MODÉLISATION DES FACTEURS ASSOCIÉS À L’ANÉMIE

Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études

Prévalence de l’anémie de la femme enceinte

Sur le plan de la santé publique, l’anémie peut être, ou non, considérée au sein d’une population comme un problème de santé publique suivant sa prévalence [8]. Ainsi l’anémie ne constitue pas un problème de santé publique pour une prévalence inférieure à 5%. Au-delà de ce pourcentage l’OMS considère qu’il s’agit d’un problème de santé publique d’importance progressive [8] :
§ Moyenne pour une prévalence comprise entre 5% et 19,9% ;
§ Modérée pour une prévalence comprise entre 20% et 39,9%
§ Majeure pour une prévalence supérieure ou égale à 40%
L’OMS a estimé, en 2011, que l’anémie affectait 1,62 milliards de personnes dans le monde ce qui correspond à 24,8% de la population mondiale, touchant plus particulièrement les femmes et les enfants. Dans le monde, de 1995 à 2011, la prévalence de l’anémie est passée de 33% [29%-37%] à 29% [24%-35%] chez les femmes non enceintes, de 43% [9%-47%] à 38% [34%-43%] chez les femmes enceintes et de 47% [43%-51%] à 43% [38%-47%] chez les enfants. Ces prévalences représentent 496 millions (409-595 millions) de femmes non enceintes, 32 millions (28 à 36 millions) de femmes enceintes et 273 millions (242 à 304 millions) d’enfants atteints d’anémie en 2011 [9].
En 2011, les concentrations d’hémoglobine moyenne étaient les plus faibles et la prévalence de l’anémie était la plus élevée en Asie du Sud et en Afrique centrale et occidentale [9]. La figure 1 illustre les disparités dans la répartition de l’anémie de la femme enceinte dans le monde.

Facteurs associés à l’anémie chez la femme enceinte

Les déterminants de l’anémie sont multiples et complexes. Dans les pays en développement, les étiologies de l’anémie chez la femme enceinte sont multiples et souvent intriquées : carence en fer (mais aussi en acide folique, vitamines…), helminthiases intestinales, paludisme, autres infections et hémoglobinopathies [10].
Parmi ces étiologies, il a été estimé que 90% des anémies seraient attribuables à la carence en fer. Ainsi la prévalence de l’anémie est volontiers utilisée comme indicateur indirect de l’anémie par carence en fer car la concentration sanguine d’hémoglobine est relativement aisée à mesurer [5,10].
En utilisant le modèle des déterminants de la santé présentée par Lalonde [11,12], une explication sous-jacente de la propagation des étiologies de l’anémie chez la femme enceinte serait liée à quatre catégories de facteurs :
§ Les facteurs liés à la biologie humaine, ce qui englobe tous les aspects de la santé, à la fois physique et mentale, qui ont leur origine à l’intérieur de l’organisme et qui dépendent de la structure biologique de l’homme et de la constitution organique de l’individu ;
§ Les facteurs liés à l’environnement, ce qui représente l’ensemble des facteurs extérieurs au corps humain qui ont une incidence sur la santé et qui échappent en tout ou en partie à la maîtrise de chacun ;
§ Les facteurs liés aux habitudes de vie représentant l’ensemble des décisions que les individus et qui ont des répercussions sur leur propre santé, en somme les facteurs sur lesquels l’homme peut exercer un certain contrôle ;
§ Les facteurs liés à l’organisation des soins de santé qui comprend non seulement la quantité, la qualité, l’agencement et la nature des soins, mais aussi les rapports entre la population et les ressources engagées dans la distribution des soins de santé.

