MORPHOLOGIE DES TUMEURS CANINES

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MORPHOLOGIE DES TUMEURS CANINES

Tumeurs bénignes

Les tumeurs bénignes se présentent sous forme de massifs tissulaires néoformés caractérisés par une croissance expansive, un développement local, sans tendance à la généralisation. Le tissu tumoral ressemble au tissu d’origine (tumeur organoïde ou orthoplasique). Elles ne récidivent pas après exérèse totale de la masse tumorale et ne donnent pas de métastases. Leur fréquence augmente avec l’âge des animaux.

Aspect morphologique des tumeurs bénignes

A l’examen macroscopique (à l’œil nu), une tumeur bénigne peut se présenter sous forme papillaire, pédiculé, sessile, solide ou kystique. Sa taille est variable, mais elle présente une limite nette et perceptible entre le tissu tumoral et le tissu environnant. Elle est rarement hémorragique et ou nécrotique, et elle a tendance à atrophier les tissus périphériques par compression. La figure 1 [12] est un cliché nécropsique d’un chémodectome chez un chien. Il s’agit d’une tumeur bénigne des chémorécepteurs localisée à la base de l’aorte. Elle montre nettement les limites entre le tissu tumoral et le tissu sain. Le tissu tumoral a une coloration beaucoup plus foncé d’aspect solide et bien délimité avec des zones hémorragiques à la périphérie.
L’examen histologique d’une tumeur bénigne (microscope photonique), révèle une architecture tissulaire proche de celle du tissu normal d’origine. Les cellules tumorales sont bien différenciées avec rarement des anomalies cytonucléaires (anisocaryose, anisocytose, anomalies nucléaires). Les images de mitose sont rares et normales. Certaines masses tumorales sont délimitées par une capsule conjonctive plus ou moins épaisse. La figure 2, montre une structure histologique d’un adénofibrome avec une croissance expansive et bien encapsulée.

Tumeurs malignes

Une tumeur maligne est une masse tissulaire néoformée à croissance localement envahissante et infiltrante. Elle récidive généralement après exérèse et à tendance à se généraliser en donnant naissance à des métastases. L’évolution clinique est généralement mortelle s’il n’y a pas un traitement efficace et précoce.

Aspect morphologique des tumeurs malignes

L’examen macroscopique montre des formes et des tailles variables, mais pas obligatoirement volumineux, une tendance à l’ulcération pour les tumeurs superficielles et à la nécrose hémorragique pour les tumeurs profondes. A la coupe, le tissu tumoral est souvent hétérogène avec des foyers nécrotiques et hémorragiques. Les limites tumorales sont imprécises et infiltrantes avec une destruction et une désorganisation des tissus périphériques.
Sur la figure 3, on a une masse buccale bien visible, non pigmenté (mélanome malin amélanique), une infiltration du tissu voisin avec début d’ulcération qui a tendance à évoluer vers la nécrose. On voit aussi des zones pédiculées, à contours plus élevés que d’autres.
Chez le chien, tous les mélanomes ne sont pas pigmentés (seulement 2/3 sont pigmentés). Ils ont tendance à métastaser préférentiellement dans les poumons et les nœuds lymphatiques locorégionaux [12].
Au microscope photonique, on observe une architecture tissulaire modifiée, différente du tissu correspondant et des cellules tumorales mal différenciées, voire franchement anaplasiques avec de nombreuses mitoses anormales, et des anomalies cytonucléaires, et une stroma réaction cellulaire et ou fibreuse (figure 4).

TRAITEMENT DES TUMEURS CANINES

Suite au développement important de la médecine vétérinaire canine et surtout des moyens d’investigation notamment l’imagerie médicale (scanner, échographie, radiographie) et des tests biochimiques, les connaissances en oncologie animale ont beaucoup progressé. En outre, d’un point de vue anatomo-pathologique, les techniques de diagnostic se sont affinées et le laboratoire est à même de définir le caractère histologique précis d’une tumeur ainsi que son degré d’agressivité (« grading »). Cela permet d’adapter le choix des thérapeutiques et surtout de donner un pronostic au propriétaire. Une fois le diagnostic de tumeur établi, la décision de la traiter se fait avec le consentement du propriétaire en fonction du pronostic et du confort de vie de l’animal. Le but du traitement est toujours d’être curatif dans la mesure du possible, et palliatif si l’on souhaite simplement prolonger la vie de l’animal dans de bonnes conditions.
De ce fait, le traitement des tumeurs du chien fait appel à un ensemble de thérapeutiques : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie, immunothérapie.
Le choix de ces thérapeutiques dépend, entre autres, de la nature histologique de la tumeur, de sa localisation et du bilan d’extension réalisé. Ainsi, on proposera la radiothérapie lors de certaines tumeurs cérébrales non opérables, la chimiothérapie lors de cancer systémique comme le lymphosarcome. Mais on peut être amené à combiner différents traitements pour plus d’efficacité. La figure 5 [12] décrit une démarche thérapeutique dans le traitement des tumeurs mammaires après examen histologique.
Il faut toujours garder à l’esprit l’idée que souvent seules les tumeurs décelées rapidement, au début de leur évolution, surtout lorsqu’elles sont malignes, pourront faire l’objet d’un traitement très efficace. Par conséquent l’effort doit donc porter sur la précocité du diagnostic.

