Morbidité et Mortalité : Rappel épidémiologique
« Près de 10 millions d’enfants de moins de cinq ans meurent chaque année ; c’est plus qu’un millier par heure ». Pour les nouveau-nés près de 4 millions d’enfants meurent avant d’avoir atteint l’âge d’un mois. « Les trois quarts des décès d’enfants surviennent en Afrique et en Asie du Sudest » [34]. Chez les nouveau-nés, les causes de mortalité les plus fréquentes sont les naissances prématurées, l’asphyxie à la naissance et les infections. De un à cinq ans les principales causes de décès sont les maladies respiratoires, les maladies diarrhéiques, le paludisme, le VIH et d’autres infections telles que la rougeole. Il faut noter que la malnutrition est un facteur aggravant jouant un rôle dans un décès d’enfant sur deux [34]. En Mauritanie le taux de mortalité pour les enfants de moins de cinq ans était de 117‰ naissances en 2009 alors qu’il était de 127‰ pour l’Afrique. Ces chiffres restent encore élevés par rapport à l’Europe où il était aux alentours de 13‰ pour la même année [37]. Au Centre Hospitalier National de Nouakchott, en 2009 la mortalité était de 21,48% pour un effectif de 2792 enfants hospitalisés au cours de l’année. Les nouveau-nés constituaient la tranche d’âge la plus vulnérable avec 344 décès enregistrés représentant 57,33% de l’ensemble des cas de décès.
Définition des concepts
La morbidité
La morbidité est la fréquence des maladies, des blessures et des incapacités dans une population donnée [15].
La Prévalence
La prévalence d’une maladie est le nombre de cas de maladies enregistrés pour une population déterminée et englobant aussi bien les nouveaux cas que les anciens cas [15]. Le taux de prévalence est le rapport du nombre de cas d’une maladie donnée à un moment donné sur la population à ce moment [1].
L’incidence
L’incidence d’une maladie est le nombre de nouveaux cas apparus pendant une année au sein d’une population [15]. [Le taux d’incidence est le rapport du nombre de nouveaux cas apparus pendant une période donnée sur la population au milieu de cette période [1].
La mortalité
C’est l’occurrence des décès dans une population donnée [15]. Le taux brut de mortalité est le rapport, une année donnée des décès enregistrés dans une population, à l’effectif moyen de cette population l’année considérée [47]. En pédiatrie il en existe plusieurs types : la mortalité néonatale avec deux soustypes, la mortinatalité, la mortalité infantile, la mortalité juvénile.
Principales causes de morbidité et de mortalité
En période néonatale
« Le risque de décès est le plus élevé au cours du premier mois de vie […] la vie du nouveau-né est fragile. Près de quatre millions d’enfants meurent chaque année avant d’atteindre l’âge d’un mois » [34]. Les affections néonatales les plus mortelles sont les infections néonatales, la prématurité et/ou les faibles poids de naissance, ainsi que l’asphyxie périnatale. D’autres affections telles que les malformations congénitales sont aussi incriminées mais dans des proportions moindres.
Les infections néonatales
➤ Définition :
Elles se définissent comme toute septicémie ou infection d’organe survenant dans les 28 premiers jours de vie. Souvent gravissimes leur pronostic est souvent péjoratif en cas de prématurité associée.
➤ Diagnostic :
Il est évoqué à l’anamnèse et confirmé par l’examen clinique et les signes paracliniques.
✔ Critères anamnestiques de risques d’infections néonatales :
– Fièvre maternelle au cours du travail
– Une rupture prématurée des membranes supérieure à 12h
– Un liquide amniotique teinté
– Une infection maternelle urinaire ou génitale au cours du dernier trimestre de la grossesse
– Un accouchement avec conditions d’asepsies douteuses (domicile, voie publique, utilisation de matériel souillé)
✔ Signes cliniques :
Ils sont faits de signes généraux et signes physiques
– Signes généraux :
On peut avoir un teint gris, un sclérème, une pâleur, un ictère, une fièvre ou hypothermie, une possibilité de refus de téter… En gros « un nouveauné qui ne va pas bien »
– Signes physiques : Les signes ne sont pas spécifiques. Ils sont faits de
➤ Signes respiratoires avec possibilité de cyanose, apnées, pauses respiratoires, bradypnée, tachypnée.
➤ Signes hémodynamiques et cardiovasculaires avec possibilité de tachycardie ou bradycardie, d’une pâleur, d’un refroidissement des extrémités, de marbrures, d’un allongement du temps de recoloration cutané (TRC).
