de type I [8,32].
LA CICATRISATION MUSCULAIRE
Des รฉtudes expรฉrimentales, chez l’animal ont permis de mieux comprendre les processus de la cicatrisation musculaire ainsi que les facteurs favorables et dรฉfavorables ร cette rรฉparation [6].
Les consรฉquences d’une lรฉsion musculaire
Selon Jarvinen, la lรฉsion expรฉrimentale qui se rapproche le plus de la lรฉsion
musculaire du sportif est une contusion directe sur un muscle contractรฉ par une
stimulation รฉlectrique.
Ainsi on retrouve [6] :
– une peau intacte,
– un hรฉmatome intramusculaire,
– une lรฉsion des fibres musculaires, certaines รฉtant nรฉcrotiques, d’autres prรฉsentant des signes de souffrance intracellulaire (dรฉgรฉnรฉrescence vacuolaire, granulaire, hyaline),
– une atteinte du tissu conjonctif de soutien et des fascias.
Le dรฉroulement de la cicatrisation musculaire
Quand la lรฉsion musculaire intรฉresse ร la fois les fibres musculaires et le tissu conjonctif de soutien, ce qui est le cas dans ces lรฉsions expรฉrimentales et dans les lรฉsions ร partir du stade 2 chez le sportif humain (cf partie II, I.B.), la rรฉparation musculaire se fait ร partir de deux mรฉcanismes. Le premier est la cicatrisation conjonctive.
Le second est la rรฉgรฉnรฉration de la fibre musculaire chez l’adulte. Studinsky et de Carlisson ont montrรฉ que l’รฉmincรฉ d’un muscle replacรฉ dans sa loge musculaire peut donner naissance ร un nouveau muscle, ร condition d’apporter une vascularisation, une innervation et une traction longitudinale [6,38].
1) La rรฉgรฉnรฉration musculaire
Dans les premiรจres heures qui suivent le traumatisme, la zone lรฉsรฉe est envahie par de nombreuses cellules inflammatoires (macrophages, polynuclรฉaires) qui phagocytent les fibres musculaires nรฉcrotiques. Aprรจs ce nettoyage, seule la membrane basale persiste et sert de charpente ร la rรฉgรฉnรฉration musculaire [4,8].
Les jours suivants, on note, dans la zone de rรฉparation musculaire, une prolifรฉration de myoblastes dont l’origine est discutรฉe. Certains auteurs s’accordent pour dire qu’une grande partie de ces myoblastes proviennent de cellules satellites ร la fibre musculaire striรฉe (cellules de Mauro). Ce sont des cellules mononuclรฉes qui se trouvent entre la membrane basale et le sarcolemme de la fibre musculaire striรฉe mature. Schultz a pu montrer qu’en rรฉponse ร un traumatisme musculaire, il existe une prolifรฉration de ces cellules satellites dans la zone lรฉsรฉe, mais รฉgalement ร distance, dans la zone musculaire saine avec une migration vers la zone lรฉsรฉe. Pour Reznik, les myoblastes proviennent รฉgalement de la fragmentation des fibres musculaires lรฉsรฉes, dont certains noyaux s’entourent de cytoplasme.
Les myoblastes, qui ont prolifรฉrรฉ, s’alignent pour fusionner et donner une grande cellule polynuclรฉรฉe, le myotube. Il se caractรฉrise par une disposition centrale des noyaux et pรฉriphรฉrique des myofibrilles, sans aspect striรฉ. Les myotubes รฉvoluent vers la fibre musculaire striรฉe avec ses noyaux pรฉriphรฉriques et ses myofibrilles centrales et alignรฉes [6,34,38].
