Mortalité des enfants à Madagascar
Niveaux et tendances de la mortalité des enfants
Pour la première période, qui est la plus récente, sur 1000 naissances 159 sont décédés avant d’atteindre son cinquième anniversaire (près d’un décès sur 6 naissances), 96 sont décédés avant l’âge d’un an, et sur 1000 enfants atteignant leur premier anniversaire, 70 sont décédés avant d’atteindre cinq ans.
Le taux de mortalité infantile reste à un niveau de 88 / 1000 en 2000, bien qu’en baisse par rapport à 1997 (96,4 / 1000). Il en est de même du taux de mortalité chez les enfants moins de 5 ans (de 159 / 1000 en 1997 à 136 /1000 en 2000). Le ratio de mortalité maternelle demeure à 488 décès maternel pour 100 000 naissances vivantes en 1997.
Différents facteurs qui influencent la mortalité des enfants
La mortalité des enfants présente des variations selon certaines caractéristiques sociodémographiques des mères. Le degré d’urbanisation est fonction de la différenciation du taux de la mortalité des moins de 5 ans. Ainsi, on note une diminution de la mortalité infanto-juvénile de 5% en milieu rural, de 11% en milieu urbain et de 28% dans la capitale. Comme dans de nombreux pays en développement, malgré l’envergure des infrastructures de soins de santé, l’éloignement des prestataires dans les zones rurales constitue une contrainte majeure en terme d’utilisation, surtout lorsque le moyen de locomotion de base reste la marche. La province de Fianarantsoa présente un taux de mortalité plus important (204‰) que celui d’Antananarivo (126‰). Cela s’explique probablement par un meilleur accès aux services sanitaires dans la province d’Antananarivo qui profite de la proximité de la capitale. Le niveau d’instruction y est également meilleur.
La province d’Antsiranana a connu une baisse significative sensible de la mortalité des moins de 5 ans, par contre, les autres provinces n’ont pas eu ce changement. Enfin, la mortalité infanto juvénile des enfants issues des femmes non instruites est plus élevée (197‰) que celle des enfants issues des femmes les plus instruites (105). Cela s’explique davantage par les meilleures conditions de vie, d’hygiène et d’alimentation, mais surtout le recours plus systématique aux services de santé par les femmes instruites.
Espérance de vie à Madagascar
Dans l’ensemble, les indicateurs de santé de Madagascar sont comparables aux moyennes de l’Afrique sub-saharienne. La situation sanitaire demeure précaire en dépit de quelques progrès enregistrés lors des dernières années. L’estimation pour 2001 de l’espérance de vie en bonne santé à la naissance (EVS) est de 42,2 ans chez les hommes et 46,7 chez les femmes. La prise en charge de maladie de la population indique que 19% de ces années de vie sont vécues dans la mauvaise santé et l’incapacité.
Les maladies causes de décès
Les principales causes de décès des enfants dans le monde
Près de 70% parmi les 11 millions de décès des enfants moins de 5 ans recensés à travers le monde sont dus à la diarrhée, au paludisme, à l’infection néonatale, à la pneumonie, à la prématurité et à l’asphyxie néo-natale. Les chiffres suivants résument l’importance de ces maladies annuellement :
– deux millions d’enfant de moins de cinq ans meurent de pneumonie,
– 2,2 autres millions meurent de diarrhée,
– 5 millions de nouveau-nés meurent d’infection. Un total d’environ 9.2 millions de vies sont perdues à cause de maladie que nous pouvons prévenir ou traiter facilement.
La pauvreté est à la base la de la mortalité infantile élevée des pays pauvres. La pauvreté entraîne la malnutrition, la promiscuité, les mauvaises conditions sanitaires et l’utilisation d’eau non potable. La vaccination n’est souvent pas disponible comme les traitements simples souvent utiles en cas de maladie aiguë. La pauvreté favorise également l’analphabétisme et nous connaissons que l’insuffisance d’éducation des mères favorise l’état sanitaire précaire des enfants dans les pays en voie de développement.
Problèmes de recueil des données
Il existe plusieurs raisons rendant difficile l’attribution d’une cause spécifique de décès des enfants dans le pays en voie de développement :
– beaucoup de pays en voie de développement n’ont qu’un système de recueil de données statistiques ou n’en disposent pas du tout,
– la malnutrition protéino-énergétique et les différentes carences en micronutriments réduisent la défense de l’organisme contre les infections, ce sont donc des facteurs favorisant la survenue des décès,
– souvent, les enfants présentent à la fois plusieurs maladies infectieuses. Les données les plus fiables provenant des pays en voie de développement sont des données obtenues avec l’aide de l’OMS et de la Banque Mondiale.
Variations des causes de décès selon les groupes d’âge
Pour le groupe d’âge de mois de 5 ans, 66% des décès sont dus aux maladies infectieuses ou parasitaires et 57% pour le groupe d’âge de 5 à 14 ans. Ces maladies infectieuses sont responsables de 4,5% de décès observés aux Etats-Unis contre 61% dans la région Sub-Saharienne. Même si seulement 12% de la population des pays en voie de développement vivent dans la région Sub Saharienne, 36% des décès par maladies infectieuses de tous les pays en voie de développement survient dans cette région, avec 87% de tous les décès par paludisme, 47% des décès par rougeole, 88% des décès par HIV et 80% des décès par syphilis. La part des maladies infectieuses dans les causes de décès est de 23% en Amérique Latine et Caraïbe, 35% en Inde, 11,5% en Chine. Ce sont des maladies bien connues des pays industrialisés et qui ont dominé leurs statistiques sanitaires il y a 100 ans. Beaucoup parmi ces maladies peuvent être prévenues par la vaccination, vaccins déjà disponibles dans les pays développés il y a 30 ans ou plus. Si nous essayons de regarder de plus près les causes de décès des enfants de moins de 5 ans, nous pouvons souligner par ordre d’importance les maladies suivantes :
– L’affection respiratoire aiguë est la première cause de décès. Souvent ce sont des infections respiratoires basses (pneumonie, grippe, bronchites, bronchiolites). La responsabilité de la rougeole et de la coqueluche reste importante.
– La maladie diarrhéique est la seconde principale cause de décès. Même si Rotavirus est la principale cause de ces diarrhées, la rougeole en est responsable dans au moins 10% des cas.
– Le paludisme est la principale maladie parasitaire dans le monde, 68% de tous les décès par paludisme concernent les enfants de moins de 5 ans.
– Le tétanos néonatal reste également une cause importante de décès. Beaucoup de décès survenus au cours de la première semaine de vie sont dus à des complications périnatales : compression du cordon, rupture prématurée de la membrane, dystocie, traumatisme obstétrical, malformation congénitale….
– Les enfants plus grands peuvent également mourir des infections respiratoires, du paludisme ou de la maladie diarrhéique mais la responsabilité de la tuberculose pour cette tranche d’âge mérite d’être soulignée. Sans traitement, la mortalité spécifique par tuberculose atteint 60%, avec traitement, ce chiffre tombe à 15% dans les pays en voie de développement. En Afrique Sub-Saharienne où beaucoup de cas de tuberculose ne sont pas traités, la mortalité actuelle par cette maladie est évaluée à environ 45% des cas. Mais il faut remarquer que la mortalité par tuberculose a baissé bien avant l’introduction de la polychimiothérapie efficace actuelle, due probablement à l’amélioration des conditions de vie, de l’alimentation et de la diminution de la promiscuité.
En tout cas, ces causes de décès vont de pair avec la malnutrition qui est considérée comme cause sous-jacente des décès.
La diarrhée
Les maladies diarrhéiques représentent l’une des principales causes de la morbidité et de la mortalité infantile à Madagascar par leur forte tendance vers la déshydratation. En 1999, les maladies diarrhéiques avec déshydratation sévère, l’avitaminose A, la tuberculose, la pneumonie grave, le tétanos néonatal, la septicémie, la rougeole compliquée est responsable de 77,1% de la mortalité des enfants de moins de cinq ans à Tuléar. En 2000, la fièvre (signe du paludisme), les maladies diarrhéiques, les infections respiratoires (IRA) étaient responsables de 61,5% des problèmes de santé chez les enfants moins de cinq ans. Près de la moitié (48,6%) présentaient un retard de croissance (malnutrition chronique), la tranche d’âge 12-23 mois, avec une prévalence de 58,6% est la plus à risque. Le quart (26%) de cette même tranche d’âge, présente une malnutrition sévère.
La province de Toliara présente la prévalence la plus forte (17,2%). Elle est fortement liée à la sècheresse très marquée. Le problème de disponibilité en eau potable et surtout le problème d’hygiène et d’assainissement (latrines quasi-inexistantes, milieu poussiéreux du fait du vent qui souffle presque toute l’année) favorisent la propagation de la maladie. Le niveau d’éducation de la mère est aussi un facteur de la mortalité d’un enfant diarrhéique. Moins la mère est instruite plus son enfant fait la diarrhée : 14,7% et est exposé au risque précoce de la déshydratation et à la mortalité. Car elle ne réhydrate pas son enfant, le laisse sans aucun traitement, ne l’alimente plus que d’habitude et le prive même du lait maternel. Les mères de la capitale(28,2%) contre 14,4% des autres lieux donnent davantage à boire et à manger à l’enfant diarrhéique, du fait qu’elles sont plus informées grâce à une meilleure accessibilité aux soins.
Le paludisme
Le paludisme figure parmi l’une des principales causes de la mortalité des enfants de moins de cinq ans à Madagascar. La fièvre représente l’un des symptômes très caractéristiques de cette maladie. La manifestation du paludisme à Madagascar présente une variation suivant la région et cela est dû à la propagation des moustiques selon les variations saisonnières : dans la province de Toamasina, de Mahajanga, de Toliara, et d’Antsiranana le risque du paludisme est classé comme élevé, durant toute l’année, car leur climat annuel est favorable à la ponte des anophèles. La prévalence de la fièvre est élevée : Toamasina 22,1%, Mahajanga 21,1%, Toliara 21,3%, Antsiranana 22,5%. De plus, ces régions utilisent le plus de moustiquaires aussi bien simples (74,4%) qu’imprégnées d’insecticides (2,9%).
La pullulation des moustiques est périodique : du 1e décembre au 30 avril pendant laquelle la terre est humide grâce à la saison pluvieuse. Ainsi le risque du paludisme est seulement élevé durant cette période. C’est la raison pour laquelle la prévalence de la fièvre reste 4% à Antananarivo et 16,1% à Fianarantsoa. Les enfants de 12 à 23 mois sont les plus touchés (18,5%) contre 5,4% pour les moins jeunes (moins de 6 mois) et 14,4% pour les plus jeunes (48 à59 mois). Le paludisme est plus manifeste dans le milieu rural dont la prévalence de la fièvre est de 16,9%, contre 3,9% dans la capitale et 13,7% dans les autres centres urbains.
L’éducation de la mère est autant un facteur très important de risque du paludisme qu’un facteur de guérison de la maladie pour les enfants de moins de cinq ans : les mères ayant le niveau d’éducation secondaire et plus utilisent plus les moustiquaires (32,2%) et leurs enfants reçoivent plus de traitement antipaludéen approprié en cas de paludisme. Mais la situation est différente chez les enfants dont les mères n’ont eu aucune éducation.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITERATURE
1 : Notions générales
2: Données sur la mortalité des enfants
2-1: Mortalité des enfants de moins de cinq ans dans le monde
2-1.1: Evolution de la mortalité des enfants dans le monde
2-1.2: Indicateurs autres que les causes de décès
2-1.3 : Mortalité infantile et espérance de vie
2-2 : Mortalité des enfants à Madagascar
2-2.1: Niveaux et tendances de la mortalité des enfants
2-2.2 : Différents facteurs qui influencent la mortalité des enfants
2-2.3 : Espérance de vie à Madagascar
3: Les maladies causes de décès
3-1: Les principales causes de décès des enfants dans le monde
3-2 : Problèmes de recueil des données
3-3 : Variations des causes de décès selon les groupes d’âge
3-4 : Causes de décès des enfants à Madagascar
3-4.1 : Mortalité extrahospitalière des enfants âgés de moins de cinq ans
a- la diarrhée
b- le paludisme
c-les infections respiratoires aiguës
d-la malnutrition
e- la rougeole
3-4.2 : Mortalité hospitalière
a- Toutes populations
b- Enfant de moins de cinq ans
4: Au niveau des CHD
a-Toutes populations
b- Enfant de moins de cinq ans
5 : Les stratégies pour la réduction la mortalité des enfants
5-1 : Stratégies au niveau mondial
5-1.1 : Selon l’UNICEF
5-1.2 : Pour l’OMS
5-2 : Stratégies à Madagascar
DEUXIEME PARTIE : ETUDE PROPREMENT DITE
I : Matériels et méthode
I-1 : Cadres géographiques et humains
a- La ville de Toliara
b- Climat et température
c- Population
d- Infrastructure sanitaire de la ville de Toliara
I-2 : Objectifs de l’étude
I-3 : Population étudiée
a- Sources des données
b- Méthode de sélection et analyse des données recueillies
II : RESULTATS
II-1.Les décès au niveau hospitalier
a- Caractéristiques de la population
b- Caractéristiques des décès
c- Mesures préventives
d- Place des examens complémentaires et moyens diagnostiques
e- Causes de décès
f- Etat nutritionnel
II-2-Les décès chez les moins de cinq ans enregistrés au niveau du BMH
TROISIEME PARTIE : COMMENTAIRES, DISCUSSIONS, SUGGESTIONS
1 : NOS COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
2 : NOS SUGGESTIONS
2-1: Au niveau de la ville de Toliara
2-2: Au niveau de chaque famille
2-3 : Au niveau des structures sanitaires et de l’hôpital
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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