Facteurs liés à la biologie humaine

L’association anémie et maladies est très fréquente dans les pays en développement. En effet, l’exposition fréquente à des maladies endémiques encourage une réponse inflammatoire ainsi qu’un statut en fer insuffisant, et augmente le risque d’anémie en altérant la synthèse d’érythrocytes et/ou en raccourcissant la durée de vie des globules rouges [13].
Bien que toutes les infections puissent entraîner une anémie, les helminthiases, le paludisme, la schistosomiase et l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine, en sont les principales causes dans la zone intertropicale [10].
Toutes les causes de saignement chronique, quelle que soit leur origine, peuvent également être responsables de pertes supplémentaires en fer : tumeurs et polypes du tractus digestif, ulcère, varices œsophagiennes, fibrome utérin, hernie hiatale, hémorroïdes, … [14].
La grossesse étant une étape dans la vie de la femme, tout antécédent d’anémie, de quelque nature qu’il soit, peut être un facteur associé à l’anémie lorsque la femme sera en état de grossesse.
Les femmes des pays en développement sont souvent dans un état d’équilibre précaire en fer durant leurs années de procréation, leurs réserves en fer n’étant pas suffisantes en raison de l’apport nutritionnel médiocre, des infections récurrentes, de la perte de sang menstruel, et des grossesses rapprochées [15]. La principale cause d’anémie dans le monde est une carence nutritionnelle, particulièrement en fer, et aussi en acide folique [16]. Toutefois il n’y a pas forcément un déficit quantitatif en fer dans le régime, mais quasiment un problème de biodisponibilité du fer. C’est pourquoi il est difficile dans les pays en développement d’augmenter les apports en fer par l’alimentation, d’où la stratégie habituellement utilisée qui est la supplémentation en fer pendant la grossesse [17].

Facteurs liés à l’environnement

L’anémie touche principalement le segment le plus pauvre de la population, notamment en présence de malnutrition et lorsque la population est exposée à un risque élevé d’infection véhiculée par l’eau et l’insalubrité [18].
Le niveau socio-économique du ménage détermine la disponibilité alimentaire et les conditions de vie de celui-ci [15]. Les familles avec des niveaux de vie précaires sont incapables d’assurer les mêmes apports nutritifs que les familles à revenu plus élevé.
Des études ont démontré que les femmes qui payent le plus lourd tribut à la gravido-puerpéralité est celle des couches sociales les plus défavorisées du fait de son éloignement des services de santé, sa grande pauvreté, son illettrisme, sa charge épuisante de travaux domestiques et agricoles, sa malnutrition [15,19,20].

Facteurs liés aux habitudes de vie

L’absorption du fer alimentaire constitue un facteur déterminant direct dans la survenue d’une anémie chez la femme enceinte. Plusieurs aliments ou nutriments sont susceptibles de diminuer l’absorption du fer alimentaire.
Le pica est un trouble du comportement alimentaire caractérisé par l’envie irrépressible d’ingérer électivement certaines substances qu’elles soient alimentaires ou non. Une relation de cause à effet entre ce comportement et la carence en fer a été rapportée par plusieurs auteurs, sachant que ces produits non alimentaires apportent des chélateurs qui gênent l’absorption du fer [14,17,19]. La consommation de café, mais surtout de thé, du fait de la présence de polyphénols présentent également un effet inhibiteur de l’absorption du fer, pouvant ainsi être source d’anémie en cas de consommation systématique après les repas [21,22].

Facteurs liés à l’organisation des soins de santé

La surveillance médicale de la grossesse a une influence considérable sur la santé de la femme et de l’enfant. En effet, les soins prénatals permettent de déceler les complications qui peuvent mettre en danger la vie du couple mère-enfant, y compris l’anémie [5]. Cependant ces services ne sont pas utilisés de façon optimale par les femmes enceintes du fait de freins liés aux accessibilité géographique [23], financière [24,25] et socio-culturelle [26,27].

Situation démographique et socio-économique

La population de Dakar recensée en 2013 est de 3 137 196 habitants, soit près du quart de la population du Sénégal (23,2%) qui se chiffre à 13 508 715 habitants. Cette population est légèrement dominée par les hommes qui représentent 50,3%, soit 1 579 020 individus [28].
Dakar est la région la moins pauvre du Sénégal, avec un indice de pauvreté de 12% au niveau des ménages. Ainsi 50% des revenus monétaires sont concentrés à Dakar, les ménages tirent l’essentiel de leur revenu du secteur informel (27%), du privé (24%), des transferts (12%). Concernant l’éducation, le taux brut de scolarisation de la région se situe autour de 70%. Le taux d’analphabétisme est de l’ordre de 43,4%au niveau de la région et il touche particulièrement les femmes et les adultes.

