Les motifs de la migration internationale
La décision d’émigrer ne peut incomber au seul candidat à la migration qui est considéré en fait aujourd’hui comme un membre d’un ménage dont le premier objectif est de mettre à l’abri du risque, à l’intérieur d’une société dont l’architecture institutionnelle limite sévèrement l’éventail des choix individuels possibles (Todaro). Selon les résultats de l’enquête plus de 90% des ménages affirment que c’est la recherche du travail qui apparaît ici souvent comme le principal motif de la migration. Le migrant peut rarement faire prévaloir une qualification professionnelle. Il tente de s’adapter aux opportunités d’emplois offerts par le pays d’accueil. Ceci explique en grande partie l’attraction du commerce informel et la grande mobilité professionnelle des émigrés . Pour d’autres ménages soit moins de 10% ; il existe d’autres motifs invoqués pour émigrer à savoir les raisons familiales ; il s’agit plus souvent des femmes et d’enfants qui partent pour rejoindre le chef de famille installé à l’étranger. La femme généralement dans ce cas peut exercer une activité lucrative. Les études à l’étranger aussi jouent un rôle décisif dans l’amorce de la migration internationale. Dans ce dernier cas, on note que certains étudiants, une fois leurs études terminées restent dans le pays d’accueil pour travailler.
Les motifs socio-économiques
Les motivations qui ont animé les personnes à migrer résultent quasi exclusivement de la situation socio-économique et financière des pays d’origine. L’aventure, l’envie de connaître autre chose sont aussi souvent évoquées. L’émigration est ici une question de survie car pour certains « c’est quitter un endroit où on ne peut pas satisfaire ses besoins pour aller dans un autre où cela est possible ». Pour beaucoup de parents d’émigrés interrogés soit 85% ; les départs sont liés aussi au manque d’infrastructures économiques et sociales qui pousse beaucoup de sénégalais et particulièrement chez eux à al ler dans les pays riches où ils espèrent trouver du travail. Certains émigrés trouvés sur place lors de nos enquêtes affirment avoir envie de réussir leur vie, l’objectif premier étant pour nombre d’entre eux de pouvoir entretenir leur famille restée au pays et d’aider le plus possible les parents qui en ont besoin. On a l ongtemps observé aussi au Sénégal comme dans plusieurs pays africains une accélération du flux migratoire pendant la sécheresse contemporaine qui a durement frappé les campagnes et villes africaines. Au Sénégal la vallée du fleuve, les régions de Louga et de Diourbel étaient considérées comme les grandes zones d’émigration internationale. Ainsi les crises économiques et le manque d’emploi qui sévissent dans les villes des pays du sud comme Dakar poussent beaucoup de chômeurs et de travailleurs sans revenus et souvent sans espoir de retrouver une situation stable et correcte dans leur pays à migrer vers les pays développés où ils trouver mieux. La survie financière ou la recherche de l’autonomie financière suffisante pour être à même de pouvoir réaliser des projets reste aussi un facteur de départ important de ces déplacements lointains. Il y’a aussi pour certains un effet d’entraînement causé par les retours réussis de certains émigrés qui vivent dans de très bonnes conditions. Ils se font une bonne image sociale dans leur entourage. Ainsi cette situation incite beaucoup de gens à s’expatrier puisqu’ils constatent que l’émigré a réussi sa vie.
