Mortalité périnatale et néonatale

La mortalité périnatale est, par définition celle qui survient entre la 22e SA et le 7e jour de vie inclus. En l’absence de critères chronologiques, on utilise une définition pondérale, ne prenant en considération que le nouveau-né ayant un poids supérieur ou égal à 500 grammes [24]. Elle comprend la mortinatalité et la mortalité néonatale précoce. La mortalité néonatale est celle qui survient entre 0 et 28 jours de vie ; elle inclut donc une partie de la mortalité périnatale (mortalité néonatale précoce : 0 à 7 jours), en plus de la mortalité néonatale tardive (7 à 28jours).

Les indicateurs de mortalité infantile, incluant les mortalités néonatale et périnatale, sont considérés comme des indicateurs pertinents du développement socio économique d’un pays. Ils permettent d’évaluer l’état sanitaire du pays et l’efficacité des politiques en matière de santé maternelle et infantile. Ces indicateurs servent également à apprécier l’état de santé de la population, l’utilisation et l’efficacité des soins disponibles.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) [43], il y a plus de 6,3 millions de décès périnataux par an à l’échelle mondiale. De ce nombre, 2,64 millions sont des cas de mortinaissances et 3 millions des cas de décès néonataux précoces, et 98% surviennent dans les pays en développement [9]. En Afrique de l’Ouest en 2002, le taux de la mortalité périnatale a été estimé à 41,8‰, ce taux est dix fois supérieur à celui observé dans les pays développés [8]. Au Sénégal, la mortalité périnatale est élevée atteignant 41 pour mille grossesses de sept mois ou plus et il existe une variation importante à l’échelle régionale avec des taux élevés dans les régions de Sédhiou (54‰), Kaolack (51‰) et Louga (49‰) [26].

En 2019, on estime à 5,2 millions le nombre d’enfants âgés de moins de 5 ans décédés dans le monde et l’Afrique subsaharienne reste la région où le taux de mortalité des moins de 5 ans est le plus élevé au monde. Même si le nombre de décès des moins de 5ans n’a jamais été aussi bas (9,9 millions en 2000), on note une augmentation de la proportion des décès néonataux. Quarante-sept pour cent (47 %) (Contre 41% en 2000) de l’ensemble des décès chez les enfants âgés de moins de 5 ans concernaient les nouveau-nés. Environ un tiers d’entre eux sont morts  le jour de la naissance et près des trois quarts dans la semaine suivant la naissance [32]. La plupart de ces décès néonataux sont survenus dans 2 régions du globe : l’Asie du Sud (39%) et l’Afrique subsaharienne (38%). La moitié d’entre eux a été enregistrée dans seulement 5 pays : l’Inde (24%), le Pakistan (10%), la République démocratique du Congo (4%) et l’Ethiopie (3%) [32]. Au Sénégal, la dernière enquête démographique et de santé (EDS) continue de 2019 révèle un taux de mortalité néonatale de 21‰ [2] mais ce taux bien qu’étant en baisse (28‰ en 2017) sur le plan national, cache des disparités car dans certaines régions, des taux beaucoup plus élevés sont notés (55 ‰ à Matam et 47 ‰ à Kaolack) [26].

Les enfants qui meurent au cours des premiers 28 jours de vie présentent des affections et des maladies qui sont associées à l’absence de soins de qualité à la naissance ou à l’absence de soins ou de traitements dispensés par un personnel qualifié, immédiatement après la naissance et dans les premiers jours de vie. Les naissances prématurées, les complications lors de l’accouchement (asphyxie à la naissance ou absence totale de respiration), les infections et les malformations congénitales sont à l’origine de la plupart des décès néonataux [39]. Au Sénégal, comme dans la majorité des pays, les principales causes de cette mortalité néonatale sont la prématurité, les asphyxies, les sepsis, les anomalies congénitales et la pneumonie [26]. Quant à la mortalité périnatale, les facteurs de risque sont très variés et retentissent aussi bien sur le produit de conception que sur la mère en entraînant une mortalité fœtale ou néonatale et/ou une mortalité maternelle. Ces facteurs de risques peuvent être classés en quatre groupes : les facteurs socio économiques et anthropométriques, les antécédents obstétricaux, les facteurs de risque détectables pendant la consultation prénatale, les facteurs de risques dépistables pendant la période anténatale immédiate et le travail d’accouchement. Au Sénégal, les facteurs significativement associés sont entre autres, l’âge (au-delà de 40ans), l’intervalle intergénésique (court), le milieu de provenance (rural) et le faible niveau d’instruction de la mère [26,12].