Situation sanitaire

Les consultations prénatales (CPN) sont fondamentales pour le suivi de la grossesse et de la santé maternelle, afin de prévenir toute complication éventuelle. Elles sont au nombre de quatre. Dans la région, le taux de recours aux CPN est de 71,5% soit 18,5% de moins que l’objectif national qui est d’au moins 90%. Concernant le taux d’achèvement des CPN, seules 3 femmes enceintes sur 10 (32%) ont effectué les 4 CPN.
En outre sur les 108 285 grossesses attendues en 2014, 68 454 accouchements ont été enregistrés dans les structures dont 58 328 assistés et 4 266 par césarienne. Ainsi, en ce qui concerne les accouchements assistés, les performances de 64% sont au-dessus de la norme qui est de 60%. Toujours en 2014, avec 663 morts-nés frais et 826 macérés, la mortinatalité était de 21‰ dans la région. Ce taux élevé pourrait être lié à beaucoup de facteurs notamment la qualité des CPN, le recours tardif aux soins, l’orientation et la référence tardive, le retard dans la prise en charge (services difficiles d’accès), la qualité du partogramme, etc.

Présentation de la région de Fatick

Situation géographique

La région de Fatick couvre une superficie de 7535 Km². Elle est limitée :
§ au Nord et Nord Est par les régions de Diourbel et de Louga,
§ au nord-ouest par la région de Thiès,
§ à l’Est par la région de Kaolack,
§ au Sud par la Gambie,
§ à l’Ouest par l’Océan Atlantique.
La région compte trois départements (Fatick, Gossas, Foundiougne), neuf (9) arrondissements (Ndiob, Fimela, Niakhar, Tattaguine, Djilor, Niodior, Toubacouta, Colobane, Ouadiour), vingt-huit communautés rurales, et neuf communes. La loi 2013-10 du 28 décembre 2013 portant code général des collectivités locales (acte III de la décentralisation) a érigé les départements en collectivités locales et les communautés rurales en communes. La figure 5 présente la carte administrative de la région de Fatick.

Situation démographique et socio-économique

Selon les données du Recensement général de la population et de l’habitat, de l’agriculture et de l’élevage au Sénégal de 2013, elle s’établit à 714 389 habitants, soit 5,3% de la population nationale. Elle est la septième région la plus peuplée du Sénégal.
La population régionale est essentiellement rurale. Elle s’établit en 2013 à 603 900 habitants, soit 84,5% de l’ensemble. La population urbaine s’élève à 110 489 habitants, soit un taux d’urbanisation de 15,5 %.
D’après le rapport sur la situation économique et sociale de la région de Fatick [29], la région reste dominée, comme la plupart des régions de l’intérieur du pays, par une morosité économique caractérisée par une timidité des activités économiques. Celles-ci restent dominées par l’agriculture, l’élevage et la pêche mais les autres secteurs d’activités, notamment le tourisme, présentent un intérêt certain pour le développement économique de la région. La proportion d’individus pauvres a enregistré une régression de 9 points, passant de 76,9% en 2005 à 67,8% en 2010. Cependant la pauvreté demeure toujours importante dans la région et reste caractérisé par un sous-emploi profond.

Situation sanitaire

La région de Fatick compte les sept districts sanitaires suivants : Fatick, Diofior, Niakhar, Foundiougne, Passy, Sokone, Gossas. En matière d’infrastructures sanitaires publiques, la région médicale de Fatick comptait en 2015 :
§ 1 Centre hospitalier régional niveau 2
§ 7 districts sanitaires
§ 1 Pharmacie régionale d’approvisionnement
§ 1 Brigade Régionale d’Hygiène et 5 Sous-brigades d’hygiène
§ 97 Postes de santé
§ 152 cases de santé fonctionnelles
§ 7 Infirmeries de garnison (Toubacouta, Maison d’arrêt et de correction, Compagnie Sapeurs-pompiers, École de Gendarmerie).
Les structures de santé du secteur privé et parapublic sont les suivantes :
§ 01 Centre de santé mental Dalal Xel à Fatick
§ 09 postes de santé catholiques
§ 17 officines privées
§ 10 cabinets paramédicaux de soins
§ 01 clinique privée à Sokone
§ 01 centre de Médecine traditionnelle de Malango
§ 01 institut de recherche (IRD de Niakhar)
Au niveau de la région de Fatick, les enfants continuent de souffrir de maladies évitables comme la diarrhée, principalement en raison de la mauvaise hygiène, des pratiques sanitaires et du faible accès à l’eau potable. Dans les districts de l’île, en particulier, les communautés ont du mal à dessaler l’eau de boisson et vont donc puiser de l’eau non potable dans des puits contaminés. La situation est aggravée par les pratiques sociales acceptées telles que la défécation à l’air libre. En 2014, 76% des enfants ont été complètement vaccinés, par rapport à l’objectif national de 90%. Les taux de morbidité et de mortalité dus au paludisme étaient de 10% et 12% pour les enfants de moins de 5 ans respectivement (par rapport aux objectifs nationaux de moins de 2,5% et 1,4%). En outre, les femmes enceintes ne reçoivent pas de soins adéquats, avec seulement 60% des accouchements réalisés dans les structures de santé (par rapport à un objectif national de 70%) et 24% qui bouclent les quatre consultations prénatales (contre 45% défini comme objectif national)).

MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE

Type et période d’étude

Il s’agissait d’une étude transversale à visée descriptive et analytique qui s’est déroulée durant la période de juin à octobre 2012.

Population d’étude

L’enquête a porté sur les femmes enceintes des régions de Fatick et Dakar. Les unités de sondage étaient représentées par les ménages, et les unités statistiques, les femmes enceintes.

Protocole d’échantillonnage

Critères de sélection

Étaient incluses dans cette étude, toute femme :
§ enceinte au moment de la collecte des données, quelque soit l’âge de la grossesse ;
§ âgée entre 15 et 49 ans ;
§ résidant dans la région à enquêter depuis au moins six mois.
N’étaient pas incluses les femmes manifestant un refus de participer à l’étude ou indisponible lors du passage des équipes d’enquêteurs.

Calcul de la taille d’échantillon

La formule de Schwartz a été utilisée pour le calcul de la taille de l’échantillon de l’étude. Cette taille a été évaluée pour chaque région suivant les paramètres suivants :
§ Erreur type pour 5% (ɛα5%) = 1,96 ;
§ Prévalences estimées de l’anémie : 58,5% à Dakar et 61,5% à Fatick ;
§ Précision de 10%.
Étant donné que le sondage en grappes a été appliqué, un ajustement sur l’effet de grappe fixé à 2 (lié à une perte d’efficacité de l’échantillonnage due à la complexité du plan) a été réalisé. Ceci a donné les tailles d’échantillon suivantes :
§ 187 femmes pour la région de Dakar ;
§ 182 femmes pour la région de Fatick.
Vu qu’il s’agit d’une enquête populationnelle avec taux de non réponse de 20% a également été échantillons calculés, les cibles à enquêter étaient pour Fatick.
un consentement obligatoire, un prévu. Ainsi, pour atteindre les fixées de 234 à Dakar et de 228

Procédure de sondage

Un sondage en grappes [30] a été effectué dans le cadre de cette étude.
Le premier niveau de sondage consistait à sélectionner des districts de recensement (DR) au niveau de chaque région d’étude. À partir de la base de Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2002 (RGPH, 2002), un échantillon stratifié de 60 DR a été sélectionné de façon égale dans les régions de Dakar et de Fatick, soit 30 par région. Cette stratification s’est faite en tenant compte de deux critères :
§ du poids démographique des différents départements de la région ;
§ de la répartition des lieux de résidence (urbaine et rurale).
Ces critères ont permis de définir au niveau de chaque département une strate rurale et une strate urbaine, sauf pour les départements de Dakar, Pikine et Guédiawaye qui ne comportaient pas de DR rural. Le nombre de DR à tirer a ensuite été réparti suivant les strates de chaque région en tenant compte du poids démographique de chaque strate. Le tableau II présente la distribution du nombre de DR tirés suivant les régions et les départements.

processus de collecte de données

La collecte de données s’est faite au domicile de la femme enceinte, retrouvée à partir de la base de données établie lors du recensement préliminaire ou directement sur le terrain sur les indications du personnel communautaire. Après le recueil du consentement écrit, le questionnaire a été administré à la femme. Au décours de l’administration du questionnaire une goutte de sang capillaire a été prélevée pour le dosage de l’hémoglobinémie.
Après lecture du résultat, aucun prélèvement biologique n’a été conservé. Le résultat a été inscrit sur le questionnaire femme. Il a aussi été reporté sur la fiche de résultat qui lui a été remise en expliquant la signification des résultats. Dans les cas où la femme présentait une anémie sévère, une référence vers la structure de santé appropriée a été faite.

Traitement des données

Saisie des données

Les données collectées ont été saisies grâce au logiciel Epi info 7. Un nettoyage des fichiers saisis a été effectué avec le programme analysis du logiciel et avait permis de corriger certaines données aberrantes et les erreurs de saisie. Cette base de données épurée a ensuite été analysée grâce aux logiciels Épi info 7 et R 3.1.0.

Étude descriptive

Elle s’est faite par un résumé de l’information à travers le calcul ou la détermination :
§ des paramètres de position : fréquences relatives pour les variables catégorielles, moyenne et médiane pour les variables quantitatives ;
§ des paramètres de dispersion (écart type et étendue).
Les résultats de cette étude descriptive ont été illustrés à travers les tableaux et graphiques appropriés suivant leurs distributions.

Étude analytique

Des croisements de variables ont été effectués pour traduire certaines préoccupations formulées dans les objectifs, et liées à la recherche des facteurs associés à l’anémie. Le test du Khi 2, celui de Fisher, de même que le test t ont été utilisés avec un risque alpha de 5%. L’étude de la normalité des distributions a été faite avec le test de Shapiro Wilks, la distribution étant jugée normale pour une valeur du p inférieur à 0,1 [31]. Le test de Bartlett a permis d’étudier l’homogénéité des variances, avec des distributions jugées homogènes pour une valeur du p supérieure à 0,05 [32].
L’odds ratio (OR) entouré de son intervalle de confiance (IC) permettait de quantifier la force du lien.
Pour tenir compte des facteurs de confusion, une analyse multivariée a ensuite été faite. Cette dernière a fait appel à un modèle de régression logistique simple, suivant une stratégie descendante pas à pas, tenant compte dans le modèle initial de l’ensemble des variables dont la valeur du p était inférieure à 0,25 [33,34]. L’Akaike information criterion (AIC) a été utilisé comme critère de pénalisation. Ainsi, la variable dont le retrait conduit à une amélioration du modèle par le test du maximum de vraisemblance était retiré du modèle. Ceci s’est poursuivi jusqu’aucune variable retirée ne puisse entrainer une amélioration du modèle [34]. L’ajustement du modèle a été faite à travers un diagnostic graphique dans R, grâce à la commande plot. Les interactions dans le modèle ont été étudiées suivant leur influence sur les paramètres du modèle.

Considérations éthiques

Préalablement à la mise en œuvre de cette étude, le protocole a été soumis au Comité National d’Éthique pour la Recherche en Santé (CNERS) du Sénégal et a obtenu une approbation officielle. Par ailleurs, une autorisation du MSAS a été délivrée avant le démarrage des activités au niveau des sites sélectionnés, avec l’appui de la Direction de la santé de la reproduction et la survie de l’enfant. Les responsables des Régions Médicales de Dakar et Fatick, de même que ceux des différents districts ont été informés de la tenue de cette étude.
La participation volontaire des répondants a été à la base de cette recherche et le consentement éclairé obtenu au préalable auprès de toutes les femmes. Afin de garantir la confidentialité des informations, l’identité des individus qui consentaient à participer n’a pas été mentionnée sur les outils de collecte. Dans toutes les utilisations ultérieures des résultats, l’anonymat a été respecté, tous les renseignements pouvant permettre de retrouver un participant ayant été effacés. Le prélèvement capillaire a été jugé comme présentant un risque d’incident très faible, avec des complications exceptionnelles. Cependant, toutes les précautions universelles d’asepsie ont été prises afin d’en garantir la sûreté.
Cette étude ne prévoyait aucune rémunération ou indemnisation pour les personnes enquêtées. Les sujets abordés restaient généraux. L’avantage tiré de cette étude portera essentiellement sur une meilleure connaissance des facteurs associés à l’anémie. Cette base de connaissances devrait permettre à terme de mettre en place des stratégies d’amélioration de la santé des femmes enceintes, et par corollaire de réduire la mortalité materno-infantile.

Activités génératrices de revenus

Les femmes enquêtées n’avaient aucune activité génératrice de revenus dans 66,0% des cas. Cette proportion était de 57,1% à Dakar et de 73,7% à Fatick.
Les femmes sans activités génératrices de revenus étaient constituées de femmes au foyer (62,9%) et d’élèves ou étudiants (3,1%). Les principales activités génératrices de revenus trouvées étaient le commerce (14,3%), l’agriculture (7,0%), la coiffure et la couture (3,7%), le ménage (2,3%).

!Facteurs liés aux habitudes de vie et à l’organisation des soins de santé

!Comportements alimentaires

Une proportion de 62,5% des femmes enquêtaient déclaraient consommer quotidiennement du thé, avec des proportions de 60,7% et 65,4% respectivement au niveau des régions de Fatick et Dakar.
Le pica était retrouvé chez 8,2% des femmes enquêtées avec des prévalences de 6,8% et 9,9% respectivement au niveau des régions de Fatick et Dakar.

Consultation prénatale

Chez les femmes enquêtées, une proportion de 98% avait effectué au moins une CPN au cours de la grossesse antérieure. Cette proportion s’élève à 97,3% pour la grossesse en cours. La figure 7 présente la répartition des femmes enceintes suivant le nombre de CPN effectuées lors de la grossesse en cours.

DISCUSSION

Cette recherche, ayant concerné une population représentative de femmes enceintes des régions de Dakar et Fatick, avait pour objectif général d’identifier les facteurs associés à l’anémie chez la femme enceinte. Elle a permis, à travers une méthodologie respectueuse des principes statistiques de trouver des facteurs de risque de survenue d’une anémie chez la femme enceinte que sont le terrain d’ulcère gastroduodénal, le pica, et la mauvaise accessibilité financière du fer. Étaient protecteurs de l’anémie chez la femme enceinte la présence d’un diabète, l’antécédent d’avortement et la bonne observance de la supplémentation en fer et acide folique. La limite principale de cette étude découle de l’absence d’un volet qualitatif qui aurait été plus adapté pour étudier les déterminants contextuels. La seconde limite tient au fait que les informations sur le terrain (ulcère gastroduodénal, fibrome, avortement…) étaient déclaratives, donc non documentées cliniquement. Cependant, du fait d’une bonne information délivrée aux personnes incluses suite à leur consentement libre et éclairé, le biais que pourrait constituer cette limite est jugée minime.

Sur la prévalence de l’anémie

Chez les femmes enceintes des régions de Dakar et Fatick, notre étude a objectivé des prévalences de l’anémie respectivement de 66,4% [59,8% – 72,5%] et de 71,4% [65,4% – 76,9%]. Ces résultats sont statistiquement superposables à ceux de l’EDS de 2011 [3].
Les prévalences de l’anémie retrouvées dans la présente étude sont également concordantes avec les données de la littérature. En effet, l’OMS [35] avait trouvé dans son rapport les prévalences de 72,7% au Bénin, de 68,3% au Burkina-Faso, de 66.7% au Nigéria et de 55,3% au Congo.

Sur les facteurs associés liés à la biologie

Dans notre étude, la survenue d’une anémie chez les femmes enceintes n’était pas liée au terrain drépanocytaire, ni celui de maladie hémorroïdaire. L’ulcère gastro-duodénal était cependant un facteur de risque d’anémie. Ceci est en adéquation avec les données de la littérature incriminant les maladies ulérohémorragiques chroniques dans la genèse de l’anémie [13,14,21].
Le terrain de diabète connu quant à lui était un facteur protecteur de l’anémie chez la femme enceinte (ORa =0,17). Cette protection du diabète contre l’anémie chez la femme enceinte pourrait être liée au suivi médical régulier dont le diabétique bénéficierai lors de la préparation de sa grossesse et pendant celle-ci. (en dehors et pendant la grossesse). Le même commentaire pourrait s’adresser au caractère protecteur de l’avortement trouvé dans cette étude.
Les apports en fer seraient plus importants chez les adolescentes en raison de l’augmentation des besoins de l’organisme, de l’expansion du volume sanguin associé à la poussée de croissance et l’apparition des menstruations [36].
Ainsi, Van Dongen en Zambie [37], Reinhart à Abidjan [38] et Kalanga au Zaïre [39] avaient trouvé une prévalence de l’anémie significativement plus élevée chez les adolescentes. Cependant, notre étude n’a pas permis de mettre en évidence ce facteur de risque. Cependant, cette absence d’association concorde avec les résultats de Meda au Burkina Faso [40], de Dia au Maroc [19] et Demmouche en Algérie [41].
Pour ce qui concerne le nombre de grossesses, sa relation avec l’anémie s’est avérée positive et non significative. L’anémie est plus préoccupante pour les rangs de grossesse élevés. Ainsi la grande multigestité constituait un déterminant de l’anémie par rapport à la primigestité. En Algérie, les auteurs ont trouvé que 65,77% des femmes multipares sont anémiques et ont noté que les grossesses rapprochées (en moyenne 2,8 grossesses) constituent un facteur de risque supplémentaire d’anémie [41]. Un effet contraire a été constaté avec Koura lors de l’étude des facteurs pouvant intervenir sur l’anémie maternelle [42]. Cette dernière avait révélé que les multigestes semblaient mieux protégées que les primigestes et cela pourrait être lié au fait que les femmes multigestes, du fait de l’expérience de leurs précédentes grossesses, adhéraient davantage au discours des sages-femmes pour la prévention de l’anémie durant la grossesse [42].

Sur les facteurs associés liés à l’environnement

Le niveau d’instruction des femmes enquêtées n’était pas statistiquement lié à l’anémie selon nos résultats. Des résultats similaires ont été trouvés dans une étude réalisée au Maroc entre 2008 et 2010 [43]. Cependant, d’autres études réalisées y ont montré que la prévalence de l’anémie diminue avec l’élévation du niveau d’études des femmes [44]. Cette situation est compréhensible dans la mesure où, à un niveau d’instruction donné va correspondre un certain accès à l’information et une certaine compréhension des pratiques de soins. En effet, une femme instruite du fait de son ouverture à la modernité, rompt plus facilement avec certaines croyances et pratiques néfastes à sa santé et de celle de sa progéniture.
Dans la littérature, les chercheurs mettent davantage l’accent sur la relation entre l’activité de la femme qui peut être un facteur protecteur contre l’anémie et les revenus dont elle dispose pour prendre soin de sa grossesse. Une étude de l’OMS avait objectivé que la consommation de viande (source de fer héminique) s’accroit dans les pays en voie de développement grâce à l’augmentation des revenus [45]. Ceci expliquerait d’ailleurs les différences de prévalence de l’anémie gravidique retrouvées entre pays développés et pays en développement [19]. Des résultats similaires ont été trouvés dans les études de Dia [19], Sellam et Bour [46] au Maroc et Haniff en Malaisie [47]. Notre étude avait révélé que 78,2% des patientes anémiques n’exerçaient aucune activité génératrice de revenu. Cependant, la relation entre les activités génératrices de revenue et l’anémie n’a pas pu être objectivée après ajustement, bien qu’elle ait été présente en analyse bivariée (méthode d’analyse retrouvée dans les études citées ci-dessus).

Sur les facteurs associés liés aux habitudes de vie ou à l’organisation des soins de santé