➤ Signes neurologiques avec irritabilité ou léthargie, pleurs incessants voire un cri aigu, hypotonie/hypertonie, abolition des réflexes archaïques, trémulation, convulsions, bombement de la fontanelle antérieure
➤ Signes hématologiques avec hémorragie, pétéchies, un purpura, une hépatomégalie
➤ Signes digestifs avec un ballonnement abdominal, des vomissements, de la diarrhée ou des résidus gastriques anormaux.
➤ Signes rénaux avec possibilité d’oligo-anurie, d’hématurie ou d’urines troubles.
✔ Signes paracliniques :
– Prélèvement gastrique : il peut isoler le germe responsable.
– À la numération formule sanguine (NFS) on peut avoir une hyperleucocytose ou une leucopénie voire une thrombopénie.
– la C réactive protéine élevée, qui devient positive à partir de la 12ème heure en cas d’infection néonatale
– L’étude cytobactériologique du liquide céphalorachidien peut montrer un liquide purulent, trouble ou xanthochromique pouvant être hypertendu avec plus de 50 polynucléaires /mm3 une hypoglycorrachie faisant évoquer une méningite néonatale.
– L’étude cytobactériologique des urines (ECBU), après la 72ème heure
– Hémoculture lors des pics fébriles
– Prélèvements oculaire et ombilical qui ne sont pas systématique sous nos contrées
– Troubles métaboliques avec de façon non spécifique une hypoglycémie, une hypocalcémie
✔ Evolution-pronostic :
Ils sont variables. Ils dépendent de la précocité de la prise en charge. Ils peuvent être favorables sous traitement ou rapidement mortels avant tout soin. Il peut survenir des complications, des séquelles ou une localisation à d’autres organes.
❖ Classification : On distingue plusieurs modes de contamination selon la période de survenue de l’infection
– L’infection néonatale précoce (avant sept jours de vie) qui relève d’une infection materno-fœtale dont la transmission se fait par voie hématogène ou ascendante à partir de la filière génitale maternelle en anténatale ou lors de sa traversée.
– L’infection néonatale tardive (au-delà de sept jours) qui le plus souvent relève d’un défaut d’asepsie de la part du personnel soignant ou de la mère. Il peut aussi s’agir d’infection materno-fœtale à révélation tardive.
Les Faibles poids de naissance : Prématurité et hypotrophie
Selon l’OMS, un enfant ayant un faible poids de naissance est un enfant qui pèse à la naissance moins de 2,5 kg indépendamment de l’âge gestationnel du nouveau-né. Le faible poids de naissance est un facteur majeur de morbidité et de mortalité néonatale et un indicateur de santé publique. En effet, la naissance d’un nouveau-né de faible poids de naissance est le reflet de l’état de santé de la mère et de la qualité des prestations sanitaires.
Prématurité
Définition :
On appelle prématuré tout nouveau-né naissant avant 37 semaines d’aménorrhée révolues c’est-à-dire 36 semaines d’aménorrhée + 6 jours. On distingue :
– la « petite » prématurité entre 35 semaines d’aménorrhée et 36 semaines d’aménorrhée + 6 jours.
– La prématurité « moyenne » où la naissance se produit entre la 33ème et la 34ème semaine d’aménorrhée + 6 jours.
