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DIFFERENTES APPROCHES DE L’ANALYSE
L’analyse de la triade peut se faire selon différentes approches qui peuvent se compléter. Cette section proposera quatre approches : économétrique, arithmétique, statique et dynamique.
La première est fondée sur des données en panel dans le but d’expliquer et d’anticiper l’évolution de la pauvreté.
La seconde, quant à elle, cherche à établir une décomposition comptable de l’effet de la croissance et de l’inégalité sur la pauvreté.
La troisième approche, dont le pionnier est Kakwani9, consiste à dériver des élasticités de la pauvreté par rapport au revenu moyen ou la dépense moyenne et à l’inégalité, mesurée par la courbe de Lorenz, afin d’évaluer les changements de la pauvreté dus aux variations du revenu et de l’indice de Gini.
La dernière approche, par Datt et Ravaillon, consiste à décomposer la variation de la pauvreté entre deux périodes (t, t+n) permettant d’évaluer l’importance relative de la croissance et de la distribution du revenu ou de la consommation.
Cette section traitera alors respectivement ces quatre approches.
Approche économétrique
Cette première approche est fondée sur la modélisation économétrique de la croissance économique. Elle consiste à utiliser les données disponibles ainsi que leur évolution afin d’identifier l’élasticité de la pauvreté.
Selon Ravaillon (1997), cette élasticité est définie comme la proportion des personnes situées en dessous de la ligne de la pauvreté à 1$PPA/jour au revenu compris entre -2,4 et -3,1 selon la taille de l’échantillon retenu. Ces valeurs indiquent qu’une hausse de 1% du revenu moyen se traduirait par une baisse comprise entre 2,4% et 3,1% du taux de pauvreté. Ravaillon a fait une régression du taux de réduction de la pauvreté sur une liste de variables incluant la croissance du revenu moyen, l’indice de Gini, l’interaction entre ces deux variables et leur carré. C’est le produit entre (1-Gini) et le taux de croissance qui importe c’est-à-dire que plus l’indice de Gini est faible, plus l’élasticité est forte en valeur estimée.
Mais selon Heltberg10 (2002), les études ci-dessus ne tiennent pas compte du fait que l’élasticité de la pauvreté par rapport au revenu moyen est fonction de l’inégalité des revenus et du niveau de développement. Autrement dit, cette élasticité est définie comme le ratio entre revenu moyen et la ligne de pauvreté.
Illustration11 :
Si tout le monde a le même revenu, inférieur à la ligne de la pauvreté, une augmentation de 1% de ce revenu se traduira par une réduction du taux de pauvreté. Mais, ce ne serait pas le cas si la distribution est log-normale tout en acceptant le rôle des inégalités dans la réduction de la pauvreté. En fait, tout dépend de la position de la ligne de pauvreté par rapport au revenu moyen. Si la ligne de pauvreté est située à droite du revenu moyen, une augmentation de 1% de ce revenu a un impact plus faible sur le taux de pauvreté que si cette ligne se trouve à gauche. En outre, le choix du 1$ ou 2$ comme ligne de pauvreté aura ainsi une influence.
Cette approche nous renseigne la façon dont la croissance et l’inégalité ont évolué dans le passé et leur conséquence en termes de pauvreté mais ne nous dise rien sur le mécanisme de transmission des unes sur les autres. D’où, la nécessité d’autre approche : l’approche arithmétique
Approche arithmétique
Cette approche s’intéresse au lien entre le triangle en analysant leurs impacts sur la dynamique de la pauvreté. Autrement dit, il s’agit d’étudier l’efficacité des stratégies du développement sur l’incidence de la pauvreté.
Voici deux questions principales qui permettent d’appréhender la nature des liens :
– La croissance réduit-elle la pauvreté ou génère-t-elle plus d’inégalité ?
– Les inégalités pourraient-elles agir de façon à ralentir ou à accélérer la croissance ?
Selon Bourguignon, la croissance modifie la distribution du revenu, qui elle-même détermine en partie la croissance, sa nature, son niveau et son impact sur la pauvreté. La problématique consiste à mesurer le degré d’indépendance ou d’interaction entre croissance et inégalité et leurs impacts sur la pauvreté.
Selon Bigsten et Levin12 (2000) cette relation s’explique comme suit : une variation dans la distribution de revenu peut être décomposée en deux effets : un effet croissance (changement proportionnel du revenu tandis que la distribution reste inchangée), et un effet distribution (changement dans la distribution du revenu relatif indépendamment du revenu moyen).
Cette approche consiste à dériver des propriétés analytiques de la relation entre ces trois éléments sous certaines hypothèses sur la distribution et son évolution.
Hypothèse: la distribution du revenu est log-normale
Bourguignon montre que l’élasticité de la pauvreté par rapport au revenu moyen est fonction d’une part du rapport entre revenu moyen et ligne de pauvreté et d’autre part, de l’écart-type de la distribution du log du revenu.
La fonction en question est le rapport entre la fonction de densité et la répartition de la loi centrée réduite. Cette fonction est nommée « fonction du hasard »
En fait, un taux de croissance a plus d’effet sur le taux de pauvreté si le niveau de développement est important et que si l’inégalité de revenu est faible.
Ce tableau démontre que pour deux pays à niveau de développement semblable comme la Turquie et le Brésil, une augmentation de 1% du revenu a deux fois plus d’effet sur la réduction de la pauvreté en Turquie qu’en Brésil. Cela est dû au fait que la Turquie a un niveau d’inégalité et une incidence de la pauvreté plus bas que le Brésil. On tient à souligner que même pour un pays avec un niveau élevé du PIB – celui du Zimbabwe est cinq fois plus élevé que celui de Madagascar et celui du Brésil est quinze fois plus élevé – une inégalité élevée14 constitue toujours un blocage en matière de réduction de la pauvreté.
Mais il démontre surtout, à quel point le niveau du développement est important dans l’analyse de la relation triangulaire croissance, inégalité et pauvreté. En fait, pour le Zimbabwe, malgré son niveau d’inégalité plus faible que celui du Brésil, son niveau très bas du développement constitue un blocage dans la politique de réduction de la pauvreté.
Approche statique de KAKWANI
L’approche statique de Kakwani a comme objectif d’évaluer les changements de la pauvreté dus aux variations du revenu et de l’indice des Gini. Pour y faire, on doit dériver les élasticités de la pauvreté par rapport au revenu moyen et à l’inégalité. La comparaison des élasticités dans le temps permet en effet de confirmer les liens triangulaires. Mais, elle ne permet pas une décomposition de la variation temporelle de la pauvreté. Elle est opérationnelle sur des données d’une seule enquête.
Sous hypothèse que l’indice de la pauvreté est à la fois fonction du seuil de la pauvreté, du revenu moyen par tête et de l’inégalité, on a la fonction suivante :
Avec : indice de pauvreté
: Seuil de pauvreté
: Revenu moyen ou dépense moyenne par tête
( ):Inégalité captée par la courbe de Lorenz caractérisée par paramètre 1, 2, … ,
Approche dynamique de DATT et RAVALLION
Dans l’objectif d’évaluer l’importance relative de la croissance et de la distribution, Datt et Ravallion ont décomposé la variation de la pauvreté entre 2 périodes t et t+n. Suite à cela, on obtient trois composantes, à savoir :
(1) Composante croissance notée W(t, t+n, r)
(2) Composante distribution notée D(t, t+n, r)
(3) Composante résiduelle notée R(t, t+n, r) mesurant l’interaction entre
les deux premières composantes.
Cette approche se base sur les hypothèses suivantes :
Unicité du seuil de pauvreté entre les deux périodes t et t+n
Fonction de l’indice de pauvreté est notée = P (Z, , , )
Avec Z : seuil unique de pauvreté
: Revenu moyen
: Courbe de Loren
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : APPROCHE THEORIQUE
CHAPITRE 1 : ANALYSE DU TRIANGLE CROISSANCE-INEGALITE-PAUVRETE
Section 1 : LES LIAISONS ENTRE CROISSANCE, INEGALITE ET PAUVRETE
§.1 : Effet d’entrainement croissance-inégalité
A) Effet de la croissance sur l’inégalité
B) Effet des inégalités sur la croissance
a) Effet négatif :
b) Effet positif :
§.2 : Effet sur la réduction de la pauvreté
A) Effet croissance
B) Effet redistribution
C) Effet combiné
Section 2 : DIFFERENTES APPROCHES DE L’ANALYSE
§.1 : Approche économétrique
§.2 : Approche arithmétique
§.3 : Approche statique de KAKWANI
§.4 : Approche dynamique de DATT et RAVALLION
CHAPITRE 2 : LES DIFFERENTS MODELES DE REFERENCE
Section 1 : LE MODELE DE KUZNETS
§.1 : Intérêt du modèle
§.2 : Hypothèse de base et variables
§ .3 : Méthodologie
§.4 : Validation du modèle
§.5 : Critiques du modèle
A) Critique méthodologique
B) Critique théorique
Section 2 : LE MODELE DE DAYMON et GIMET
§.1 : Intérêt du modèle
§.2 : Hypothèse de base et choix des variables
§ .3 : Méthodologie
§.4 : Validation du modèle
§.5 : Limite
Section 3 : LE MODELE RMSM-X+P
§.1 : Intérêt du modèle
§.2 : Hypothèses de base et variables
§.3 : Méthodologie
§.4 : Validation du modèle
PARTIE 2 : MODELISATION ECONOMETRIQUE DE LA RELATION TRIANGULAIRE, cas Madagascar
CHAPITRE 1 : PRESENTATION ET APPLICATION DU MODELE
Section 1 : ECONOMETRIE ET MODELE
§.1 : Théorie de base et modèle économique
§.2 : Données statistiques
§.3 : Présentation du modèle économétrique
§.4 : Logiciel
Section 2 : TESTS STATISTIQUES
§.1 : Stationnarité
A] Croissance
a) Observation de la courbe
b) Corrélogramme pour le taux de croissance (%)
c) Test de Dickey-Fuller pour la croissance
B] Inégalité
a) Observation de la courbe
b) Corrélogramme pour l’inégalité
c) Test de Dickey-Fuller pour d_d_inegalite
C] Pauvreté
a) Observation de la courbe
b) Corrélogramme pour la pauvreté
c) Test de Dickey-Fuller pour d_d_puvreté
§ .2 : Cointégration
A] Choix du retard pour VAR
B] Test de Johansen
§.3 : Analyse VECM
A] Significativité des coefficients
B] Détection de causalité
CHAPITRE 2 : CONFRONTATION DU MODELE AUX THEORIES
Section 1 : REPONSES AUX IMPULSIONS
§.1 : FONCTION DE REPONSE
A] Réponses à un choc d’un écart type d’inegalite
B] Réponses à un choc d’un écart type de pauvrete
C] Réponses à un choc d’un écart type de croissance
§.2 : Impacts a court et a long terme et théories y afférentes
A] A long terme
B] Effet croissance à court terme
C] Effet inégalité à court terme
D] Effet pauvreté à court terme
Section 2 : APPROCHE ARITHMETIQUE ET DYNAMIQUE DE L’INTERCATION61
§.1 : Approche arithmétique
§.2) Approche dynamique
A] 1er cas : croissance constante
B] 2è cas : Inégalité constante
C] 3è cas : décroissance + augmentation de l’inégalité
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
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