Chez les femmes enceintes étudiées, la consommation de thé, même au moment de la prise du fer n’était pas statistiquement liée à la survenue d’une anémie. Par contre, l’ingestion de substances non nutritives (pica) était significativement liée à la survenue de l’anémie en augmentant la probabilité de sa survenue (multipliée par 2,45). Ce résultat est superposable aux données de la littérature dans lesquelles d’autres études trouvaient que la consommation de substances non nutritives telles que l’argile, la terre, les peintures, ainsi que le thé seraient incriminés dans la survenue d’anémie [48,49].
La surveillance prénatale de la grossesse s’inscrit dans une démarche de dépistage et de prévention des complications maternelles ou fœtales. Ce résultat concorde avec les études qui ont trouvé une association entre l’anémie et le nombre de CPN, notamment au Burkina [17], et au Maroc [19]. Bien que cette relation soit trouvée en bivariée, l’ajustement sur les autres variables n’a pas permis de conserver cette relation en multivariée dans notre étude.
Une supplémentation en fer est habituellement recommandée chez la plupart des femmes enceintes, même si le taux d’hémoglobine est normal au début de la grossesse. Cette mesure prophylactique prévient la déplétion en fer de réserve et l’anémie qui peuvent résulter d’un saignement anormal ou de grossesses successives [6].
L’analyse des caractéristiques des femmes enceintes de notre échantillon ne trouvait pas de lien statistiquement significatif entre la prise d’une SFAF et la survenue de l’anémie. Ce résultat est superposable aux données de la littérature [50,51].
En effet dans notre étude, ce n’est pas le fait d’être supplémenté en FAF qui protège la femme de la survenue d’une anémie, mais plutôt la régularité de la prise des suppléments et la quantité de suppléments administrés. Ainsi, les femmes supplémentées avec au moins 90 comprimés (60 mg de fer élément par comprimé) avaient 2,26 fois moins de probabilité d’être anémiées que les femmes non ou moins supplémentées, ceci en analyse bivariée. Le défaut d’observance de la SFAF augmentait par 2,5 la probabilité d’être anémiée, ceci même après ajustement en analyse multivariée. Cependant, du fait d’un retard de démarrage de la SFAF (pic de démarrage à 12 SA), ce seuil est tardivement atteint mettant ainsi en danger la femme et son fœtus.
La survenue d’une anémie était également liée à l’accessibilité financière. Les femmes enceintes trouvant le fer d’accès difficile avaient 2,15 fois plus de probabilité d’être anémiées par rapport aux femmes trouvant l’accessibilité financière très accessible. Bien que le prix du fer soit subventionné au Sénégal, cette inaccessibilité pourrait découler de ruptures au niveau des structures publics, obligeant les femmes à acquérir ce fer au niveau des officines privés avec un coût plus élevé.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
I. ÉTAT DES CONNAISSANCES SUR L’ANÉMIE DE LA FEMME ENCEINTE
I.1. DÉFINITIONS DE L’ANÉMIE DE LA FEMME ENCEINTE
I.2. PRÉVALENCE DE L’ANÉMIE DE LA FEMME ENCEINTE
I.3. FACTEURS ASSOCIÉS À L’ANÉMIE CHEZ LA FEMME ENCEINTE
I.4. CADRE CONCEPTUEL
II. BUT ET OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
III. CADRE D’ÉTUDE
III.1. PRÉSENTATION DE LA RÉGION DE DAKAR
III.2. PRÉSENTATION DE LA RÉGION DE FATICK
IV. MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE
IV.1. TYPE ET PÉRIODE D’ÉTUDE
IV.2. POPULATION D’ÉTUDE
IV.3. PROTOCOLE D’ÉCHANTILLONNAGE
IV.4. COLLECTE DE DONNÉES
IV.5. TRAITEMENT DES DONNÉES
IV.6. CONSIDÉRATIONS ÉTHIQUES
V. RÉSULTATS
V.1. POPULATION ÉTUDIÉE
V.2. ÉTUDE DESCRIPTIVE
V.3. ANALYSE BIVARIÉE
V.4. MODÉLISATION DES FACTEURS ASSOCIÉS À L’ANÉMIE
VI. DISCUSSION
VI.1. SUR LA PRÉVALENCE DE L’ANÉMIE
VI.2. SUR LES FACTEURS ASSOCIÉS LIÉS À LA BIOLOGIE
VI.3. SUR LES FACTEURS ASSOCIÉS LIÉS À L’ENVIRONNEMENT
VI.4. SUR LES FACTEURS ASSOCIÉS LIÉS AUX HABITUDES DE VIE OU À L’ORGANISATION DES SOINS DE SANTÉ
VII. RECOMMANDATIONS
A L’ENDROIT DE LA DIRECTION DE LA SANTÉ DE LA REPRODUCTION ET LA SURVIE DE L’ENFANT (DSRSE)
A L’ENDROIT DES PARTENAIRES TECHNIQUES ET FINANCIERS DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DE L’ACTION SOCIALE
A L’ENDROIT DES RÉGIONS MÉDICALES ET DES DISTRICTS SANITAIRES DE DAKAR ET FATICK
A L’ENDROIT DES FEMMES ENCEINTES
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *