Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
Les trois flux de la chaîne logistique
Nous détaillons ici les trois flux traversant une chaîne logistique : flux d’information, physique et financier. Ces trois flux peuvent découler des règles stipulées dans le contrat de partenariat. En effet, des contrats définissent lesrelations entre chaque entreprise de la chaîne logistique, prévoyant notamment des pénalités en cas de retard de livraison d’un fournisseur ou de rupture de stock, déterminant qui gère le transport et les stocks entre deux « maillons » de la chaîne, …
Le flux d’information
Le flux d’information représente l’ensemble des transferts ou échanges de données entre les différents acteurs de la chaîne logistique. Il s’agit en premier lieu des informations commerciales, notamment les commandes passées entre clients et fournisseurs. Une commande comprend généralement la référence du produit, la quantité commandée, la date de livraison souhaitée et le prix éventuellement négocié lors de la vente. D’autres éléments peuvent s’ajouter à cette liste : la liste des opti ons désirées pour le produit, la fréquence de livraison si besoin, … Mais les entreprises s’échan gent aussi des informations plus techniques : paramètres physiques du produit, gammes opératoires, capacités de production et éventuellement de transport, informations de suivides niveaux de stock. Ces dernières sont de plus en plus réclamées par les clients qui souhaitent connaître l’état d’avancement de fabrication de leur produit. De manière plus générale, le principe de traçabilité se traduit par un droit de regard accru du client envers le fournisseur (Dupuy et al., 2004).
Le flux d’information est de plus en plus rapide grâce aux progrès des TIC. Le développement des flux d’information au sein de la chaîne logisti que trouve ses limites dans le besoin de confidentialité entre acteurs. Par ailleurs, le problème de la qualité des données véhiculées subsiste, et le risque existe que des décisions soient basées sur des données erronées ou simplement périmées.
Le flux physique
Le flux physique est constitué par le mouvement des marchandises transportées et transformées depuis les matières premières jusqu’aux produits finis en passant par les divers stades de produits semi-finis. Il justifie l’organisation d’un réseau logistique (cf. §1.3.3), c’est-à-dire les différents sites avec leurs ressources de production, les moyens de transports pour relier ces sites et les espaces de stockage nécessaires pour pallier les aléas et faire tampon entre deux activités successives. En bref, ’écoulement du flux physique résulte de la mise en œuvre des diverses activités de manutention et de transformation des produits quel que soit leur état.
Le flux physique est généralement considéré commetanté le plus lent des trois flux.
Le flux financier
Le flux financier concerne toute la gestion pécuniaire des entreprises : ventes des produits, achats de composants ou de matières premières, maisaussi des outils de production, de diverséquipements, de la location d’entrepôts, … et bien sûr du salaire des employés. Le flux financier est généralement géré de façon centralisédans l’entreprise dans le service financier ou comptabilité, en liaison toutefois avec la fonction production par les services achats et le service commercial. Sur le long terme, il correspond aussi aux investissements lourds tels que la construction de nouveaux bâtiments et de lignes de fabrication. Encore s’agit-il d’échanges avec des organismes bancaires extérieurs au réseaud’entreprises.
Le système décisionnel
Le système décisionnel requis par le SCM s’appuie sur un système d’information. Le système d’information stricto sensu est le support et la mémoire des transactions des informations (Shapiro, 1999, Dominguez et Lashkari, 2004). La transaction de l’information concerne l’acquisition, le transfert, le stockage et l’affic hage des données. Ainsi, des tableaux de bord permettent-ils simplement d’alimenter un décideur en informations (Morana et Paché, 2000). Par contre, l’analyse de l’information est un élément de l’activité de risep de décision (Lecompte-Alix, 2001). Au-delà du système d’information, le système décisionnel est l’organisation par laquelle la chaîne logistiqu e est pilotée, définissant les décideurs à tous les niveaux hiérarchiques et ce sur le court, moyenet long terme. L’organisation du système décisionnel peut répondre à différentes philosophie. Ganeshan et al. (1999) en considèrent principalement deux : i) Une chaîne logistique dirigée comme une seule entité par un membre dominant de la chaîne. C’est le cas dans le secteur de l’automobile par exemple, où l’on trouve généralement un puissant donneur d’ordres. i) Une chaîne peut aussi être pilotée par un système de partenariats locaux entre deux entreprises. Dans tous les cas, pour qu’il soit efficace, le pilotage nécessite une bonne coordination de l’ensemble des partenaires et une réelle coopération de la part de ceux-ci (Chan et la., 2004). Le système décisionnel peut donc être centralisé ou au contraire distribué. Mais s’agitil là uniquement de cas extrêmes. Bien d’autres cas peuvent être rencontrés.
Si, jadis, la modélisation de l’environnement d’un décideur se limitait aux frontières de l’entreprise, ce n’est plus le cas avec la notion d e chaîne logistique, où l’environnement du décideur s’étend sur tout ou partie de la chaîne cf(. § 1.4.5.1). De fait, les décideurs doivent aujourd’hui prendre en compte un plus grand nombre de paramètres afin d’optimiser leur décision et ainsi améliorer leur performance industrielle. Pour les aider dans leur fonction, les scientifiques ont proposé des outils d’aide à la décision, basés sur des modèles de programmation mathématique (cf. § 1.4.5.2) ou de simulation (cf. § 1.4.5.3), aujourd’hui diffusés dans des progiciels commerciaux (cf. § 1.4.5.4). Extension de la notion de niveau décisionnel au réseau d’entreprises :
Avec l’approche globale de la gestion de la chaîne logistique, certaines notions issues de l’entreprise s’étendent désormais à la chaîne logistique.
Ainsi la notion de niveau décisionnel (cf §1.2.1) peut-elle s’appliquer à un réseau d’entreprises. Ganeshan et al. (1998) ont fait une revue de la littérature scientifique sur le SCM et ont catégorisé les problématiques abordéesn efonction du niveau décisionnel. Au niveau stratégique, on distingue quatre parties:
• La partie « Objectifs stratégiques » : il s’agit de déterminer les objectifs pour l’ensemble des parties prenantes (partenaires).
• La partie « Design », conception ou configuration : il s’agit de déterminer la structure de la chaîne (cf § 1.3.3), dans sa topologie, mais également dans la sélection des parties prenantes (choix des fournisseurs, sous-traitants, …).
• La partie « Développement d’avantages compétitifs »: il s’agit d’analyser comment la gestion de la chaîne logistique peut développer ou améliorer la compétitivité des entreprises partenaires.
• La partie « Evolution historique » qui se focalise sur l’évolution des stratégies des entreprises en matière de chaîne logistique.
Au niveau tactique, Ganeshan et al. (1998) classent la littérature scientifique en quatre catégories :
• La partie « Développement des relations inter-entreprises », que celles-ci soient bilatérales ou multilatérales, horizontales ou verticales.
• La partie « Gestion des opérations intégrées », c’est-à-dire la gestion des activités des entreprises pour garantir l’efficience globale de la chaîne logistique.
• La partie « Gestion des systèmes collectifs de transport et de distribution ».
• La partie « Développement de systèmes d’information» qui cherche à améliorer l’échange d’informations dans le cadre des objectifs stratégiques.
Enfin, au niveau opérationnel :
• La partie « Contrôle et gestion des stocks et des f lux physiques ».
• La partie « Coordination de la planification de la production ».
• La partie « Spécification du partage des informations opérationnelles ».
• La partie « Développement d’outils de pilotage opérationnel ».
Les performances
La gestion de la chaîne logistique cherche à améliorer le système global de production. Pour cela, elle met en place un certain nombre d’indicateurs de performance, parfois difficiles à quantifier (Min et Zhou, 2002, Tan, 2001), comme la satisfaction du client (disponibilité, temps de réponse, efficacité du service après-vente, réception du produit avec les bonnes configurations / options, documentation jointe complète), l’amélioration de la productivité, de l’adaptabilité ou de la flexibilité de la chaîne, un meilleur partage de l’information, la gestion et le partage des risques, la diversification des produits, l’amélioration de la traçabilité, de la compétitivité… Ces indicateurs sont construits à pa rtir du suivi de production (niveau des stocks, nombre de ruptures…).
A l’aide de ces indicateurs, les décideurs du SCM se fixent les objectifs (ou cibles) à atteindre au bout d’un certain délai.
Dans ce qui suit, les notions de « performance » et de « système de performance », dont l’objectif est d’améliorer les compétences de la chaîne, sont d’abord développées. Puis, trois principaux indicateurs de performance de la chaîne logistique sont détaillés, correspondant chacun à un type de flux : un indicateur de « coopération » en ce qui concerne la performance du flux d’information, les coûts pour le flux financier et le délai de livraison pour le flux physique (cf §1.4.4.2).
