Mode de vie à l’adolescence
Revue bibliographique
Adolescence, puberté, croissance
Adolescence
Le mot adolescence vient du latin « Adulescens » qui veut dire « qui croit, qui grandit » par opposition à « Adultus » qui veut dire « a fini de grandir ». L’adolescence est une phase de croissance et de développement, assurant la transition entre l’enfance et l’âge adulte, cette période est une étape clé du développement, caractérisée par des changements sur le plan physique, sexuel, psychologique, émotionnel, cognitif et social. Ainsi, l’adolescence se caractérise par des transformations progressives qui marquent un processus transitoire, conduisant de l’immaturité-dépendance à la maturité-indépendance (Sawyer et al., 2018 ; Steinberg, 2014 ; Greenfield et al., 2003). L’adolescence a longtemps, été considérée comme la période qui s’étendait de l’âge de 10-19 ans (WHO, 2015), mais cet âge a été revu et rallongé de 10 à 24 ans, par rapport à plusieurs facteurs qui ont changé dans la société actuelle, tels qu’une puberté de plus en plus précoce, un mariage de plus en plus tardif, des parents de plus en plus assistants, des études de plus en plus longues,….(Sawyer et al., 2018). Le sentiment de séparation émotionnelle, voire physique, par rapport aux parents, naît également, pendant cette période. Certains spécialistes pensent que les difficultés liées à la période de l’adolescence, sont souvent exagérées et que ce processus de maturation est paisible et serein pour le plus grand nombre (Schneider et al., 2013). D’autres soulignent, au contraire, que l’adolescence correspond à une période de développement intense et souvent éprouvante, caractérisée par des comportements spécifiques. S’agissant d’une étape nécessaire à l’établissement des valeurs personnelles, cette transition vers l’autonomie contraint de
nombreux adolescents à toute une série d’ajustements comportementaux, de frustrations (Bahreynian et al., 2015). Ayant un statut ambigu entre l’enfance et l’âge adulte, les adolescents jouent, rarement, des rôles clairs dans les sociétés contemporaines et les réponses qu’ils apportent à cette difficulté d’être, avec ou sans l’aide et l’appui de leur entourage, détermine en partie leur vie d’adulte (Csikszentmihalyi, 2016). Par ailleurs, le respect de soi et le développement psycho-social de l’individu sont affectés par l’image du corps et font partie de sa personnalité. Plusieurs études ont indiqué que les adolescents sont un groupe cible vulnérable dans l’insatisfaction du corps, par rapport aux changements physiques et psychologiques durant cette période de la vie (Schneider et al., 2013 ; Smolak, 2004). Cependant, l’estime de soi est, avant tout, descriptive et est principalement affective. En bref, c’est un jugement personnel de mérite qui s’exprime dans les attitudes que l’individu véhicule aux autres par des communications verbales et non verbales et par des comportements expressifs. Elle exprime des attitudes d’approbation ou de désapprobation et indique le degré selon lequel l’individu se croit lui-même capable, important, en pleine réussite et digne. On peut la considérer aussi comme un jugement positif ou négatif que le sujet porte sur ses capacités, ses qualités et ses résultats dans différents domaines où il exerce ses compétences et elle serait l’évaluation personnelle entre le soi idéal et l’image de soi (Curtis, 2015 ; Cromley et al., 2012). La perception du corps joue un rôle important dans la construction de l’estime de soi et, particulièrement, chez les adolescents. Une perception positive du corps, chez l’adolescent, participe à son bien-être, tout autant qu’elle facilite ses rapports avec autrui. L’apparence physique aurait donc la plus forte contribution à l’estime de soi. Le secret de l’estime de soi c’est d’apprendre à s’accepter et à approuver un sentiment de compétence (Ren et al., 2018 ; Weinberg & Gould, 1997).
Le changement le plus important pendant l’adolescence est la métamorphose physique qui marque une transformation visible entre l’enfant et l’adulte. Le développement du physique de l’adolescent et la maturation sexuelle commencent et se poursuivent selon une variabilité significative influencée par plusieurs facteurs, dont le sexe, la race, l’indice de masse corporelle, l’environnement et la santé générale (Stienberg, 2014; Styne, 2004). D’ailleurs, les adolescents, qui sont conscients et préparés aux changements liés à leur corps, pendant cette période, sont mieux protégés des facteurs comportementaux et psychologiques négatifs liés à un surpoids (Cromley et al., 2012).
