Modélisation de la consommation des services nutritionnels

La reconnaissance du droit à l’alimentation a une histoire. Il est reconnu dans plusieurs textes juridiques internationaux, dont l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée en 1948 qui stipule que « toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation… » .

L’apparition de la notion de « sécurité alimentaire », dans les années 70, correspond à une avancée dans la prise de conscience de la communauté internationale, de la nécessité d’identifier les causes du problème de la faim et de définir des stratégies pour lutter contre elle. Pour préserver la sécurité alimentaire, chaque pays devrait avoir la liberté d’exercer sa propre souveraineté alimentaire, ou de définir ses propres politiques agricoles et d’assurer l’autosuffisance alimentaire, pour les principales productions agricoles de base (riz, blé…). Bien que la nutrition ait été placée en tant que priorité politique et budgétaire par les gouvernements successifs de la troisième république, illustrée par le panel de programme de nutrition et de sécurité alimentaire, la diversité des stratégies de lutte contre la malnutrition et la multiplicité des intervenants du secteur nutrition, le taux de la malnutrition à Madagascar est encore parmi les plus élevés au monde. Cette situation est source de plusieurs questions complexes, relevant à la fois de la situation de l’insécurité alimentaire, de l’impact des récentes catastrophes naturelles ainsi que de la crise politique, du cadre juridique et politique, des orientations stratégiques de la politique nationale de nutrition, de la disponibilité de nourriture, de l’accessibilité alimentaire et de l’impact des sanctions internationales en vigueur au moment de l’étude.

Justification de la zone d’étude

La malnutrition et les maladies qui en découlent constituent une charge considérable pour les systèmes de santé. La région de Betsiboka et celle de Sofia ont les taux de malnutrition les plus bas, tandis que la région d’Amoron’i Mania et la région de l’Anosy sont celles où les taux sont les plus élevés .

La mission officielle d’Olivier De SCHUTTER , du 18 au 22 juillet 2011 à Madagascar, a conclu que 35 % de la population rurale a faim (Cf. Annexe II), un chiffre qui s’élève à 47 % parmi les petits agriculteurs et à 43 % parmi les travailleurs agricoles journaliers, et dont 50,1 % sont vulnérables à l’insécurité alimentaire. La pauvreté et l’insécurité alimentaire à Madagascar ont atteint des proportions dramatiques. Les progrès enregistrés en 2005-2008 ont été effacés au cours de la période 2009-2011.

Confortation des hypothèses

Madagascar se situe parmi les nations en difficulté où 69% (EPM 2005) de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. L’espérance de vie à la naissance est aujourd’hui de 57 ans selon les estimations de l’OMS. Divers engagements (Cf. Annexe IV) ont été pris par nos gouvernements successifs en vue de lutter contre la malnutrition :
● La ratification de la Convention Relative aux Droits de l’Enfant en 1990 ;
● La déclaration du Premier Ministre au Sommet Mondial de l’Alimentation à Rome en novembre 1996 ;
● L’élaboration du Plan National d’Action pour la Nutrition élaboré en 1997 suite à la Conférence Internationale sur la Nutrition (1992) et qui a servi de base de référence pour le gouvernement et partenaires techniques et financiers dans les interventions en matière de nutrition ;
● L’adoption de la Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire, comme politique gouvernementale de Sécurité Alimentaire et de Nutrition, en 1997, suivi du Programme Spécial de Sécurité Alimentaire (PSSA) et du Plan d’Action pour le Développement Rural (PADR) ;
● Le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) ;
● Le Madagascar Action Plan (MAP), l’engagement 5, défi 7 du MAP inclut la lutte contre la malnutrition et la réduction du taux d’insuffisance pondérale chez les enfants ;
● L’Objectif du Millénaire pour le Développement(OMD) qui stipule, dans OMD1, de réduire de moitié la faim dans le monde et dans OMD4, de réduire de deux tiers la carence en micronutriments et de trois quarts, la mortalité maternelle dans le monde; et La déclaration de Paris (Cf. Annexe V) dont l’appropriation des politiques de développement est devenue la base du nouveau consensus international formulé dans la Déclaration de Paris (2005). Elle est souvent définie par les bailleurs de fonds comme l’engagement des gouvernements bénéficiaires en faveur des politiques et des réformes, sans considération pour la façon dont ces dernières ont été décidées (Centre de Développement de l’OCDE, 2008). Par opposition à cette définition, l’appropriation est le degré de contrôle que les gouvernements bénéficiaires de l’aide sont capables d’exercer sur le choix, la formulation et la mise en œuvre des politiques publiques et des réformes dans leur pays (PAOLO de RENZIO, 2008). L’appropriation est le premier des cinq principes de la déclaration (Cf. Annexe VI). Pour Zimmerman, il y a appropriation lorsque les pays partenaires (bénéficiaires) « exercent une réelle maîtrise sur leurs politiques de développement » et « assurent la coordination de l’action à l’appui du développement » (ZIMMERMAN F, 2008). C’est la définition retenue pour notre projet de recherche. Il a été longtemps cru que la malnutrition infantile provenaient principalement d’une carence en micronutriments, au sein du ménage, associée ou non à l’effet des maladies infectieuses. Ces deux facteurs ne suffisent pas à expliquer, à eux seuls, la prévalence et la distribution de la malnutrition infantile. Actuellement, la malnutrition se qualifie comme « un mal aux multiples facettes » (MOURSI M, 2009). Cependant, il est maintenant évident que des solutions faisables au problème de la malnutrition existent et qu’elles constituent des excellents investissements économiques et la nutrition est la pierre angulaire pour la réduction pérenne de la pauvreté (AGUAYO V.M, 2006).

La malnutrition serait également due, au-delà des carences en nutriments, à des perturbations d’ordre socioculturelles, familiales et relationnelles (Cf. Annexe VII). Mieux comprendre la diversité étiologique de la malnutrition infantile peut permettre d’intervenir précocement sur les situations à risque (BOUVILLE J.F, 2004).

Cent quatre-vingt millions d’enfants de moins de 5 ans sont atteints de retard de croissance et 55 millions souffrent d’émaciation (dont 20 millions sous sa forme sévère). Les régions les plus touchées par la malnutrition maternelle et infantile sont le sud de l’Asie centrale et l’Afrique subsaharienne. Environ 90 % des enfants atteints de retard de croissance vivent dans 36 pays et 80 % dans seulement 20 pays (BANQUE MONDIALE, 2008). L’accessibilité aux services de santé est conditionnée par la levée de trois goulots d’étranglement au niveau de trois modes de prestation de services : (i) au niveau familial et communautaire comprenant le soin environnemental, le soin néonatal familial, l’alimentation des enfants et des nourrissons et la prise en charge des maladies au niveau communautaire ; (ii) au niveau de la stratégie avancée/mobile incluant le soin préventif pour les adolescents et les femmes, les soins préventifs de la grossesse, les soins et prévention du VIH/SIDA et les soins préventifs de l’enfant et du nourrisson ; et (iii) au niveau clinique (soins curatifs) comprenant le soin primaire maternel et néonatal, le soin primaire chez l’enfant et l’adulte, la prise en charge des maladies au premier niveau et la prise en charge des maladies au deuxième niveau (DONALD, 2010).

Modélisation de la consommation des services nutritionnels

Une série de résultats amènera à conclure la relation de dépendance entre la variable « consommation des services nutritionnels » et les seize variables explicatives. La première série de résultats a fourni les coefficients d’ajustement du modèle. Les coefficients de détermination des 3 cas sont respectivement de 0,901 ajusté à 0,894 pour les 4_régions, de 0,955 ajusté à 0,950 pour celui du modèle Betsiboka_Sofia (régions à faible taux de malnutrition) et 0,797 ajusté à 0,758 pour celui du modèle Anosy_Mania (régions à fort taux de malnutrition). Ces chiffres sont proches de 1. Les modèles sont alors satisfaisants et bons (Cf. Annexe XII). Des variables explicatives autres que les seize variables étudiées contribuent significativement dans le déterminisme de la consommation des services nutritionnels de la région de Betsiboka_Sofia .

La deuxième série a concerné les paramètres des modèles (Cf. Annexe XIV, XV, XVI, XVII). Comme les t de Student des constantes respectives des trois modèles sont supérieur à 1,96 en valeur absolue (|-29,734|> 1,96 ; |-34,098|> 1,96 et |-11,829|> 1,96), il existe donc un paramètre fixe qui explique la consommation des services nutritionnels. Les variables « Revenu, Energie, Niveau d’Etude, Appropriation Evaluative, Addiction au tabac et à alcool » sont non significatives pour le modèle 4_régions. Les variables « Accessibilité Alimentaire, Accessibilité Sanitaire, Hygiène, Aléas, Habitation, Revenu, Energie, Niveau d’Etude, Appropriation Evaluative, Addiction au tabac et à alcool » sont non significatives pour le modèle Betsiboka_Sofia. Seuls les variables « Niveau d’étude, Appropriation évaluative et l’Addiction au tabac et à alcool » sont non significatives pour le modèle Anosy_Mania. Pour le modèle Betsiboka_Sofia 10/16 des variables contre 2/16 pour le modèle Anosy_Mania (10/16 contre 2/16) sont non significatives. Notons que la variable « Appropriation évaluative » n’est pas significative pour les trois modèles. Les principaux déterminants des modèles sont les variables « Appropriations et Accessibilités ». Les figures comparatives des coefficients normalisés en annexe XVIII ont corroboré ces résultats. La troisième série de résultat présente la matrice de corrélation qui a déterminé les effets des 16 variables explicatives sur la consommation des services nutritionnels, explicitée dans le tableau 3. La consommation des services nutritionnels est positivement corrélée aux variables « Ménage, Engagement pour le Programme, Appropriation des services, Appropriation Conceptuelle, Appropriation Structurelle, Accessibilité Alimentaire, Accessibilité aux services de santé et la variable Habitation », et inversement lié aux variables « Hygiène, Revenu et la variable Addiction au tabac et l’alcool ». Par contre, les variables « Energie, Niveau d’Education, Appropriation Contractuelle, Aléas et Appropriation Evaluative » ont des effets contrastés selon le modèle.

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Table des matières

INTRODUCTION
1 MATERIELS ET METHODES
1.1 Justification de la zone d’étude
1.2 Confortation des hypothèses
1.3 Démarche de vérification commune aux hypothèses
1.3.1 Etude documentaire
1.3.2 Recours à des questionnaires
1.3.3 Interviews
1.3.4 Observation
1.3.5 Discussions avec les acteurs-clés
1.3.6 Echantillonnage
1.3.7 Traitement des données
1.4 Démarche de vérification spécifique de l’hypothèse 1
1.5 Démarche de vérification spécifique de l’hypothèse 2
1.6 Démarche de vérification spécifique de l’hypothèse 3
1.7 Limites de l’étude
1.8 Chronogramme des activités
2. RESULTATS
2.1 Modélisation de la consommation des services nutritionnels
2.2 Appropriation des stratégies par les groupes cibles
2.3 Appréciation des responsabilités des agents communautaires
3. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
3.1 Discussions
3.1.1 Modélisation de la consommation des services nutritionnels
3.1.1.1 Consommation des services nutritionnels
a) Différenciation entre les groupes sociaux
b) Effet d’imitation ou effet Veblen
3.1.1.2 Déterminants de la consommation des services nutritionnels
a) Variable « Ménage »
b) Variable « Niveau d’étude »
c) Variable ‘’Revenu »
d) Variable « Hygiène »
e) Variable « Habitat »
f) Variable « Energie »
g) Variable « Accessibilité alimentaire »
h) Variable « Accessibilité aux services de santé »
3.1.2 Appropriation des stratégies par les groupes cibles
3.1.2.1 Discrimination des variables d’appropriation
3.1.2.2 Mise en évidence de la correspondance avec la consommation des services nutritionnels
a) Appropriation conceptuelle
b) Appropriation des Services Nutritionnels
c) Appropriation structurelle
d) Appropriation contractuelle
e) Appropriation évaluative
3.1.2.3 Validation et justification des déterminants des différents groupes cible
a) Déterminants individuels de la malnutrition chronique des enfants moins de cinq ans
b) Déterminants familiaux
c) Déterminants environnementaux de la malnutrition
d) Appropriation
3.1.3 Appréciations des responsabilités
3.1.3.1 Variable « Capacité professionnelle »
3.1.3.2 Variable discriminante du modèle 4_régions
3.1.3.3 Variable discriminante « réponse aux situations d’extrême vulnérabilité »
3.1.3.4 Variable « Promotion des changements de comportement positifs (santé, nutrition, hygiène) envers les groupes cibles »
3.1.3.5 Variable « Identité sociale »
3.2 Recommandations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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