LES TRANSFERTS FINANCIERS
On entend par transfert financier, l’envoi par des migrants d’une épargne prélevée sur leurs ressources, depuis leurs pays d’accueil vers leurs pays d’origine. Le migrant est perçu comme un détenteur d’un capital humain et financier transférable pour la production de richesse dans son pays d’origine.20 Les transferts financiers sont sources de revenus importants aussi bien pour leur famille restée au pays mais aussi une entée de devise significative pour les pays d’origine. Au cours des dix dernières années ces flux financiers ont connu un développement considérable. En 2003, la Banque Mondiale évalue à plus de 100 milliards de dollars US les flux annuels de transferts financiers des travailleurs migrants résidant dans les pays industrialises vers les pays en développement. Et en 2004 les transferts des émigrés reçus dans les États membres de l’UEMOA sont estimés à 1,144 milliards de dollars, soit FCFA 588,3 milliards, ce qui correspond à environ 2,7% du PIB de l’Union. Au Sénégal, ils représentent plus de 6,7 % du PIB.21 Au Sénégal les transferts dus à l a migration transforment les structures sociales et économiques, augmentent les inégalités de revenus et intensifient par la même occasion le sentiment de privatisation chez les non migrants. Ils sont aussi devenus un enjeu socioéconomique déterminant dans l’économie sénégalaise. En ce sens, ils représentent une part significative des ressources du pays et constituent par ailleurs une source financière importante pour les familles des émigrés. Ainsi au Sénégal les transferts financiers monétaires des émigrés ont beaucoup évolué dans le temps et surtout après la dévaluation du franc CFA qui les a rendus plus importants. D’après le Bureau International du Travail, les montants sont passés de 16,740 milliards de franc CFA en 1997 à 67,400 milliards en 200223. Selon Nelly Robin, les envois de fonds ont représenté 169 milliards de franc CFA en 2000 et 242 milliards en 2003 soit une croissance de 80% depuis 2000. Ainsi le Sénégal constitue un des principaux pays de réception de fonds des émigrés. Par ailleurs leur impact réel sur le développement économique de ces p ays reste jusqu’à présent trop controversé. Les retours de flux financiers sont cependant facteur de développement économique et social important au niveau des parcelles assainies de Keur Massar. En ce sen s, les migrants de la localité sont considérés comme des acteurs de développement local ou bien même des promoteurs de projets économiques et sociaux. Les transferts de fonds sont des supports d’investissements. Partant de ce constat ; les émigrés des parcelles assainies keur Massar comme tous les émigrés sénégalais constituent de véritables pourvoyeuses de fonds pour leurs familles restées dans la localité. Ainsi ces transferts financiers constituent pour l’essentiel des familles leur principale source de revenus. D’après nos enquêtes 80% des familles bénéficient de ces transferts et disent que ces derniers sont d’un apport considérable dans le fonctionnement de leurs familles.
Les investissements collectifs
Ces types investissements sont comparativement beaucoup plus rares et se concentrent dans les secteurs de l’immobilier, des transports (taxis, cars), du commerce (importation de véhicules et pièces détachées d’occasion notamment) et, dans une moindre mesure, de l’agriculture (financement de projets d’élevage et de maraîchage notamment). Ils représentent 25% des investissements d’émigrés. De l’avis de certains émigrés trouvés sur place lors de nos enquêtes, l’investissement collectif dans le pays de départ, qui prépare le retour définitif, souffre de l’absence de relais fiables. Ils déplorent bien souvent l’inexistence de personnes dignes de confiance dans leur entourage. Ce phénomène s’explique par le fait que pour la plupart du temps le projet migratoire s’appuie sur des opportunités familiales à savoir les investissements individuels. Contrairement aux autres foyers d’émigration de la Vallée du fleuve ou le bassin arachidier où migrer relève d’une décision collective, dans la région de Dakar elle est plutôt individuelle. Cet individualisme se reflète aussi bien dans les types d’investissements que dans les relations entre migrants et non migrants. Les secteurs économiques d’investissements mis en avant par les migrants des parcelles assainies de Keur Massar sont le commerce : import export de véhicules de véhicules d’occasion, de pièces détachées, de friperies, de matériaux de construction, le transport et l’artisanat. On a noté également au niveau de l’unité 6 l’implantation de deux boulangeries par des émigrés. Certains de ces investissements sont lourds en termes d’immobilisation. Ils ne peuvent être réalisés sans un accès adéquat au crédit. Sur le financement au Sénégal, l’accès au crédit à moyen et long terme est quasi inexistant. Le manque de communication entre émigrés et acteurs locaux explique aussi la faiblesse des investissements collectifs au niveau des parcelles assainies de Keur Massar. En effet nous pouvons dire que les migrants des parcelles assainies de Keur Massar n’investissent pas dans des secteurs productifs générateurs de revenus pour les populations locales. Ces investissements ne se sentent que visuellement et à l ’échelle familiale généralement. Pour la plupart, ils sont inconnus du voisinage. Cette réserve s’explique par le fait qu’ils ne sont pas originaires de Keur Massar.
