Modèle du fonctionnement parental de Belsky

C’est donc à l’intérieur de ce courant écologique que Jay Belsky fait figure de proue en proposant, en 1984, un modèle théorique du fonctionnement parental pour apporter un éclairage sur les influences des pratiques parentales . Se basant sur les recherches disponibles à l’époque en maltraitance, Belsky (1984) identifie trois facteurs qui déterminent la parentalité, soit les ressources psychologiques personnelles des parents (incluant l’histoire développementale, le style parental et la personnalité parentale), les caractéristiques de l’enfant (particulièrement son tempérament) et les sources contextuelles de stress et de soutien social (soit les relations conjugales, le réseau social et le type d’emploi). Le modèle suppose que la parentalité est directement et indirectement influencée par ces trois déterminants. Le présent chapitre passera donc en revue chacun des déterminants du modèle de Belsky, en incluant les données récentes de la recherche.

Caractéristiques du parent 

Les dimensions de la parentalité 

Dans l’élaboration de son modèle, Belsky examine quel type de parent semble promouvoir le développement optimal de l’ enfant. Bien que plusieurs définitions de la parentalité soient proposées à l’époque, deux dimensions sont considérées lors de l’analyse des comportements des parents, soit la sensibilité ou la chaleur (responsiveness) et le contrôle (demandingness). On définit la dimension «sensibilité parentale» (responsiveness) comme étant « la propension du parent à favoriser intentionnellement l’individualité, l’autorégulation et l’ affirmation de soi en étant adapté, soutenant et constant face aux exigences et besoins spéciaux de l’enfant. » [Traduction libre] (Baurnrind, 1991 , p. 62). La dimension « contrôle parental » (demandingness), quant à elle, réfère « aux exigences parentales à l’égard de l’enfant pour l’intégrer à part entière au sein de la famille par l’entremise de demandes de maturité, de surveillance, d’efforts disciplinaires et de dévouement pour lui tenir tête lorsqu’il désobéit. » [Traduction libre] (Baurnrind, 1991, pp. 61-62). Ces dimensions sont associées au développement prosocial et moral chez l’enfant (Barber, Stolz, & Olsen, 2005; Baurnrind, 1991; Maccoby & Martin, 1983). Diana Baurnrind (1967), pionnière dans le domaine des styles parentaux, a donc utilisé ces deux dimensions afin d’identifier et de catégoriser trois styles parentaux qui seront abordés dans la prochaine section.

Style parental 

Afin de décrire la façon dont les parents concilient les besoins de soins et de limites de leurs enfants, Baurnrind (1967) identifie tout d’abord trois styles parentaux: le style démocratique (authoritative), le style autoritaire (authoritarian) et le style permissif (permissive). Le style permissif est ensuite scindé en deux catégories par Maccoby et Martin (1983). Le terme « style permissif» est alors préservé et le « style désengagé» (neglecting, indifferent) fait son apparition (Baurnrind, 1991; Lambourn, Mounts, Steinberg, & Dombusch, 1991; Maccoby & Martin, 1983). La définition et la typologie des différents styles parentaux seront abordées dans les sections subséquentes ainsi que l’impact sur le développement de l’enfant. Finalement, l’influence de l’histoire développementale sera aussi traitée.

Définition. On définit le style parental comme « une constellation d’attitudes envers l’enfant qui lui sont communiquées et qui créent un climat émotionnel à travers lequel les comportements parentaux sont exprimés. » [Traduction libre] (Darling & Steinberg, 1993, p. 493). Il est le reflet des interactioRs dyadiques parentenfant, mais implique aussi des attitudes et des comportements qui ne sont pas émotionnellement liés à la charge parentale, tels que le langage corporel, les expressions faciales, la tonalité de voix, etc. (Darling & Steinberg, 1993) .

Typologie. Comme nous l’avons mentionné précédemment, deux dimensions de la parentalité donnent naissance à quatre styles parentaux distinctifs, selon la présence élevée ou faible de chacune des dimensions dans l’interaction avec l’enfant .

Impact du style parental sur le développement de l’enfant. Chacun des styles parentaux décrits précédemment influence de façon particulière le développement de l’enfant (Bugental & Grusec, 2006; Collins, Maccoby, Steinberg, Hetherington, & Bomstein, 2000).

Ainsi, les attitudes parentales du style démocratique permettent à l’enfant de mieux accepter la discipline et favorisent sa compréhension en ce qui a trait aux étapes pour résoudre des problèmes. L’ enfant se sent en sécurité puisqu’il se sait aimé et encadré par le parent. Cela l’amène à avoir davantage confiance en lui et à manifester une plus grande curiosité en explorant son environnement. Il fait également preuve de plus d’ autocontrôle et ses compétences sociales font de lui un excellent collaborateur. Enfm, ayant développé au maximum ses ressources, il présente la capacité d’obtenir un rendement académique supérieur et de maintenir l’effort nécessaire pour atteindre des objectifs (Cloutier & Renaud, 1990; Olds & Papalia, 2005) .

Les enfants ayant des parents de style autoritaire ont tendance à être plus maussades, plus inhibés, plus retirés et plus méfiants que les autres. L’enfant ne bénéficierait pas de l’espace nécessaire pour apprendre à décider par lui-même et développer son autonomie. Il serait donc possible d’observer des enfants conformistes qui ont peu confiance en eux et qui sont moins enclins à respecter les règles en l’absence de supervision (Cloutier & Renaud, 1990; Olds & Papalia, 2005).

Le style parental permissif, quant à lui, fait en sorte que le potentiel de l’enfant est plus ou moins stimulé. L’enfant n’a pas la chance d’apprendre à intégrer des limites ou respecter des règles, ce qui peut engendrer chez lui des lacunes au niveau de l’autocontrôle. Cette situation tend aussi à le maintenir dans une position d’immaturité et de dépendance face à l’adulte. Il développe peu d’intérêt pour l’exploration et par le fait même, une faible confiance en lui. Au plan scolaire, un manque de constance dans la motivation est particulièrement constaté chez les garçons (Cloutier & Renaud, 1990; Olds & Papalia, 2005).

Finalement, en l’absence de superVISIOn parentale pour les enfants de parents désengagés, les risques d’inadaptation psychosociale au cours de l’enfance sont accrus. D’autre part, l’enfant qui est laissé à lui-même risque de présenter, à l’adolescence, des difficultés liées à la délinquance sexuelle ou sociale (Cloutier & Renaud, 1990; Olds & Papalia, 2005).

L’impact du style parental sur le développement de l’ enfant pourrait aussi s’observer à long terme, dans le cadre d’un examen de l’histoire développementale ou de recherches sur la transmission intergénérationnelle des pratiques parentales.

Histoire développementale. Les pratiques parentales sont influencées par les caractéristiques individuelles des parents, qui sont eux-mêmes le produit de leur propre histoire développementale (Belsky, 1984). En ce sens, la nature et la qualité de la parentalité seraient transmises de façon intergénérationnelle avec des parents qui agissent avec leurs enfants sensiblement de la même façon que leurs propres parents l’ont fait avec eux (Belsky, Conger, & Capaldi, 2009). Cette transmission intergénérationnelle peut s’ expliquer par diverses théories qui ne seront pas explicitées dans cet essai. Citons seulement la théorie de l’ attachement, de l’ apprentissage social ou encore du parcours de vie.

Les études sur la transmission intergénérationnelle de la maltraitance sont à la base de la recherche. Bien que la plupart des études soient rétrospectives, il a été démontré que des pratiques parentales négatives, sévères, hostiles ou un niveau élevé de discorde familiale se transmettent entre les générations, comme une continuité des pratiques. Une étude longitudinale auprès de filles confiées en milieu institutionnel parce que leur milieu familial était trop dysfonctionnel et conflictuel a démontré qu’une fois mères, ces filles étaient plus enclines à démontrer de l’insensibilité face à l’ enfant, à être irritables et à utiliser davantage la fessée comme moyen de discipline (Dowdney, Skuse, Rutter, Quinton, & Mrazek, 1985, cité dans Belsky et al., 2009). Plus récemment, une étude sur des garçons ayant grandi dans un quartier criminalisé d’une ville américaine a identifié que plus les garçons ont expérimenté un faible niveau de supervision parentale combiné à une discipline sévère, plus, comme pères, ils vont utiliser une discipline sévère et incohérente avec leurs enfants (Capaldi, Pears, Patterson, & Owen, 2003) .

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Table des matières

Introduction 
Chapitre 1. L’écologie, plus qu’un modèle 
1.1 Origine du modèle écologique
1.2 Les couches systémiques
1.3 La conception de la pathologie
1.4 Un modèle appliqué
Chapitre 2. Modèle du fonctionnement parental de Belsky 
2.1 Présentation du modèle de Belsky
2.2 Caractéristiques du parent
2.2.1 Les dimensions de la parentalité
2.2.2 Style parental
2.2.2.1 Définition
2.2.2.2 Typologie
2.2.2.3 Impact du style parental sur le développement de l’enfant
2.2.2.4 Histoire développementale
2.2.3 Personnalité
2.2.3.1 Le modèle des Cinq Facteurs (Big Five)
2.2.3.2 Les cinq facteurs et leurs impacts sur la parentalité et le développement de l’enfant
2.3 Caractéristiques de l’enfant
2.3.1 Tempérament: impact sur le comportement du parent et le développement de l’enfant
2.4 Sources contextuelles de stress et de soutien social
2.4.1 Type de stress et de soutien social
2.4.1.1 Relations conjugales
2.4.1.2 Réseau social
2.4.1.3 Travail
2.5 Conclusion
Chapitre 3. Modèle de la socialisation parentale des émotions de l’enfant d’Eisenberg, Cumberland et Spinrad (1998) 
3.1 Présentation du modèle d’Eisenberg, Cumberland et Spinrad (1998)
3.2 La socialisation des émotions de l’ enfant
3.3 Les facteurs influençant les modes de socialisation des émotions (ou les pratiques parentales liées aux émotions)
3.3.1 Caractéristiques de l’ enfant
3.3.1.1 Tempérament de l’enfant
3.3.1.2 Âge / niveau développemental de l’enfant
3.3.1.3 Sexe de l’enfant
3.3.2 Caractéristiques du parent
3.3.2.1 Style parental
3.3.2.2 Personnalité du parent
3.3.2.3 Croyances parentales liées aux émotions
3.3.3 Aspects culturels et contextuels
3.3.4 Les modes de socialisation des émotions (pratiques parentales liées aux émotions)
3.3.4.1 Réaction du parent aux émotions de l’enfant
3.3.4.2 Discussion sur les émotions
3.3.4.3 L’expressivité émotionnelle
3.4 Les effets des pratiques parentales liées aux émotions sur le fonctionnement de l’enfant
3.5 Conclusion
Chapitre 4. Analyse comparative des modèles de Belsky (1984) et d’Eisenberg, Cumberland et Spinrad (1998) 
4.1 Principaux éléments à considérer
4.1 .1 Approche écologique de Bronfenbrenner (1979)
4.1.2 Modèle du fonctionnement parental de Belsky (1984)
4.1.3 Modèle de la socialisation parentale des émotions de l’enfant d’Eisenberg, Cumberland & Spinrad (1998)
4.2 Deux modèles ou un continuum?
4.2.1 Caractéristiques de l’enfant
4.2.2 Caractéristiques du parent.
4.2.3 Contexte
4.3 Quelques critiques
4.3.1 Des modèles complexes
4.3.2 Place des pères dans les études: la généralisation est-elle possible?
4.4 Conclusion
Conclusion

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