Généralités sur l’imperfection du marché
D’après la théorie traditionnelle, le marché est un lieu ou moyen de rencontre de l’offre et de la demande pour trouver la quantité à fournir et le prix d’équilibre d’un bien ou service. Le marché a pour fonctions principales la coordination, l’allocation et la redistribution des ressources. Cependant, il existe en réalité des asymétries d’information entre les agents : de fait, ceuxci disposent de différentes formes d’accès à l’information. Les imperfections se trouvent sur tous les marchés : le marché des biens et services (la CPP n’est pas satisfaite), le marché des biens publics (externalités), les marchés des facteurs de production (financier, capital humain, transfert de technologie). Concernant le marché des facteurs, l’imperfection du marché financier est caractérisée par le taux d’intérêt qui n’est pas déterminé par la loi de l’offre et de la demande de la monnaie, du fait de l’asymétrie d’information. Le marché du capital humain, quant à lui, est toujours accompagné par la compétence. La compétence est acquise par l’apprentissage et l’expérience au sein d’une entreprise. La qualité du capital humain est alors déterminée par la capacité d’absorption et le niveau d’éducation de chaque individu, ce qui influence en conséquence le cout d’apprentissage dans les firmes. L’imperfection du marché réside sur la difficulté pour la firme d’investir dans des formations adaptées pour les travailleurs du fait de leur mobilité. En effet, la rationalité des travailleurs ne fait qu’évaluer leurs rendements privés futurs mais pas nécessairement le rendement social : ils sont donc incités à quitter l’entreprise qui les a formés pour en rejoindre une autre qui leur propose un meilleur salaire. Ainsi, l’investissement des travailleurs n’est souvent pas adapté aux besoins des entreprises. Il s’agit de l’imperfection du marché du travail, pour laquelle l’externalité qui touche la firme dépend de l’offre du travail. Après avoir introduit l’imperfection sur le marché du travail, il est temps de présenter les théories traditionnelles et nouvelles du marché du travail. Des synthèses thématiques jugées nécessaires pour positionner notre étude seront aussi avancées.
Les différents types de chômage
Le chômage classique Pour comprendre le chômage, il faut avoir en tête que tous les activités économiques sont soumises à des cycles. Si la demande de biens et services est supérieure à l’offre, le niveau général des prix va augmenter. Cette augmentation entrainera une réduction de la demande et une hausse de l’offre à court terme qui implique une baisse de salaire réel. Cette baisse de salaire réel va entraîner une hausse de la demande de travail par les entreprises. Si le prix ne s’ajuste pas immédiatement dans ce cas, ou si les salaires sont indexés sur les prix, ce rééquilibrage ne se produit pas. On dit que l’entreprise a une contrainte d’offre pour produire plus si celle-ci a besoin d’employer davantage de main d’oeuvre. Le chômage keynésien Cette fois on suppose que l’offre de biens et services est supérieur à la demande : les prix vont baisser pour élever la demande, ce qui entrainera une hausse de salaire réel à très court terme. Cette hausse légère du salaire réel va induire une diminution de la demande de travail par les entreprises. Si les prix mettent du temps à s’ajuster, les entreprises vont être contraintes par l’insuffisance de demande de biens et services. Elles ne demandent pas davantage de main d’oeuvre et une partie des individus sera au chômage. Le chômage d’équilibre On suppose que l’offre et la demande de biens et services sont égaux à long terme en absence des chocs macroéconomiques. Le niveau de chômage dans cette situation est le chômage d’équilibre. Le taux de chômage d’équilibre ne correspond pas à une situation optimale sur le marché du travail. Les différents facteurs du chômage d’équilibre sont les suivants :
– L’inadéquation entre l’offre et la demande de travail. Cette inadéquation se manifeste par exemple par l’inégalité des proportions des différents types de travailleurs 9 et l’inégalité régionale de demandeurs et d’offreurs de travail sur le marché. trop d’ouvriers non qualifiés, et pas assez d’ingénieurs.
– La nature des syndicats, le niveau des minima sociaux ainsi que les modalités de la fixation des salaires. A noter que le chômage frictionnel 10 est exclu du déséquilibre sur le marché du travail, car il correspond à un chômage de plein emploi, dont le taux varie en fonction de la démographie ou de l’intensité de réallocation.
Les instruments de la lutte contre chômage doivent être adaptés aux different types de chômage. Pour un chômage classique, on utilise la désindexation et la baisse du salaire minimum : il s’agit d’une politique de flexibilisation du salaire réel. Le chômage keynesien nécessite une politique de relance conjoncturelle. Enfin, pour le chômage d’équilibre, qui est du aux obstacles à l’ajustement du salaire et la flexibilté parfaite sur le marché du travail postulée par les néoclassiques, des politiques structurelles sont à envisager pour le bon fonctionnement du marché de travail et l’indemnisation du chômage. Notons que la mesure agrégée du taux de chômage d’équilibre est l’un des enjeux les plus importants de la politique économique. Par ailleurs, le taux de chômage d’équilibre délimite la place des politiques de demande dans la lutte contre le chômage. Le marché de travail etant en equilibre en présence d’un salaire réel constant et un chomage residuel. Pour determiner cette cette équilibre, le calcul se fait à partir de courbe de phillips. Avec un taux de chomage élevé, le salaire réel dimunue, dans le cas contraire, les travailleurs se trouvent en position de force pour obtenir une hausse de salaire. Il existe un seul taux de chomage pour lequel le salaire réel reste stable et un seul taux de chomage par lequel l’inflation reste constant : c’est le taux de chomage non accelerateur d’inflation (NAIRU : Non Accelerating Inflation Rate of Unemploiement). Le modèle keynésien Dans ce modèle, la redistribution de revenus par l’initiative de l’Etat (investissements autonomes) constitue la relance de la demande, et la demande effective incite les entreprises à produire. L’offre de travail augmente grâce à la création d’emploi. Pour Keynes, la courbe d’offre de travail n’est pas sensible au prix. Ce qui existe, ce n’est pas un marché du travail, mais de l’emploi. Le salaire est un revenu avant d’être le prix du travail et les salariés sont victimes d’illusion monétaire : « le volume de l’emploi connaît d’amples variations sans qu’il y ait de changements apparents ni dans les salaires réels minima exigés par la main d’oeuvre ni dans sa productivité » (Keynes, Théorie générale, p. 35). La demande de travail n’est pas plus sensible au prix de celui-ci que l’offre. Il y a un lien entre la demande de travail et son prix, par le biais de la loi de la décroissance de la productivité marginale du travail que Keynes accepte sous le nom de « premier postulat » Le salaire est un revenu plus qu’un prix dans l’optique Keynesienne. Mais plus fondamentalement, la demande des employeurs est déterminée par la demande effective, elle-même dépendante des perspectives de vente, gouvernées par l’investissement et l’épargne. Ce qui conduit Keynes à élaborer le concept nouveau de « chômage involontaire » car offre et demande, évoluant en fonction des prix, ne s’équilibrent pas comme sur n’importe quel marché de biens et services. La place est toujours libre pour un écart entre l’offre et la demande de travail sous la forme d’un chômage involontaire. Il n’y a finalement que par hasard que le point de la demande effective donne exactement le plein emploi de la population active, c’est-à-dire, selon la Théorie générale… : « si, pour des raisons fortuites ou voulues, l’investissement courant assure un montant de demande exactement égal à l’excès du prix d’offre globale de la production résultant du plein emploi sur le montant, que la communauté désire dépenser pour la consommation lorsqu’elle est employée à plein » (Théorie générale…, p. 52). Le volume de la production globale détermine donc le niveau de l’emploi. S’il y a insuffisance de la demande de travail de la part des entreprise, celà entraine une tendance à la baisse de salaire qui engendre le chômage. Les décisions d’investissement et l’estimation des montants de consommation courante et future jouent un rôle tres important sur les décisions courantes de produire lesquelles determinent le niveau général de la production et de l’emploi. Le chomage est le résultat de l’insuffisance de la demande éffective. l’Etat peut agir sur la demande globale 12en espérant un impact plus que proportionnel (effet miltiplicateur d’investissement) sur l’économie dû à l’accroissement de la consommation et les investissement publics pour augmenter la production globale et le niveau général de l’emploi. Dans le courant des années 70, les néokeynesiens 13 ont développé la théorie de déséquilibre. Leurs objectifs générals est à la fois de déterminer les fondements microéconomiques de la macroéconomie keynésienne et de généraliser l’étude de déséquilibre en considerant que les ajustements sont lents à s’éffectuer. Pour les néokeynesiens, les marchés ne s’équilibrent pas automatiquement, mais il peut y avoir des déséquilibres se traduisant par des rationnements des certains agents économiques. Avec des formes diverses de rationnement selon le contexte, prenons deux agents économiques au sein du marché du travail : le ménage et l’entreprise. Considerons un éxcès d’offre sur le marché de travail. Au niveau d’un salaire réel donné, tous les travailleurs ne trouvent pas de l’emploi. La quantité de travail offerte par les ménages sont supérieure à la quantité de travail demandée par les entreprises. Dans ce cas, le ménage est rationné. il ne peut vendre la totalité de sa force de travail qu’il offre pour le salaire réel affiché. La rigidité des salaires sur le marché de travail est due principalement à la concurence imparfaite, à l’existence de coûts de transaction dans les chaînes de valeurs et aux marchés de clientèle. L’assymétrie d’information est surtout caractérisée par le concept de sélection adverse. 14 Par la suite, les nouvelles approches du marché du travail, plutôt que de se centrer sur une théorie propre à un auteur, adoptent une vision plus globale du monde de l’emploi. Ces approches prennent une dimension macroéconomique ou microéconomique.
La théorie de la négociation salariale
La théorie de la négociation salariale explique en quoi le salaire n’est plus une variable de marché. La négociation salariale depend des objectifs économiques (amélioration de bien être des membres du syndicat et des employeurs) de l’entreprise et les salariés. Dans un premier temps, si la négociation porte uniquement sur le salaire, l’entreprise détermine unilateralement l’emploi etant donné le salaire négocié 23. Le niveau de salaire est élevé et la négociation crée du chomage. Dans un second temps, la négociation entre l’entreprise et les salariés se porte sur le salaire et l’emploi. L’entreprise accepte cette fois de discuter sur le niveau de l’emploi comme celui de salaire 24. L’entreprise est obligée d’accepter un sureffectif d’emploi réduisant son profit potentiel. Dans ce cas, les syndicats et les entreprises ont plus d’interêt à voir le chômage augmenter que les salaires baisser. On considèrent dans ce cadre que le chômage est la conséquence de l’excès du salaire négocié par rapport à la valeur du salaire d’équilibre qu’il y aurait eu dans une économie sans acteurs collectifs (syndicats). Il existe une négociation centralisé et décentralisé. La première est constituée des entreprises agrégées et un syndicat unique. La négociation salariale centralisée étudie le caracteristique de l’ajustement des salaires et les conséquences des interractions stratégiques entre gouvernement et syndicat. La seconde porte la négociation salariale par entreprise ou par branche d’activité. Les interractions stratégiques se font entre institution salariale décentralisée d’une part, les chômeurs et travailleurs disposant d’un emploi d’autre part. Par conséquent, la négociation salariale décentralisée se caractérise par des salaire relatifs de chaque syndicat.
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Table des matières
1 Présentation générale du marché du travail à Madagascar
1.1 Survol de la littérature sur le marché du travail
1.1.1 Généralités sur l’imperfection du marché
1.1.2 Les théories traditionnelles du marché du travail
1.1.3 Les nouvelles approches théoriques du marché du travail
2 Modélisation du marché du travail dans un cadre du modèle d’equilibre générale calculable dynamique
2.1 Description du modèle
2.2 Spécification du modèle du marché du travail
2.2.1 Le module de production
2.2.2 Module de l’emploi
2.2.3 La demande de travail
2.3 Les autres équations du modèle macroéconomique à intégrer dans le MEGCD
2.3.1 Module de l’offre et de la demande de biens
2.3.2 Module de revenu/épargne/consommation
2.4 Module des prix
2.4.1 Secteur public
2.5 Balance de paiement
2.6 Equilibre Epargne/Investissement
2.7 Prix extérieurs
3 Calibration et simulation du modèle
3.1 Paramètres calibrés à partir de la MCS
3.1.1 Module de production selon le secteur d’activité
3.1.2 Le revenu de ménages
3.1.3 Consommation – épargne
3.1.4 Le secteur public
3.1.5 Le commerce extérieur
3.2 Simulations du modèle : migrations, négociation salariale et salaire d’efficience dans le MEGCD
3.2.1 La théorie de la migration rural-urbain selon Harris Todaro (1970)
3.2.2 Le secteur urbain non protégé et le salaire minimum
3.2.3 La théorie de la négociation salariale
3.2.4 La théorie du salaire d’efficience
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