Le commerce
Le commerce constitue l’un des plus importants secteurs d’investissement des émigrés. Plus de 40% des membres de familles d’émigrés bénéficient de leur soutien pour mener une activité commerciale. Beaucoup de cantines au niveau du marché central appartiennent à des émigrés et ces dernières sont gérées par un membre de leur famille. D’autres érigent des magasins aux devant de leur maison pour des besoins commerciaux en envoyant des containers contenants des marchandises divers venant de leur pays d’accueil et destinés soit au commerce du gros et demi-gros en alimentation générale soit à la vente de matériaux lourds tels que les accessoires automobiles, les meubles, la textile etc. Ainsi le développement de l’activité commerciale s’explique au niveau des populations locales par l’augmentation du pouvoir d’achat donc une hausse de la demande, pour l’évolution des habitudes alimentaires ; vestimentaires et le besoin d’amélioration du cadre et des conditions de vie initiées par les émigrés de la localité.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
A – revue documentaire
B -La collecte des données sur le terrain
C-TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES
PREMIERE PARTIE : ETUDE GEOGRAPHIQUE DES PARCELLES ASSAINIES DE KEUR MASSAR
CHAPITRE I : CADRE GEOGRAPHIQUE
I.1 Situation géographique
I.2 L’habitat
CHAPITRE II : CARACTERISTIQUES SOCIO DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES
II.1. LES CARCTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES
I.2.1 La répartition par age et par sexe
I.2.2 La situation matrimoniale
I.2.3 La diversité ethnique
II.2 LES ACTIVITES ECONOMIQUES
II.3 L’ACCES AUX SERVICES URBAINS
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : DETERMINANTS ET CARACTERISTIQUES DE LA MIGRATION INTERNATIONALE
CHAPITRE I : LES DETERMINANTS DE LA MIGARTION INTERNATIONALE
I.1 DIVERSIFICATION DES MOTIFS ET DES SOURCES DE FINANCEMENTS DE LA MIGRATION INTERNATIONALE
I.1.1 -Diversité des motifs da la migration internationale
I.2 LES PRINCIPALES DESTINATIONS DES MIGRANTS
I.1.2 Les migrations sous-régionales et régionales
I.1.3 Les migrations lointaines (hors-Afrique)
CHAPITRE II : TRANSFERTS FINANCIERS ET INVESTISSEMENTS
II.1 LES TRANSFERTS FINANCIERS
II.1.2 L’utilisation des transferts par les ménages
II.2 LES TYPES D’INVESTISSEMENTS
II.2.1 Les investissements individuels
II.2.2 Les investissements collectifs
CONCLUSION PARTIELLE
TROISIEME PARTIE : LES EFFETS DE LA MIGRATION INTERNATIONALE AUX PARCELLES ASSAINIES DE KEUR MASSAR
I.1 Le commerce
I.2 L’artisanat moderne
I.3- Les services financiers
I.4- Le transport
CHAPITRE II : LES MUTATIONS PAYSAGERES
II.1 L’immobilier
II.2 La modernisation de l’habitat (voir photos)
CHAPITRE III: LES MUTATIONS SOCIALES
III.1 L’URBANISATION
III.1.1- L’habitat
III.1.2- Les moyens de communication
III.1.2- Les équipements socio-économiques
III.2 L’EVOLUTION DU CONDITION ET DE LA QUALITE DE VIE DES POPULATIONS
III.2.1 Niveau d’équipements des ménages
III.2.2 La hausse du niveau de vie
III.2.3 Perception des populations locales sur la migration internationale
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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