Modifications biochimiques induites par l’HC – effets sur le rein, le foie, le muscle

Régulation de la sécrétion des GC

Rappelons brièvement le schéma général de la régulation du cortex surrénalien par le système CRF / ACTH (fig.IV). L’hypothalamus exerce une stimulation sur la sécrétion de l’ACTH au niveau de l’antéhypophyse par l’intermédiaire du CRF (Corticotrophin Releasing Factor). La sécrétion du CRF est elle-même sous le contrôle du stress et de certains neuromédiateurs. L’ACTH exerce à son tour une action trophique sur les zones réticulée et fasciculée de la glande surrénale. La modulation de l’activité de l’axe hypothalamo- hypophysaire se fait par un rétrocontrôle négatif à partir du cortisol circulant.

Ce rétrocontrôle s’exerce de la même façon par les GC de synthèse. Chez le chien, l’ACTH est sécrétée au niveau de l’hypophyse à la fois par la Pars Distalis, stimulées par le CRF et par la Pars Intermédia, non stimulée par le CRF car n’étant pas irriguée par le système porte hypothalamo- hypophysaire et qui est sous le contrôle direct de certains neuromédiateurs comme la dopamine ou la noradrénaline. Sur cette base anatomophysiologique repose l’hypothèse qu’il existe deux types d’hypercorticisme hypophysaire, l’un lié au dérèglement de la Pars Distalis (le plus fréquent) et l’autre lié au dérèglement de la Pars Intermédia, dû à la disparition de la régulation dopaminergique (52, 55).

L’hypercorticisme surrénalien

Dans 10 à 15% des cas, l’hyperproduction de cortisol est due à une tumeur surrénalienne, le plus souvent unilatérale. Adénome et carcinome se rencontrent de façon équivalente. L’hypersécrétion de cortisol due à ces tumeurs freine la sécrétion d’ACTH, entraînant ainsi l’atrophie de la glande controlatérale. De façon plus rare, l’hypercorticisme peut être dû à une hyperplasie nodulaire surrénalienne indépendante de tout contrôle et dont la pathogénie est encore mal connue (52). Chez l’homme, on distingue, de plus, le syndrome « ACTH ectopique ». Il y a alors production d’ACTH par les foyers ectopiques, comme des carcinomes pulmonaires ou pancréatiques. Ceci n’a jamais été décrit chez le chien (52).

Les principaux acteurs

Les principaux acteurs de la réaction immunitaire sont les macrophages, les lymphocytes B et T et les cytokines (128). Le macrophage phagocyte l’antigène, le transforme et le présente à sa surface avec une protéine (le complexe majeur d’histocompatibilité=CMH) au lymphocyte T auxiliaire (LT aux.).

Le macrophage ainsi activé libère l’interleukine 1 (Il1) nécessaire à l’activation des LT aux. qui libèrent à leur tour l’Il2 et l’interféron γ (IFNγ) nécessaires à la prolifération polyclonale des LT et à l’activation des lymphocytes T natural killers (LTnk). Les macrophages libèrent aussi, entre autre, l’Il12 et l’Il15 qui induisent l’expression du CMH de classe I et II, stimulent les LTNK. Les cytokines que l’on vient de citer sont qualifiées de cytokines « pro inflammatoires » (169). Les LT produisent aussi des cytokines dites « anti-inflammatoires », qui sont responsables de la prolifération, de la différentiation des lymphocytes B (LB) et de la formation des plasmocytes sécréteurs d’anticorps (AC). Nous avons simplifié les mécanismes à l’extrême pour les rendre clairs. Ils sont en réalité beaucoup plus complexes et font intervenir de nombreux autres acteurs, en particulier de nombreuses cytokines. Les GC, ou plutôt leur excès, vont agir à tous les niveaux.

PATHOGENIE DE L’INSULINORESISTANCE CORTICO-INDUITE

L’insuline est le pivot qui contribue au maintien d’une glycémie constante en inhibant la production hépatique de glucose et en permettant la pénétration et l’utilisation du glucose par les cellules.

Les glucocorticoïdes agissent principalement au niveau des récepteurs à l’insuline. Ils abaissent la sensibilité des tissus cibles à l’insuline, en abaissant le nombre de récepteurs à l’insuline, en altérant le transport de l’insuline jusqu’à son récepteur, en provoquant des anomalies dans la cascade des événements intracellulaires qui suivent la liaison de l’insuline à son récepteur et entraîne une baisse d’affinité de l’insuline à son récepteur, et donc, un affaiblissement de la réponse à l’insuline (90, 103, 138, 188). Il y a alors baisse de la pénétration et de l’utilisation du glucose par les tissus périphériques.

De plus, les GC agissent au niveau du foie en stimulant la néoglucogenèse à partir de substrat provenant de la lipolyse et de la protéolyse, et en stimulant la glycogénogénèse par stimulation de la glycogène synthétase (Voir Partie I) Enfin, notons que les GC potentialisent l’effet hyperglycémiant de certaines hormones, voire augmentent leur sécrétion, comme le glucagon ou l’adrénaline (45, 141). Les GC entraînent donc une augmentation de la glycémie et une insulino résistance, en augmentant la synthèse du glucose et du glycogène et en abaissant l’utilisation périphérique du glucose par baisse de la sensibilité et de l’affinité de l’insuline à ses récepteurs sur les tissus cibles.

Action des GC sur l’axe hypothalamo-hypophysaire

Chez la chienne, la testostérone est à la fois fabriquée par la glande surrénale et par l’ovaire. Dans celui-ci, elle n’est qu’un précurseur pour la fabrication d’oestrogènes en particulier. Lors d’HC hypophysaire, l’hypersécrétion d’ACTH provoque une hypersécrétion de GC et d’androgènes surrénaliens. De plus, les GC vont exercer une rétro-inhibition sur l’axe GnRH/FSH/LH et provoquer une baisse de fabrication d’androgènes au niveau de l’ovaire et donc aussi, une baisse de fabrication d’oestrogènes. L’augmentation importante de la libération de testostérone par la surrénale n’est pas compensée par la baisse au niveau ovarien.

On obtient donc une augmentation de la test ostéronémie (33, 59, 105, 158, 175, 185). Chez le chien, le mécanisme est le même, à savoir une augmentation des androgènes produits pas la surrénale, une rétro-inhibition des GC sur la libération des FSH/LH et donc une baisse des androgènes produits par les testicules. Sauf que dans ce cas, la conversion d’androsténédione en testostérone ne compte que pour 5% de la production totale de testostérone. On constate donc une baisse de la test ostéronémie (33, 59, 98, 158). Chez le mâle, on constate une augmentation de l’oestradiolémie. On ne sait pas si elle est due à une active conversion périphérique ou à une augmentation directe de production (167, 174).

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Table des matières

INTRODUCTION
I – GENERALITES SUR LES GC ET SUR L’HC
I.1. Synthèse et propriétés générales des GC
I.1.1. Structure et classification
I.1.2. Métabolisme des GC
I.1.2.1. Synthèse du cortisol
I.1.2.2. Mode d’action des GC
I.1.2.3. Elimination des GC
I.1.2.4. Régulation de la sécrétion des GC
I.1.3. Propriétés générales des GC
I.1.3.1. Propriétés métaboliques
a.Action sur le métabolisme glucidique, protéique et lipidique
b.Action sur le métabolisme hydroélectrolytique
I.1.3.2. Principales propriétés pharmacologiques
a.Propriétés anti-inflammatoires
b.Activité immunomodulatrice
c.Propriétés anti-allergiques
I.2. Conséquences cliniques d’un excès de GC : l’hypercorticisme
I.2.1. Etiologie des hypercorticismes
I.2.1.1. L’HC iatrogène
I.2.1.2. L’HC hypophysaire
I.2.1.3. L’HC surrénalien
I.2.2. Etude clinique
I.2.2.1. Incidence
I.2.2.2. Symptômes
I.2.2.3. Diagnostic
I.2.2.4. Traitement
a.Traitement des tumeurs surrénaliennes
b.Traitement de l’hypercorticisme hypophysaire
II – MODIFICATIONS HEMATOLOGIQUES, IMMUNOLOGIQUES, MODIFICATIONS DE L’HEMOSTASE INDUITES PAR L’HC
II.1. Modifications hématologiques et immunologiques
II.1.1. Action de l’HC sur les éléments figurés du sang
II.1.1.1. Action sur les polynucléaires neutrophiles
II.1.1.2. Action sur les lymphocytes
II.1.1.3. Action sur les polynucléaires éosinophiles
II.1.1.4. Action sur les monocytes
II.1.2. Action de l’HC sur la réaction immunitaire
II.1.2.1. La fonction phagocytaire
II.1.2.2. L’immunité à médiation cellulaire et humorale
a.Les principaux acteurs
b.Modifications de l’immunité à médiation cellulaire
c.Modifications de l’immunité à médiation humorale
II.2. Modifications de l’hémostase induite par l’HC
II.2.1. Rappels sur la physiologie de l’hémostase et sur son exploration
II.2.1.1. Physiologie de l’hémostase
II.2.1.2. Exploration de l’hémostase
II.2.2. Modifications de la coagulation induites pas l’HC
II.2.2.1. Les facteurs procoagulants
II.2.2.2. Les facteurs anticoagulants
II.2.2.3. Les temps de coagulation
III – MODIFICATIONS BIOCHIMIQUES INDUITES PAR L’HC – EFFETS SUR LE REIN, LE FOIE, LE MUSCLE
III.1. Modifications neuromusculaires
III.1.1. Effets de l’HC sur le muscle
III.1.1.1. Les signes cliniques
III.1.1.2. Modifications biologiques
a.La CK
b.L’ASAT
c.La LDH
III.1.1.3. Modifications électrophysiologiques
a.L’électromyographie
b.L’électroneurographie
III.1.1.4. Modifications histologiques
III.1.1.5. Pathogénie
III.1.2. Modifications neurologiques
III.1.2.1. Modifications physiques
III.1.2.2. Modifications biologiques
a.La tension intracranienne
b.Les neuromédiateurs
III .2. Effets de l’HC sur le rein
III.2.1. Effets de l’HC sur la pression artérielle
III.2.1.1. Rappels sur la régulation de la pression artérielle
a.Les facteurs hypotenseurs
b.Les facteurs hypertenseurs
III.2.1.2. Pathogénie de l’hypertension artérielle induite par l’HC
a.Effets sur les facteurs hypertenseurs
b.Effets sur les facteurs hypotenseurs
III.2.2. Modification de la fonction rénale
III.2.2.1. Les paramètres sanguins
a.L’urée
b.La créatinine
III.2.2.1. Les paramètres urinaires
a.La densité urinaire
b.La protéinurie
c.La glycosurie
d.Le Ph
e.L’analyse du sédiment urinaire
III.3. Effets de l’HC sur le foie
III.3.1. Modification des enzymes hépatiques
III.3.1.1. Les PAL
III.3.1.2. L’ALAT
III.3.1.3. Les γGT
III.3.2. Modifications histologiques
III.3.3. HC et hyperlipidémie
III.4. Effets de l’HC sur l’estomac
IV – MODIFICATIONS ENDOCRINIENNES INDUITES PAR L’HC
IV.1.Effets de l’HC sur l’action de l’insuline
IV.1.1. Modifications biologiques
IV.1.2. Pathogénie de l’insulinorésistance corticoinduite
IV.2. Effets de l’HC sur les hormones sexuelles
IV.2.1. Modifications biologiques
IV.2.1.1. Chez le mâle
IV.2.1.2. Chez la femelle
IV.2.2. Pathogénie
IV.2.2.1. Action des GC sur l’axe hypothalamo-hypophysaire
IV.2.2.2. Autres actions
IV.3. Effets de l’HC sur les hormones thyroïdiennes
IV.3.1. Modifications biologiques
IV 3.1.1. Dosage des hormones thyroïdiennes
IV.3.1.2. Tests dynamiques
IV.3.2. Pathogénie de la pseudohypothyroïdie
IV.4 Effets de l’HC sur le métabolisme phosphocalcique
IV.4.1. Modifications biologiques
IV.4.2. Pathogénie
IV.5 Effets de l’HC sur l’hormone de croissance
IV.5.1. Modifications biologiques
IV.5.2. Pathogénie
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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