La théorie monétaire a pour objet de mettre en évidence les relations existant entre la monnaie et les variables réelles de l’économie (production, consommation, accumulation de capital), et, ainsi, de donner des fondements scientifiques à la politique monétaire. Toutefois, la théorie apparaît parfois comme une simplification de la réalité destinée à la rendre cohérente ; aussi la politique monétaire, dans la mesure où elle cherche à agir sur la vie économique, ne peut- elle pas y trouverdes solutions tranchées aux problèmes qui se posent. L’un des problèmes majeurs auxquels la politique monétaire doit faire face est la maîtrise de l’inflation, laquelle se définit comme étant une hausse généralisée des prix qui touche tous les secteurs économiques et dont les causes sont multiples et complexes. Ainsi, des raisons techniques ou contingentes, des choix politiques ou de systèmes peuvent orienter les décisions des autorités publiques. Celles-ci ne doivent pas ignorer les leçons de théorie qui ont le mérite de leur indiquer les conséquences logiques de leurs choix et décisions.
Réflexion sur les mystères de la monnaie
La monnaie apparaît au moment où la diversification de la production et la division du travail rendent de plus en plus nombreux les échanges entre agents économiques.
Evolution de la théorie monétaire
Définition de la monnaie
Nombreuses sont les définitions qui peuvent être données à la monnaie mais on fait souvent référence à celle de François Perroux : « La monnaie, instrument de paiement, a trois qualités principales :
-c’est un instrument de paiement indéterminé c’est à dire qu’une monnaie peut éteindre n’ importe quelle dette,
-c’est un instrument de paiement universel, ce qui veut dire que la valeur de n’ importe quel bien peut être déterminée dans un système de référence unique.
-enfin, la monnaie est un bien immédiatement échangeable sans transformation préalable, donc sans risque de perte. » .
Monnaie, instrument de paiement indéterminé
L’économie d’auto subsistance est le type pur d’une économie sans échange et par conséquent sans instrument d’échange. Lui fait suite l’économie de troc, c’est à dire que les marchandises s’échangent entre elles sans instrument d’échange ; en d’autres termes, chaque bien est susceptible de s’échanger contre n’importe quel autre bien. Par le fait que se développe la circulation, on constate l’apparition de la monnaie qui permet de simplifier l’échange. La monnaie acquiert donc une nouvelle forme, celle d’instrument de paiement. D’abord, elle fonctionne comme mesure de la valeur, c’est à dire que tous les biens échangés sont appréciés en termes d’unités monétaires ; ainsi elle participe à la fixation des prix des marchandises vendues. Ensuite, elle devient l’instrument privilégié des transactions : en effet tout échange direct de 2 biens est aboli au profit d’un double échange contre espèces monétaires. Enfin, une troisième étape est franchie lorsque l’agent utilise la monnaie non plus simplement pour faciliter l’échange des biens qu’il produit contre ceux qu’il consomme mais comme un pouvoir d’achat reportable dans l’avenir. A cet effet, la monnaie acquiert sa troisième qualité, celle de réserve de valeur et d’instrument d’épargne.
Monnaie, instrument de paiement universel
En tant que monnaie universelle, l’or reprend sa forme initiale de barre ou de lingot. Ainsi, à l’intérieur de chaque nation circule une monnaie nationale. La mise en communication des espaces nationaux par échanges commerciaux suppose que soient définis des rapports entre ces différentes monnaies. Par conséquent, d’une part, l’or devenu numéraire est un attribut de l’Etat de telle sorte qu’il varie selon les pays. D’autre part, ce même numéraire s’use dans son cours provoquant une scission entre son contenu nominal et sa teneur réelle en or. Ainsi, la monnaie est obligée de se dépouiller de ses formes particulières qui ne sont autres que le résultat du procès d’échanges à l’intérieur de chaque sphère nationale. En fait, en tant qu’instrument de paiement universel, la monnaie revêt 3 fonctions à savoir :
– comme moyen de paiement lorsqu’il s’agit de solder les balances de paiement ;
– ensuite comme moyen d’achat international du fait qu’avec les lingots d’or ou d’argent, on peut facilement se procurer n’importe quelles marchandises sur les marchés des autres pays.
– enfin, en tant qu’incarnation de la richesse sociale, c’est à dire que la monnaie sert comme moyen de transfert de richesse sous forme monétaire d’un pays vers un autre.
Monnaie, intermédiaire des échanges
L’échange fait passer les marchandises des mains dans lesquelles elles sont des non valeurs d’usage aux mains dans lesquelles elles sont des valeurs d’usage. Ainsi, la circulation simple des marchandises se définit comme l’échange des marchandises par le moyen de l’argent. Dans ce cas, la fonction de la monnaie est d’être moyen de circulation et consiste à être un intermédiaire dans la circulation ainsi définie. En effet, c’est la circulation des marchandises qui mettent la monnaie en mouvement et, en tant que moyen de circulation, l’argent apparaît comme un moyen d’achat et, en tant que tel, il semble mettre les marchandises en mouvement en réalisant leurs prix. Nous pouvons donc dire que la qualité de monnaie qu’exige la circulation de toutes les marchandises est déterminée par la somme de leurs prix. A vrai dire la variation de prix peut provenir de la monnaie elle même non en tant que moyen de circulation mais comme mesure des valeurs. Ces 3 fonctions de la monnaie étant spécifiques, chaque fois que nous pouvons les attribuer à un bien économique quel qu’il soit, nous sommes en présence d’une forme de monnaie (légale ou de fait).
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : Monnaie et inflation : quelques définitions et données chiffrées pour situer les enjeux du débat
Chapitre 1 : Réflexion sur les mystères de la monnaie
Section 1 : Evolution de la théorie monétaire
Section 2 : Création et circulation monétaire
Chapitre 2 : Hausse des prix et émission excessive de la monnaie
Section 1 : Théorie de l’inflation monétaire
Section 2 : Approche pragmatique des causes de l’inflation et des moyens pour la contenir
Chapitre 3: Actualité de la monnaie et de l’inflation
Section 1 : Monnaie et activité économique
Section 2 : Emission de monnaie et ressources réelles correspondantes
PARTIE 2: Les mécanismes de l’inflation
Chapitre 1 : Les impacts de l’inflation sur l’économie
Section 1 : Cadre microéconomique
Section 2 : Cadre macroéconomique
Chapitre 2: Inflation et croissance économique
Section 1 : La spirale inflationniste
Section 2 : Apport de Milton Friedman
Chapitre 3 : Le rôle et la place de la politique monétaire au sein de la politique économique
Section 1: Exposé et réfutation synthétique de la théorie monétariste de l’inflation
Section 2: Une politique monétaire pour la maîtrise de l’inflation
PARTIE 3 : Politique monétaire et stabilité des prix à Madagascar
Chapitre 1 : Gestion de la politique monétaire
Section 1 : La portée et les limites de l’exercice du pouvoir monétaire
Section 2 : Les instruments de la politique monétaire
Chapitre 2 : Politique monétaire et intervention économique
Section 1 : Le raisonnement quantitativiste et la politique de lutte contre l’inflation
Section 2 : La politique monétaire à Madagascar
Chapitre 3 : Solutions proposées
Section1 : La règlementation des réserves obligatoires
Section 2 : La règlementation du taux directeur
Section 3 : La règlementation bancaire
CONCLUSION