Les tumeurs malignes sont devenues l’une des principales causes de morbidité et de mortalité des patients infectés par le VIH. Elles sont caractérisées pour la plupart du temps par un pronostic sévère et une prise en charge thérapeutique difficile [1]. Depuis le début de l’épidémie, l’infection à VIH a été directement associée à certaines pathologies malignes telles que la maladie de Kaposi, le lymphome malin non hodgkinien(LMNH), les lymphomes cérébraux primitifs et le cancer du col utérin [1]. L’avènement des thérapies antirétrovirales optimales ou HAART (highly active antiretroviral therapy), a permis d’améliorer la survie des PVVIH avec comme corolaire le développement des tumeurs malignes ne définissant pas le SIDA (encore appelées « cancers non classant SIDA ») dont l’incidence apparaît plus élevée que dans la population générale. Cependant chez les PVVIH, ces tumeurs malignes, sont caractérisés par une présentation clinique souvent plus prononcée que dans la population générale [1].
L’étude « ONCOVIH » a décrit les cancers survenant en France en 2006 chez les PVVIH [2]. Parmi 668 cas décrits, 21,5% étaient des LMNH, 16,0% des sarcomes de Kaposi, 9,4% des cancers broncho-pulmonaires, 8,2% des cancers de l’anus, 7,6% de maladies de Hodgkin et 5,6% des cancers hépatiques. Des méthodes de capture-recapture ont permis d’estimer le nombre de cas à 1320 dont 68% de cancers non classant sida. L’incidence des cancers chez les PVVIH a été estimée à 14 cas pour 1000 personnes-années dans cette étude [2].
L’augmentation importante des cas de tumeurs malignes peut être attribuée à l’augmentation de l’espérance de vie des patients infectés par le VIH, comme citée précédemment, mais aussi au possible rôle oncogénique des virus plus fréquemment associés au VIH tels que le virus de l’hépatite B (VHB), le VHC, le virus d’Epstein-Barr (EBV), les papillomavirus humains (HPV) voire le VIH lui-même. En plus de l’immunodépression évoluant plusieurs années, les déficits fonctionnels immunitaires qui existent dans le cadre de cette infection chronique à VIH pourraient jouer un rôle physiopathologique dans la genèse de ces pathologies malignes [3].
GENERALITES SUR LE VIH
Agent pathogène
Rétrovirus : VIH
Le Virus de l’Immunodéficience Humaine ou VIH appartient à la famille des Rétrovirus. Ces virus sont très fréquents dans diverses espèces animales. Les deux groupes de rétrovirus associés à des pathologies chez l’homme sont le HTLV (Human Tcell Leukemia Virus) et le VIH.
Deux types de VIH (VIH-1 et VIH-2) ont été isolés chez l’homme. De très loin, c’est le VIH-1 qui prédomine à l’échelle mondiale. Il n’existe pas un seul mais de très nombreux virus VIH génétiquement très proches. On a dénombré, pour le VIH-1, 3 groupes distincts, les groupes M, N et 0. Le groupe M (majoritaire) regroupe 9 sous types (A-D, F-H, J-K). En France et dans les pays occidentaux prédominent le sous type B et dans le monde, le sous-type C. Les différents sous-types sont également capables de se recombiner (Circulating Recombinant Forms).
Le VIH, comme tous les rétrovirus, possède la particularité de transformer son matériel génétique natif, l’ARN, en ADN grâce à une enzyme clé, la transcriptase inverse (Tl) et celle de s’intégrer dans le génome de la cellule qu’il infecte grâce à une enzyme virale, l’intégrase. Le VIH infecte et perturbe massivement l’ensemble du système immunitaire dès sa pénétration dans l’organisme [5].
Structure des VIH
Comme tous les rétrovirus, les VIH1 et VIH2 sont libérés par bourgeonnement à la surface des cellules qui les produisent. Le virus possède une membrane, une matrice et une capside . La membrane est d’origine cellulaire et en elle, sont ancrées les molécules de glycoprotéines d’enveloppe externe (appelées gp120) et de glycoprotéines transmembranaires (appelées TM ou gp141).L’intérieur de la particule virale est tapissé de molécules correspondantes aux protéines de la matrice (appelées MA ou p17). La capside virale est constituée de protéine interne du virus (appelée CA ou p24), des protéines de la nucléocapside (appelées NC ou p7-p9), deux des trois enzymes virales nécessaires à sa réplication et le matériel génétique du virus constituent de molécules ARN identiques.
Cycle de réplication du VIH
Les principales étapes du cycle réplicatif du VIH sont communes à tous les rétrovirus. Leur connaissance est essentielle à la compréhension de la physiopathologie de l’infection VIH et surtout, chacune de ces étapes constitue une cible potentielle pour une thérapeutique antirétrovirale [5].
-Première étape : c’est la pénétration du virus dans la cellule. Cette étape nécessite d’une part, la fusion du gp 120 à travers la membrane de la cellule hôte (c’est là qu’agissent les inhibiteurs de fusion), puis la reconnaissance par l’enveloppe du virus (gp 120) de molécule de surface cellulaire appelées récepteurs (molécule CD4) et corécepteurs du VIH (CXCR4, CCR5) d’autre part. Cette étape qu’inhibent les inhibiteurs de CCR5 ou de CXCR4.
-Deuxième étape : correspond à la retro transcription de l’ARN en ADN. La synthèse d’ADN proviral résulte de la copie de l’ARN viral grâce à la transcriptase inverse. Lors de cette synthèse, des erreurs à l’origine de la variabilité génétique sont commises par cette enzyme (1 pour 10000 copies de virus). Cette phase est inhibée par la classe des inhibiteurs de transcriptase inverse.
-Troisième étape : Intégration de l’ADN viral dans le génome L’ADN viral est intégré dans le génome cellulaire grâce à une intégrase virale (inhibition de cette phase par les anti-intégrases).
-Quatrième étape : Cette phase correspond à la production de nouvelles particules virales avec la transcription de l’ADN viral en ARN, puis la synthèse des protéines virales à partir des ARN messagers viraux. En fin, l’assemblage des protéines virales après activation de la protéase (inhibition de cette étape par des anti-protéases) et la formation de nouvelles particules virales libérées dans le secteur extracellulaire et prêtes à aller infecter d’autres cellules. La réplication du virus est intense : environ 1 à 10 milliards de virus sont produits chaque jour par une personne infectée, non traitée.
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Table des matières
INTRODUCTION
OBJECTIFS
I. GENERALITES
A. Agent pathogène
B. Physiopathologie
C. Epidémiologie du VIH
D. Modes de transmission et risque de l’infection VIH
E. Aspects cliniques
F. Outils diagnostiques
G. Les principales infections et affections opportunistes au cours du sida
H. Prise en charge antirétrovirale de l’adulte et de l’adolescent
II. PATIENTS ET METHODES
III. RESULTATS
IV. COMMENTAIRES ET DISCUSSION
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
REFERENCES
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