Modes de transmission de la culture traditionnelle aux Comores

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DEFINITION DES CONCEPTS-CLES

Pour ces définitions, nous avons consulté essentiellement le Petit Larousse Illustré (1992), puis également et surtout le Vocabulaire technique et critique de la philosophie d’André LALANDE. Nous ne les avons pas classées par ordre alphabétique, mais selon l’importance que nous leur avons accordée pour le traitement du.thème.
Philosophie : Le terme peut prendre plusieurs sens selon son emploi dans l’histoire et selon les points de vue idéologiques. De ces différents sens, retenons celui-ci : la philosophie est tout un ensemble d’études ou de considérationsprésentant un haut degré de généralité, tendant à ramener soit un ordre de connaissance, so it tout le savoir humain à un petit nombre de principes directeurs. C’est dans cette acception qu’on parlera, par exemple, de la philosophie des sciences, de la philosophie de l’histoire, du droit, de la culture.
Culture : La culture est un concept qui se définit de différentes manières selon les auteurs ou le contexte utilisé. Par culture, on peut entendre le développement de certaines facultés, de l’esprit ou du corps par un exercice approprié. Plus généralement, et d’ordinaire, la culture se définit comme le caractère d’une personne instruite, et qui a développé par cette instruction son goût, son critique et son jugement12. Ici, nous sommes très loin du sens qui est celui de plantation, terme utilisé en agriculture, comme on peut parler d’une culture de maïs ou de manioc. Le terme culture est utilisé également pour décrire « l’organisation symbolique d’un groupe, la transmission de cette organisation et de l’ensemble des valeurs étayant la représentation que le groupe se fait de lui-même et de ses rapports avec l’univers naturel. »13 De même qu’on peut l’employer « aussi bien pour décrire les coutumes, les croyances, la langue, les idées, les goûts esthétiques et la connaissance technique que l’organisation de l’envi ronnement total de l’homme, c’est-à-dire la culture matérielle, les outils, l’habitat et plus généralement tout l’ensemble technologique transmissible régulant les rapports et les comportements d’un groupe social avec l’environnement. »14 Dans notre travail, le mot culture se rapportera à la dernière définition qui se rapproche, par le sens, du mot civilisation.
Acculturation : L’acculturation est, selon Le Petit Larousse illustré de 1992, le processus par lequel un groupe entre en contact avec une culture différente de la sienne et l’assimile entièrement ou en partie. En partant de cette définition, nous pourrons affirmer que la culture comorienne a pu connaître les effets d’une acculturation partielle qui peut s’expliquer historiquement par le peuplement de l’ archipel.
Civilisation : C’est un ensemble complexe de phénomènes sociaux, de nature transmissible, à caractère religieux, moral, esthétique, et communs à tous les parties d’une vaste société, ou à plusieurs sociétés en relationC’est. en ce sens qu’on va parler de la civilisation comorienne, comme on a pu parler de civilisation chinoise ou européenne.
Elle peut être aussi définie comme l’ensemble des aractères communs aux civilisations (dans le premier sens) jugées les plus hautes, c’est-à-dire pratiquement celle de l’Europe et des pays qui l’ont adoptée dans ses traits essentiels. Le mot, en ce sens, présente un caractère nettement orienté, appréciatif ou dépréciatif. On oppose ainsi les peuples
« civilisés » aux peuples « sauvages » ou « barbares », moins d’ailleurs par tel ou tel trait défini substantivement que par la supériorité de urle organisation sociale. Les mots de civilisation et de civilisé ainsi entendus, impliquent aussi, dans une assez large mesure, l’idée que l’humanité tend à devenir plus une et plus semblable dans ses différentes parties.
Coutume : C’est l’habitude, usage passé dans les mœurs d’un groupe, d’un peuple. On l’emploie indifféremment, dans ce sens, au singulier ou au pluriel comme par exemple dans l’expression les us et coutumes. D’une manière plus restreinte, elle signifie la manière habituelle d’agir d’une personne qui a coutume de f aire telle ou telle chose.
Tradition : Au sens actif et original, tradition se traduit par transmission. Mais le mot s’applique, le plus souvent, à ce qui est transmis ; c’est-à-dire ce qui, dans une société (petite ou grande), et particulièrement dans une religion, se transmet d’une manière vivante, que ce soit par la parole, par l’écriture, ou par les manières d’agir. Le mot, en ce sens, est pris en général avec une intention laudative et respectueuse. La religion sunnite met l’accent sur l’importance que l’on accorde à la Sunna qui veut dire « la tradition ».
Dans la critique historique, on appelle plus spécialement ainsi un document transmis uniquement par la parole de génération en génération, ou écrit seulement après avoir été transmis de la sorte pendant un certain temps.
Traditionalisme : Le traditionalisme est l’attachement aux traditions . C’est une doctrine d’après laquelle on doit conserver les formes politiques et religieuses traditionnelles, lors même qu’on ne saurait les justifier intellectuellement, parce qu’on les considère comme l’expression légitime et la révélation spontanée des vraies besoins d’une société, la libre critique qu’en fait la raison étant nécessairement superficielle, inadéquate et, par suite, malfaisante.
Historiquement, en un sens plus spécial, ce mot s’applique à la doctrine de Louis de BONALD 15 et de LAMENNAIS,16 d’après laquelle une révélation primitive est le rincipe de toute connaissance, la vérité ne peut être connue que par la tradition de l’Eglise.
Race : Au sens biologique, la race est la division venant immédiatement au-dessous de l’espèce ; synonyme de « variété ». Plus étroitement, une race est un groupe d’individus, extension moindre que la variété, chez lesquels perpétue, par hérédité et indépendamment de l’action actuelle du milieu, un ensemble de caractères biologiques, psychologiques ou sociaux qui les distingue des individus appartenant à d’autres groupes voisins. Le terme ème était utilisé par l’anthropologie physique au XIX et tend à être abandonné à cause des connotations négatives du racisme et des discriminations raciales.