Comment améliorer la performance?
C’est en améliorant la performance globale de la chaîne que chaque entreprise pourra améliorer sa propre performance (et non l’inverse), mais cela suppose que l’entreprise se coordonne efficacement avec ses partenaires (Llerena, 2003). A ses propos, en plus de l’idée de coordination, vient se greffer la justification stratégique des chaînes logistiques, qui est d’établir entre elles un rapport gagnant-gagnant aux entreprises partenaires, quitte à accorder des compensations aux maillons défavorisés. Mais cesystème de compensation nécessite une très bonne confiance entre les acteurs de la chaîne.
Pour améliorer le système de production (ici la chaîne logistique), il faut connaître sa performance effective et déterminer une cible ou un objectif à atteindre. La première étape consiste donc à « mesurer la performance ». Plusieu rs critères de performance sont envisageables, principalement ceux détaillés ci-après. Ensuite, il faut prendre des décisions de réingénierie et agir sur le système à travers des ariablesv de décision afin de tendre vers la cible choisie.
En définitive, la mise en place d’un système de performances traduit implicitement un désir de contrôle et d’amélioration des performances, ce qui s’applique tout aussi bien au contexte de la réingénierie du système considéré qu’à son ploitationex (cf. figure 1.7).
|
Table des matières
Introduction générale
Chapitre 1 : Contexte, problématique et positionnement du travail de recherche
1.1 Facteurs de complexité de la fonction « Production » au sein d’une entreprise manufacturière
1.1.1 Le secteur d’activités et les produits
1.1.2 Le volume de production
1.1.3 Le mode de production
1.2 Organisation de la gestion de production
1.2.1 La prise de décisions dans une entreprise : un système hiérarchisé
1.2.1.1 Niveau stratégique
1.2.1.2 Niveau tactique
1.2.1.3 Niveau opérationnel
1.2.2 Quelques approches classiques de planification
1.2.2.1 L’approche MRP 2
1.2.2.2 La méthode Kanban
1.2.3 Les processus, supports à la mise en réseaux des entreprises et leur intégration.
1.2.3.1 Le processus Approvisionnement
1.2.3.2 Le processus Production
1.2.3.3 Le processus Distribution
1.2.3.4 Le processus Vente
1.2.3.5 Interactions entre les processus et autres « services »
1.3 Définition de la chaîne logistique
1.3.1 Emergence historique de la chaîne logistique
1.3.2 Définitions issues de la littérature scientifique
1.3.2.1 La logistique
1.3.2.2 La chaîne logistique (Supply Chain – SC)
1.3.3 Structure physique de la chaîne
1.4 Gestion de la chaîne logistique (Supply Chain Management – SCM)
1.4.1 Définition
1.4.2 Les trois flux de la chaîne logistique
1.4.2.1 Le flux d’information
1.4.2.2 Le flux physique
1.4.2.3 Le flux financier
1.4.3 Le système décisionnel
1.4.4 Les performances
1.4.4.1 Comment améliorer la performance?
1.4.4.2 Principaux indicateurs du SCM
1.4.5 Modélisation de la gestion de la chaîne logistique
1.4.5.1 Modélisation d’entreprise
1.4.5.2 Les modèles analytiques
1.4.5.3 Les modèles de simulation
1.4.5.4 L’offre logicielle
1.5 La littérature scientifique de la gestion de la chaîne logistique
1.5.1 L’abondance des publications
1.5.2 Classement de la littérature
1.6 Synthèse bibliographique et objectifs de la thèse
Chapitre 2 : Modélisation de l’architecture de pilotage des chaînes logistiques
2.1 Introduction
2.1.1 Approche systémique
2.1.2 Hiérarchisation
2.2 Pilotage des réseaux d’entreprises : concepts fondamentaux et structuration
2.2.1 Définitions du pilotage et des centres de décision
2.2.2 Typologie des informations, supports à la décision
2.2.2.1 Les informations endogènes et les informations exogènes
2.2.2.2 La nature des informations
2.2.2.3 La variabilité des informations
2.2.3 La temporalité dans le pilotage : la planification à horizon glissant
2.2.3.1 Horizon et période de planification
2.2.3.2 Réactivité des réseaux logistiques
2.3 Modélisation de l’architecture de pilotage des réseaux d’entreprises
2.3.1 Concept et notations
2.3.2 Architecture de pilotage multi-niveaux
2.3.3 Généralisation à un réseau d’entreprises
2.4 Les types d’architecture de pilotage
2.4.1 Le pilotage distribué : une approche pragmatique
2.4.2 Le pilotage centralisé : une approche idéale
2.4.3 Le pilotage mixte : une approche consensuelle
2.4.4 Comparaison rapide des trois types d’architecture de pilotage
2.5 Conclusion du chapitre
Chapitre 3 : Modèle générique de planification pour un centre de décision
3.1 Introduction
3.2 Etat de l’art sur la simulation des processus de pilotage de chaînes logistiques
3.3 Environnement et paramétrage du problème de planification vu d’un centre de décision
3.3.1 Modélisation de l’environnement d’un centre de décision
3.3.1.1 Les ensembles pour définir l’environnement d’un centre de décision
3.3.1.2 Les indices utilisés dans le modèle
3.3.1.3 Exemple de notation
3.3.2 Les paramètres et variables de décision du modèle de planification
3.3.2.1 Notations utilisées
3.3.2.2 Les paramètres du modèle
3.3.2.3 Les variables du modèle
3.3.2.4 Flux d’information envers les autres entités du réseau logistique
3.4 Le modèle analytique du problème de planification
3.4.1 Les contraintes du modèle
3.4.2 Le critère du modèle
3.4.3 Principe de fonctionnement du modèle de planification
3.5 Les relations inter-centres de décision
3.5.1 Relations horizontales : échange de type client – fournisseur
3.5.1.1 Processus de commande à un fournisseur : prise en compte du délai d’information
3.5.1.2 Informations concernant les futures livraisons au client
3.5.2 Relations verticales : échange entre centres de décision de niveaux successifs
3.5.2.1 Ordres pour les ressources internes d’un centre de décision
3.5.2.2 Retours d’information vers un centre de décision de niveau supérieur
3.6 Conclusion du chapitre
Chapitre 4 : Analyse de performances – robustesse et réactivité du pilotage
4.1 Introduction
4.2 Objectifs de l’analyse
4.2.1 Mesure de la performance de la chaîne
4.2.2 Approche comparative des différentes architectures de pilotage
4.3 Présentation du cas d’étude
4.3.1 Définition du cas-type : entretiens industriels préalables
4.3.2 Description de la structure physique et des données techniques
4.3.3 Les problématiques considérées
4.4 Objectifs et protocoles d’expérimentation
4.4.1 Définition des architectures de pilotage appliquées au cas-type
4.4.2 Données initiales
4.4.3 Présentation de l’outil de simulation
4.5 Etude de la robustesse
4.5.1 Scénarios d’expérimentation
4.5.2 Résultats des campagnes expérimentales
4.5.3 Analyse des résultats
4.5.4 Conclusion sur l’étude de la robustesse
4.6 Etude de la réactivité
4.6.1 Scénarios d’expérimentation
4.6.2 Les résultats de l’analyse de réactivité
4.6.3 Analyse des résultats
4.6.4 Conclusions sur l’étude de la réactivité
4.7 Conclusion du chapitre
Chapitre 5 : Analyse du couplage de plusieurs réseaux logistiques
5.1 Introduction
5.2 Le problème d’allocation des capacités d’un maillon commun
5.2.1 Positionnement du problème
5.2.2 Définition du processus de négociation
5.2.3 Incidences sur le modèle de planification
5.3 Cadre de l’expérimentation
5.3.1 Facteurs reflétant la stratégie de négociation
5.3.2 Campagne d’expérimentations
5.3.3 Mesure de la performance
5.4 Analyse des résultats d’expérimentations
5.4.1 Influence de la répartition initiale de la capacité
5.4.2 Influence de la sur-réservation / sous-réservation de la capacité
5.4.3 Respect des plans de production
5.4.4 Respect des plans d’approvisionnement
5.5 Amélioration de la convergence du processus de négociation
5.5.1 Définition de nouvelles stratégies facilitant la convergence
5.5.2 Expérimentations des stratégies
5.6 Conclusion du chapitre
Conclusion générale et perspectives
Bibliographie
Télécharger le rapport complet