Modèle basé sur l’hyponéophagie : test d’alimentation supprimée par la nouveauté

Tests comportementaux utilisés chez le rongeur pour la recherche sur l’anxiété

Les tests éthologiques (= non conditionnés) soulignent les réactions spontanées non apprises /sans lien avec une punition et ne font pas intervenir la douleur ou l’inconfort. Ce groupe de tests inclut le labyrinthe en croix surélevé, la boîte clair/sombre, le champ ouvert et alimentation supprimée par la nouveauté. La prémisse de base de la plupart de ces modèles est l’ensemble des réponses comportementales induites par l’exposition à un nouvel environnement, qui évoque simultanément la peur et la curiosité, créant un conflit de typeapproche-évitement (d’après Campos et al, 2013). En tant que mesure du « comportement de type anxieux », ce type de tests va se rapprocher des conditions naturelles dans lesquelles de tels états émotionnels sont provoqués, étant donné que de nombreux troubles anxieux sont caractérisés par un évitement omniprésent d’un objet ou d’une situation redoutée, ils seront ainsi adaptés pour refléter l’anxiété humaine(d’après Bourin, 2015). Les données peuvent être confondues si l’activité locomotrice est altérée(d’après Duman et al, 2008). Tous peuvent être utilisés pour tester des rats ou des souris et ce n’est souvent que la taille de l’appareil qui diffère selon les espèces (d’après Andrews et al, 2014). Les paradigmes d’évitement-approche exploitent des scénarios dans lesquels les stimuli environnementaux peuvent être perçus comme menaçants (d’après Lezak et al, 2017).
Il existe également des tests conditionnés, qui révèlent des réactions à des événements stressants et souvent douloureux et impliquent en partie la mémoire émotionnelle. Ils ne seront pas étudiés dans cet exposé.

Rongeurs utilisés pour les recherches précliniques

L’utilisation des modèles animaux est bien établie dans l’étude des bases biologiques des troubles psychiatriques, même si des réticences persistent quant à la preuve que ce qui se passe dans le cerveau de l’animal est bien équivalent à ce qui se passe dans le cerveau d’un humain (d’après Bourin, 2015). Les souris et les rats appartiennent à la sous-famille Murinaea et sont parfois appelés modèles murins (d’après Hanell et Marklund, 2014). Le rat est traditionnellement l’espèce de choix pour les maladies mentales, en partie parce que les rats réussissent bien dans bon nombre de tâches cognitives qui sont des piliers de la pharmacologie comportementale moderne (d’après Cryan et al, 2005 ; Campos et al, 2013).
Les rats sont très sensibles aux manipulations (d’après Andrews et File 1993b). On observe une explosion de l’utilisation des souris depuis le développement du ciblage génique, auquelles souris sont particulièrement sensibles, plus que les rats. Les souris offrent de meilleures possibilités génétiques que les rats, notamment parce qu’elles se reproduisent p lus rapidement et que les techniques de recombinaison homologue sont standard pour la souris. Les souris ont l’avantage pratique et économique d’être faciles à élever et à héberger en grand nombre. Cependant les souris ne sont pas de petits rats et il convient de noter que les tests sur les rats se sont traduits chez la souris avec un succès variable (d’après Cryan et al, 2005 et Bourin, 2015). A l’origine, plus un animal est anxieux, plus il défèque et moins il se déplace, mais il n’y apas de consensus à ce sujet (d’après Ramos et al, 2008).
Les rongeurs présentent un fort penchant pour la course volontaire, quiactive les voies de récompense du cerveau et est utilisé comme modèle pour étudier les mécanismes sous – jacents des bienfaits de l’exercice chez l’homme. La course sur roue et, dans une moindre mesure, la course sur tapis roulant ont été les modèles les plus couramment utilisés jusqu’à présent. Ceci est expliqué par la capacité à modéliser l’exercice volontaire par la course sur roue (d’après Dubreucq et al, 2011). Les souris sont des animaux nocturnes, elles dorment pendant la phase lumineuse du cycle et courent donc la nuit.
La souche de souris C57BL/6 a tendance à être résistante au stress et la souche BALB/c a tendance à être sensible au stress (d’après Cryan et al, 2005 et Lezak et al, 2017).
Les souris sont des animaux sociaux en hébergement collectif (d‘après Bailey et Crawley, 2009). Selon le principe 13 du Conseil Canadien de Protection des Animaux, les souris devraient être hébergées en groupe lors des expérimentations. En effet, l’isolement social a une incidence sur divers paramètres liés au stress, ce qui peut également influer sur les données expérimentales. L’hébergement individuel est permis sur justification scientifique, mais il est particulièrement important que les cages contiennent du matériel d’enrichissement en quantité suffisante (d’après les lignes directrices du CCPA concernant les souris). Les mêmes règles s’appliquent pour les rats, l’hébergement individuel, s’il est nécessaire, devant être le plus court possible (d’après les lignes directrices du CCPA concernant les rats).
On note une plus grande acceptation par le grand public de l’utilisation de rongeurs dans la recherche médicale, plutôt que des animaux de compagnie tels que le chatou le chien par exemple (d’après Hanell et Marklund, 2014).

Validité des modèles murins

L’anxiété et la peur produisent des réponses comportementales similaires, notamment une vigilance accrue, un « freezing » et/ou une hypoactivité, une fréquence cardiaque élevée et une consommation alimentaire supprimée. Les comportements « de type anxieux » – ainsi appelés parce qu’ils ressemblent à des comportements d’anxiété chez les humains, bien que chez les rongeurs, ils pourraient en réalité représenter tout autre chose – sont définis comme ceux provoqués par des stimuli aversifs qui sont diffus, imprévisibles, distaux ou de longue durée (d’après Lezak et al, 2017). Attention à ne pas anthropomorphiser les comportements supposés liés aux émotions chez la souris. Il va sans dire que les souris ne sont pas simplement des versions miniatures des êtres humains. Etant donné les différences considérables dans l’anatomie du cerveau entre les humains et les souris, en particulier le cortex cérébral humain très élaboré et la capacité qui en résulte pour traiter des concepts psychologiques complexes, certains aspects de la symptomatologie de la maladie sont impossibles à modéliser chez la souris (d’après Cryan et al, 2005 et Lezak et al, 2017).
Néanmoins, le cortex cérébral ne fonctionne pas de manière isolée, il est intimement interconnecté avec des structures sous-corticales qui sont bien conservées chezles espèces de mammifères. Le cerveau des vertébrés a une organisation structurelle commune, constitué des hémisphères cérébraux, du diencéphale, du mésencéphale, du cervelet, du pont et de la moelle. Parmi les mammifères, les structures neuronales au sein de ces divisions et les circuits qui les interconnectent présentent des similitudes marquées. De plus, il existe de nombreuses réponses physiologiques et comportementales fondamentales qui ont été conservées au cours de l’évolution entre les espèces. En toute logique, nous pouvons étudier ces réponses pour élucider les comportements, les circuits neuronaux et les facteurs génétiques qui les sous-tendent comme un moyen d’utiliser des espèces animales pour comprendre le comportement humain et la maladie. Partant de cette prémisse, les chercheurs ont proposé des critères spécifiques pour évaluer si une procédure expérimentale chez un animal a une validité en tant que modèle d’une maladie psychiatrique. McKinney et Bunney suggèrent que les exigences minimales pour un modèle animal valide sont qu’il: soit « raisonnablement analogue » au trouble humain dans ses manifestations ou sa symptomatologie ; provoque un changement de comportement qui peut être surveillé objectivement ; produit des changements de comportement qui sont corrigés par les mêmes modalités de traitement qui sont efficaces chez l’homme; et est reproductible entre les enquêteurs. Ces principes fournissent un guide précieux pour modéliser les troubles anxieux chez la souris (d’après Cryan et al, 2005). En général, un modèle animal doit répondre à des critères de validité apparente et de validité de construit afin d’être un bon modèle de trouble humain, c’est-à-dire refléter les similitudes phénoménologiques entre les pathologies animales et humaines et partager une logique neurobiologique derrière la pathologie en question (d’après Kalueff et Tuohimaa, 2005).
– Validité prédictive : capacité d’un modèle à faire des prédictions précises sur le phénomène humain d’intérêt.
– Validité de construit : précision avec laquelle un test évalue la variable qu’il est censé mesurer.
– Validité pharmacologique : isomorphisme pharmacologique
Les tests comportementaux effectués chez les rongeurs n’ont souvent pas de corrélats directs chez l’homme, ce qui limite potentiellement la valeur translationnelle. Cependant, les approches émergentes reflètent des tentatives pour surmonter ces limitations. Bien que des tentatives aient été faites pour relier des modèles animaux à des classes de troubles anxieux, la correspondance entre les résultats cliniques et expérimentaux reste une question ouverte (d’après Bourin, 2015). Cryan et al ont proposé un tableau pour modéliser chez la souris chaque symptôme des troubles anxieux.
Compte tenu de ses atouts uniques en tant que système expérimental pour l’étude de la génétique, de la neurobiologie et du comportement, les modèles murins sont essentiels pour relever ce défi (d’après Cryan et al, 2005). Malheureusement, il n’existe pas de test comportemental parfait et le plus adapté doit être choisi en fonction des objectifs du projet.

Champ ouvert

Ce test permet d’apprécier l’activité exploratoire et locomotrice en mesurant la distance parcourue par exemple, pour éviter tout biais lié à la motricité de l’animal dans un espace clos. Il permet également d’évaluer son niveau d’anxiété. En effet, les rongeurs explorent généralement une nouvelle arène en restant près des parois, en périphérie, évitant ainsi l’espace central ouvert (= thigmotactisme). L’augmentation du temps passé au centre de l’arène est interprétée comme une diminution de l’anxiété.Pour évaluer le comportement anxieux, on peut également surveiller le comportement d’évaluation des risques comprenant l’étirement où les pieds restent fixés au sol mais le cou est allongé vers la zone aversive, ou l’activité d’élevage où l’animal se tient debout sur ses pattes arrière. Une arène circulaire favoriserait plus l’exploration qu’une arène carrée ou rectangulaire (d’après
Andrews et al, 2014). Il a été suggéré que deux facteurs influencent le comportement de type anxieux en plein champ. Le premier est l’isolement social résultant de la séparation physique des compagnons de cage lors de la réalisation du test. Le second est le stress créé par le nouvel environnement de test éclairé et non protégé (d’après Bailey et Crawley, 2009). On peut faire varier le niveau de stress de plusieurs façons : en modifiant l’intensité lumineuse, la couleur (le blanc est plus stres sant que le noir), ou la taille de l’arène. Il n’est pas recommandé de ré-exposer un même animal à l’arène, car l’accoutumance risque de biaiser les résultats.

Labyrinthe en croix surélevée

Le labyrinthe en croix surélevée est un test validé scientifiquement et couramment utilisé pour évaluer les effets anxiolytiques des agents pharmacologiques et les hormones stéroïdes chez les rongeurs. C’est également un modèle d’anxiété inconditionné. Cette épreuve évalue le degré d’anxiété d’un animal selon son aversion spontanée pour le vide ; en effet le test crée un conflit approche-évitement entre l’envie naturelle d’explorer du rongeur et sa peur des espaces ouverts (qui l’exposent à des prédateurs potentiels). Le labyrinthe est une croix peinte en noir et placée à environ 60 cm du sol. Il est constitué de quatre bras s’opposant deux à deux, dont deux bras ouverts et deux bras fermés par des cloisons verticales. L’animal est placé au centre de la croix, face à un bras ouvert. Le test dure 5 minutes (réponses d’évitement les plus robustes). L’anxiété est mesurée par le temps que passe l’animal à explorer les bras ouverts, ainsi que les entrées dans les bras ouverts ou fermés. On peut conclure que plus un animal est anxieux, moins il entrera et il passera de temps dans les corridors ouverts. Il permet une appréciation de l’activité locomotrice : notamment en comptabilisant le nombre d’entrées dans les bras fermés, qui semblent plus adaptés que le nombre total d’entrées (d’après Walf et Frye, 2007). En cas d’anxiolyse, on peut observer une réduction de l’évaluation du risque (mesure secondaire), notamment la fréquence et/ou la durée des plongeons de tête (mouvement de la tête des rongeurs vers le sol à partir des bras ouverts) (d’après Walf et Frye, 2007 et Andrews et al, 2014). Dans la zone centrale, il y a beaucoup de comportements d’évaluation des risques, le plus souvent onretrouve l’animal qui reste dans le bras fermé mais qui allonge son corps pour lui permettre de voir et de renifler l’entrée d’une zone ouverte sans s’engager pleinement dans l’exploration de la zone.
De nombreuses variations de ce modèle existent, dont la présence parfois d’un très fin rebord (0,25-0,5 cm) pour limiter les chutes hors du labyrinthe. Les parois des bras fermés peuvent être transparentes, opaques ou sombres (d’après Andrews et al, 2014 ; Bailey et Crawley, 2009).

Boîte clair/sombre

Au cours d’une session de 5 minutes, les animaux sont autorisés à explorer librement un nouvel environnement composé de deux compartiments différents : l’un protégé noir (sombre) et l’autre non protégé blanc (clair, plus grand que le précédent). Les 2 zones sont reliées par un passage. Les rongeurs sont placés initialement dans le compartiment clair. Les rongeurs ont une aversion naturelle pour les zones très éclairées et les grands espaces, en dualité avec un comportement exploratoire spontané. En effet, moins un animal est anxieux, plus il y aura de transitions entre les compartiments, sans modification de la locomotion spontanée (c’est le cas avec les benzodiazépines). Il pourra passer également plus de temps à explorer le compartiment lumineux (modification du temps passé dans la zone sans modification de la distance parcourue), mais il n’y a pas de consensus sur ce point, car les anxiolytiques ne semblent pas modifier la préférence naturelle des souris à passer plus de temps dans le compartiment sombre. Il a été rapporté que les transitions sont un indice d’activité-exploration en raison de l’accoutumance au fil du temps, et le temps passé dans chaque compartiment est le reflet de l’aversion(d’après Bourin et Hascoët, 2003 ; Campos et al, 2013 ; Bailey et Crawley, 2009). Lors de l’anxiolyse, il y a une réduction de l’évaluation du risque (secondaire) : étirements se produisant à l’ouverture entre la zone sombre et la zone claire (d’après Andrews et al, 2014). Les 5 principaux paramètres pour évaluer le profil anxiolytique du traitement sont : le temps de latence du premier passage ducompartiment clair au compartiment sombre, le nombre de transitions entre les deux compartiments, le mouvement dans chaque compartiment et le temps passé dans chaque compartiment (d’après Bourin, 2015). La différence de luminosité entre les 2 compartiments est primordiale.
Parmi les critères pouvant faire varier les résultats, on retrouve la souche animale, le type et la gravité des facteurs de stress externes (conditions de logement, procédure de manipulation pendant le test, la présence d’un observateur humain), des modifications de l’activité locomotrice, l’inversion du cycle circadien (impacte le comportement exploratoire), la répétition du test. Il existe une importance particulière de l’âge, du poids et de la maturation neuronale de l’animal.Des problèmes de méthodologie sont également mis en évidence dans la mesure où l’augmentation du poids et de l’âge doit être prise en compte dans les études chroniques ou les études d’administration répétée où les animaux sont conservés pendant plusieurs semaines. Un dépistage préliminaire de l’activité (comme un test en champ libre) semble être nécessaire et suffisant pour éliminer les résultats faussement positifs. La caractéristique la plus importante étant le différentiel entre les 2 côtés : la zone claire doit être suffisamment aversive. Ce test a l’avantage d’être rapide et simple d’utilisation, sans nécessiter un dressage préalable des animaux (d’après Bourin et Hascoët, 2003). Le test a été développé avec des souris mâles. Les souches C57Bl/6J et SWNIH semblent être les souches de choix pour ce test, mais il n’y a pas de consensus.
L’évaluation des risques comprend une posture d’étirement dans laquelle la tête et les pattes avant s’étendent dans la zone éclairée mais le reste du corps reste dans le compartiment sombre. Ce test s’est avéré très sensible aux effets anxiolytiques des benzodiazépines (d’après Bailey et Crawley, 2009). Contrairement au labyrinthe, certaines expériences de tests antérieures avec ce test ou d’autres tests comportementaux ne semblent pas altérer les performances comportementales (d’aprèsBailey et Crawley, 2009).

Interaction sociale

L’étude de File et Hyde(1978) est à l’origine de ce test. Des paires de rongeurs (rat ou souris) sont autorisées à interagir librement pendant 10 minutes dans une arène pendant que le temps consacré à l’interaction sociale est enregistré. Le comportement social actif comprend le suivi, le reniflement, le fait de ramper, de marcher et l’escalade sur ou sous l’autre souris.
Les comportements sexuels sont normalement peu fréquents. Un comportement de type anxiolytique est soutenu par une augmentation du temps d’interaction sociale tandis que l’activité motrice générale n’est pas affectée. Ce temps d’interaction pour chacun des rongeurs du couple est directement impacté par le comportement de l’animal partenaire.
Par conséquent, la paire compte comme une unité aux fins de la collecte de données. La manipulation des conditions environnementales permet au chercheur d’induire diffé rentsniveaux d’anxiété chez le sujet testé: l’arène peut être familière ou nouvelle et les niveaux d’éclairage peuvent varier de brillant à faible. Certaines manipulations environnementales ont une importance différente pour les comportements sociaux de chaque sexe : les rats femelles ne passent pas plus de temps en interaction sociale malgré un environnement plus familier. Il est plus approprié, pour ce test, d’utiliser des souris ou des rats mâles. Il convient de noter que les effets démontrés chez les souris sont moins constants que ceux présentés chez les rats : la familiarité de l’arène de test ne fournit pas de changements cohérents du niveau d’anxiété chez les souris. Les souris sensiblement agressives, dominantes et hébergées en groupe ne doivent pas être utilisées, car cela pourrait avoir un impact significatif sur la sociabilité de la souris isolée. Il a été démontré que l’hébergement individuel des souris augmente l’investigation sociale.Ce test élimine le besoin d’introduire des conditions aversives ou d‘appétit(d’aprèsCampos et al, 2013 ; Bailey et Crawley, 2009).
Une alternative à cette méthode consiste à noter des catégories de comportement pour chaque groupe de traitement, notamment agressif (attaque, troubles agressifs), craintif (posture de vigilance, activité d’évasion et de défense), social (suivi, reniflement social, escalade excessive) et locomotion (élevage, marche pendant l’investigation en cage) et rapporter le nombre moyen d’événements dans chaque catégorie (d’après Bailey et Crawley, 2009).
File et Hyde (1978) recommandent de ne pas inclure le contact passif. Les animaux ne doivent être testés qu’1 seule fois. L’activité motrice est testée dans une boîte d’activité. Des objets ont été accrochés aux parois de la boîte et l’exploration était mesurée par le temps passé à renifler et à manipuler des objets. L’anosmie a réduit le niveau d’exploration des objets. Les comportements les plus présents sont le reniflement et le suivi. L’exploration diminuait de la même manière que l’interaction sociale en cas d’anxiété accrue, mais elle était moins sensible aux manipulations expérimentales. L’effet du chlordiazépoxide sur l’exploration a été beaucoup moins marqué que celui sur l’interaction sociale, suggérant que cette dernière est plus sensible aux effets anxiolytiques. La chlordiazépoxide est surtout sédatif en aigu, moins sédatif et essentiellement anxiolytique en chronique (d’après File et Hyde, 1978).