L’éducation scolaire

Aux Comores, un enfant suit généralement deux sorte d’enseignements, à savoir l’enseignement à l’école coranique et celui de l’école officielle publique à la française. Ces deux enseignements se font parallèlement surtout à leur début sans toutefois fonctionner de la même manière, et elles n’ont pas la même vocationL’école. coranique enseigne les valeurs religieuses et morales traditionnelles et l’école appartient au maître. En revanche, à l’école publique, tout est de la responsabilité de l’état :les bâtiments, les enseignants.
On envoie l’enfant à l’école coranique dès qu’il commence à parler. Il y apprend à lire et à écrire la langue arabe et à réciter par cœur l es versets coraniques. L’enseignement dispensé dans la madrasa vise à développer les valeurs morales conformes à la tradition comorienne à travers l’éducation à la culture et à la religion musulmanes. Elle est l’école primordiale pour tout Comorien et Comorienne. Il est obligatoire d’apprendre ce qui fait finalement l’essentiel des pratiques de la religion musulmane, c’est-à-dire savoir lire le Coran, faire ses ablutions, prier… Les enseignants des écoles cor aniques occupent une place importante dans la société traditionnelle : ils sont considérés comme des guides spirituels non seulement pour leurs élèves mais pour la société uteto entière. Comme ces enseignants ne perçoivent rien de l’état, ils peuvent se servir de leurs élèves. Là aussi, la société considère que c’est une manière de compléter sur quelques points l’éducation familiale en direction des filles et des garçons. Les filles s’occupent des tr avaux ménagers du maître pendant qu’il fait faire aux garçons les travaux agricoles de son cham p. Le maître de l’école coranique, en général, instaure la crainte entre lui et ses disciples pour garder son autorité.
A l’école publique, tout se passe autrement. L’enseignement se fait officiellement en français car la langue comorienne n’est pas utilisée à l’école publique française. La langue comorienne n’est donc pas enseignée, et l’enseignement donné aux jeunes Comoriens ne reflète pas toujours la réalité de leur quotidien,mais l’arabe et l’anglais, parfois l’espagnol dans certains lycées privés, sont matières d’enseignement à partir du secondaire. Au primaire, les horaires sont aménagés de telle sorte que les lèvesé peuvent aller à l’école coranique tous les jours, sauf le vendredi où on ne travaille pas à l’école coranique. Les deux écoles fonctionnent concrètement en parallèle, c’est-à-dire que l’une fonctionne la matinée, et l’autre, l’après-midi. Au secondaire, l’enseignement comme les horaires sont totalement modifiés, par rapport au primaire. Aux Comores, lesmanuels et le matériel pédagogique sont conformes à ceux du programme africain et français. Une matière nouvelle, l’éducation islamique, a aussi commencé d’être enseignée ces dernières années dans les classes du secondaire, en vue d’améliorer chez les jeunes leur connaissance de l’islam.
L’éducation de l’enfant commençait traditionnellement par l’école coranique. Mais avec l’introduction de l’école maternelle qui accueille les enfants dès l’âge de trois ans, on constate aujourd’hui que la fréquentation de l’école coranique n’est plus prioritaire. Ce qui fait que les enfants s’habituent à l’école française, une école qui leur transmet des valeurs étrangères, plus qu’à l’école coranique qu’ils vont fréquenter tardivement. A cela s’ajoute le fait qu’à l’école française, les enfants sont bien habillés, avec des goûters, avec des jeux en classe même. Par contre à l’école coranique, c’est la rigueur et la sévérité qui règnent, puisqu’il n’est pas rare que le maître ou la maîtresse de la madrasa manie le fouet. Ce qui fait que les enfants apprécient beaucoup plus l’école officielle française que l’école traditionnelle coranique.
Une des autres conséquences de la scolarisation à la française généralisée est, qu’à l’heure actuelle, on assiste à une recrudescence de l’esprit de modernité dans les mœurs et la culture. Et le domaine qui nous semble le plus concerné de façon évidente et frappante est celui de l’habillement féminin pour l’ensemble de l’archipel. Traditionnellement, les femmes comoriennes se couvrent d’un saluva (pagne) ou d’un « chiromani » (grand châle qui couvre tout le corps de la femme) ou alors d’un leso (châle de moyenne taille) quand elles sortent de chez elle. Le port de ces vêtements qui, pour nous,symbolise l’identité de la culture féminine comorienne, se voit remplacé par celui des pantalons et des tee-shirts, surtout chez les jeunes filles. Ce changement est jugé mauvais par les traditionalistes, dans ce sens que lorsqu’une jeune fille porte son pantalon et son tee-shirt, elle ne se couvre pas toujours du châle ou du moins d’un large châle. Elle veut suivre la mode, c e qui laisse exposer aussi ses charmes, chose qui n’est pas autorisée dans la religion musulmane et dans les coutumes comoriennes. Les jeunes hommes aussi peuvent suivre la mode. Cela ne porte pas atteinte à l’islam, puisque la nudité de l’homme est définie simplemententre les genoux et le nombril. Mais les Comoriens qui ne voient pas d’exagération au fait que les habits traditionnels disparaissent peu à peu, sont réticents à ce que les femmes ne so ient pas réservées. Ajoutons aussi que l’habillement traditionnel ne s’aperçoit plus maint enant que chez les grandes personnes de la vieille génération ou dans les cérémonies. Si l’habillement reste le point le plus remarquable, d’autres domaines sont aussi touchés comme l’éducation et certaines traditions.

Les contes

Les contes comoriens, comme la plupart des contes africains, participent de la littérature orale. Cette dernière joue un rôle important dans les sociétés traditionnelles africaines, dans la mesure où elle a aussi pour fonction de conserver la mémoire de l’histoire commune et de la transmettre de générations en générations. Traditionnellement, dans les villes et villages, on rassemble les enfants, la nuit, dans les cours des maisons pour leur raconter toutes sortes de récits : des chroniques du temps passé, des mythes d’origine, des fables pédagogiques ou simplement des histoires. Ces histoires ne sont pas simplement un moyen pour retenir les enfants plus longtemps à la veillée ou pour les endormir, ils participent également et, c’est surtout leur rôle capital, à l’ éducation des enfants. La plupart des conteurs comoriens mettent en scène des thèmes qui parlent, de façon imagée, des valeurs jugées bonnes par la société d’une part, comme la vertu, ’obéissance,l la fidélité et le courage ; et d’une autre part ils condamnent celles qui sont jugées mauvaises comme la désobéissance, la violence, l’ingratitude, la jalousie. Mais quel que soit le thème raconté, c’est généralement le bien qui triomphe du mal et une punition est réservée au malfaiteur pour montrer les dangers du mauvais comportement d’une personne dans la société. Soulignant le rôle des contes dans la société mahoraise, Sophie Blanchy et Zaharia Soil hi écrivent : « Ils présentent des intrigues merveilleuses située dans le cadre familier de la vie quotidienne décrit de façon précise et réaliste. L’auditeur, le lecteur, a l’impression de vivre au sein des familles, de partager leurs relations, leurs joies et leurs soucis. »18
Nous insistons sur le fait que nous ne réalisons pas une étude proprement dite des contes comoriens. Nous essayons seulement de montrer quelle peut être la contribution des contes dans la transmission des valeurs propres à la cultu re comorienne. La plupart de ces contes font de l’enfant le personnage central qui joue un rôle important. Les thèmes des contes pour les enfants touchent surtout les notions d’obéissance et de désobéissance, la discrétion et l’indiscrétion, la gratitude, l’intelligence, la méchanceté, l’amour filial etc. Mais on constate malheureusement que la pratique des contes tend à s e perdre, ce support d’éducation aux valeurs traditionnelles se trouve de plus en plus menacé de disparition. Les causes de la négligence de ce patrimoine se trouvent dans le fait que ces contes restent dans le cadre des traditions orales. Sans parler de l’influence du cinéma ou de la télévision dans les villes, il y a surtout de moins en moins de conteurs, de moins en moins de personnes aussi qui reprennent le flambeau pour perpétuer la tradition de la narration merveilleuse en direction des enfants. De plus, on peut mettre aussi en question l’esprit de l’éducation moderne qui porte atteinte aux traditions. Actuellement les parents gardent les enfants dans la cour, mais sans avoir de communication directe entre eux. On doit laisser les enfants réviser leurs leçons ou jouer avec des jeux dont on les considère qu’ils développent eurl intelligence. Ceci est sans doute important, mais il faut savoir qu’ainsi ces enfants peuvent aussi passer à côté de choses importantes qui les privent d’une certaine dimension de sociabilité et de certaines expériences de vie. Donc nous estimons que les contes sont parmi les secteurs les plus touchés par la modernité dans la culture traditionnelle comorienne. C’était un moyen pour les anciens de transmettre à la jeunesse des habitudes de bonne co nduite sociale et une façon de leur interdire ce qu’ils considéraient comme étant de mauvaises manières.

Les chants et musiques

Les chants contribuent énormément à la communication et la conservation de la culture dans les sociétés à traditions orales commecelle des Comores et ils restent la forme artistique la plus répandue et la plus prisée aux Comores. On peut mentionner l’existence de deux principales sortes de chants dans l’archipel des Comores : à savoir les chants de danse accompagnés par des musiques diverses, et les chants de méditation, sans musique mais qui obéissent en général et dans l’ensemble, au mêmeincipe,pr celui de transmettre un message aux auditeurs.
Les chants de méditation sont repartis en deux catégories, à savoir les berceuses et les cha-inr. Les berceuses, comme leur nom l’indique, sont chantées par les mamans pour faire dormir leurs enfants. Mais ces berceuses renferment également un message essentiel qui ne regarde pas seulement ces jeunes enfants mais la société toute entière. Dans les chants, la mère expose les difficultés qu’elle rencontre, exprime la force de ses sentiments envers son enfant, et elle fait part de ses souhaits et de ses espérances concernant sa vie future : c’est ainsi qu’elle s’adresse d’une manière indirecte à l a société.
Les cha-inr (chants sans musiques) sont, de leur côté, destiné à toute la société sans distinction d’âge ou de sexe. Ce genre de chants, e xprimés en vers soigneusement choisis, vise d’abord à procurer du plaisir aux auditeurs. M ais ce qui est le plus intéressant dans un « cha-inr » est le message qu’il veut transmettre à la société. Dans chaquecha-inr, le chanteur, qui peut l’auteur-compositeur, traite spontanément d’un thème bien précis concernant les valeurs morales traditionnelles de la culture comorienne, et qu’il commente à sa manière. Ce genre de chant est rarement diffuséau niveau des mass média de l’archipel, sauf pendant le mois de ramadan, où on les entend à la radio nationale. Ce sont cependant des œuvres rares qui enrichissent au fur et à mesure la littérature orale en participant aussi à la propagation des valeurs traditionnelles.