– La grande prématurité entre la 28ème et la 32ème semaine d’aménorrhée + 6 jours
– La prématurité « extrême » ou prématurissime entre la 22ème et la 27ème semaine d’aménorrhée+ 6 jours .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
1 Morbidité et Mortalité : Rappel épidémiologique
2 Définition des concepts
2.1 La morbidité
2.2 La Prévalence
2.3 L’incidence
2.4 La mortalité
2.5 La létalité
3 Principales causes de morbidité et de mortalité
3.1 En période néonatale
3.1.1 Les infections néonatales
3.1.2 L’asphyxie périnatale
3.1.3 Les Faibles poids de naissance : Prématurité et hypotrophie
3.1.3.1 Prématurité
3.1.3.2 Hypotrophie ou retard de croissance intra-utérin
3.2 Chez les enfants de plus d’un mois
3.2.1 Le Paludisme
3.2.2 Les maladies diarrhéiques
3.2.3 Les infections respiratoires aiguës (IRA)
3.2.4 La malnutrition
3.2.5 La Rougeole
4 Les Stratégies de lutte contre les maladies infantiles
5 Les Programmes nationaux de lutte contre les maladies de l’enfant
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
1 Objectifs
1.1 Objectifs généraux
1.2 Objectifs spécifiques
2 Cadre d’étude
2.1 La Mauritanie
2.1.1 La Ville de Nouakchott
2.1.1.1 Le Centre Hospitalier de Nouakchott (CHN)
2.1.1.1.1 Le service de Pédiatrie
3 Méthodologie
4 Résultats
4.1 Répartition mensuelle des hospitalisations
4.2 Durée moyenne du séjour
4.3 Répartition des malades selon le sexe
4.4 Répartition des malades selon l’âge
4.4.1 Répartition globale des malades selon l’âge
4.4.2 Répartition trimestrielle des enfants hospitalisés en fonction de l’âge
4.5 Répartition selon la région de provenance
4.6 Répartition selon la structure sanitaire de référence ou du domicile
4.7 Etude de la morbidité
4.7.1 Etat nutritionnel
4.7.2 L’anémie
4.7.2.1 Prévalence de l’anémie chez le nouveau-né
4.7.2.2 Prévalence de l’anémie chez les enfants âgés d’un mois et plus
4.7.3 Morbidité globale
4.7.3.1 Morbidité selon l’âge
4.7.3.1.1 Chez les nouveau-nés
4.7.3.1.2 Chez les nourrissons
4.7.3.1.3 Chez les enfants de 31 mois à 59 mois
4.7.3.1.4 Chez les enfants de 5 ans à 11ans et 11 mois
4.7.3.1.5 Chez les enfants de 12 ans à 15 ans
4.7.3.2 Répartition des principales pathologies en fonction de l’âge chez l’enfant âgé d’un mois et plus
4.7.3.3 Évolution trimestrielle des principales pathologies
4.7.3.3.1 Chez le nouveau-né
4.7.3.3.1.1 Prématurité
4.7.3.3.1.2 Les infections néonatales
4.7.3.3.1.3 La tachypnée transitoire du nouveau-né
4.7.3.3.1.4 L’asphyxie périnatale
4.7.3.3.2 Chez l’enfant âgé d’un mois et plus
4.7.3.3.2.1 Les maladies diarrhéiques
4.7.3.3.2.2 La malnutrition aiguë sévère (MAS)
4.7.3.3.2.3 Les affections respiratoires
4.7.3.3.2.4 Le paludisme
4.7.3.3.2.5 La rougeole
4.8 Mortalité
4.8.1 Mortalité globale
4.8.2 Mortalité trimestrielle
4.8.3 Mortalité selon le sexe
4.8.4 Mortalité selon l’âge
4.8.5 Mortalité et malnutrition
4.8.6 Mortalité selon la pathologie
4.8.7 Mortalité et durée d’hospitalisation
4.8.8 Mortalité et heure de décès
4.8.9 Létalité des pathologies
5 Commentaires et discussion
5.1 Limite de l’étude
5.2 Le nombre d’enfants hospitalisés
5.3 La durée moyenne du séjour hospitalier
5.4 Le sexe
5.5 L’âge
5.6 La structure sanitaire de référence ou le domicile
5.7 Morbidité spécifique
5.7.1 Malnutrition
5.7.2 L’anémie
5.7.3 Morbidité et Principales affections
5.7.3.1 Les affections néonatales
5.7.3.1.1 La prématurité
5.7.3.1.2 Les infections néonatales
5.7.3.1.3 La tachypnée transitoire du nouveau-né
5.7.3.1.4 L’asphyxie périnatale
5.7.3.2 Chez l’enfant âgé d’un mois et plus
5.7.3.2.1 Les maladies diarrhéiques
5.7.3.2.2 Les affections respiratoires
5.7.3.2.3 Le Paludisme
5.7.3.2.4 La rougeole
5.8 Mortalité
5.8.1 Mortalité globale
5.8.2 Mortalité et sexe
5.8.3 Mortalité et période de l’année
5.8.4 Mortalité selon l’âge
5.8.5 Mortalité selon la pathologie chez les enfants d’un mois et plus
5.8.5.1 Mortalité et malnutrition
5.8.5.2 Mortalité et maladies diarrhéiques
5.8.5.3 Mortalité et affections respiratoires
5.8.6 Mortalité et durée d’hospitalisation
5.8.7 Mortalité et heure du décès
5.8.8 Létalité des affections
5.8.8.1 Létalité des affections néonatales
5.8.8.2 Létalité des affections chez les enfants âgés d’un mois et plus
5.8.8.2.1 Létalité du paludisme
5.8.8.2.2 Létalité de la malnutrition
5.8.8.2.3 Létalité des maladies diarrhéiques
5.8.8.2.4 Létalité des affections respiratoires
5.8.8.2.5 Létalité de la rougeole
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES