Morbidité du tabagisme

Le tabagisme est un problème majeur de Santé Publique. Il s’agit d’une épidémie selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). En effet, il est cité comme un facteur étiologique de la presque totalité des affections de tous les appareils ou systèmes surtout respiratoire, cardiovasculaire, digestif et génito-urinaire [3, 95]. Par conséquent, il est responsable d’une lourde morbi-mortalité. Il grève le budget des fumeurs, de leur famille et de leur nation [70]. En 2000, les fumeurs égyptiens, dépensaient 23,1 % de leur revenu familial pour le tabac [96]. De par ses dégâts, le tabagisme est de loin la plus grande et la plus grave toxicomanie qui affecte l’humanité. Pour vaincre ce fléau mondial, l’OMS a mis en place la Convention Cadre de Lutte Anti-Tabac (CCLAT). Cependant, malgré la connaissance de la morbi mortalité liée au tabagisme et les efforts déployés pour son éradication, le tabac continue à faire des ravages et à conquérir de nouveaux adeptes. La prévalence mondiale de fumeurs est estimée par l’OMS, en 2005, à 1,3 milliard dont 800 millions dans les pays en développement [73]. D’après le Baromètre Tabac Personnel Hospitalier (BTPH), en 2002, plus d’un médecin français sur trois (1/3) fumait [12]. Au Sénégal, plusieurs études ont permis de situer la prévalence des fumeurs entre 16 et 37% [58]. Chez les médecins exerçant à Dakar (Sénégal), la prévalence de fumeurs était estimée, en 1999, à 27,6% selon l’étude de Ndiaye [63]. Nos principaux buts étaient d’évaluer les habitudes tabagiques du personnel soignant, de déterminer les caractéristiques des fumeurs et des ex-fumeurs afin d’élaborer une stratégie de lutte antitabac en milieu hospitalier.

EPIDEMIOLOGIE DU TABAGISME

Dans le monde

Prévalence de fumeurs

En 2005, elle était estimée par l’OMS, à 1,3 milliard, environ un tiers de la population mondiale âgée de 15 ans et plus [70] ; dont 800 millions dans les pays en développement [73]. Cette prévalence est plus élevée dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires, quelque soit le sexe [85]. En 2003, elle était globalement chez les hommes, de 50% dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires contre 35% dans les pays à revenus élevés [53, 85]. Il existe une augmentation considérable de la prévalence féminine partout dans le monde [32]. En 2000, la prévalence africaine du tabagisme était de 29% chez les hommes et de 7 % chez les femmes [54]. Une étude de l’OMS portant sur 11000 personnels de santé exerçant dans cinq pays du Moyen-Orient avait révélé 23% de fumeurs.

Morbidité du tabagisme

Le tabagisme est la première cause de Broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) [42]. Il est responsable de 23 % des cas de pneumonies communautaires [4]. Un quart des décès par maladies cardio-vasculaires est lié à l’usage du tabac [23]. Il est également à l’origine de près de 90 % des cancers du poumon [51] et 40% des cancers de la vessie [85]. Le taux de fécondité est diminué de 72 % à 44 % [56].

Mortalité liée au tabagisme

La consommation de tabac demeure la première cause évitable de décès dans le monde [70]. Elle était estimée en 2005, par l’OMS, à 4,9 millions par an, soit 7% de la mortalité mondiale, dont la moitié est enregistrée dans les pays en voie de développement [70]. Selon les prévisions de l’OMS, en 2025-2030, 10 millions de personnes par an, dont 70 % dans les pays en développement, mourront prématurément du fait de leur consommation de tabac [23, 39, 95]. En 2000, on dénombrait en Afrique 200 000 d écès liés au tabagisme, selon le directeur régional de l’OMS [85].

Déroulement de l’épidémie du tabac dans une société

Lorsque le tabagisme s’introduit dans une communauté, il est initialement adopté par les hommes. La prévalence masculine de fumeurs augmente jusqu’à un maximum puis commence à décroître. La population féminine va suivre avec un décalage de 15 à 20 ans. Pour chacun des deux sexes, la courbe de prévalence de la consommation de cigarettes est suivie, 2 à 3 décennies plus tard, par une modification parallèle de la courbe de mortalité. Ainsi, les conséquences ne commencent à s’observer que lorsque le tabagisme est déjà bien implanté dans la population ; inversement, ses effets continuent à se manifester longtemps après son arrêt.

Au Sénégal 

Prévalence

En 1995, une enquête réalisée par l’OMS en collaboration avec l’Union Internationale de lutte Contre le Cancer (UICC) portant sur 5000 personnes avait révélé 37% de fumeurs avec une prédominance masculine [58]. Cependant, le tabagisme gagne de plus en plus du terrain dans la gent féminine selon African Tobacco Control News and Information. En 1999, selon Ndiaye, cette prévalence était estimée à 27,6% chez les médecins exerçant à Dakar [63].

Mortalité

A ce jour, il n’existe pas d’études spécifiques donnant le taux de mortalité liée au tabagisme au sein de la population générale ou du personnel soignant [58].

RAPPEL SUR LE TABAC

Quelques définitions

Le tabac : ce sont les feuilles ou les parties de feuilles ou de côtes des plantes de Nicotiana tabacum ou Nicotiana rustica [26]. Le tabac brut : c’est le tabac séché, fermenté ou traité selon d’autres procédés industriels usuels [26]. Le tabac reconstitué (ou tabac homogénéisé): ce sont les feuilles, les produits en forme de feuilles ou les flocons fabriqués à partir du tabac brut finement moulu puis aggloméré ou à partir des déchets propres à la fabrication traités de la même façon et dans lesquels les parties végétales ne sont plus identifiables macroscopiquement. Le tabac reconstitué contient 70 % de tabac brut dans sa matière sèche [26]. Les produits du tabac : ce sont les produits composés en tout ou partie de tabac et destinés notamment à être fumés (cigares, cigarettes et produits similaires, tabac coupé et tabac roulé), prisés, sucés ou mâchés [26]. Les succédanés du tabac : ce sont les substances, autres que le tabac, destinées à être fumées [26]. Le tabagisme actif : c’est un comportement renforcé par une dépendance dont le responsable est la nicotine [26]. Une substance psycho-active [17] : c’est une substance qui peut agir sur le fonctionnement du cerveau, modifier l’activité mentale, les sensations, le comportement et provoquer des effets somatiques d’une grande diversité selon ses propriétés, ses effets et sa nocivité; La dépendance au tabac [95] : selon l’OMS, c’est un é tat psychique et parfois physique résultant de l’interaction entre un organisme vivant et une substance étrangère (le tabac); état caractérisé par des réponses comportementales, avec toujours une compulsion à prendre la substance de façon à ressentir ses effets psychiques et, parfois éviter l’inconfort de son absence. Il existe trois types de dépendance au tabac pouvant coexister chez un même sujet [95]. La dépendance environnementale ou comportementale : elle est associée aux circonstances, aux personnes et aux lieux. Elle dépend de la pression sociale et conviviale. La dépendance psychologique : elle est directement liée aux effets psycho-actifs de la nicotine. Elle peut apparaître peu de temps après les premières cigarettes fumées. Elle est très variable d’un fumeur à l’autre. La cigarette est souvent synonyme de plaisir pour un fumeur. Elle lui permet de gérer son stress, son anxiété, de surmonter ses émotions, de se concentrer.

La dépendance physique (ou pharmacologique) : elle est essentiellement due à la présence de la nicotine dans le tabac. Elle se traduit par une sensation de manque. La tolérance : c’est la nécessité d’augmenter progressivement les doses de nicotine [95]. Les thérapies cognitivo-comportementales : ce sont des techniques de soins basées sur l’analyse, l’évaluation et la modification des facteurs individuels et environnementaux qui influent sur les comportements, les manifestations physiologiques et les schémas de pensée d’un individu [95]. La CCLAT est un instrument juridique international, conçu par l’OMS pour contrôler la croissance de l’épidémie du tabac. Le terme de “convention-cadre” est employé pour couvrir un large éventail de dispositions juridiques établissant des engagements et principes généraux de gouvernance sur une question particulière [69].

Historique

Le tabac est une plante originaire d’Amérique utilisée par lesautochtones. Des pipes datant de 1.000 ans avant notre ère ont été retrouvées en Amérique du sud. Les indigènes appelaient cette plante « Pétum ». Le nom de tabac viendrait soit du nom de l’île de Tobago où le tabac était cultivé, soit du nom que les indigènes avaient donné à leurs pipes. Ce tabac était fumé de façon quotidienne ou à l’occasion des grandes fêtes religieuses par les Incas et les Aztèques. Il avait pour eux la vertu de calmer la faim et de lutter contre la fatigue. Le tabac n’existait pas dans l’antiquité en Europe. Les Grecs et les Romains fumaient des feuilles de poirier, d’eucalyptus ou d’autres plantes. C’est en 1492 que Christophe Colomb, par la découverte de l’Amérique, ouvre la porte de l’Europe à un nombre de plantes et de comportements qui y étaient inconnus dont le tabac et le tabagisme. Les premiers plants de tabac ont été rapportés en Amérique par Fernando Hernandez de Tolède, médecin du roi Philippe II. En 1556, le père André Thévenet, de l’ordre religieux des Cordeliers, introduit le tabac en France et en plante dans sa ville d’Angoulême. Quatre ans plus tard, Jean Nicot de Villemain, Ambassadeur de France à Lisbonne envoya des feuilles de tabac râpées à Catherine de Médicis en les décrivant comme une plante médicinale capable de calmer ses migraines. Il était, par conséquent, utilisé à l’état pur ou associé à des feuilles de coca ou à d’autres plantes. Ces utilisations folles provoquèrent plusieurs accidents. Au cours du XVIème siècle, la culture du tabac se répand partout en Europe, principalement dans les zones portuaires. Les marins en fumaient avec plaisir. L’usage de la pipe arrive en Europe par l’Angleterre en 1586. Le tabac pénètre l’Afrique, par le Maroc en 1593 et progresse rapidement vers le reste du continent. Ensuite, la conquête coloniale l’y implante rapidement et définitivement. Louis Nicolas Vauquelin, professeur de chimie à l’école de Médecine de Paris isola en 1809 un principe actif azoté des feuilles de tabac, la nicotine. La première cigarette a été inventée et fabriquée vers 1843, avec le début de l’industrialisation. Cette nouvelle forme de tabagisme va marquer le début de l’expansion réelle du tabac. La cigarette filtre, inventée en 1930 était réellement commercialisée en 1950, après l’apparition d’études prouvant indiscutablement la toxicité du tabac.

