Classifications de la déficience visuelle
La définition légale de la cécité spécifie des seuils de vision objectifs au-dessous desquels les personnes qui en sont atteintes bénéficient d’aides sociales. Par exemple, en France, les personnes dont l’acuité visuelle au meilleur œil après correction est inférieure ou égale à 1/10 peuvent légalement utiliser une canne blanche (Code de l’action sociale et des familles – Article Annexe 2-4, 2007). En France, une personne est considérée comme étant atteinte de cécité légale lorsqu’elle a une acuité visuelle inférieure à 1/20 et comme étant atteinte de malvoyance lorsqu’elle a une acuité visuelle comprise entre 4/10 et 1/20 ou un champ visuel compris entre 10 et 20 degrés (mesure d’acuité pour le meilleur œil après correction ; Décret n°93-1217 du 4 novembre 1993 modifiant le code de la sécurité sociale, troisième partie, 1993). Ces seuils, basés sur l’acuité visuelle et/ou la taille du champ visuel, sont variables d’un pays à l’autre. Afin de permettre la comparaison entre différents pays et différentes époques, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) publie et met à jour régulièrement la Classification Internationale des Maladies (CIM1 ). D’après la version 10 de la CIM mise à jour (CIM-10, mises à jour cumulées de 1996 à 2015) :
– une acuité visuelle (mesurée avec la correction portée) comprise entre 3/10 et 1/10 est considérée comme une déficience visuelle modérée (catégorie 1),
– une acuité visuelle comprise entre 1/10 et 1/20 est considérée comme une déficience visuelle grave (catégorie 2),
– une acuité visuelle comprise entre 1/20 et 1/50 (ou un champ visuel du meilleur œil inférieur ou égal à 10 degrés) est considérée comme une cécité de catégorie 3,
– une acuité visuelle inférieure à 1/50 avec au minimum une perception lumineuse est considérée comme une cécité de catégorie 4,
– l’absence de perception lumineuse est considérée comme une cécité de catégorie 5.
Le Tableau 1 regroupe les classifications proposées par la CIM-10 (2015) et la législation française. Il illustre le fait que la CIM est bien plus précise que la classification française car plusieurs catégories de malvoyance et de cécité sont décrites. Une autre différence majeure concerne la manière dont est mesurée l’acuité visuelle : l’OMS préconise de mesurer l’acuité visuelle en tenant compte de l’acuité visuelle avec correction portée, ce qui n’est pas le cas dans la classification française, pour laquelle la mesure doit être réalisée avec la meilleure correction possible. La définition légale française de la cécité est utile pour l’attribution d’aide sociale. En revanche, elle est inadaptée à l’étude en psychologie cognitive. Par exemple, une personne légalement aveugle en France peut être capable de compter des doigts à un mètre, de percevoir des obstacles ou de gros caractères, tout comme n’avoir aucune perception lumineuse. Hatwell (2003b) propose de faire une distinction entre les personnes aveugles complètes, qui n’ont pas de perception visuelle ou uniquement une perception lumineuse, et celles qui ont des résidus visuels (personnes aveugles partielles) pour mieux appréhender les effets de l’absence de vision sur le fonctionnement cognitif. Ainsi, une grande hétérogénéité au niveau de la sévérité de l’atteinte visuelle existe, même chez les individus légalement aveugles. Nous allons voir, au cours de ce contexte théorique, que les auteurs des études décrites ne font pas toujours de distinction entre cécité complète et cécité légale, et parfois même entre cécité et malvoyance (catégorie 1 ou 2 de la CIM). En revanche, dans le cadre de ce travail de thèse, les expérimentations menées porteront sur des personnes atteintes d’une cécité telle que définie par Hatwell (2003b), c’est à-dire n’ayant pas de perception visuelle ou uniquement une perception lumineuse.