Puberté
La puberté provoque, chez l’enfant, de très grands bouleversements corporels, dont la croissance rapide et le développement des caractères sexuels. L’adolescent doit, véritablement, à ce stade, apprivoiser un nouveau corps et entamer son devenir d’adulte dans sa structure familiale (Shin et al., 2015). Le développement de la puberté est un phénomène complexe et multifactoriel qui aboutit, après le développement des gonades et des caractères sexuels secondaires, à la capacité de reproduction. Elle correspond à un programme précis, somme d’influences inhibitrices et activatrices, soumis à un ensemble de pressions intrinsèques (génétiques, hypothalamiques, ou métaboliques) et extrinsèques (environnementales, nutritionnelles). Cette complexité se traduit par une grande variabilité de l’âge du développement pubertaire, selon l’époque, le pays ou l’état de santé de l’individu (Thébaut et al., 2013). La puberté est une période dynamique du développement, marquée par les changements rapides de la taille, de la forme et de la composition du corps, qui sont sexuellement dimorphes (Ren et al., 2018 ; Rogol et al., 2002). En moyenne, les filles débutent et terminent leur puberté plus rapidement que les garçons. La durée de la puberté est variable mais elle reste plus courte chez la fille (Silventoinen et al., 2008).
L’examen clinique de Tanner (Tableau I) est considéré comme la mesure de référence pour évaluer le statut pubertal des adolescents (Schmitz et al., 2004). Cet examen est basé sur cinq étapes, définies séparément pour les filles et les garçons et déterminés par la croissance des poils et des organes génitaux (Baird et al., 2017).
Puberté chez la fill
La première manifestation de la puberté, chez la fille, est le développement des seins, à partir de 10,5-11 ans. Ce développement est considéré comme physiologique, entre 8 et 13 ans. La pilosité pubienne débute, le plus souvent, quelques mois après (Tableau I). Elle peut parfois précéder le développement mammaire, la vulve se modifie, les règles apparaissent vers 13 ans, deux à deux ans et demi après l’apparition des premiers signes pubertaires (Coelho-eSilva et al., 2013 ; Malina et al., 2004 ; Tanner, 1962). Développement mammaire S1 Absence de développement mammaire S2 Petit bourgeon mammaire avec élargissement de l’aréole S3 Glande mammaire dépassant la surface de l’aréole S4 Développement maximal du sein (apparition d’un sillon sous-mammaire) Saillie de l’aréole et du mamelon sur la glande S5 Aspect adulte Disparition de la saillie de l’aréole Pilosité pubienne (garçon et fille) P1 Absence de pilosité P2 Quelques poils longs sur le pubis P3 Pilosité pubienne au-dessus de la symphyse P4 Pilosité pubienne fournie P5 La pilosité s’étend à la racine de la cuisse et s’allonge vers l’ombilic chez le garçon Développement des organes génitaux externes du garçon G1 Testicules et verge infantiles G2 Augmentation du volume testiculaire de 4 à 6 mL G3 Augmentation du volume testiculaire de 6 à 12 mL et de la taille de la verge G4 Augmentation du volume testiculaire de 12 à 16 mL et de la taille de la verge G5 Morphologie adulte
Puberté chez le garçon
Le premier signe de puberté, chez le garçon, est l’augmentation du volume testiculaire vers l’âge de 11,5 ans. Cette puberté est physiologique entre 9,5 et 14 ans. Le volume testiculaire, déterminé par l’orchidomètre de Prader devient > 4 mL ou, si on mesure la plus grande longueur, celle-ci atteint ou dépasse 2,5 cm (Tableau I). La pilosité pubienne apparaît, en moyenne, 6 mois après le début du développement testiculaire. L’augmentation de la taille de la verge débute vers l’âge de 12,5 ans. La pilosité faciale est encore plus tardive, de même que la pilosité corporelle, inconstante et variable et la modification de la voix (Coelho-e-Silva et al., 2013 ; Sherar et al., 2004 ; Tanner, 1962).
Croissance
L’étude de la croissance est une science précise, analysée, aussi bien, par des biologistes que par des mathématiciens. Elle utilise une sémantique rigoureuse. Le terme croissance se distingue du développement et de la maturation. La croissance est analysable en terme d’agrandissement (taille, poids). Le développement est le processus de transformations quantitatives ou qualitatives qui partent d’un état immature indifférencié pour atteindre l’état mature hautement spécialisé. La maturation est l’ensemble des changements survenant depuis la conception jusqu’à l’âge adulte, âge auquel la maturité est atteinte. Il peut s’agir de données d’évidence (apparition des caractères sexuels secondaires, stade de la marche) ou le résultat d’explorations cliniques, radiologiques, biologiques ou psychologiques (Rolland-Cachera, 2004). Lors de la puberté, la masse grasse augmente de 13% chez les filles et diminue de 4% chez les garçons. Chez le jeune adulte, elle représente 20 à 25% du poids corporel, chez les femmes et 15 à 20%, chez les hommes. La croissance de la masse grasse, à l’adolescence, est accrue par un rebond d’adiposité précoce (avant 6 ans) ou intense. La masse grasse peut représenter plus de la moitié de la masse totale dans les obésités sévères (Loomba-Albrecht, 2009 ; Dao et al., 2004 ; Rolland-Cachera, 1991).
Taille
Au moment de la puberté, la taille augmente globalement dans les deux sexes, d’environ 20 à 25 cm : il s’agit du gain statural pubertaire (Andre & Kalifa, 1995). La puberté se développe sous l’impulsion des stéroïdes sexuels et se manifeste par le développement des caractères sexuels secondaires, associé au pic de croissance pubertaire. Chez la fille, l’accélération de la vitesse de croissance est associée ou précède les premiers signes pubertaires. La vitesse de croissance atteint 8 cm/an, la 2 èmeannée puis décroît ; le gain statural pubertaire moyen est de 20 à 25 cm (environ 12% de la taille adulte). Après les premières règles, la fille grandit en moyenne de 7 cm et la taille adulte est atteinte 4 ans après le début de la puberté. Chez le garçon, il existe souvent un ralentissement prépubertaire de la vitesse de croissance puis une accélération après le démarrage pubertaire. La vitesse de croissance atteint 9cm/an, la 2 ème année puis décroît; le gain statural pubertaire moyen est de 25 à 30 cm (environ 14% de la taille adulte) et la taille adulte est atteinte 5 ans après le début de la puberté (Edouard & Tauber, 2012). Par ailleurs, la fin de la croissance est caractérisée par une vitesse de croissance inférieure à 2 cm/an et un âge osseux supérieur à 15 ans, chez la fille et à 16 ans, chez le garçon. Le pic de croissance plus tardif et plus ample, chez le garçon, explique une différence de taille adulte de 13 cm par rapport aux filles. Selon des données de 2004, sur des enfants nés en 1985, la taille moyenne est de 163,8 cm chez la fille et 177,7 cm chez le garçon, ce qui traduit l’accroissement séculaire de la taille (Edouard &Tauber, 2012).
Poids
Le poids est un très bon indicateur de l’état de santé et de nutrition d’un enfant. Ce qui donne le plus d’information, ce n’est pas le poids à un moment donné, mais l’évolution de ce poids dans le temps, la variation entre deux pesées successives (Polonovski, 1977). Un enfant bien musclé est souvent mieux portant qu’un enfant gros et mou. La courbe de poids peut servir de base au dépistage d’un état de malnutrition, bien avant l’apparition des autres signes cliniques, à la surveillance d’un état de déshydratation et à l’appréciation de sa gravité, à toute une série d’actions préventives et éducatives dans le domaine sanitaire (Mekhancha, 2005). Dans certaines cultures, le surpoids a toujours été considéré comme un signe de bonne santé, de richesse et de fertilité (Kanter & Caballero, 2012), alors que depuis ces dernières années, un désir important est remarqué pour la minceur chez les adolescentes (Schulte & Thomas, 2013).