Modèle basé sur l’hyponéophagie : test d’alimentation supprimée par la nouveauté

Les animaux sont exposés à une boîte transparente constituée d’un sol recouvert de sciure de bois, d’une plate-forme centrale contenant une seule pastille de nourriture et d’un éclairage focalisé. La latence pour que l’animal atteigne le centre de la boîte et initie la prise de nourriture dans un nouvel environnement (= anxiogène) est mesurée, étantdirectement corrélée avec les niveaux d’anxiété(d‘après Campos et al, 2013). Les animaux peuvent être privés de nourriture pendant les 24h avant le test ou bien au contraire, rassasiés et habitués à un aliment très apprécié, qui est ensuite présenté pendant le test. Cependant, dans un nouvel environnement, il y a un conflit entre le désir de la nourriture agréable au goût et la peur du nouvel environnement. Dulawa et al (2005) proposent d’ajouter la mesure de la quantité totale de nourriture consommée, qui est un paramètre sensible et fiable. Les 2 mesures sont indissociables. Il est recommandé d’évaluer l’alimentation toutes les 5 min sur une période de 30 min.
Certain paramètres peuvent faire varier les résultats, notamment tous les facteurs entraînant un changement dans l’alimentation de l’animal, dont la modification du métabolisme et de la récompense alimentaire (système cortico-limbique). Ce test est également sensible aux expériences de stress antérieures.
Ce paradigme a pour avantage d’être simple, facile à utiliser et rentable. Il est pertinent et fiable, ne nécessite pas de procédure de formation complexe et n’estpas perturbé par des stimuli douloureux. Le paradigme de l’hyponéophagie présente une validité prédictive de l’évolution dans le temps des effets anxiolytiques des benzodiazépines. Il est sensible aux effets d’un traitement antidépresseur chronique, mais pas aigu ou subchronique (d’après
Dulawa et al, 2005). On ne sait pas si l’hyponéophagie n’évalue pas aussi des éléments liés à la dépression. Ce test est réalisé dans un nouvel environnement, mais les mêmes éléments doivent également être évalués dans un environnement familier pour contrôler les effets de la variable sur l’appétit, bien que de nombreuses études n’aient pas inclus ce contrôle (il permet de différencier les effets des traitements sur l’anxiété de ceux de l’appétit). Des données suffisantes existent pour démontrer que des doses faibles de benzodiazépines réduisent clairement l’hyponéophagie, sans altérer l’appétit. Il existe peut-être une différence entre les sexes, cette donnée reste à évaluer. L’utilisation de litière fraîche ou d’absence de litière dans la nouvelle cage entraîne des niveaux d’anxiété similaires.
L’hypophagie induite par la nouveauté commence par l’habituation à du lait concentré sucré. Les animaux sont ensuite testés dans leur cage d’accueil et dans une nouvelle cage, avec une mesure de la latence pour s’alimenter et de la quantité consommée. Ce procédé garantit que les effets observés dans le nouvel environnement reflètent l’anxiété. Les animaux ne sont pas soumis à une privation de nourriture qui est stressante pour eux et peut produire des niveaux de faim variables. Les inconvénients du test sont la nécessité de loger individuellement les animaux pendant plusieurs jours et de les entraîner à consommer un aliment agréable au goût. Nous avons ici un outil pour explorer les effets neurobiologiques des traitements chroniques (dont augmentation du BDNF et de la neurogenèse hippocampique).

Comportement d’enfouissement de billes (« marble burying »)

Chez les rongeurs, l’enfouissement des objetsest un mécanisme de défense naturel qui se produit en cas d’anxiété (d’après Himanshu, 2020). Lorsqu’ils rencontrent des objets étrangers potentiellement dangereux, ils commencent à montrer un comportement spécifique tel que creuser, élever, enterrer, se toiletter et amasser. Ainsi, quand on place de nouvelles billes dans leur cage, les souris vont les enterrer avec de la litière. Les anxiolytiques atténuent ce comportement. On peut donc déduire que ce comportement est motivé, en partie du moins, par l’anxiété. Ainsi, on peut mesurer l’anxiété par la quantification de ce comportement, avec le nombre de billes enterrées : plus il y en a, plus l’animal est anxieux.