Les cérémonies religieuses et fêtes traditionnelles

Il est très difficile de distinguer ce qui est exclusivement religieux de ce qui n’est pas religieux dans la société comorienne. La religion usulmane a fortement imprégné toutes les institutions de la vie des Comoriens, de la sorte qu’il est difficile de discerner ce qui est religieux de ce qui est traditionnel. Les fêtes religieuses traditionnelles marquent les grands moments de l’année aux Comores. Tous les évènementsimportants de l’existence individuelle ou collective sont des occasions de fête. Les plusmarquants sont le mariage, la circoncision, la naissance, les funérailles, la célébration de nouvel an agraire, et les fêtes qui suivent le calendrier de l’année lunaire comme les deux ides : le maoulide (fête qui célèbre la naissance de Mahomet) et le mirhadj (fête de l’ascension de Mahomet). Les unes sont normalement des célébrations traditionnelles liées aux coutumes, savoirà la célébration de nouvel an agraire, la circoncision, le mariage, les funérailles et, et les autres comme le maoulide, le mirhadj et les deux ides sont spécifiquement musulmanes, bien qu’on ne puisse pas ignorer une certaine homogénéité de la culture comorienne. Les exemplesprésentés ici sont uniquement ceux des célébrations traditionnelles liées aux coutumes, observées sur l’île d’Anjouan.
Parmi les fêtes du premier type donc, il y a la célébration de nouvel an. Ce nouvel an ne correspond pas à l’année du calendrier chrétienou même musulman. Il marque le début de l’année agraire, correspondant au calendrier cultural. Les rites consistent à présenter des offrandes aux esprits djinns qu’on considère comme divinités protectrices et ravaillant en étroite collaboration avec la société humaine. Cesoffrandes sont présentées dans les différents sites d’adoration, la célébration s’accompagne de chants et de danses. Les rites les plus importants sont le trimba qui se déroule dans la région de Nioumakelé et lenkoma qu’on le fait au bord de la mer à Ouani. Au cours de ces évènements, ce sont les Walimu (les astrologues- féticheurs) qui, en se servant de formules religieuses musulmanes, jugent de la qualité des offrandes pour les sacrifices, et qui sont la plupart du temps des coqs ou des chèvres d’une couleur précise.
Certains rites qui marquent cette célébration de nouvel an présentent des caractéristiques purement musulmanes sans aucun mélange. C’est le cas des douans (sorte de prière organisée pour une telle circonstance), organisés sur les places publiques. La célébration regroupe les habitants du lieu, surtoutles enfants, avec le chidjabou (une prière réunissant les gens dans la place publique) qui fait le tour du village ou de la ville en lisant le Saint Coran, pour demander que soit assurée, durant toute l’année, la protection contre les malheurs.
La circoncision est l’opération rituelle qui consiste à exciser le prépuce du pénis (sexe masculin). Elle est obligatoire pour tout homme qui sera ainsi considéré comme adulte après l’opération. Toutefois, il faut souligner que la circoncision est conçue comme l’accomplissement d’un rite traditionnel avec un c érémonial qui confirme pour les garçons la transition de l’état d’enfance vers la vie d’adulte. La circoncision est pratiquée aux Comores depuis fort longtemps. Il semblerait qu’elle y a été introduite, en même temps que l’islam, dès le Xe siècle de l’ère chrétienne par le légendaire Mohamed Ben Othman, enterré à N’tsaouéni en Grande Comores. Il reste le premier rite auquel on fait participer l’enfant après les rites de naissance. Pour sa réalisation, elle doit être bienorganisée dans tous les domaines, dans la mesure où elle joue un rôle capital dans la vie de l’enfant.
