Morphologie et structure des virions
La variabilitรฉ par mutation : la dรฉrive antigรฉnique ou ยซ antigenic drift ยป
Puisque les ARN polymรฉrases virales ne possรจdent pas de fonction de rรฉparation des erreurs de rรฉplication de lโARN, par cycle de rรฉplication dโARN, le taux de mutation des nuclรฉotides serait de lโordre de 9×10-6 ร 7×10-5 (Drake 1993), ce qui est un taux de mutations trรจs รฉlevรฉ (le taux dโerreurs est 1000 fois plus รฉlevรฉ quโavec lโADN polymรฉrase humaine).
Ces caractรฉristiques (grand nombre, temps de gรฉnรฉration court, taux de mutations รฉlevรฉ) contribuent ร une รฉvolution virale extrรชmement rapide. Chaque mutation permettant au virus dโesquiver le systรจme immunitaire de son hรดte, est sรฉlectionnรฉ, transmise et propagรฉe. Ainsi, il y a un changement dโenviron un nuclรฉotide par gรฉnรฉration virale. Les nombreuses mutations ponctuelles mรจnent ร des modifications (minimales) dans le gรฉnome et peuvent aboutir ร un changement de la sรฉquence des acides aminรฉs. Cette modification continue du gรฉnome est appelรฉe ยซ dรฉrive gรฉnรฉtique ยป. Si la mutation se rapporte aux gรจnes qui codent des antigรจnes, la structure de ces protรฉines en question peut changer lรฉgรจrement; on parle alors de ยซ dรฉrive antigรฉnique ยป (Raman et al. 2014).
Les erreurs dans les gรจnes codant la neuraminidase et lโhรฉmagglutinine sont les plus frรฉquentes. Or, lโhรฉmagglutinine est la cible majeure de la rรฉponse immunitaire humorale de lโhรดte, ce qui va conduire ร la sรฉlection de mutant avec des substitutions dโacides aminรฉs au niveau du site antigรฉnique de lโhรฉmagglutinine (Landolt, Olsen 2007). En effet, les changements au niveau du site antigรฉnique rendent les virus moins reconnaissables par le systรจme immunitaire de lโhรดte, ils ne seront plus neutralisรฉs par les anticorps et seront naturellement sรฉlectionnรฉs.
Les oiseaux aquatiques sauvages comme principal rรฉservoir
Les virus influenza ont รฉtรฉ dรฉtectรฉs chez plus de 105 espรจces dโoiseaux de 12 ordres diffรฉrents, mais il existe des diffรฉrences de sensibilitรฉ entre les espรจces. Les oiseaux aquatiques sauvages sont considรฉrรฉs comme le rรฉservoir principal des virus influenza A dans la nature (Webster et al 1992), en particulier les espรจces de lโordre des Ansรฉriformes (dont la famille des Anatidรฉs comprenant canards et oies) et de lโordre des Charadriiformes (dont la famille des Laridรฉs comprenant mouettes et goรฉlands). Les virus influenza peuvent parfois รชtre isolรฉs chez des espรจces appartenant ร dโautres ordres tels que les Ciconiiformes, les Gaviiformes, les Gruiformes, les Pelecaniformes, Podicipediformes et Procellariiformes ; et dโautres espรจces dโoiseaux terrestres comme les Columbiformes, les Falconiformes, les Passeriformes, Piciformes et Psittaciformes (Franรงa et al. 2013).
Les oiseaux sauvages sont porteurs de lโinfection mais celle-ci ne se manifeste que par de lรฉgers symptรดmes, voire passe inaperรงue. Parmi ce rรฉservoir de nombreuses souches de virus existent, puisquโil nโexiste pas moins de 16 sous-types de HA et 9 sous-types de NA. Plus rรฉcemment H17 et H18 ainsi que N10 et N11 ont รฉtรฉ isolรฉs chez les chauves-souris. La dรฉtection de virus influenza A chez les chauves-souris (qui reprรฉsentent 20% des tous les mammifรจres connus) รฉtend la gamme dโhรดte de faรงon dramatique (Mehle 2014).
Un virus pouvant se transmettre ร de nombreuses espรจces
Les virus influenza des oiseaux aquatiques sont parfois transmis aux volailles domestiques. Les espรจces domestiques les plus sensibles sont la dinde, la poule, la caille, lโoie, le faisan, la pintade et lโautruche. Le canard domestique est rรฉguliรจrement infectรฉ mais il nโexprime en gรฉnรฉral pas de signe clinique. Les infections sont plus importantes dans les zones gรฉographiques de migration des espรจces sauvages, et plus particuliรจrement quand les volailles sont รฉlevรฉes en plein air ; par exemple, les troupeaux de dindes dans le Minnesota aux รtats-Unis sont infectรฉs chaque annรฉe au moment du rassemblement dโoiseaux pour la migration (Webster et al. 1992).
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INTRODUCTION
I. Les virus influenza : des virus en constante รฉvolutionย
1.1 Classification
1.2 Morphologie et structure des virions
1.3 Structure du gรฉnome viral et cycle viral
1.3.1 Le gรฉnome
1.3.2 Le cycle viral
1.4 Les possibilitรฉs dโรฉvolution des virus Influenza
1.4.1 La variabilitรฉ par mutation : la dรฉrive antigรฉnique ou ยซ antigenic drift ยป
1.4.2 La variabilitรฉ par nรฉo-combinaisons : le rรฉassortiment gรฉnรฉtique
1.5 Les rรฉcepteurs des virus influenza
1.6 Ecologie des virus influenza
1.6.1 Les oiseaux aquatiques sauvages comme principal rรฉservoir
1.6.2 Un virus pouvant se transmettre ร de nombreuses espรจces
1.6.3 Consรฉquence sur la santรฉ humaine et enjeux pour la communautรฉ vรฉtรฉrinaire
1.7 Objectifs de cette รฉtude
II. Affinitรฉ des virus pour les rรฉcepteurs ฮฑ2,3 ou ฮฑ2,6ย
2.1 Mรฉthodologie
2.2 Rรฉsultats
III. Rรฉpartition des rรฉcepteurs ฮฑ2,3 et ฮฑ2,6 dans les organismes des diffรฉrents hรดtesย
3.1 Mรฉthodologie
3.2 Rรฉsultats
3.2.1 Espรจces principales
3.2.2 Espรจces secondaires
IV. Discussion : Confrontation avec la littรฉrature, mise en relation des deux parties
prรฉcรฉdentes et interprรฉtation pour les sauts dโespรจcesย
4.1 Prรฉfรฉrence des sous-types pour les rรฉcepteurs
4.2 Rรฉpartition des rรฉcepteurs dans les organes des espรจces
4.3 Mise en relation entre la rรฉpartition des rรฉcepteurs et la prรฉfรฉrence des virus
V. Franchissement de la barriรจre des espรจces : autres enjeuxย
5.1 Mutation des hรฉmagglutinines et switch des rรฉcepteurs : un facteur important pour lโรฉmergence
dโune population virale stable chez une autre espรจce
5.2 Mutations des neuraminidases
CONCLUSIONย
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
ANNEXES
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