Procédure détaillée de l’étude
Le recueil de données sur 5 semaines s’est déroulé comme suit : Nous avons collaboré avec les étudiantes qui ont réalisé l’étude de fiabilité du dynamomètre MicroFET2 pour la flexion et l’extension du genou (Henguely & Indermühle, 2016). De ce fait, nous avons décidé que chaque sujet participait aux deux études. Nous avons réparti les deux passages des 30 participants sur cinq semaines. Ils ont effectué quatre séries de tests répartis sur deux sessions. En comptant les 10 minutes pour remplir les différents recueils de données [Annexes IV et V], la durée totale de la visite était de 1h10 par participant. Lors de la première session, les deux sujets ont commencé par remplir le document de recueil de données de base [Annexe IV]. Ensuite, le sujet 1 commençait la première série de tests sur une durée de 15 minutes avec l’évaluateur A du membre inférieur pour la flexion et l’extension du genou. Le sujet 2 a commencé avec l’évaluateur A du membre supérieur pour la flexion et l’abduction de l’épaule.
Puis, ils échangeaient pour la deuxième série de tests. En procédant à cet échange, nous avons considéré que le sujet avait une pause active de 15 minutes. C’est-à-dire que le membre qui avait été testé avait une pause de 15 minutes même si le participant réalisait l’autre test durant ce temps. Une fois ces deux séries terminées, le sujet 1 retournait tester le membre inférieur mais avec l’évaluateur B et le sujet 2 pour le membre supérieur avec l’évaluateur B. Enfin, le sujet 1 retournait tester le membre supérieur avec l’évaluateur B et le sujet 2 le membre inférieur avec l’évaluateur B. La deuxième session (J+3-10) a eu lieu entre trois et dix jours après la première (J1). Avant de commencer, les participants ont rempli un questionnaire sur d’éventuels effets indésirables suite à la première session [Annexe V]. Lors de celle-ci, le sujet 1 commençait à nouveau avec l’évaluateur A pour les membres inférieurs et le sujet 2 avec l’évaluateur A pour les membres supérieurs. Le sujet 1 s’est ensuite rendu chez l’évaluateur A pour le membre supérieur et le sujet 2 chez l’évaluateur A pour le membre inférieur. Puis, le sujet 1 est retourné tester le membre inférieur mais avec l’évaluateur C et le sujet 2 pour les membres supérieurs avec l’évaluateur C. Enfin, ils ont procédé à un nouvel échange afin que le sujet 1 teste le membre supérieur avec l’évaluateur C et le sujet 2 le membre inférieur avec l’évaluateur C.
Analyses statistiques
Afin que nos résultats puissent être applicables à d’autres physiothérapeutes, nous avons analysé la fiabilité intra- et inter-examinateurs. Nous avons comparé les valeurs obtenues pour chaque mesure individuelle (calculées à l’aide de l’ICC 2,1) à celles obtenues en utilisant la moyenne des trois mesures, déterminées à l’aide de l’ICC 2,k (2-way-random-model). Les ICC 2,1 et 2,k sont les seuls à prendre en compte à la fois l’erreur aléatoire et l’erreur systématique (Weir, 2005). De plus, ils considèrent le facteur observateur comme étant aléatoire, c’est à-dire que le résultat serait valable pour n’importe quel autre observateur similaire à ceux de l’étude (de Vet et al., 2011). La fiabilité intra-examinateur a été calculée à partir des mesures de l’évaluateur A lors des deux sessions de tests et la fiabilité inter-examinateurs à partir des valeurs des trois évaluateurs. Afin de savoir si la valeur réelle du coefficient de fiabilité est proche de notre estimation, nous avons également calculé l’intervalle de confiance (IC, 95%) de l’ICC.
