Le bâtonnet frotte-dents, appelé « Sothiou » en langue Wolof au Sénégal et « Siwak, Souek, Miswak ou bois d’araq» en arabe est un instrument d’hygiène bucco-dentaire dont l’utilisation remonte à des milliers d’années avant Jésus Christ. Il est assez répandu en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique latine [38]. Plusieurs espèces de plantes issues de différentes familles fournissent leurs racines, leurs branches ou leurs écorces comme bâtonnet frotte-dents ; la plus connue est le Salvadora persica. Une revue de la littérature nous fait savoir que le BFD présente une infinité d’effets bénéfiques sur la santé des tissus buccodentaires et même sur la qualité de vie [45]. Le BFD, avec un coût très faible et prêt à l’emploi, assure l’élimination de la plaque dentaire [6, 7, 15, 16, 23, 25, 28, 45, 51, 55, 58, 59]. D’autres effets bénéfiques sont attribués au BFD comme une régulation du pH à une valeur proche de 7 [57]. Son action peut aussi être bactéricide, bactériostatique, fongicide, analgésique, cicatrisant et hémostatique [15, 28, 51, 58]. En dehors de son action mécanique, les extraits des BFD entrainent pour Darmani une inhibition des bactéries cariogènes [15], une stimulation des fibroblastes [15, 1] ainsi qu’une réduction de l’inflammation gingivale. [7, 56]. Cette technique du bâtonnet et plus efficace mécaniquement et chimiquement pour le contrôle de plaque que les la technique de brossage [25, 33, 54, 59]. Selon Saha, les utilisateurs du BFD ont une moyenne d’indice gingival meilleure que ceux utilisant la BD. Cependant, ceux qui associent les deux techniques ont une moyenne d’indice de plaque plus basse. [2, 55, 54] L’association du bâtonnet frotte-dents avec la brosse à dents regroupe les effets bénéfiques des deux techniques d’hygiène [2]. Selon Dieng-Sarr, dans la société sénégalaise, 80,8% de la population utilisent le bâtonnet frotte-dents associé à la brosse à dents contre 16,6% qui utilisent la brosse à dents uniquement [16].
Partant de la remarque que de grands utilisateurs du bâtonnet frotte-dents ont conservé leurs dents dans la longévité, nous nous sommes intéressés à rechercher si le bâtonnet améliorait leurs ancrages. Plusieurs auteurs ont parlé de l’ancrage radiculaire en ne tenant compte que de la surface ou du volume des racines [29, 30, 42, 43]. En réalité, l’ancrage physiologique dépend en dehors des dimensions de la racine dentaire, du cément, de l’os alvéolaire et des fibres desmodontales.
L’ancrage physiologique correspondant à la mobilité physiologique c’està-dire à une dent cliniquement immobile se mesure avec des instruments au bout des doigts [3, 31, 40]. Il existe des appareillages suffisamment objectifs, précis et fiables pour mesurer cette mobilité. On peut citer : le Periotest M*, l’Osstell*, et l’AnyCheck* qui ont des utilisations multiples en Odontologie.
MOBILITE ET ANCRAGE DENTAIRE
Rappels sur le parodonte
Le parodonte regroupe quatre tissus durs et mous différents :
Les 4 constituants du parodonte sont :
● La gencive,
● Le cément,
● L’os alvéolaire,
● Le desmodonte ou ligament alvéolo-dentaire.
La gencive
La gencive fait partie de la muqueuse buccale et constitue aussi la partie la plus périphérique du parodonte. Elle débute au niveau de la ligne mucogingivale et se termine au niveau du collet de la dent, où elle forme avec les dents un anneau épithélial en les entourant. Elle assure ainsi la continuité du recouvrement épithélial de la cavité buccale. La gencive saine est rose pâle ; chez les personnes de couleur elle peut être pigmentée. Sa surface est kératinisée et peut présenter une texture granitée en peau d’orange. La gencive peut donc être grossière, épaisse et fortement granitée ou souple, fine et faiblement granitée [61] La gencive est divisée en 3 parties [22] :
● La gencive libre, ou gencive marginale
● La gencive attachée, ou gencive adhérente
● La gencive interdentaire
-L’épithélium gingival est un épithélium pavimenteux stratifié spécialisé qui fonctionne bien dans l’environnement humide de la cavité buccale. L’anatomie microscopique de l’épithélium gingival est similaire à l’épithélium de la peau. L’épithélium gingival est différencié en trois zones anatomiques :
➤ Épithélium oral (OE) : épithélium qui fait face à la cavité buccale
➤ Épithélium sulculaire (SE) : épithélium qui fait face à la surface de la dent sans être en contact avec elle.
➤ Épithélium jonctionnel (JE) : qui attache la gencive à la dent [46].
Le cxément
Le cément est une couche minéralisée de tissu conjonctif qui couvre la racine de la dent [46], et qui par l’intermédiaire du ligament parodontal permet la fixation de la dent dans l’os [4]. Il n’est ni vascularisé ni innervé, le cément protège les racines des dents de la résorption pendant les mouvements orthodontiques des dents [60]. Chez les individus en bonne santé, le cément n’est observé directement dans la cavité buccale, sauf si la récession gingivale s’accompagne d’une perte de l’os alvéolaire. Le cément a une épaisseur maximale au niveau de la région apicale de la racine de la dent et une épaisseur minimale à la jonction cément-émail [4]. On distingue 4 types de cément :
➤ Le cément acellulaire afibrillaire (CAA)
➤ Le cément acellulaire à fibres extrinsèques (CAE)
➤ Le cément cellulaire à fibres intrinsèques (CCI)
➤ Le cément cellulaire à fibres mixtes (CCM)
L’os alvéolaire :
Les procès alvéolaires du maxillaire et de la mandibule dépendent des dents. Ils se développent avec la formation et lors de l’éruption des dents et se résorbent largement après leur perte. On distingue trois composants du procès alvéolaire :
● L’os alvéolaire propre
● L’os spongieux
● La corticale externe
La corticale externe recouvre le procès alvéolaire. A l’entrée de l’alvéole, au niveau de la crête alvéolaire, elle se fond dans la lame cribriforme ; l’os alvéolaire propre. Cet os qui constitue la paroi alvéolaire présente une épaisseur d’environ 0,1-0,4 mm et est criblé de nombreux petits trous par les quels entrent et sortent les vaisseaux et les fibres nerveuses de l’espace desmodontal. L’os spongieux se trouve entre la corticale et l’os alvéolaire propre [61]. Les os cortical et spongieux présentent une différence fonctionnelle et structurelle. La différence structurelle repose sur la différence de densité osseuse : 80 à 90 % de l’os cortical est occupé par du tissu osseux contre 20 à 25 % au niveau du tissu spongieux. L’organisation fonctionnelle regroupe :
• les enveloppes osseuses ;
• les cellules osseuses (ostéoclastes, ostéoblastes et ostéocytes) [34].
L’os alvéolaire est la partie du maxillaire et de la mandibule qui forment et soutiennent les dents c’est un tissu conjonctif minéralisé [46]. Bien que minéralisé, il subit constamment des remodelages en raison de son adaptation aux besoins fonctionnels, tels que ceux provoqués par l’attrition et la migration des dents. Pour maintenir ces processus, l’os alvéolaire comprend des ostéoblastes, qui sécrètent une matrice organique extracellulaire, de l’ostéoïde, les constituants principaux de l’ostéoïde étant le collagène, la glycoprotéine et les protéoglycanes. Le collagène osseux est composé principalement de collagène de type I avec seulement de petites quantités de collagène de type III et de type IV. Une fois sécrétée, l’ostéoïde se minéralise à la suite du dépôt minéral et de la transformation en hydroxyapatite, et elle devient graduellement de l’os mature [60]. Ces ostéoblastes deviennent après la minéralisation des ostéocytes qui représentent 90-95% de toutes les cellules osseuses [4]. L’os alvéolaire comprend aussi les ostéoclastes qui éliminent les matières minérales et la matrice organique de l’os alvéolaire [46].