Etre aveugle et vieillir
Dans le cadre de ce travail de thèse, la définition du vieillissement avec un handicap d’Azéma & Martinez (2005) sera utilisée : « Une personne handicapée vieillissante est une personne qui a entamé ou connu sa situation de handicap (quelle qu’en soit la nature ou la cause) avant que de connaître les effets d’un vieillissement. La situation de handicap a donc précédé le vieillissement ». Ainsi, cette définition induit une distinction entre les personnes handicapées vieillissantes et les personnes avec un handicap lié à l’âge. Avant de s’intéresser aux effets du vieillissement sur les personnes aveugles, il est nécessaire de définir ce qu’est le vieillissement. Selon l’OMS, il s’agit d’un processus complexe, naturel, qui s’accompagne de nombreux changements pouvant entraîner des déclins fonctionnels variables d’un individu à l’autre (World Health Organization, 2015). Des modifications biologiques, liées à une accumulation de lésions moléculaires et cellulaires, peuvent entraîner une limitation des ressources physiologiques, un risque plus grand de maladie et une diminution générale des capacités de la personne. Ces modifications biologiques sont à l’origine de déclins cognitifs (qui seront approfondis dans la partie III, page 73), physiques et sensoriels. Ces changements, ni linéaires, ni constants, sont fortement influencés par des facteurs génétiques et par l’environnement, le mode de vie et le comportement de l’individu (World Health Organization, 2015). D’autres changements, liés aux rôles sociaux, surviennent avec l’âge. Par exemple, l’arrêt de l’activité professionnelle ou le décès de proches, qui peuvent avoir des conséquences sur le rythme de vie, les relations sociales et l’image de soi des individus (Alaphilippe & Bailly, 2013). L’ensemble des changements accompagnant le vieillissement peuvent avoir des effets sur le bien-être psychologique des personnes âgées, se traduisant par de l’anxiété et la présence de dépression. Ces aspects biologiques, psychologiques et sociaux du vieillissement entretiennent des liens étroits et peuvent avoir des effets les uns sur les autres. Ces conséquences du vieillissement sont très hétérogènes d’un individu à l’autre, et les déclins ne sont pas linéaires. Malgré la présence de déclins et changements avec l’avancée en âge, une vision du vieillissement qui se veut positive émerge depuis quelques dizaines d’années. Différentes théories ont été élaborées au cours des dernières décennies et une mutation de la vision positive du vieillissement a eu lieu. Cette conception, initialement définie par la notion de vieillissement réussi (Havighurst, 1961 ; Rowe & Kahn, 1987 ; 1997), caractérisée par l’absence de déclin et d’incapacité, élitiste et idéalisée (Alaphilippe & Bailly, 2013 ; Gangbè & Ducharme, 2006), a ensuite été renouvelée à plusieurs reprises – vieillissement actif, vieillissement positif, bien vieillir – pour récemment correspondre à la définition holistique et multifactorielle du vieillissement en bonne santé de l’OMS (World Health Organization, 2015). Cette notion se focalise sur la question de la prise en compte du niveau de bien-être et du niveau de fonctionnement de l’individu, plutôt que de la présence d’atteintes. Ainsi, ce n’est pas la simple présence d’altérations physiques, cognitives et/ou sensorielles qui entraîne une dégradation du bien vieillir, mais plutôt le fait que ces altérations puissent aboutir à des atteintes fonctionnelles. Les atteintes intrinsèques peuvent être palliées par des adaptations, mises en place par les individus eux-mêmes, mais également grâce à des compensations environnementales (modèle SOC pour Sélection-Optimisation-Compensation ; Freund & Baltes, 1998 ; World Health Organization, 2015). En conséquence, la présence d’une atteinte visuelle peut entraver un vieillissement en bonne santé mais il reste possible de bien vieillir avec une telle atteinte, puisqu’une adaptation aux changements qui apparaissent avec l’âge et la perception de bien-être malgré ces changements est concevable. Bien que la littérature présente des lacunes à ce sujet (Freedman, 2014), la manière dont les personnes qui présentent une incapacité font face au vieillissement semble différente de celle des personnes qui acquièrent une incapacité au cours du vieillissement. Peu d’études ont été menées sur le vieillissement des personnes avec une atteinte visuelle, contrairement au vieillissement des personnes avec un handicap mental qui a été plus appréhendé (Azéma & Martinez, 2005). Pourtant, les conséquences de l’atteinte visuelle et du vieillissement ne sont pas les mêmes pour une personne qui a appris à faire face au handicap visuel avant de faire face au vieillissement et pour une personne qui doit apprendre à faire face en même temps au handicap visuel et au vieillissement. En effet, la mise en place de stratégies compensatoires à l’atteinte visuelle devient plus difficile avec l’avancée en âge (Covelet, 2007). Jones, Crews, & Danielson (2010) ont analysé les données d’une enquête réalisée aux Etats-Unis portant sur plus de 40000 adultes de plus de 65 ans (auto-déclarés aveugles, ayant une perte de vision sans être aveugles ou ne reportant aucune atteinte de la vision) ne vivant pas en institution. D’après les résultats, les personnes ayant déclaré être aveugles sont plus nombreuses à exprimer avoir une faible santé (54 % contre 42 % des personnes malvoyantes et 22 % des personnes sans trouble visuel), à rapporter souffrir d’une détresse psychologique (un quart d’entre elles avaient des symptômes de dépression sévère ou modérée, contre un cinquième pour les personnes malvoyantes et moins de 10 % pour celles sans atteinte visuelle). Cette enquête est particulièrement intéressante car les personnes avec une atteinte visuelle interrogées sont divisées en deux sous-populations : les personnes aveugles et les personnes malvoyantes, fait plutôt rare dans l’étude des effets du vieillissement chez les personnes avec une atteinte visuelle. En revanche, aucune information concernant l’âge d’acquisition de la déficience visuelle n’a été recueillie, limitant la généralisation de ces résultats aux personnes aveugles vieillissantes. En France, les personnes qui présentent une atteinte visuelle (aveugles et malvoyantes) ont également un plus grand risque d’avoir une autre atteinte à mesure qu’elles vieillissent. Le nombre moyen de troubles associés présentés par les personnes qui ont une atteinte visuelle est de 1,0 entre 20 et 60 ans, de 2,1 chez les personnes âgées de 60 à 74 ans et de 2,8 chez les plus de 80 ans (Sander et al., 2005). D’après l’enquête réalisée par Jones et collaborateurs (2010), les limitations fonctionnelles sont également plus importantes chez les personnes âgées qui sont aveugles, que chez celles qui sont malvoyantes, et sont également plus importantes que chez celles sans atteinte visuelle. En effet, les personnes aveugles déclarent avoir le plus de problèmes pour la réalisation d’activités de la vie quotidienne (29 % contre 12 % pour les personnes malvoyantes et 4 % pour les personnes sans atteinte visuelle) et de socialisation avec la famille ou les amis (46 % contre 30 % pour les personnes malvoyantes et 13 % pour les personnes sans atteinte visuelle). Par ailleurs, la même proportion de personnes aveugles et de personnes malvoyantes rapporte avoir des problèmes liés à la mobilité (78,9 % et 79,2 % contre 55,2 % des personnes sans trouble de la vue). Ainsi, être âgé et aveugle entraîne plus de risque d’avoir des problèmes de santé (physique et mentale) et des limitations fonctionnelles, que d’être malvoyant ou que de ne pas avoir de trouble visuel. Un rapport présentant les résultats d’entretiens qualitatifs réalisés auprès de personnes âgées ayant une atteinte visuelle évoque la question du cumul des difficultés liées à l’avancée en âge et celles liées à l’atteinte visuelle, dit de la « double charge » (Seifert & Schelling, 2014). Les entretiens ont été réalisés auprès de douze personnes présentant une atteinte visuelle acquise après l’âge de la retraite (en Suisse, à l’âge de 64-65 ans) et de dix personnes présentant une atteinte visuelle acquise avant (dans l’enfance ou au cours de la vie), dont trois étaient aveugles. D’après l’analyse des déclarations des participants, cette double charge est ressentie par ces deux catégories bien que des différences soient exprimées. Par exemple,par rapport aux personnes qui ont été touchées par une atteinte visuelle au cours du vieillissement, celles qui ont été touchées avant la retraite disposent de plus moyens pour faire face au handicap. Elles bénéficient par exemple d’un réseau de ressources lié au handicap plus important (associations, groupes d’entraide, etc.), ont mieux accepté leur handicap et ont plus de facilités à utiliser des outils de compensation (par exemple la canne blanche). En revanche, les difficultés déjà présentes en raison de l’atteinte visuelle sont augmentées par le vieillissement. Par exemple, les activités de la vie quotidienne sont réalisées avec plus de difficultés, les déplacements sont raccourcis, les lieux inconnus et ceux présentant une grande affluence sont de plus en plus évités. Le poids de cette double charge perçue est très variable d’un individu à l’autre. La taille des groupes, ainsi que la non prise en compte de la gravité de l’atteinte visuelle (cécité ou malvoyance) limitent néanmoins la portée des résultats de cette enquête qualitative. Bachar & Shanan (1997) ont quant à eux appréhendé la capacité des personnes aveugles à s’adapter au vieillissement. Soixante-quinze participants aveugles depuis plus de 10 ans (la majorité aveugle depuis l’enfance) ont été appariés (âge, genre, niveau d’éducation et pays d’origine) à 75 participants voyants. Vingt-huit des paires appariées étaient âgées de 46 à 55 ans et 40 avaient entre 56 à 65 ans. Les participants ont complété des questionnaires mesurant la propension à s’adapter activement, l’engagement social dans quatre domaines (relations sociales au travail, avec les amis, avec la famille et activités de loisirs), ainsi que les trois sous-tests verbaux Information, Compréhension, et Empan de Chiffres de la Wechsler-Bellevue Intelligence Scale (Wechsler, 1939). L’engagement social des participants aveugles était significativement inférieur à celui des participants voyants, uniquement pour les plus âgés dans trois des quatre domaines : relations sociales au travail, avec la famille et activités de loisirs. Pour ces trois mêmes domaines, les différences entre les participants aveugles et voyants (tout âge confondu) étaient significatives uniquement pour les participants avec un bas niveau d’éducation (moins de 10 ans de scolarité), sauf pour le domaine relations sociales avec la famille qui restait significativement différent entre les participants aveugles et voyants quel que soit le niveau d’éducation. Les participants aveugles qui ont déclaré bénéficier d’un haut niveau d’assistance sont ceux qui ont obtenu les meilleurs scores de propension à s’adapter activement, d’intelligence (mesurés avec les trois sous-tests de la Wechsler-Bellevue Intelligence Scale), et d’engagement social par rapport à ceux qui ont déclaré bénéficier d’un niveau d’assistance modéré ou bas. Ainsi, le désengagement social est plus précoce chez les personnes aveugles que chez les personnes voyantes vieillissantes. Néanmoins, l’éducation et le fait de bénéficier de soutien sont des ressources permettant de retarder ce désengagement chez les personnes aveugles. Ainsi, la présence d’une atteinte visuelle tend à augmenter les difficultés rencontrées au cours du vieillissement, particulièrement dans le cas d’une cécité. Les personnes aveugles vieillissantes ont plus de risque d’être touchées par une maladie, de subir des limitations fonctionnelles plus importantes, et de présenter un désengagement social plus précoce que les personnes sans trouble visuel du même âge. En revanche, certains facteurs, tels que le niveau d’éducation ou le soutien social, ont été identifiés comme étant protecteurs pour certains de ces risques (Bachar & Shanan, 1997). Cependant, dans les études qui traitent de cette question, les distinctions entre les personnes aveugles et les personnes malvoyantes, d’une part, et entre les personnes qui vieillissent avec une atteinte visuelle et celles qui subissent l’apparition d’une atteinte visuelle au cours du vieillissement, d’autre part, ne sont pas toujours faites. L’absence de ces catégorisations limite la précision de la compréhension du vieillissement avec une cécité.