Plus l’intervalle de confiance est petit, plus la valeur du coefficient de fiabilité obtenue est précise (Streiner, Norman, & Cairney, 2014). Pour la fiabilité absolue, nous avons calculé l’erreur standard de mesure (SEM) et le changement détectable minimal (SDD) afin de savoir à partir de quelle différence de valeur, le changement observé est dû à l’amélioration du sujet et non à l’erreur de mesure (Weir, 2005). Le SDD a été calculé à l’aide de la formule suivante : 2,77*SEM. Enfin, nous avons évalué la corrélation entre la force isométrique maximale développée par les sujets et le poids des testeurs en réalisant une régression linéaire avec un modèle mixte. Au niveau du calendrier, nous avons prévu cinq semaines pour entrer les données statistiques et les analyser à l’aide du logiciel RStudio. 4.6. Forces et faiblesses Au cours de cette étude, nous avons pu identifier certaines forces et faiblesses de notre travail. Pour commencer, nous étions dès le départ motivées à travailler sur ce projet et nous nous sommes beaucoup impliquées dans notre travail. En effet, le sujet et le côté pratique de cette étude nous ont vite intéressées. De ce fait, nous nous sommes entraînées afin d’être performantes lors des sessions de tests.
De plus, grâce à un protocole précis et détaillé, nous avons pu conduire notre étude de manière efficace, ce qui nous a permis d’obtenir de bons résultats. Cependant, nous 24 V. Boichat et A. Solier avons pu remarquer que des modifications pourraient être apportées pour améliorer encore cette fiabilité. Nous ne pouvons toutefois pas garantir des résultats sans faute due à l’erreur humaine. Des erreurs auraient pu survenir lors de la prise en note des résultats ou lors de la retranscription des valeurs dans les tableaux. Nous ne pouvons pas non plus exclure des erreurs du MicroFET2. Nous avons cependant limité ces erreurs en faisant calibrer les appareils avant le début des mesures et en utilisant toujours le même, comme certains auteurs le recommandent pour minimiser les biais (Kimura et al., 1996). Comme mentionné auparavant, la façon dont les sangles sont fixées par les examinateurs peut aussi avoir une influence sur nos résultats. Nous avons demandé aux participants de ne pas modifier leurs activités physiques pendant la semaine d’intervalle, ce qui a été respecté par l’ensemble des sujets. Par contre, il a pu y avoir des différences d’état de forme d’un jour à l’autre, notamment des courbatures dues à une activité physique autre que les tests de force. Comme cité précédemment, notre population était constituée de sujets adultes, relativement jeunes, et en bonne santé. Or, dans la pratique, les personnes testées seront des patients atteints d’une pathologie et/ou limités dans leurs amplitudes et/ou leur force. De ce fait, nous supposons que les résultats pourraient être différents et donc, la fiabilité compromise. En raison du temps que nous avions à disposition, nous avons choisi d’inclure 30 personnes dans notre étude au lieu des 50 indiquées dans le protocole. Cependant, selon les statistiques effectuées, nous obtenons une valeur p > 0.7, ce qui est, pour un groupe, une valeur suffisante.
Utilité pour la pratique
Lors de la réalisation de notre étude, nous avons pu remarquer que le MicroFET2 est fiable lorsqu’il s’agit de mesurer objectivement une force supérieure à 3 sur la cotation manuelle (Baldwin, Paratz, & Bersten, 2013; Kendall et al., 2007). En effet, ceci est un avantage car les chiffres sont plus précis et permettent de quantifier objectivement la progression de la force d’un patient. Cela représente un complément important lors de la remise de patient à un collègue, lors des colloques interdisciplinaires ou comme argument auprès des assurances. Pour notre étude, nous avons appliqué rigoureusement le protocole en respectant les positionnements du sujet et du physiothérapeute ainsi que les temps de pause indiqués. 25 V. Boichat et A. Solier Cela est primordial afin d’assurer la reproductibilité et la fiabilité de l’appareil. Dans la pratique, il est donc important de respecter les directives décrites dans le protocole. La procédure nécessite peu de matériel : une table réglable, une sangle, un MicroFET2, un tapis antidérapant et un minuteur. De plus, l’appareil est pratique et facile d’utilisation. Effectuer ces tests ne demande pas beaucoup de temps car, comme décrit dans la méthode, tester une composante dure environ six minutes.