Test de Suok

Le test de Suok permet une évaluation à la fois de l’anxiété et de l’activité chez les souris et les rats. Pour les souris, une tige horizontale élevée est séparée en secteurs de 10 cm directement dessinés sur la tige et fixée à deux parois latérales en plexiglas. Pour les rats, une allée remplace la tige horizontale. En effet, on retrouve une similarité de l’exploration de la nouveauté chez la souris et le rat, le test sera donc adapté aux 2 types de rongeurs. Ce test évoque la peur de la nouveauté, de la hauteur, des espaces ouverts et de l’instabilité, et permet un profilage simultané de l’anxiété, des fonctions motrices et de l’équilibre. De plus, il cible les déficits sensorimoteurs provoqués par l’anxiété (d’après Kalueff et al, 2005 et 2007).

Effets de l’exercice sur l’anxiété chez les rongeurs

Stratégie de recherche documentaire

La recherche a été menée avec PubMed en utilisant les termes MESH « exercise », « anxiety » et « mice » dans tous les champs : 840 résultats. On se limite aux résultats entre 2010 et 2021 rédigés en anglais ou en français : 549 résultats. Les critères d’inclusion sont les suivants : études concernant l’anxiété /le stress et qui utilisent les tests suivants : labyrinthe en croix surélevée ou circulaire, espace ouvert, compartiment clair/obscur, enfouissement des billes et interaction sociale. J’ai passé au crible les références bibliographiques des études incluses/revues systématiques pertinentes, pour en extraire des articles supplémentaires. Les études évaluant l’anxiété sans exercice physique préalable n’ont pas été incluses (seule exception, l’étude de Zhu etal, 2010). Les études avec un exercice forcé (ex : course sur tapis roulant) n’ont pas été incluses, car il est difficile de mettre en parallèle les résultats après un exercice volontaire ou un exercice forcé. De plus, si l’on transpose aux bénéfices psychologiques chez l’homme, une démarche volontaire avec un patient convaincu des bienfaits de l’exercice qu’il entreprend lui rendra la tâche plus agréable, ce qui impacte le bien-être psychologique. D’après Robinson et al (2018), l’exercice forcé est un facteur stressant et est considéré comme plus stressant que la course volontaire sur roue.
Un exercice volontaire permet à l’individu de choisir à quel moment il court et quelle quantité de course il souhaite. Les études intégrant le recours, simultané à l’exercice, à des substances pharmacologiques ou à un régime alimentaire particulier ont été écartées. En effet, il sera plus difficile lors de ces études d’isoler les résultats relevant uniquement du fait de l’exercice. Les articles comprenant d’autres pathologies associées ont été exclus. Ces études ont été écartées après lecture de leur titre et/ou de leur résumé. Les textes intégraux de 23 études ont été étudiés. J’ai réalisé un tableau d’extraction des données pour que la comparaison des données des articles soit plus aisée.

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Table des matières
Table des abréviations 
Liste des tableaux 
Liste des figures 
Introduction 
Définition des troubles anxieux
Epidémiologie 
Traitements 
Bases neurobiologiques
1. Bénéfices de l’exercice sur l’anxiété chez l’homme
2. Tests comportementaux utilisés chez le rongeur pour la recherche sur l’anxiété
2.1. Rongeurs utilisés pour les recherches précliniques
2.2. Validité des modèles murins
2.3. Champ ouvert
2.4. Labyrinthe en croix surélevée
2.5. Boîte clair/sombre
2.6. Interaction sociale
2.7. Modèle basé sur l’hyponéophagie : test d’alimentation supprimée par la nouveauté
2.8. Comportement d’enfouissement de billes (« marble burying »)
2.9. Test de Suok
2.10. Facteurs de variabilité des résultats
2.11. Nécessité de faire plusieurs tests ?
3. Effets de l’exercice sur l’anxiété chez les rongeurs
3.1. Stratégie de recherche documentaire
3.2. Résultats
4. Hypothèse neurobiologiques 
4.1. Corticostérone
4.2. Neurogenèse au sein du lobe limbique (hippocampe et gyrus denté) et facteurs neurotrophique
Caractère anxiogène de l’exercice volontaire en lien avec la neurogenèse hippocampique
Effet de l’arrêt de l’activité physique
4.3. Endocannabinoïdes
4.4. Impact émotionnel des conditions de logement
4.5. Autres études
Discussion 
Limites de la revue
Conclusions neurobiologiques
Conclusion 
Bibliographie

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