La circoncision se pratique traditionnellement aux Comores de deux façons différentes. Il y a ceux qui la font en se conformant simplement aux modalités édictées par la religion musulmane. Dans ce cas, on attend la douzième nuit du mois du Maoulide (la date de naissance du Prophète Mahomet) ou bien la dixième nuit du mois d’Achoura. Ce mois d’Achoura appelé encore Muharram, est le premier mois du calendrier musulman. Ces deux nuits sont appelées les nuits deTawakali, c’est-à-dire les nuits sacrées, fastes, où tout acte de bien peut se faire sans contraintes. Si on décide alors de circoncire un enfant au cours d’une de ces deux nuits, il suffit d’attendre les heures appropriées, à partir de minuit jusqu’à la fin de la nuit, pour effectuer l’opération.
En revanche, il existe une deuxième façon de pratiquer la circoncision, celle qui intègre les deux éléments, bantou et islamique. Le déroulement de cette circoncision, dite traditionnelle aux Comores, commence par la consultation de l’astrologue qui va fixer, à la demande de la famille, l’année, le mois, le jour et l’heure où doit se réaliser l’opération. Mais cette visite intervient après toute une période où la famille de l’enfant s’est préparée financièrement. Comme aux Comores on ne circoncit pas les enfants en groupe comme dans certaines tribus africains ou malgaches, chaque famille s’organise pour faire circoncire, à la maison, son propre enfant vers l’âge de sept ans. C ’est une honte pour la famille d’avoir un enfant non circoncis qui a dépassé l’âge de dix ans. Une fois fixé le jour de la circoncision, c’est l’astrologue qui coordonne toutes les étapes du déroulement du rite. Il dit quels serontles animaux à sacrifier, de quelle couleur ils devront être (en général des coqs ou des poules, decouleur rouge ou noire surtout) et qu’on laissera d’abord errer en liberté. Ce n’est qu’ensuite que la famille annonce à ses proches et à tout le village le jour prévu pour la circoncision ainsi que le programme des festivités. De ce programme, nous ne pouvons pas donner le détail, mais en voici quand même les étapes principales.
Premièrement on procède à la cueillette des feuilles de plantes spécialement choisies pour la cérémonie. Ce sont les femmes les plus proches de l’enfant qui partent cueillir ces plantes, en portant un grand panier dans lequel on aura mis des pièces de monnaie de couleur rouge. La deuxième étape est celle de la préparation du pondzo, cette poudre obtenue à partir de fleurs séchées que les femmes utilisent pour leur parure. Le pondzo est mélangé avec des ingrédients considérés comme ayant de la valeur pour la vie en société comme du miel ou du parfum, avant d’être appliqué sur tout le corps del’enfant. Les feuilles des plantes qui ont été cueillies sont bouillies dans une grande marmite placée sous un lit pour réchauffer l’enfant enveloppé dans un «chiromani ». Ces deux activités concernent principalement les femmes.
Du côté des hommes, il y a la lecture du wadhifa (prière récitée dans les mosquées après la prière du matin) juste avant que ne se fase l’opération, des membres de l’assistance maintenant l’enfant pendant toute la durée de celle-ci. Concernant l’homme chargé de circoncire, c’est soit un médecin qualifié soit unofficiant traditionaliste spécialisé dans la pratique de la circoncision. Le médecin traditionaliste n’utilise ni ciseaux ni n’effectue une anesthésie locale du pénis, il se sert seulement d’une petite machette très tranchante. Une fois l’opération réalisée, tout le monde chante et dansencore une dernière fois en félicitant la famille. Tout s’est déroulé dans une ambiance de danses accompagnées de festins plus ou moins copieux. Quant aux rites qui suivent l’opération proprement dite, on peut noter les ablutions du septième jour où on donne une toilette spéciale à l’enfant, et ceux qu’on accomplit le jour où il va sortir de la maison de sa maman. L’enfant qui a franchi cette étape ne vivra plus d’autres rites que ceux du mariage.