Indice de masse corporelle
L’indice de Quételet (poids en kg sur la taille en m2 ) ou indice de masse corporelle (IMC) ou de corpulence est bien corrélé avec la masse grasse (r = 0,7 – 0,8) (Gurnani et al., 2015 ; Frelut, 2011). La valeur de l’IMC permet d’estimer le niveau de tissu adipeux et plus particulièrement le tissu adipeux sous-cutané (dont l’IMC explique 89% de la variance) (Brambilla et al., 2006). Donc, Il ne mesure pas directement la masse grasse mais il est assez bien corrélé avec les mesures directes de la composition corporelle, notamment, chez les jeunes, pour être utilisé à des fins de surveillance dans une population (Hall & Cole, 2006). Chez l’adulte, l’IMC augmente, très lentement, avec l’âge et des seuils indépendants de l’âge peuvent, donc, être utilisés pour classer les divers degrés d’adiposité. En revanche, chez l’enfant, l’IMC varie beaucoup avec l’âge, augmentant rapidement durant la petite enfance, puis diminuant au cours de la période préscolaire pour augmenter, à nouveau, pendant l’adolescence (OMS 2003). Vers l’âge de 6 ans, survient le rebond d’adiposité, à la suite du nadir de la courbe d’IMC. Avant cet âge, la position des valeurs individuelles, par rapport aux valeurs de références, est le plus souvent transitoire (Castetbon et al., 2000). Les valeurs internationales sont plus élevées par rapport aux valeurs françaises. Les courbes françaises, les seules à être utilisées, en clinique, sont disponibles sur les carnets de santé et téléchargeables sur le site internet du Ministère de la Santé. En France, le surpoids, incluant l’obésité, est défini par un IMC supérieur ou égal au 97e percentile des courbes françaises. Le degré d’obésité doit toujours être rapporté à la clinique : la moyenne n’est pas la norme. Un adolescent peut être lourd parce que très musclé (tel un rugbyman) et non pas trop gras. Inversement, un IMC peu élevé peut correspondre à une obésité franche dans les populations asiatiques ou chez un sujet longiligne (Frelut, 2011).
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Table des matières
INTRODUCTION
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I-Adolescence, puberté, croissance
I-1- Adolescence
I-2- Puberté
I-3- Croissance
I-4- Courbes de corpulence chez l’enfant et l’adolescent
II- Mode de vie à l’adolescence
II- 1- Activité physique, sédentarité et temps passé devant les écrans
II-1-1 Activité physique
II-1-2- Sédentarité et temps passé devant les écrans
II-2- Habitudes Alimentaires des adolescents
II-3- Comportement alimentaire des adolescent
Polypeptide YY (PYY)
Polypeptide pancréatique (PP)
Cholécystokinine (CCK)
Glucagon-like peptide-1 ou entéroglucagon (GLP-1)
Insuline
Leptine .
III- Risque cardio-métabolique chez l’adolescent
III-1- Obésité
III-2- Hypertension artérielle
III-3-Dyslipidémie
III-4- Diabète type 2 et insulino-résistance
III-5- Syndrome métabolique
III-6- Inflammation
III-7- Stress oxydant et défense antioxydante
POPULATION ET METHODES
1-Population étudiée
2-Evaluation du niveau socio-économique
3-Mesure de la pression artérielle
4-Mesures anthropométriques
5-Evaluation de la dépense énergétique journalière
6-Evaluation des habitudes alimentaires
7- Estimation de la consommation alimentaire
8-Prélèvement sanguin et obtention des hématies
9-Analyses des paramètres biochimiques
10- Evaluation de certains marqueurs de l’inflammation
11- Evaluation du statut Redox
11-1- Détermination de l’attaque radicalaire
12- Analyse statistique
RESULTATS
1- Caractéristiques anthropométriques de la population étudiée
2- Niveau socioéconomique des familles d’adolescents
3- Evaluation des habitudes alimentaires des adolescents
4- Evaluation de la dépense énergétique chez les adolescents
5- Consommation alimentaire des adolescents
6- Risque cardio-métabolique chez les adolescents
7- Marqueurs de l’inflammation chez les adolescents
8- Evaluation du statut oxydant/antioxydant
9- Corrélations entre l’IMC et les différents paramètres étudiés
10- Association entre l’IMC et les différents paramètres chez les adolescents
DISCUSSION
CONCLUSION
RÉFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
ARTICLES .
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