Modes de consommation du tabac
L’usage du tabac est dominé par l’utilisation de la cigarette industrielle. L’organisation mondiale de la santé estime que 5500 milliards de cigarettes sont produites dans le monde chaque année pour une consommation d’environ 11 milliards de cigarettes chaque jour.
Tabac fumé
C’est la forme la plus répandue du tabagisme. Il existe 4 types principaux de présentation.
A. Cigarettes
❖ Les cigarettes industrielles
Elles sont formées d’un petit cylindre de papier de cellulose appelé vélin ou d’un matériel similaire rempli de feuilles de tabac hachées et traitées, munies d’un bout-filtre qui contribue à la dilution de certaines composants du tabac. (100)
❖ Les beedies
Ces cigarettes indiennes sont également appelées « cigarettes du pauvre ». Elles se composent de tabac haché enroulé dans une feuille de tendu (arbuste indien). De forme conique, elles dégagent une odeur proche de l’Eucalyptus. (101)
❖ Les cigarettes roulées
Le tabac à rouler est en revanche bien plus toxique. Ces cigarettes sont souvent roulées à la main. Elles contiennent 2 à 5 fois plus de goudrons et de monoxyde de carbone (CO). (21)
❖ Les kreteks
Souvent appelées cigarettes aux clous de girofle, ce sont des cigarettes indonésiennes faites d’un mélange complexe de tabac, de clou de girofle et d’une « sauce » aromatique.
B. Cigare
Un cigare est un cylindre formé d’une feuille de tabac enroulée en spirale sur d’autres feuilles pliées ou roulées (ensemble que l’on nomme « liga » ou « ligada » pour les Cubains), ou remplie de feuilles de tabac hachées en petits morceaux (pour les cigares de moindre qualité).
C. Pipe
La pipe est un objet servant principalement à fumer le tabac mais aussi d’autres substances comme le cannabis, l’opium, le crack. Elle est, sans doute, le plus ancien moyen connu utilisé par les fumeurs. La pipe est en général composée de deux parties principales : le fourneau (qui contient le tabac) et le tuyau (qui sert à aspirer). Elle peut être fabriquée de façon industrielle ou de façon artisanale.
D. Narguilé
C’est une pipe orientale dont la fumée, après avoir traversé un vase rempli d’eau parfumée, est aspirée par le fumeur au moyen d’un long tuyau flexible. Le tabac ainsi fumé diffère également selon la région ; il peut ne contenir que des feuilles de tabac séchées ou avoir été mis à fermenter dans de la mélasse, du miel ou du jus de fruit. Trente à cinquante bouffées prises dans la même soirée par chicha, correspondrait à la fumée 40 cigarettes. Des mesures montrent que l’augmentation du monoxyde de carbone expiré à la fin d’une chicha est équivalente à celle observée lors de la consommation de 30 à 40 cigarettes.
Tabacs non fumés
Ils sont composés du tabac à mâcher ou à chiquer, du tabac à priser et du tabac humidifié à sucer.
● Le tabac à mâcher ou à chiquer
Il se présente sous la forme de rouleaux ou carottes de tabacs aromatisés par suçage. Lorsqu’il est mâché, il provoque une hyper sécrétion de salive qui l’imprègne. Le chiqueur acquiert son plaisir en goûtant à la saveur de salive ; ce qui donne une sensation de fraîcheur.
● Le tabac à priser
C’est une poudre très fine de tabac, spécialement préparée pour être aspirée dans les muqueuses nasales. La prise consiste en une inhalation par le nez suivie d’un rejet accompagné d’un éternuement qui manifeste la satisfaction de priseur.
Tabac en rouleaux
Le tabac en rouleaux combine les deux catégories précédentes. Il se présente sous la forme d’une corde filée en feuilles de tabac, mise ensuite en pelotes ou rouleaux. Il est utilisé par portions soit comme tabac à pipe, soit comme tabac à mâcher.
Conséquences du tabagisme sur l’organisme
Dans le monde entier, l’habitude de fumer du tabac est considérée comme le facteur de risque évitable le plus important du point de vue de la santé. Sur le plan général, les principales maladies provoquées par la consommation de tabac sont les carcinomes pulmonaires, les maladies cardiaques ischémiques, les atteintes artérielles périphériques, les accidents vasculaires cérébraux, les broncho-pneumopathies chroniques obstructives ainsi que les ulcères peptiques. (29) Au début du siècle dernier, les risques pour la santé liés à l’abus de tabac étaient encore largement sous-estimés. (77) Cette situation s’est modifiée à partir du milieu du vingtième siècle, lorsqu’une série d’études contrôlées de cas témoins a montré une nette corrélation entre l’habitude de fumer du tabac et l’apparition des carcinomes du poumon. (61) Une étude prospective sur 50 ans chez 34 439 médecins britanniques, initiée en 1951 a montré que près de la moitié de tous les fumeurs meurt de maladies directement liées à la dépendance tabagique, dont un quart à un âge moyen. Pendant cette période, l’espérance de vie a nettement augmenté chez les non-fumeurs, mais pas chez les fumeurs. L’arrêt du tabac vers l’âge de 50 ans diminue de moitié le risque pour la santé, alors que l’arrêt vers 30 ans supprime presque entièrement ce risque. En moyenne, les fumeurs de cigarette décèdent 10ans plus tôt que les non-fumeurs. (27) En 1995 déjà, on estimait qu’au niveau mondial, la mortalité annuelle associée au tabac passerait de trois millions à 10 millions en 2030, avec 70% des décès dans les pays non industrialisés. (10) Ces données montrent à l’évidence le défi à relever par les médecins, les médecins dentistes et tous les membres des équipes soignantes : L’abstinence tabagique est le moyen le plus efficace de diminuer le risque individuel de cancer. (65) Le tabagisme maternel prénatal est aussi un problème de santé important puisqu’un certain nombre de femmes continuent de fumer durant la grossesse. En fait, l’étude longitudinale canadienne sur les nouveau-nés indique qu’entre 11 % et 23,3 % d’entre eux ont été exposés à la nicotine avant la naissance. Les femmes enceintes qui fument ne mettent pas seulement leur santé en danger mais également celle de leur enfant. (87) Certaines personnes cessent de fumer la cigarette pour utiliser le tabac à priser ou à mâcher parce qu’elles pensent, à tort, que le tabac non brûlé n’est pas nocif. (75) Le tabac à priser ou à mâcher présente lui aussi des risques pour la santé générale et pour la santé buccodentaire. Certains éléments probants indiquent que le tabac à priser ou à mâcher peut entraîner des cardiopathies et des maladies attaquant les vaisseaux sanguins. (87) Dès 1986, le chef des services de santé des États-Unis a conclu que « le tabac à priser ou à mâcher n’est pas un substitut sans danger de la cigarette ». À ce jour, aucune preuve ne contredit cette affirmation. (62) Le cigare et la pipe ne sont pas non plus des solutions de rechange dépourvus de risques. Les fumeurs de cigare et de pipe sont exposés aux effets négatifs de la nicotine sur la santé, qu’ils inhalent ou non la fumée. La fumée légèrement alcaline des cigares est absorbée plus facilement par la bouche que la fumée de cigarette. (14) Fumer un cigare pourrait produire les mêmes effets négatifs sur la santé que fumer un paquet de cigarettes, et la fumée secondaire d’un seul cigare est plus dommageable que celle de trois cigarettes. Les risques pour la santé spécifiquement liés à la pipe et au cigare sont les suivants : un taux de cancer du larynx, de la bouche et de l’œsophage similaire à celui des fumeurs de cigarettes, un risque de contracter le cancer du poumon de deux à trois fois supérieur à celui des non-fumeurs et jusqu’à 3,6 fois plus de risque de mourir d’une maladie respiratoire obstructive chronique (emphysème) que les non-fumeurs .
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Table des matières
I. Introduction
I.1) Composition du tabac
I.2) Modes de consommation du tabac
I.2.1) Tabac fumé
I.2.2) Tabacs non fumés
I.2.3) Tabac en rouleaux
I.3) Conséquences du tabagisme sur l’organisme
I.4) incidences du tabac sur la sphère bucco-dentaire
I.4.1) répercussions du tabagisme sur la muqueuse buccale
1.4.1.1) Mélanose tabagique (ou mélanose du fumeur)
1.4.1.2) Palais du fumeur ou leucokératose nicotinique du palais
1.4.1.3) Leucoplasie orale
1.4.1.4) Carcinome épidermoïde de la cavité buccale
I.4.2) Tabac : facteur de risque des maladies parodontales
I.4.2.1) Tabac et inflammation gingivale
I.4.2.2) Tabac et parodontite
I.4.2.3) Tabagisme et pathogénie de la maladie parodontale
I.5) Bénéfices de l’arrêt du tabac
I.5.1) Bénéfices généraux sur la santé
I.5.2) Bénéfices sur la santé parodontale
I.5.2.1) Meilleure réponse au traitement parodontal
1.5.2.2) Diminution de la progression de la maladie parodontale
I.6) Sevrage tabagique: intervention au cabinet dentaire
I.6.1) Dépendance tabagique et comportement du fumeur
I.6.2) Responsabilité de l’équipe au cabinet dentaire
I.6.2.1) Rôles de l’équipe dentaire
I.6.2.2) Parcours du fumeur à l’ex fumeur
I.6.3) Prévention et modalités sevrage tabagique au cabinet dentaire
I.6.3.1) Méthodes de désaccoutumance au tabac
I.6.3.2) Taux de succès du sevrage tabagique au cabinet dentaire
I.6.3.3) Interventions au cabinet dentaire: les obstacles à surmonter
I.6.4) Soutien pharmacologique à la désaccoutumance tabagique
I.6.4.1) Nicotine dépôt à mâcher (gommes, chewing-gums)
I.6.4.2) Patch à la nicotine (dispositif transdermique)
I.6.4.3) Comprimé sublingual
I.6.4.4) Inhalateur buccal de nicotine
I.6.4.5) Bupropion
I.6.4.6) Varénicline
2. Matériels et méthodes
2.1. Type et durée d’étude
2.2. Population d’étude et échantillonnage
2.3. Questionnaire
2.4. Déroulement de l’enquête
2.5. Analyse des données
3. Résultats
3.1) Données sociodémographiques et statut tabagique des praticiens
3.2) Attitude des praticiens face aux malades concernant le tabac
3.3) Niveau de connaissance des praticiens concernant l’impact du tabac sur la santé générale et la santé parodontale
3.4) Perception des praticiens sur le rôle du chirurgien-dentiste dans le sevrage tabagique
4. Discussion
4.1) Limites de l’étude
4.2) Données sociodémographiques
4.3) Niveau de connaissance des praticiens sur le tabac
4.4) Perception des praticiens sur le rôle du chirurgien-dentiste dans le sevrage tabagique
4.5) Recommandations
4.5.1) Générales
4.5.2) Sevrage tabagique : intervention brève au cabinet dentaire et entretien motivationnel
5. Conclusion
Références