Le desmodonte
Le desmodonte joue un rôle majeur dans le déplacement dentaire, sa position anatomique centrale entre le tissu osseux et le tissu cémentaire et son taux de compressibilité supérieur aux autres composants de l’entité fonctionnelle odontologique permettent de le définir comme l’élément actif et régulateur du déplacement dentaire [34]. Le desmodonte est constitué de fibres conjonctives, de cellules, de vaisseaux sanguins, de nerfs et d’une substance fondamentale. En moyenne, 28000 faisceaux de fibres sont insérés dans 1 mm de cément [61]. Le ligament parodontal remplit plusieurs fonctions dont la principale est l’ancrage de la dent à l’os. Ceci est réalisé par des fibres de collagène fixant le cément à l’os alvéolaire.
Les fibres et la substance fondamentale du ligament parodontal ont un taux de renouvellement relativement élevé. Le collagène de type I représente environ 80% du collagène du ligament parodontal. Comme dans la gencive, la plus grande partie du collagène du ligament parodontal est disposée en faisceaux appelés groupes de fibres principaux. Ces derniers traversent l’espace entre la racine et la paroi alvéolaire. Ainsi, une élasticité suffisante est obtenue pour compenser les petits mouvements de la dent résultant de la mastication [60].
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : MOBILITE ET ANCRAGE DENTAIRE
1.Rappels sur le parodonte
1.1. La gencive
1.2. Le cément
1.3. L’os avéolaire
1.4. Le desmodonte
2. La mobilité dentaire physiologique
2.1. La mobilité spontanée
2.2. La mobilité provoquée
2.2.1. La mobilité provoquée axiale
2.2.2. La mobilité transversale
3. Notions d’ancrage dentaire
3.1. En fonction des surfaces alvéolo-radiculaires des dents
3.2. En fonction du tissu ligamentaire
3.3. En fonction de la structure du tissu osseux
3.4. En fonction de l’anatomie globale des dents impliquées
4. Méthodes d’évaluation objectives de l’ancrage dentaire
4.1. Le Périotest M*
4.1.1. Description de l’appareil
4.1.2. Principe de fonctionnement
4.1.3. Fonctionnement de l’appareil
4.1.4. Manipulation
4.1.5. Contre-indications
4.2. L’Osstell*
4.3. L’AnyCheck*
DEUXIEME PARTIE:EFFETS DU BATONNET FROTTE-DENTS ASSOCIE
A LA BROSSE A DENTS SUR L’ANCRAGE DENTAIRE
I. Introduction
II. Matériels et méthodes
III. Résultats
3.1. Données socio-démographiques
3.1.1. Répartition de l’échantillon selon l’âge
3.1.2. Répartition de l’échantillon selon le sexe
3.1.3. Répartition de l’échantillon selon l’ethnie
3.1.4. Répartition de l’échantillon selon le niveau d’études
3.2. Utilisation du BFD
3.2.1. Utilisation du BFD en fonction du sexe
3.2.2. Utilisation du BFD selon le niveau d‘étude
3.3. Comparaison des moyennes de la valeur d’ancrage (PTV) entre sujets utilisateurs et non utilisateurs du BFD
3.4.Corrélation entre la durée de frottement par le BFD et l’ancrage des dents
3.5. Corrélation entre la fréquence de frottement par le BFD et l’ancrage des dents
3.6. Corrélation entre la durée du brossage à la BD et l’ancrage des dents
3.7. Corrélation entre la fréquence du brossage à la BD et l’ancrage des dents
IV. Discussion
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE