MONOGRAPHIES DEPILIOSTIGMA RETICULATUM ET DE PILIOSTIGMA THONNINGII

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SITUATION AU SENEGAL

Au Sénégal, comme un peu partout en Afrique, personne n’hésite à avoir recours à la médecine traditionnelle surtout à la phytothérapie pour se soigner, souvent en même temps que les services de la médecine moderne ; une sorte d’ouverture et d’enracinement dans le domaine de la sante. La médecine traditionnelle constitue pour l’écrasante majorité de nos populations l’offre première en matière de soin de santé. On trouve ainsi de nombreux produits dans les pharmacopées, chez les herboristes dans les marchés ou dans la rue.
Les plantes médicinales sont utilisées entièrement ou en partie (feuille, tige, racine, écorce, fruit…) dans des préparations diverses.
Cependant leur utilisation fait encore l’objet de stigmatisation de la part des élites dirigeantes depuis son interdiction par la loi n 66-069 du 4 juillet 1966 relative à l’exercice de la médecine et à l’ordre des médecins, ce qui est à l’origine des lenteurs de la mise en place d’un cadre règlementaire pour la médecine traditionnelle.
Depuis près d’un quart de siècle, c’est-à-dire depuis le conseil interministériel du 13 octobre 1993, qui a consacré la mise en place d’un comité chargé de poser les bases d’une règlementation en la matière, la genèse d’un texte de loi aura été plus que laborieuse, entre départs à la retraite de fonctionnaires ministériels, instabilité institutionnelle, voire alternances politiques.
Ce n’est que le 31 mai 2017, que le projet de loi relatif à l’exercice de la médecine traditionnelle au Sénégal sera finalement adopté en conseil des ministres, avant-dernière étape du vote à l’Assemblée Nationale ; sur le point d’être renouvelée.
Ces retards dans la promotion et la valorisation de la médecine traditionnelle ont fait de notre pays le dernier de la classe dans la sous-région pour ce qui est de la mise en place d’un cadre légal d’exercice de la médecine traditionnelle.
Comble de malchance, le déficit sur le dosage des médicaments à base de plante invoqué par les praticiens de la médecine conventionnelle a généré des incompréhensions.
Il est vrai que la majorité d’entre eux sont encore adeptes d’approches individualisées et curatives dans des contextes urbains et de médecine libérale. C’est ce qui a conduit les ordres professionnels du secteur de la santé à exiger le retrait pur et simple de ce projet de loi, car il constituerait pour eux, un danger pour la santé des populations. Ce qui fait que ce projet de loi n’est toujours pas voté à l’assemblée nationale (Actusen, 2017).

AVANTAGES ET INCONVENIENTS

Avantages

Malgré les énormes progrès réalisés par la médecine moderne, la médecine traditionnelle en particulier la phytothérapie offre de multiples avantages. Autrefois, les hommes n’ont eu que les plantes pour se soigner, qu’il s’agisse de maladies bénignes ou plus sérieuses, telles que la tuberculose ou la malaria.
Aujourd’hui, les traitements à base de plantes reviennent au premier plan, car l’efficacité des médicaments tels que les antibiotiques (considérés comme la solution quasi universelle aux infections graves) décroît de plus en plus. Les bactéries et les virus se sont peu à peu adaptés aux médicaments et leur résistent. C’est pourquoi on utilise à nouveau l’absinthe chinoise (Artemisia annua) et surtout son principe actif pour soigner la malaria lorsque les protozoaires responsables de la maladie résistent aux médicaments.
La phytothérapie qui propose des remèdes naturels est souvent bien acceptée par l’organisme. Elle connait de nos jours un renouveau exceptionnel en occident, spécialement dans le traitement des maladies chroniques, comme l’asthme ou l’arthrite. De plus les effets secondaires induits par les médicaments inquiètent les utilisateurs, qui se tournent vers des soins moins agressifs pour l’organisme. On estime que 10 à 20% des hospitalisations sont dues aux effets secondaires des médicaments.
Les plantes médicinales constituent un groupe de plantes économiquement importantes. Elles contiennent des composantes actives utilisées dans le traitement de diverses maladies. Outre leur utilisation comme remèdes directs. On les emploie aussi dans les industries, pharmaceutiques, alimentaires et cosmétiques (Faye, 2009).

Inconvénients

Les principaux reproches faits à la médecine traditionnelle par les praticiens de la médecine conventionnelle sont liés à l’approche méthodologique privilégiant les symptômes au détriment de la cause et les traitements empiriques sans identification claire du principe actif, ni définition précise de la posologie.
Il en résulte fréquemment des effets secondaires, dont les mécanismes restent obscurs et dont on ne sait s’ils sont liés aux principes actifs, à la dose. Dans ce cadre, l’exemple le plus souvent évoqué est la prise en charge de l’ictère, qui donne parfois lieu à des hépatites fulminantes sans qu’il soit toujours possible de déterminer s’il s’agit d’une conséquence de l’absorption de médicaments traditionnels toxiques. Il s’avère, en effet, très difficile d’établir une imputabilité indiscutable entre le produit absorbé et l’évènement.
L’autre difficulté tient au cloisonnement entre la médecine moderne et les Tradipraticiens. Il y a d’abord que la grande majorité des patients dénient aux prestataires de la médecine conventionnelle le droit de prescrire des plantes médicinales.
Ensuite la collaboration entre techniciens de santé et tradi-thérapeutes à travers les districts sanitaires, reste encore en déca des attentes du Ministère en charge de la santé, précisément parce que la médecine traditionnelle reste encore informelle.
Une autre contrainte observée est l’inondation du marché des plantes médicinales par des produits asiatiques (arabes, indiens et surtout chinois) dont le maintien pose problème aussi bien aux prestataires qu’aux usagers (Faye, 2009).

DESCRIPTION BOTANIQUE ET REPARTION GEOGRAPHIQUE

DESCRIPTION BOTANIQUE

Piliostigma reticulatum est une plante qui peut se présenter sous forme d’arbuste qui mesure 0,5 à 2 m de hauteur avec de nombreux rejets partant de la souche et à fut contourné et retombant. En milieu favorable, P. reticulatum est un petit arbre au tronc puissant pouvant atteindre 8 à 9 m de hauteur avec un port tourmenté (Yahaya, 1996 ; Yelemou et al, 2007 ; Diouf, 2007), (Figure 1).
 Feuilles
Elles sont épaisses, coriaces, persistantes, glabres de 6 à 10 cm de long sur 4 à 8 cm de large. Elles sont presque orbiculaires présentant deux lobes obtus provenant d’une échancrure anguleuse plus ou moins profonde au sommet. Le pétiole long de 2 à 3 cm, est épais aux deux extrémités (Figure 2).
 Fleurs
Elles sont groupées en pannicules ramifiées, courtes, axillaires ou terminales. Elles sont blanches à blanc rose. Les fleurs males portent seulement 10 étamines tandis que les femelles ont qu’un seul stigmate (Figure 3).
 Fruits
Le fruit est une longue gousse ligneuse, boursouflée et tordue de 15 à 25 cm de long et 5 cm de large. Les gousses sont brun-foncées à maturité persistantes longtemps sur les arbres, courtement pubescentes, grisâtres, bosselées avec plusieurs rangées de graines dans la largeur (Figure 4).
 Ecorce
L’écorce des tiges se présente sous forme de fragments cylindriques de 3 à 5 cm de diamètre. L’écorce est souvent fissurée longitudinalement, fibreuse et liégeuse (Figure 5).

Répartition géographique

Piliostigma reticulatum est une espèce sahélo-soudanienne et soudanienne qui aime surtout les sols lourds et mal drainés (mares et cours d’eau temporaires) mais aussi les sols latéritiques et sableux. C’est une espèce qui envahit les jachères, P. reticulatum s’étend de l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique Centrale et Orientale en partant du Sénégal et de la Mauritanie jusqu’au Soudan (figure 6). Au Sénégal l’espèce est bien présente dans les régions centrales (Diourbel, Kaolack, Fatick) mais aussi dans la forêt guinéenne de la Casamance et elle est localement abondante et grégaire (Yahaha, 1996), (Figure 6).

ETUDES REALISEES SUR LA CHIMIE

Comme toute plante médicinale le Piliostigma reticulatum possède des substances naturelles en ses différentes parties. Ceux-ci ont été mis en évidence d’après des études réalisées sur la plante. D’après Yahaya (1996), l’étude diététique de Toury menée sur les feuilles (100g) a donné les résultats figurant dans le tableau I.
Les travaux de Rabate et de Gourvitch en 1938 (Kerharo et al, 1974) ont montré que le Piliostigma reticulatum renferme diverses substances chimiques et naturelles.
Les feuilles séchées renferment :
 L’acide L tartique avec un rendement de 5,9% et qui existe soit sous forme d’acide tartique libre, soit sous forme de tartates de potassium et calcium.
 La quercetine avec un rendement de 0,5%
Les études d’AGODA (1984) ont aussi confirmé la présence de ce flavonoïde dans les feuilles. Ces études ont permis de mettre en évidence :
 Fruit entier : une quantité très importante d’acide L tartique a l’état naturel avec une teneur de 1,4% de forme libre et 3,9% de tartate de potassium
 Ecorces : renferment du tanin
Selon RABATE et al, (1938) le péricarpe du fruit contient :
 16% d’extrait balsamique
 1,1% de sucres réducteurs
 2,7% de saccharose
 6% d’hydropectine
Les études plus récentes de Babajide et al. (2008) ont confirmé d’abord la présence de flavonoïdes, de tanins et de saponosides dans les feuilles de la plante avant d’isoler dans la fraction éther de pétrole de l’extrait héxanique des feuilles un composé nommé le Piliostigmol (6-C-méthyl-2-p-hydroxyphenyloxchromonol), (Figure 7).

ETUDES REALISEES SUR LA PHARMACOLOGIE

Activité antitussive

L’activité antitussive des feuilles de Piliostigma reticulatum a été étudiée par Agoda (1984). Nous retiendrons de cette étude que l’action de l’extrait lyophilisé des feuilles sur le cobaye prouve qu’il a des propriétés antitussives qui s’apparentent à celles de Guiera senegalensis (Nguer).