COMMENTAIRES ET DISCUSSION

Limites de notre étude 

Notre étude connaît certaines limites, du fait du caractère incomplet de certains dossiers, et de l’impossibilité de confirmer certaines données auprès des parents vue le caractère rétrospectif de l’étude. Par ailleurs nos données sont hospitalières et ne peuvent être extrapolées à l’ensemble de la population de la région de Kaolack.

Données épidémiologiques

Nous avons noté des taux de mortinatalité et de mortalité néonatale très élevés (95,02‰ et 116,70‰ respectivement) dans notre étude, traduisant une surmortalité péri et néonatale au niveau du CHREIN de Kaolack. D’autres auteurs ont rapporté des taux comparables de mortinatalité, Dolo A. et al [12] 96,3‰ ; mais notre taux est largement au-dessus de celui rapporté par Diallo F.B et al. (47,65‰) dans une étude en Guinée [11]. Dans la littérature, des taux de mortalité néonatale plus faibles que le nôtre sont rapportés en général. En effet, Garba M. [14] avait retrouvé une mortalité hospitalière de 85,72‰ dans une étude réalisée au Niger en 2017 ; Adetola et al au Nigeria rapportait un taux de 32‰ [1], Jehan et al 47,3‰ [18] au Pakistan et Mengesha H.G. et al, 62,5 ‰ en Éthiopie [25]. Ce fort taux de mortalité retrouvé dans notre étude et qui fait 5,5 fois la moyenne nationale (21‰) [26] pourrait être dû à deux raisons, en premier, le biais de sélection. En effet, notre site d’étude abrite une maternité de niveau 3 où sont référés, d’un peu partout de la région, tous les accouchements à risque de même que tous les nouveau-nés posant problème ; que ce soit en post-natal immédiat ou tardif. Ces décès néonataux étaient survenus surtout en période néonatale précoce (94,41 ‰). Bien que largement supérieur à celui rapporté par Dolo A (36,7 ‰) [12], la tendance est la même dans presque toutes les études où on retrouve que la plupart des décès néonataux surviennent le plus souvent entre 0 à 7 jours, notamment le premier jour comme nous l’avons observé dans notre étude. Le nombre de décès périnataux était de 527 soit 90,55% des décès et le taux de mortalité périnatale était de 136,11‰. Ce taux est légèrement au-dessus des 111,6‰ rapporté par Dolo A. [12], mais très supérieur au taux de 48,2‰ rapporté par Kamaté H. [19]. Ce taux varie donc selon les pays, mais le contraste est plus marqué entre les pays développés et les pays en développement (Finlande, Forsas E. et al : 0,73‰) [13]. Le problème de définition et de recrutement entre pays pourrait expliquer cette disparité. Le choix de la limite inférieure de la mortalité périnatale est un aspect important dans la différence des études. En effet, la plupart des auteurs africains se fixent 28 semaines d’aménorrhées comme limite inférieure de l’âge gestationnel, alors que des niveaux plus bas sont adoptés dans les pays du nord, par exemple 16 semaines d’aménorrhées en Norvège. L’OMS a recommandé en 1993 (C.I.M 10e révision) d’enregistrer les enfants de poids au moins égal à 500 g ou à défaut d’un âge gestationnel au moins égal à 22 SA ou d’au moins 25 cm de taille [12], c’est cette dernière que nous avons utilisée pour notre recrutement. Aussi, la diminution du taux de mortalité périnatale dans la plupart des pays développés n’a été possible que sous l’influence des progrès socioéconomiques et du développement de l’infrastructure médico-sociale et administrative.

Données sociodémographiques

Sexe
La moitié des nouveau-nés décédés étaient de sexe féminin, le sex-ratio était de 1 très proche de celui rapporté par Adetola et al [1] au Nigeria (0,97) mais inférieur à celui retrouvée par Njiki L. [30] au centre hospitalier Roi Baudoin de Dakar (CHRB) qui était de 2,8. Cette prédominance masculine des décès néonataux a été également rapportée dans plusieurs autres études, notamment celles de Kedy Koum et al, au Cameroun en 2013 (2,3) [20] et celui de Phan Thi Hoan et al au Vietnam (1,09) [36]. Quant à la mortalité pour en période périnatale on avait une légère prédominance masculine (52,75%) (Sex-ratio :1,12).

Age maternel à l’admission
L’âge moyen des parturientes était de 26 ans pour l’ensemble des décès. Pour les décès de nouveau-nés, les mères avaient un âge moyen de 26,11 (6,08) ans, similaire à celui retrouvé par Sidibé T. [38] dans un district sanitaire au Mali (26,49 ans). Harir N. et al en Algérie avaient retrouvé un âge plus élevé (35ans) [17], de même que Adetola et al au Nigeria : 27,5(5,2) ans [1]. Près de la moitié (44%) des décès de nouveau-nés était survenue chez des femmes d’âge inférieur à 25 ans.

En ce qui concerne les décès périnataux, la tranche d’âge la plus représentée était celle de 25- 34 ans contrairement à la série de Dolo A. [12] où les décès survenaient surtout chez les parturientes de plus de 35 ans. L’âge moyen retrouvé dans notre étude, 26,67 ans, n’était pas trop différent de celui retrouvé par d’autres auteurs dans la littérature. (Ntambue au Congo : 26ans) [31]. Nous avons également retrouvé chez les mères de plus de 35 ans : 16,31% des décès périnataux, 20% des mortinaissances, et 12% des décès néonataux. Globalement, ces constats mettent en exergue l’intérêt de planifier les grossesses afin que désirées, elles soient mieux suivies pour éviter que les femmes ne tombent enceinte malgré elles avec tous les risques inhérents pour elles et le fœtus.

Profession et niveau d’instruction des mères

Notre analyse révèle que plus de la moitié des femmes de notre série étaient des ménagères avec un faible niveau d’instruction. Ce constat avait été fait au Niger par Garba M. et al qui avaient d’ailleurs démontré que les nouveau-nés issus de mère ménagère présentaient 3,43 fois plus de risque de mourir [14]. Les difficultés de compréhension des signes de dangers au cours de la grossesse et les moyens financiers limités du fait de l’absence de sources de revenues mensuelles fixes, pourrait expliquer en partie la survenue de décès péri et néonataux dans cette population démunie. Cette association pourrait être aussi due au nombre important de grossesse et, à la non planification des grossesses chez ces femmes [18]. Ces constats posent le problème du statut de la femme notamment en termes d’éducation et d’autonomie financière.

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Table des matières

1. INTRODUCTION
2. OBJECTIFS
2.1. Objectif général
2.2. Objectifs spécifiques
3. METHODES D’ETUDE
3.1. Cadre d’étude
3.1.1. Présentation du service de Pédiatrie
3.1.2. Présentation du Service de la Maternité
3.2. Type d’étude et période d’étude
3.3. Population source d’étude
3.3.1. Critères d’inclusion
3.3.2. Critères d’exclusion
3.3.3. Echantillonnage : Méthode et taille de l’échantillon
3.4. Recueil des données
3.5. Traitement et analyse des données
3.6. Aspects réglementaires et Considérations éthiques
4. RESULTATS
4.1. Données épidémiologiques
4.2. DONNEES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES
4.4. Données de la grossesse
4.5. DONNEES MATERNELLES A L’ADMISSION
4.6. Données du nouveau-né
4.6.1. Répartition selon l’âge gestationnel à l’accouchement
4.6.2. Répartition des décès selon le lieu d’accouchement
4.6.3. Répartition des décès selon la voie d’accouchement
4.6.4. Répartition des décès selon l’aspect du liquide amniotique (LA)
4.6.5. Répartition des décès selon le poids à la naissance
4.6.6. Répartition des décès selon l’état du nouveau-né à l’admission
4.6.7. Répartition des décès selon le diagnostic retenu chez le nouveau-né
4.6.8. Répartition des décès selon les anomalies biologiques
4.6.9. Répartition des décès selon le traitement reçu en néonatologie
4.7. Données évolutives
4.7.1. Répartition des décès selon le mois du décès néonatal
4.7.2. Répartition des décès selon le trimestre du décès
4.7.4. Répartition des décès selon le délai du décès par rapport à l’admission en néonatologie
4.7.5. Répartition des décès selon l’âge au moment du décès
4.7.6. Répartition en fonction de la cause du décès néonataux
5. COMMENTAIRES ET DISCUSSION
5.1. Limites de notre étude
5.2. Données épidémiologiques
5.3. Données sociodémographiques
5.3.1. Sexe
5.3.2. Age maternel à l’admission
5.3.3. Profession et niveau d’instruction des mères
5.4. Antécédents maternels
5.4.1. Issue de la dernière grossesse
5.4.2. Antécédents obstétricaux : Gestité, parité
5.5. Données de la grossesse
5.5.1. Nombre de consultations prénatales (CPN)
5.5.2. Complications obstétricales
5.6. Données maternelles à l’admission
5.6.1. Mode d’admission, structure de provenance, mode de transport des mères
5.6.2. Symptomatologie maternelle et diagnostic maternel
5.7. Données du nouveau-né
5.7.1. Age gestationnel à l’accouchement
5.7.2. Lieu d’accouchement des nouveau-nés
5.7.3. Poids à la naissance
5.7.4. Répartition en fonction de l’âge au décès
5.7.5. Périodes de décès
5.7.6. Causes du décès néonatal
CONCLUSION

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