Les avantages de la vision pour le déplacement
La vision, décrite comme étant « le sens spatial par excellence » (Thinus-Blanc & Gaunet, 1997) est la modalité privilégiée pour le traitement de l’information spatiale, important pour le déplacement. En effet, par rapport aux autres modalités sensorielles, la vision permet une compréhension rapide et facile de l’agencement spatial de l’environnement, la perception d’un grand nombre d’objets et une modulation de l’attention efficace. La compréhension de l’agencement spatial de l’environnement est réalisée de façon très rapide avec la vision. En effet, la taille du champ perceptif de la vision permet l’observation d’une large section de l’espace en un temps limité (Foulke, 1985). Les caractéristiques spatiales intrinsèques des objets et les relations spatiales qui les lient peuvent être appréhendées de façon simultanée (Gentaz & Hatwell, 2000). La vue permet également d’avoir une meilleure appréciation des angles et des distances et permet la localisation d’objets distants plus précise qu’avec l’audition (Thinus-Blanc & Gaunet, 1997). De plus, les informations relatives à l’environnement qui sont situées en fovéa et en périphérie du champ visuel peuvent être traitées de façon simultanée (Thinus-Blanc & Gaunet, 1997), réduisant la quantité d’information à garder en mémoire. Un stimulus peut être maintenu en vision périphérique pendant qu’un autre est traité de façon plus précise en fovéa. C’est ce caractère simultané qui semble conférer à la vision un avantage dans l’encodage de l’information spatiale. En effet, quand la perception visuelle est rendue séquentielle (via le placement de panneaux obstruant partiellement l’environnement), la performance de personnes voyantes à une tâche de construction de représentation spatiale diminue et se rapproche de celle de personnes aveugles (Ruotolo, Ruggiero, Vinciguerra, & Iachini, 2012). De plus, la vision permet l’accès à un plus grand nombre d’items que les autres modalités perceptives. En effet, tous les objets n’émettent pas de son, et ne sont pas tous dans l’espace de préhension (Foulke, 1982), alors que la vision permet le traitement d’items distants, sans nécessiter de contact physique entre les récepteurs sensoriels et les objets perçus (Foulke, 1985). La rapidité des mouvements oculaires permet en outre le traitement rapide et successif de nombreuses informations (Thinus-Blanc & Gaunet, 1997). Par ailleurs, l’information visuelle apporte de meilleures modulations attentionnelles que les autres informations sensorielles (Von Senden, 1960 cité in Thinus-Blanc & Gaunet) : elle peut être focalisée volontairement contrairement à la perception auditive (un objet doit émettre du son pour que nous puissions y porter attention auditivement) ; elle peut être sollicitée facilement, alors que la perception tactile l’est rarement (un objet doit être dans l’espace proche pour être perçu tactilement). Smith, Ratcliff, & Wolfgang (2004) ont montré les liens étroits entre attention et vision avec une tâche de jugement d’orientation de stimuli (présentés à des localisations indicées ou non). Les participants répondaient plus vite et de façon plus précise lorsque la localisation du stimulus à traiter était congruente avec celle d’un indice. L’orientation du regard vers une localisation de l’espace (induite par l’indiçage) oriente l’attention à cet endroit et les stimuli qui y sont présents sont mieux traités. Le traitement est moins efficace si le regard a été orienté à un autre endroit. Il est ainsi difficile de déplacer son regard sans déplacer son attention mais il reste toutefois possible de traiter plusieurs éléments d’une même scène visuelle en même temps. Dans le contexte de la locomotion, la vision est utile à trois principales fonctions : le maintien de la stabilité posturale, la détection d’informations relatives à la traversabilité de l’espace et le guidage vers la destination (Gibson & Schumuckler, 1989). Ainsi, la vision joue un rôle prépondérant dans le traitement de l’information spatiale et dans le déplacement des piétons, à tel point que les informations issues des autres modalités ne sont généralement pas prises en compte par les personnes voyantes lorsqu’elles se déplacent (Foulke, 1985). Pourtant, les personnes aveugles peuvent se déplacer, parfois seules, et pour certaines d’entre elles dans des environnements inconnus et complexes. Elles utilisent des stratégies apprises en partie auprès des instructeurs de locomotion pour acquérir des informations autrement que visuellement, et des aides techniques qui seront présentées dans la prochaine partie.
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Table des matières
Introduction Générale
Chapitre 1 : Contexte Théorique
I. La cécité
1. Généralités
1.1. Classifications de la déficience visuelle
1.2. Quelques données démographiques
1.3. Les causes d’acquisition de la cécité
1.4. Cécité précoce, cécité tardive
2. Le vieillissement des personnes aveugles
2.1. La population des personnes avec atteinte visuelle, une population vieillissante
2.2. Etre aveugle et vieillir
3. Cécité, qualité de vie et autonomie
II. Se déplacer sans voir
1. La mobilité des personnes aveugles
1.1. Les habitudes de déplacement des personnes aveugles
1.2. Le déplacement des personnes aveugles âgées
2. Analyse fonctionnelle de l’activité de déplacement du piéton aveugle
2.1. Les avantages de la vision pour le déplacement
2.2. Pallier l’absence de vision
a. L’apprentissage de la locomotion
b. Les informations issues des sens résiduels
c. Les aides techniques
2.3. Locomotion du piéton aveugle
2.4. Navigation du piéton aveugle
3. Se déplacer sans voir, un coût cognitif important
III. L’attention et la mémoire de travail des personnes aveugles
1. Les concepts d’attention et de mémoire de travail : rappels théoriques
2. Capacités attentionnelles et de mémoire de travail des personnes aveugles
2.1. Attention
2.2. Mémoire de travail
3. Vieillissement, déclin cognitif et déficience visuelle
Chapitre 2 : Problématique, Objectifs de la Recherche et Hypothèses
I. Problématique
II. Objectifs et hypothèses générales
Chapitre 3 : Partie Expérimentale
I. Etude 1 : Evaluation des capacités attentionnelles et de la mémoire de travail des personnes aveugles
1. Introduction
2. Méthode
2.1. Participants
2.2. Matériel et méthode
a. Les tests conçus pour l’étude
b. Les tests standardisés
c. Questionnaire d’habitudes de déplacement
3. Résultats
3.1. Comparaison des participants aveugles et voyants : effets de la cécité et effets de l’âge
a. Test d’attention sélective
a. Test d’attention soutenue
b. Test d’attention divisée
c. Tâche de n-back
d. Sous-test Mémoire des chiffres
e. Tâche du plus-minus auditive
f. Tâche de Hayling
a. L’échelle verbale de la WAIS-R
b. La tâche de temps de réponse simple
3.2. Participants aveugles : effets des facteurs inter-individuels
a. Facteurs sociodémographiques
b. Facteurs liés à la cécité
c. Facteurs liés à la mobilité
4. Discussion
4.1. Des capacités cognitives améliorées chez les personnes aveugles
4.2. Des effets de facteurs inter-individuels sur les capacités cognitives des personnes aveugles
4.3. Apports et limites de l’étude
II. Etude 2.a : La charge cognitive de la marche des personnes aveugles
1. Introduction
2. Méthode
2.1. Participants
2.2. Matériel
2.3. Conditions
a. Essais de marche
b. Tâches secondaires
2.4. Procédure
2.5. Mesures et Indices de performance
a. Performances de marche
b. Performance à la tâche secondaire
c. Interférence de la double tâche
d. Evaluation subjective de la charge mentale
3. Résultats
3.1. Performance de marche
a. Durée de l’essai et arrêts
b. Paramètres de marche
c. Gestion des obstacles
d. Gestion de la trajectoire
3.2. Performance à la tâche secondaire
3.3. Interférence de la double tâche
a. Interférence de la tâche cognitive sur la marche
b. Interférence de la marche sur la tâche cognitive
3.4. Evaluation subjective de la charge mentale
3.5. Effet de facteurs inter-individuels
a. Effet de l’âge
b. Effet du sexe
c. Effet de l’antériorité de la cécité
d. Effets de l’aisance de déplacement
e. Effet des capacités attentionnelles
4. Discussion
4.1. Effets de la double tâche
4.2. Effets de facteurs inter-individuels
4.3. Apports et limites de l’étude
III. Etude complémentaire 2.b : les chiens-guides
1. Introduction
2. Méthode
2.1. Participants
2.2. Matériel et méthode
2.3. Mesures et Indices de performance
3. Résultats
3.1. Analyses inter essais
a. Comportements de la dyade maître-chien
b. Performance à la tâche principale
c. Performance à la tâche secondaire
d. Interférence de la double tâche
e. Evaluation subjective de la charge mentale
3.2. Comparaison avec les participants avec canne
a. Performance de marche
b. Performance à la tâche secondaire
c. Interférence de la double tâche
d. Evaluation subjective de la charge attentionnelle
e. Capacités attentionnelles des participants
4. Discussion
4.1. Performance de marche et effets de la tâche secondaire
4.2. Performance à la tâche secondaire et effet de la marche
4.3. Comportements des dyades maître-chien
4.4. Apport et limites de l’étude
Chapitre 4 : Discussion Générale
I. Contributions de ce travail
1. Principaux apports
1.1. Evaluation neuropsychologique des personnes aveugles
1.2. Le déplacement des personnes aveugles
1.3. Liens entre capacités attentionnelles et déplacement chez les personnes aveugles
2. Intégration des résultats dans un modèle psycho-ergonomique de l’adaptation
II. Limites de la thèse et perspective de recherche
III. Implications pour la réadaptation et applications
Conclusion
Références Bibliographiques
Annexes
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