Activité anti-inflammatoire

Ndiaye (1985) a étudié l’activité anti-inflammatoire des cure-dents (<<SOCCU>>) provenant des tiges de Piliostigma reticulatum. Il a conclu que l’effet anti-inflammatoire n’apparait qu’a la dose de 3,5mg/kg chez le rat après gavage et il est maximal au bout de la 3eme heure. Ces résultats ont été confirmés par les travaux de Tavares (1986).

Activité cicatrisante

L’étude des propriétés cicatrisantes réalisée par Tavares(1986) avait montré qu’une pommade à base d’extrait des feuilles de Piliostigma reticulatum s’est révélée douée de propriétés anti-inflammatoire et cicatrisante lors d’un essai clinique ayant porté sur 10 patients. Cette même étude avait montré également que Piliostigma reticulatum présente une toxicité aigüe faible par 24h aux doses de 2 et 2,5g/2,5kg par voie inter péritonéale chez la souris.

EMPLOIS

Utilisations médicinales

D’après YAHAYA (1996) et AGODA (1984) Piliostigma reticulatum est très utilise dans la médicine traditionnelle Sénégalaise. Il est souvent utilisé contre les céphalées, l’inflammation buccale et les oreillons.
 Feuille
Elles sont expectorantes, utilisées en boisson et en lotion contre le rhume. Les feuilles fraiches ou la poudre de feuilles sèches sont souvent utilisées pilées comme pansement occlusif contre les plaies pilées. Elles sont hémostatiques et cicatrisantes. La décoction des feuilles est donnée aux nouveau-nés comme calmant et antirachitique, en cas d’anorexie et de kwashiorkor. C’est un stimulant d’appétit chez les nouveau-nés. Elle est aussi utilisée contre la toux, les bronchites, les névralgies dentaires et les oreillons (Borom Bopp).
 Ecorces
Les écorces sont souvent utilisées comme hémostatique, antiseptique, cicatrisante contre les chancres syphilitiques. Elles sont utilisées contre la diarrhée, la colique, les hémorroïdes et l’épistaxis. L’infusion tiède de l’écorce guérit les maux de dents. La décoction est recommandée dans le cas des courbatures fébriles et de rhumatismes. En inhalation et en gargarisme elle traite l’oreillon.
 Gousse
La poudre de gousse est employée dans le traitement des plaies.

Autres utilisations

L’utilisation du Piliostigma reticulatum suivant ses composantes a montré que les feuilles et les fruits sont principalement destinés à la fertilisation des terres, à l’alimentation du bétail et à la pharmacopée. C’est un arbre à usage medico-religieux (circoncision) et medico-magiques (fertilité).
Les tiges servent de bois de feu et de piquets et les racines comme cure-dents. L’écorce est utilisée contre la diarrhée des bovins et ovins et pour la confection des cordes. Les jeunes pousses, sont utilisées pour la fumure minérale. Il produit du bois dense et lourd qui sert à fabriquer les manches d’outils, et les poteaux (Diack, 1998).

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : MEDECINE TRADITIONNELLE ET PHYTOTHERAPIE
I. HISTORIQUE
II. DEFINITIONS
II.1. Médecine traditionnelle
II.2. Phytothérapie
III. SITUATION AU SENEGAL
IV. AVANTAGES ET INCONVENIENTS
IV.1. Avantages
IV.2. Inconvénients
DEUXIEME PARTIE MONOGRAPHIES DEPILIOSTIGMA RETICULATUM ET DE PILIOSTIGMA THONNINGII
CHAPITRE I : PILIOSTIGMA RETICULATUM DC (CAESALPINIACEAE) 
I.1. CLASSIFICATION
I.1.1. Noms locaux
I.1.2. Synonymes
I.2. SYSTEMATIQUE
I.3. DESCRIPTION BOTANIQUE ET REPARTION GEOGRAPHIQUE 15
I.3.1. DESCRIPTION BOTANIQUE
I.3.2. Répartition géographique
I.4. ETUDES REALISEES SUR LA CHIMIE
I.5. ETUDES REALISEES SUR LA PHARMACOLOGIE
I.5.1. Activité antitussive
I.5.2. Activité anti-inflammatoire
I.6. EMPLOIS
I.6.1. Utilisations médicinales
I.6.2. Autres utilisations
CHAPITRE 2 : PILIOSTIGMA THONNINGII SCHUMACH (CAESALPINIACEAE)
II.1. CLASSIFICATION
III.1.1. Noms locaux
III.1.2. Synonyme
II.2. SYSTEMATIQUE
II.3. DESCRIPTION BOTANIQUE ET REPARTITION GEOGRAPHIQUE
II.3.1. Description botanique
II.3.2. Répartition Géographique
II.4. CHIMIE
II.5. ETUDES REALISEES SUR LA PHARMACOLOGIE
II.6. EMPLOIS
II.6.1. Utilisations médicinales
II.6.2. Autres utilisations
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQQUES
ANNEXE

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