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Table des matières

INTRODUCTION
I./ EPIDEMIOLOGIE DU TABAGISME
1./ Dans le monde
1.1./ Prévalence de fumeurs
1.2./ Morbidité du tabagisme
1.3./ Mortalité liée au tabagisme
1.4./ Déroulement de l’épidémie tabagique dans une société
2./ Au Sénégal
2.1./ Prévalence
2.2./ Mortalité
II./ RAPPELS SUR LE TABAC
1./ Quelques définitions
2./ Historique
3./ Culture du tabac
3.1./ Dans le monde
3.2./ Au Sénégal
4./ Botanique
4.1./ Nicotiana tabacum
4.2./ Nicotiana rustiqua
III./ INDUSTRIES DU TABAC
1./ Additifs et arômes du tabac
2./ Stratégies de l’industrie du tabac
3./ Production du tabac
3.1./ Dans le monde
3.2./ Au Sénégal
4./ Commerce du tabac
4.1./ Commerce international du tabac
4.2./ Commerce du tabac au Sénégal
5./ Contrebande du tabac
IV./ CONSOMMATION DU TABAC
1./ Différents types de tabac selon le mode de séchage
2./ Différents modes de consommation du tabac
2.1./ Articles de tabac à fumer
2.2./ Articles de tabac dits «sans fumée»
2.3./ Tabac en rouleaux
3./ Autres conduites addictives liées à l’utilisation du tabac
4./ Itinéraire de la fumée de tabac chez le consommateur
V./ FUMEE DE TABAC
1./ Différents constituants de la fumée de tabac
2./ Effets des différents constituants de la fumée de tabac
2.1./ Nicotine
2.2./ Monoxyde de carbone
2.3./ Irritants
2.4./ Substances cancérigènes
2.5./ Cadmium
2.6./ Plomb
2.7./ Polonium
2.8./ Enzymes protéolytiques et les radicaux libres
3./ Différents courants de la fumée du tabac
VI./ CONSEQUENCES DU TABAGISME SUR L’ORGANISME
1./ Effets du tabac sur l’appareil respiratoire
1.1./ Effets élémentaires de la fumée de tabac sur l’appareil respiratoire
1.2./ Echelon biologique
1.3./ Conséquences des altérations élémentaires de la muqueuse bronchique
2./ Effets du tabac sur l’appareil cardio-vasculaire
2.1./ Cardiopathies coronariennes
2.2./ Accidents Vasculaires Cérébraux (AVC)
2.3./ Artériopathie des membres inférieurs
2.4./ Hypertension Artérielle
2.5./ Anévrisme de l’aorte abdominale
3./ Tabac et appareil digestif
3.1./ Incidence du tabac sur la sphère bucco-dentaire
3.2./ Effets du tabac sur les autres organes de l’appareil digestif
4./ Tabac et foie
5./ Tabac et appareil urinaire
6./ Tabac et système cutanéo-phanérien
7./ Tabac et système nerveux
8./ Tabac et fonction génitale
8.1./ Chez l’homme
8.2./ Chez la femme
9./ Tabac et système immunitaire
10./ Autres effets du tabac
VII./ IMPACT ECONOMIQUE DU TABAGISME
1./ Contribution économique du tabac
2./ Coût de la consommation du tabac
2.1./ Effets du tabagisme chez le consommateur
2.2./ Effets du tabagisme pour les foyers
2.3./ Impact du tabagisme sur l’environnement
2.4./ Effets du tabagisme sur les pays consommateurs
VIII./ EFFETS PATHOGENES DU TABAGISME PASSIF
1./ Tabagisme passif fœtal (in utéro)
2./ Tabagisme passif environnemental
2.1./ Chez l’adulte
2.2./ Chez l’enfant
IX./ SEVRAGE TABAGIQUE ET LUTTE ANTITABAC
1./ Définition
2./ Avantages du sevrage tabagique
3./ Effets indésirables du sevrage tabagique
4./ Parcours d’un fumeur
X./ LUTTE CONTRE LE TABAGISME ET SES DIFERENTES ETAPES
1./ Sur le plan individuel
2./ Sur le plan collectif
CONCLUSION

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