Chirurgie

Le traitement de première intention, lorsque l’accès et la taille de la masse tumorale le permettent, est l’exérèse chirurgicale. La chirurgie demeure le traitement exclusif d’un grand nombre de tumeurs. L’exérèse (opération par laquelle on enlève totalement ou partiellement un organe ou une tumeur) doit être large ; ce qui est d’autant plus facile lorsque la lésion est de petite taille et que l’intervention est réalisée précocement.
Dans le traitement des tumeurs buccales, l’opération chirurgicale peut aller de la simple exérèse d’une tumeur gingivale, non invasive de 5mm par exemple, à la maxilectomie ou mandibulectomie lors de tumeurs localement invasives. Les marges doivent, dans tous les cas, passer à 2cm au moins dans le tissu sain pour ce qui concerne les carcinomes, les fibrosarcomes et les mélanomes. Il est maintenant reconnu qu’une mandibulectomie ou maxilectomie, réalisées précocement donne, des chances de survie assez bonnes. Pour les tumeurs cancéreuses et mêmes si l’os sous-jacent ne semble pas atteint, il est souhaitable de pratiquer une excision en bloc avec l’os sous-jacent. Une radiothérapie adjuvantes est toujours conseillée pour les tumeurs cancéreuses. Toute masse retirée doit être soumise en totalité à une analyse histologique de manière à vérifier l’absence de cellules tumorales dans les marges de la pièce d’exérèse. Dans le cas des tumeurs mammaires, le traitement chirurgical est de choix.
Ainsi, il est recommandé de faire :
• La nodulectomie (retrait du nodule uniquement) lorsque le diamètre du nodule tumoral est inférieur à 5 mm, et qu’il soit superficiel, non fixé, sans adénopathie associée, sans signe de malignité. Après analyse histologique, en cas de carcinome, la nodulectomie suffirait si l’exérèse a été effectuée en marge saine à 2 cm de la lésion (contrôle histologique). Dans le cas contraire, une mastectomie radicale devra être pratiquée ;
• La mammectomie (retrait d’une mamelle) lorsque le nodule est centré sur une mamelle, avec absence d’adhérence, taille inférieur à 1 cm ;
• La mastectomie régionale : il s’agit de retirer une partie des mamelles en tenant compte du système de drainage lymphatique (figure 6).
Le but est de retirer tout le tissu mammaire comportant des vaisseaux lymphatiques qui drainent la mamelle dans laquelle le nodule se trouve ; ces vaisseaux étant potentiellement atteints par des cellules cancéreuses métastatiques. Mais, il n’existe pas de consensus dans la technique et le choix des mamelles à retirer ;
• La mastectomie unilatérale (retrait total de la chaîne mammaire) dans le cas de tumeurs multiples (plus rapide que plusieurs nodulectomies, mais a priori pas d’amélioration de la survie), de tumeur au niveau de la troisième paire de mamelles M3 (drainage lymphatique figure 13), de signes de malignité ou chez les petits chiens (geste chirurgical rapide) ;
• La mastectomie bilatérale : en cas d’atteinte des 2 chaînes mammaires. Dans le cas où une ablation bilatérale de la chaîne mammaire est indiquée, les glandes atteintes et leurs nœuds lymphatiques associés sont enlevés et une seconde intervention est programmée 10 à 14 jours plus tard (période minimale permettant à la peau de s’étirer pour permettre une fermeture d’emblée complète lors de la seconde intervention) ;
• Le nœud lymphatique inguinal est systématiquement retiré avec la quatrième glande, alors que le nœud lymphatique axillaire (plus difficile d’accès, et en plus les adénopathies cliniques des nœuds lymphatiques axillaires sont rares) ne devrait être retiré que s’il est hypertrophié et positif à la cytologie tumorale (le nœud lymphatique axillaire accessoire est retiré avec la première glande mammaire). La figure 6 [42] décrit le drainage lymphatique de la chaîne mammaire de la chienne.

Chimiothérapie ou traitement médicale

La chimiothérapie, à l’origine, désignait une thérapeutique basée sur l’affinité particulière que possèdent certains composés chimiques pour certains micro-organismes sans léser les tissus organiques.
Actuellement, c’est l’administration d’un produit chimique afin de guérir une maladie ou d’enrayer son évolution [33].
Dans le traitement des tumeurs, elle consiste en l’administration de substances qui altèrent la multiplication et le fonctionnement des cellules et vont donc agir directement sur la tumeur. Cependant ces substances peuvent également avoir des effets secondaires sur les cellules en réplication dans l’organisme (comme la moelle osseuse productrice de globules rouges) et entraîner un syndrome anémique.
La chimiothérapie anticancéreuse correspond au traitement par des produits chimiques, des médicaments extraits de végétaux ou produits au laboratoire par synthèse. Ils se distinguent d’autres substances également utilisées contre les cancers, et qui sont proches de produits physiologiques, comme les hormones (hormonothérapie) ou comme les cytokines (immunothérapie).
En médecine vétérinaire, la chimiothérapie a longtemps été réservée au traitement des hématosarcomes. Ces derniers représentent des cancers généralisés dont la seule issue thérapeutique est médicamenteuse [28].
Le vétérinaire se doit de l’employer non seulement dans un but curatif mais également avec une visée palliative.

La chimiothérapie curative

Elle a pour objectif la guérison du patient. On peut la distinguer en chimiothérapie première curative et en chimiothérapie adjuvante.
En ce qui concerne la chimiothérapie première curative, il n’y a aucun autre traitement antitumoral qui lui est associé. Ces indications sont restreintes [3 ,17]: hématosarcomes généralisés (syndromes lymphoprolifératifs), hématosarcomes localisés (lymphosarcomes médiastinaux et rénaux félins), tumeur à « cellules rondes » (mastocytomes multicentriques), et sarcome de Sticker.
Les substances utilisables sont, la L-asparaginase, la vincristine, le cyclophosphamide, l’adriamycine et les corticoïdes. Elles entrent dans le cadre des polychimiothérapies séquentielles qui permettent d’utiliser au mieux les propriétés cytotoxiques des agents tout en minimisant leurs effets toxiques propres grâce au respect d’un rythme d’administration compatible avec la restauration des tissus sains (moelle osseuse, épithéliums, bulbes pileux) [28]. Le tableau VII donne un exemple de protocole chimiothérapeutique dans le traitement du lymphome du chien.

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Table des matières

INTRODUCTION :
PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I: EPIDEMIOOGIE DES TUMEURS CANINES
1. Fréquences relatives des tumeurs
2. Prédispositions raciales
2.1. Principales races prédisposées chez le chien
2.2. Principales prédispositions raciales reconnues
3. Incidence en fonction de l’âge et du sexe
4. Incidence en fonction de la localisation et de la race
CHAPITRE II: MORPHOLOGIE DES TUMEURS CANINES
1. Tumeurs bénignes
2. Tumeurs malignes
CHAPITRE III: TRAITEMENT DES TUMEURS CANINES
1. Chirurgie
2. Chimiothérapie ou traitement médicale
2.1. La chimiothérapie curative
2.2. La chimiothérapie palliative
3. La radiothérapie
4. Immunothérapie
5. Hormonothérapie
6. La cryochirurgie
DEUXIEME PARTIE: ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I: SITE DE LETUDE
CHAPITRE II : MATERIELS ET METHODES
1. Matériels
1.1. Matériel animal..
1.2. Matériel de laboratoire
1.2.1. Matériel pour les prélèvements
1.2.2. Produits pour la réalisation des coupes histologiques
1.2.3. Matériel de réalisation et d’examen des coupes histologiques
1.3. Fiches d’enquêtes
2. Méthodes
2.1. Sur le terrain
2.1.1.Réalisation des enquêtes
2.1.2.Examen clinique
2.1.3. Traitements
2.1.4. Réalisation et examen macroscopique des prélèvements
2.2. Travail de laboratoire
2.2.1. Méthode de recoupe et de fixation des prélèvements
2.2.2. Technique de déshydratation et d’inclusion en paraffine…
2.2.3. Technique d’enrobage
2.2.4. Technique de coupe
2.2.5. Technique de coloration
2.2.6. Montage des lamelles
2.2.7. Observation des coupes histologiques
CHAPITRE III : RESULTATS
1. Données générales sur les chiens consultés
1.1. Incidence en fonction de la localisation anatomique de la tumeur
1.2. Incidence en fonction du sexe
1.3. Incidence en fonction de l’âge
2. Données anatomo-cliniques des tumeurs diagnostiquées
3. Aspects morphologiques des tumeurs diagnostiquées
3.1. Aspect macroscopique des tumeurs diagnostiquées
3.2. Aspects microscopique des lésions
3.2.1. Les tumeurs mammaires
3.2.1.1. Les tumeurs
3.2.1.2. Lésions non tumorales
3.2.2. Les tumeurs du tissu cutané et sous-cutanées
3.2.2.1. Les tumeurs
3.2.2.2. Lésions non tumorales
3.2.3. Les tumeurs de l’appareil génital
3.2.4. Les tumeurs localisées dans d’autres organes
4. Traitement des tumeurs diagnostiquées
5. Evolution des cas de tumeurs diagnostiquées
DISCUSSION
RECOMMANDATIONS
CONCLUSION GENERALE

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