Pistes pour recherches futures
Dans cette étude, nous avons appliqué le protocole réalisé par Racine et Thirion (2015). Cependant, en pratique, nous avons pu observer que la majorité de nos sujets présentaient des douleurs lancinantes à l’épaule en exécutant le mouvement d’abduction avec la résistance au niveau du poignet, sur la face dorsale du radius. Nous avons supposé que ces douleurs étaient dûes au bras de levier important. Etant donné que nous avons commencé notre étude en appliquant la résistance au niveau du poignet, nous avons continué de cette manière. Nous avons tout de même comparé nos résultats en mettant la résistance au-dessus du coude, plus précisément sur l’humérus, proximal à l’olécrane. Nous avons pu remarquer que le sujet ne se plaignait pas de douleur et avait ainsi plus de facilité à développer sa force. De même, quelques sujets se sont plaints du même type de douleurs à l’épaule lors du testing de la flexion ; celles-ci étaient diminuées lorsque la résistance était appliquée sur le bras, au-dessus du coude. En ce qui concerne d’autres pistes de recherches, nous proposons :
– De prévoir une durée plus importante afin de pouvoir évaluer un plus grand nombre de sujets. Dans cette étude, nous avons été limitées dans le temps. De ce fait, nous n’avons pu prendre que 30 participants. Afin de rendre le travail encore plus fiable, il serait intéressant de réaliser la même étude avec 50 participants afin d’avoir un IC 95% de +/- 0.1 pour un ICC de 0.8 (De Vet, Terwee, Mokkink, & Knol, 2011).
– Pour les mêmes raisons, nous n’avons testé que deux composantes de mouvements : la flexion et l’abduction de l’épaule. Nous proposons donc pour la suite d’effectuer une étude avec les autres composantes proposées dans le protocole : extension, rotation interne et externe de l’épaule, flexion et extension du coude.
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Table des matières
1. Introduction
1.1. Contexte et motifs
1.2. Conceptualisation
1.2.1. Force musculaire
1.2.2. Différents types de force
1.2.3. Force isométrique
1.2.4. Evaluation de la force
1.2.5. Dynamométrie manuelle
1.2.6. Facteurs d’influence
1.3. Preuves cliniques à ce jour
1.4. Objectif de l’étude
1.5. Issue de l’étude
2. Méthode
2.1. Design de l’étude
2.2. Population
2.3. Procédures
2.3.1. Calendrier de l’étude
2.3.2. Procédure détaillée de l’étude
2.4. Modalités de la procédure d’évaluation
2.4.1. Utilisation du MicroFET2
2.4.2. Evaluateurs
2.4.3. Type de test
2.4.4. Echauffement
2.4.5. Nombre de répétitions
2.4.6. Temps de contraction
2.4.7. Temps de pauses
2.4.8. Intervalle test-retest
2.4.9. Instructions et encouragements
2.4.10. Mouvements demandés pour l’évaluation de la force isométrique
2.5. Méthode statistique
2.5.1. Détermination de l’échantillon
2.5.2. Analyses statistiques
3. Résultats
3.1. Description de l’échantillon
3.2. Description des caractéristiques des évaluateurs
3.3. Fiabilité intra-examinateur
3.3.1. Flexion
3.3.2. Abduction
3.4. Fiabilité inter-examinateurs
3.4.1. Flexion
3.4.2. Abduction
3.5. Erreur standard de mesure et changement minimal détectable
3.5.1. Flexion
3.5.2. Abduction
3.6. Corrélation entre la force isométrique maximale des sujets et le poids des testeurs
4. Discussion
4.1. Statistiques descriptives
4.2. Fiabilité intra-examinateur
4.3. Fiabilité inter-examinateurs
4.4. Changement minimal détectable et erreur standard de mesure
4.5. Corrélation entre la force isométrique maximale des sujets et le poids des testeurs
4.6. Forces et faiblesses
4.7. Utilité pour la pratique
4.8. Pistes pour recherches futures
5. Conclusion
6. Références bibliographiques
7. Liste des illustrations
8. Liste des tableaux
9. Annexes
Annexe I : Lettre d’information aux participants
Annexe II : Recueil des données de base des participants
Annexe III : Déclaration de consentement
Annexe IV : Recueil de données 1
Annexe V : Recueil de données 2
Annexe VI : Guide d’utilisation du MicroFET2
Annexe VII : Description de la position des tests
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