|
Table des matiรจres
Introduction
Physiologie de l’effort musculaire chez le chien
I. Histologie du muscle squelettique
A. Architecture du muscle striรฉ squelettique
B. Structure de la fibre musculaire striรฉe squelettique
1) Etude de la fibre musculaire striรฉe squelettique en microscopie photonique
2) Etude de la fibre musculaire striรฉe squelettique en microscopie รฉlectronique
3) Rรฉgions cellulaires spรฉcialisรฉes de la fibres musculaire striรฉe squelettique
4) Fuseaux neuromusculaires
II. Energรฉtique de l’effort musculaire
A. Physiologie de la contraction musculaire
1) L’ATP, source d’รฉnergie de la contraction musculaire
2) Modifications morphologiques du muscle lors de sa contraction
3) Mรฉcanismes biochimiques de la contraction musculaire
B. Les voies du mรฉtabolisme รฉnergรฉtique et leur chronologie lors de l’effort musculaire
1) La voie anaรฉrobie alactique
2) La voie anaรฉrobie lactique
3) La voie aรฉrobie
C. Classification des fibres musculaires striรฉes squelettiques
1) Les fibres ร contraction lente
2) Les fibres ร contraction rapide
3) Les fibres intermรฉdiaires
D. Deux exemples types d’effort en sport canin
III. La cicatrisation musculaire
A. Les consรฉquences d’une lรฉsion musculaire
B. Le dรฉroulement de la cicatrisation musculaire
1) La rรฉgรฉnรฉration musculaire
2) La formation du tissu cicatriciel
3) Les facteurs indispensables ร la cicatrisation musculaire
C. Les effets de l’immobilisation et de la mobilisation sur la cicatrisation musculaire
1) Les travaux de Jarvinen
2) Les travaux de Letho
D. Les dรฉductions thรฉrapeutiques de la cicatrisation musculaire
Les affections musculaires du chien de sport
I. Classsification usuelle des affections musculaires
A. Les affections musculaires sans lรฉsions anatomiques
1) La courbature
2) La contracture
3) La crampe
4) Le syndrome des loges
B. Les affections musculaires avec lรฉsions anatomiques
1) La contusion
2) L’รฉlongation
3) Le claquage
4) La dรฉchirure musculaire
5) La rupture musculaire
6) La hernie musculaire
II. Classification spรฉcifique des affections musculaires chez le chien de sport
III. Diagnostic et exploration de l’accident musculaire
A. Diagnostic de l’accident musculaire
B. Explorations fonctionnelles de l’accident musculaire
1) La radiographie
2) L’รฉchographie
3) La tomodensitomรฉtrie
4) L’imagerie par rรฉsonance magnรฉtique
5) Conclusion sur les techniques applicables chez le chien
IV. Traitement gรฉnรฉral de l’accident musculaire
A. Objectifs du traitement de l’accident musculaire
B. Les gestes ร รฉviter
C. Les techniques de physiothรฉrapie employรฉes chez le chien de sport
1) La kinรฉsithรฉrapie
2) La massothรฉrapie
3) La physiothรฉrapie faisant appel aux traitements thermiques
4) L’hydrothรฉrapie
5) La diathermie
6) L’รฉlectrothรฉrapie
D. Conduite du traitement de l’accident musculaire chez le chien de sport
V. Les autres pathologies musculaires
A. Le ยซย point de cรดtรฉย ยป
B. Le syndrome de mort subite du chien de traรฎneau
C. La rhabdomyolyse d’effort
1) Symptรดmes
2) Diagnostic de la rhabdomyolyse
3) Etiologie
4) Pathogรฉnie
5) Facteurs prรฉdisposants
6) Pronostic
7) Traitement
Prรฉvention des accidents musculaires chez le chien de sport
I. Prรฉvention gรฉnรฉrale des affections musculaires du chien sportif
A. Prรฉvention par la sรฉlection gรฉnรฉtique du chien de sport
B. Prรฉvention par la qualitรฉ de l’environnement et de l’รฉducation du chien
C. Prรฉvention par la nutrition du chien de sport
D. Prรฉvention par l’entraรฎnement du chien de sport et par le renforcement musculaire
1) Principes gรฉnรฉraux de l’entraรฎnement du chien de sport
2) Les effets de l’entraรฎnement sur le muscle
3) Importance de la physiothรฉrapie prรฉventive chez le chien de sport
4) Importance de l’รฉchauffement du chien de sport
II. Prรฉvention spรฉcifique de quelques affections musculaires
A. Prรฉvention des courbatures
B. Prรฉvention des crampes
C. Prรฉvention du point de cรดtรฉ
D. Prรฉvention de la rhabdomyolyse
Conclusion
Bibliographie
Tรฉlรฉcharger le rapport complet