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Table des matières

INTRODUCTION : Contexte historique et spécificités de la culture comorienne
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU SUJET
I.1 : Motivations sur le choix du sujet
I.2 : Problématique
I.2.1 : Spécifications en profondeur
I.2.2 : Spécifications verticales
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET JUSTIFICATION DE LA METHODOLOGIE
II.1 : Les outils de la recherche
II.2 : Justification des méthodes d’approche
II.3 : Définition des concepts-clés
TROISIEME PARTIE : QUESTIONS SPECIFIQUES DE RECHERCHE
III.I : Modes de transmission de la culture traditionnelle aux Comores
III.1.1 : Education familiale
III.1.2 : Education scolaire
III.1.3 : Les contes
III.1.4 : Chants et musiques
III.2 : Les principales manifestations de la culture (Topoi culturels)
III.2.1 : Les cérémonies religieuses et fêtes traditionnelles
III.2.2 : Les danses traditionnelles
III.2.3 : L’habillement
QUATRIEME PARTIE : PLAN DETAILLE PROVISOIRE DE LA FUTURE
THESE ET BIBLIOGRAPHIE COMMENTEE ET LISTEE
IV.1 PLAN DETAILLE PROVISOIRE DE LA FUTURE THESE
IV.2 BIBLIOGRAPHIE COMMENTEE
IV.2 BIBLIOGRAPHIE LISTEE

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