MIXITE SYMBOLICO CULTURELLE BARA BETSILEO A TRAVERS LA LITTERATURE ORALE

Quelques traits de l’organisation sociale du fokontany :

   Bien qu’étant qualifié de fokontany, on peut remarquer la conservation des traits caractéristiques de l’organisation traditionnelle. La communauté villageoise d’Ambia, est dirigée sur le plan administratif par un chef fokontany mais on remarque une certaine prédominance accordée aux descendants des ancêtres. Parallèlement à la notion de « zokiolona », on les appelle les « pazaky » ou l’aîné absolu. L’aîné assure et est en même temps le gardien du patrimoine ancestral notamment :
• la propriété commune concrétisée essentiellement par des biens immeubles (maisons, champs, rizières…) ;
• il veille au respect de l’interdit (fady) qui a été transmit par les ancêtres;
• il conserve le « bokim-pianakaviana » ou livre de famille où est gardé les traditions historiques des arbres généalogiques transmis oralement et de génération en génération ;
• il habite la maison des ancêtres ou le « lapa » qui est bâti sur le territoire traditionnel ancestral ;
• il dirige les cérémonies rituelles du village ;
• il veille à la continuité de l’arbre généalogique en décidant des principaux occupants du tombeau ancestral. Selon Durkheim, le point de jonction, la zone de convergence de la famille est la matière ; le principe de seigneurité le droit d’aînesse et le droit successoral.

Interactionnisme symbolique :

   De prime à bord, il nous paraît essentiel de rappeler brièvement le postulat d cette théorie. Ainsi, empruntons la formulation apportée par David Le Breton : « Pour l’interactionnisme symbolique, l’individu est un acteur interagissant avec les éléments sociaux et non un agent passif subissant de plein fouet les structures sociales à cause de son habitus ou de la force du système ou de sa culture d’appartenance ». Par conséquent, on peut projeter cette explication dans notre cadre d’étude qui traite de la littérature orale. Il est évident que la littérature orale est une façon particulière de traiter l’héritage culturel, mais on peut démontrer qu’il existe plusieurs facteurs qui pourraient prouver la capacité des auteurs à opérer un métissage culturel. Ce dynamisme peut être ressenti sur plusieurs aspects notamment la littérature orale Bara qui présente de très grande ressemblance avec la littérature orale Betsileo. La littérature orale est donc fusionnée et impose un comportement symbolique spécifié, d’où l’on ne peut pas se passer de l’interactionnisme symbolique.

Le fait littéraire comme étant un fait social :

   Vu que l’on contribue à l’étude de la mixité symbolico culturelle Bara Betsileo à travers la littérature orale le fait littéraire doit être considéré comme un fait social parmi tant d’autres indépendamment d’un quelconque préjugé esthétique, moral, idéologique, philosophique et autres. La littérature orale intéresse notre domaine d’étude vu qu’elle fait partie intégrante de la compréhension et de l’intelligibilité des dimensions culturelles. Face à cela, on peut déjà comprendre ses dimensions culturelles.

L’étape de la familiarisation avec le terrain de recherche :

   Pendant cette étape, nous étions descendue sur terrain non pas pour l’enquête mais dans le but de nous familiariser avec ce dernier ainsi qu’avec les enquêtés. Cette étape nous a permis dans un premier temps de se rapprocher des leaders sociaux dans le village d’Ambia. En d’autres termes, le leader social le « pazaky » est une personne influente dans la communauté villageoise et a une certaine autorité dans la régulation de la vie quotidienne des villageois. Ce sont auprès de ces derniers que l’on a pu obtenir les données historiques et les arbres généalogiques grâce au « bokim-pianakaviana ». Ensuite, c’est également pendant cette étape que l’on a pu s’entretenir avec les responsables administratifs pour pouvoir obtenir les données quantitatives exactes et à jour des aspects humains et physiques du fokontany. De plus c’est auprès du chef fokontany d’Ambia que l’on a pu obtenir les données chiffrées du recensement des origines ethniques des habitants. Les données chiffrées ont révélé que 92% des habitants du fokontany d’Ambia sont des Bara Bory ou des Betsileo métissés. De façon plus précise, sept habitants sur dix sont de naissance mixte Bara Betsileo. C’est pour cela d’ailleurs qu’on choisi la commune rurale d’Ambia et son fokontany comme terrain d’étude puisqu’il est fort probable que c’est le terrain qui pourrait nous offrir toutes les explications relatives à notre problématique et dont on pourrait éventuellement avoir une observation satisfaisant et juste. Se familiariser avec le terrain renvoie également à établir préalablement une bonne communication avec les enquêtés afin de ne pas rencontrer de quelconque difficulté pendant l’enquête proprement dite. Etablir une bonne communication c’est avant tout sur le plan linguistique connaitre les pratiques langagières, les formules de salutations, de remerciements etc.…Il nous est donc important de connaître les « fady » ou les interdits puisqu’on est en en situation d’interaction sociale.

La seconde phase de la perception immédiate de la réalité :

   Il est question dans ce paragraphe de rapporter toutes les réalités sociales qui doivent être traités objectivement come des faits sociaux. C’est la phase pendant laquelle on a réalisé l’observation directe libre. Cette seconde phase constitue le pilier de notre recherche puisque tous les éléments qu’on pu recueillir nous ont permis d’une part d’étoffer notre recherche par des informations supplémentaires et d’autre part de pouvoir confronter nos concepts théoriques avec la réalité sociale observée. Plus explicitement, l’observation est notre outil méthodologique pour pouvoir faire le lien logique entre les aspects physiques et les aspects humains et d’en faire une analyse convenable. Afin d’obtenir des données sans détour, des recensements aux besoins objectifs et plus importants encore de voir dans une position privilégiée tous les faits de la réalité, il nous a fallu séjourner pendant une semaine dans le dit fokontany hébergé par de proche parents qui y vivent. La littérature orale est liée à la vie des villageois sans qu’il s’en aperçoive. Cette dernière est présente tant dans les moments occasionnels que dans la vie quotidienne, c’est un élément moteur indispensable à leur vie. Bien qu’on soit dans le territoire ethnique Bara il y a un mélange bizarre au niveau de la littérature orale avec celle du Betsileo du Sud. On a pu constater que si le Zafindraony en Betsileo était un chant folklorique qui constitue une forme religieuse avec des textes à l’origine de caractère biblique tandis que le Zafindraony pratiqué dans le territoire ethnique des Bara Bory ont subi quelques changements et cela au niveau des textes. Notre descente sur terrain nous a également permis de constater que le Kalambalala qui est un genre oratoire traditionnel typique du Betsileo du Sud se pratique dans cette localité mais le contexte est très différent. L’objectif de cette méthode de travail est pour nous de déterminer l’interculturalité susceptible d’exister entre les deux groupes ethniques à travers la littérature orale.

Les mouvements de migration

   Depuis des siècles, les mouvements migratoires à l’intérieur de Madagascar ont été très intenses et même jusqu’à nos jours ce phénomène persiste encore. Hubert Deschamps spécialiste des questions malgaches rappelle les premières migrations du peuplement originel par les petits groupes indonésiens et africains, puis à partir du XIXème siècle le regroupement par royaume des sakalava, merina, betsileo etc.… Peuple anthropologiquement composites qui ont crée une division politico-économique qui a subsisté jusqu’à nos jours. Hubert Deschamps analyse les mouvements de migrations non plus sous l’aspect collectif d’autrefois, mais sous une forme individuelle : migration de travailleurs salariés vers les plantations des côtes Est et Nord Est, vers les mines du Nord, vers les villes saisonniers agricoles. Les peuples migrants sont surtout ceux du Sud-est et du Sud (antesaka, antandroy) et du plateau (merina, betsileo, tsimihety, bara). L’auteur conclut : « c’est pour une large part, aux migrations intérieurs que la République malgache devra, en définitive, son progrès et son unité » Plusieurs facteurs sont à l’origine de ces déplacements qui imposent une très grande considération du contexte historique, économique et sociale des migrants. Des facteurs internes et externes contiennent l’essence même des phénomènes qui conduiraient inexorablement vers un mouvement de migration expansif. Pour le cas des deux groupes ethniques qui sont des voisins méridionaux des interpénétrations sont très évidentes. En se référant aux données recueillis sur terrain on peut évoquer que les lieux d’origines des migrants sont à 69% des pays du Betsileo du Sud. On va entrer dans les détails et exposer les différents éléments contribuant par leurs interactions au brassage culturel entre les deux groupes ethniques. La plupart de nos témoins qui ont accepté de se livrer à notre enquête ont tous révélé qu’il avait eu des mouvements de migration réalisé par leurs ancêtres et expliquent leur installation dans le village d’Ambia. Des mouvements de migration qui pourraient s’expliquer par les règles imposées suite à la pratique de certaines activités liées à l’élevage ainsi que les activités économiques.

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Table des matières

Remerciements
Introduction générale
PARTIE I : Approche conceptuelle et contextuelle
Chapitre I : Présentation générale du terrain de recherche
Section 1 : Brève présentation de la ville d’Ihosy
1) Profil géographique de la ville d’Ihosy
2) Profil historique de la ville d’Ihosy
Section 2 : Présentation de la commune rurale d’Ambia
Section 3 : Situation économique des habitants
Section 4 : Quelques traits de l’organisation sociale interne du fokontany d’Ambia
Chapitre II : Présentation de l’échantillon d’enquête
Chapitre III : Cadres théoriques et outils méthodologiques
Section 1 : Approche théoriques sur les relations sociales avec la littérature orale
1) Interactionnisme symbolique
2) Le fait littéraire comme étant un fait social
3) Structuralisme génétique
4) Théorie de l’école de Palo Alto
5) Le courant diffusionniste
Section 2 : Outils méthodologiques
1) La première phase préparatoire et de familiarisation avec le terrain
a) Contextualisation du thème de recherche
b) L’étape de familiarisation avec le terrain de recherche
2) La seconde phase de la perception immédiate de la réalité
3) La dernière phase de l’enquête proprement dite
a) Interview avec les habitants du village
b) Entretien libre avec le Patriarche
c) Entretien libre avec le chef fokontany
PARTIE II : Perceptions et pratiques du Zafindraony et du Kalambalala
Chapitre IV : Approche quantitative des résultats
Section 1 : Point de vue des habitants
Section 2 : Point de vue du Patriarche
Section 3 : Point de vue du chef fokontany
Chapitre V : Approche qualitative des résultats
Section 1 : La pratique du Zafindraony dans le fokontany d’Ambia
1) Les dispositions spatiales
2) L’expression physique des chanteurs
a) L’habillement
b) Les symboles gestuels
3) Registre émotionnel des spectateurs
4) Le contenu des textes chantés
a) Une salutation adressée à l’assemblée
b) Le louange adressé à Dieu
5) Niveau mélodique de la chanson
Section 2 : La pratique du Kalambalala dans le fokontany d’Ambia
1) Le contenu du texte
2) La morale véhiculée à travers le Kalambalala
3) L’exécution du Kalambalala
Chapitre VI : Récit de vie
Section 1 : Fiche signalétique
Section 2 : Grilles d’orientations des questions
Section 3 : Récit de vie 
PARTIE III : Mobilités, interactions et fonctions plurielles des deux genres littéraires oraux
Chapitre VII : Les facteurs favorisant le brassage culturel
Section 1 : Les mouvements de migration
1) Facteur interne : l’élevage
2) Facteur externe : l’activité économique
Section 2 : Echanges humains
1) Mode de résidence patrilocal
2) Mode de résidence virilocal
Chapitre VIII: Glissement identitaire culturel Bara Betsileo à travers la littérature orale
Section 1 : La notion de Bara Bory
1) Approche linguistique du terme Bara Bory : analyse sémantique
2) Approche historique
Section 2 : Analyse pluridimensionnelle de la littérature orale mixte
1) Cadre spatio-temporel du Zafindraony
a) Le déroulement temporel
b) Le cadre spatial
2) Interprétation du style corporel des chanteurs
a) L’habillement
b) Symboles gestuels
3) Significations théologiques et spirituelles du Zafindraony
a) Salutation adressée à Dieu
b) Une louange adressée à Dieu
4) Théorie de la communication
5) Analyse textuel du genre non chanté Kalambalala
Section III : Etude comparative
1) Le Zafindraony dans son milieu d’origine
2) Tableau comparatif
3) Le Kalambalala dans son milieu d’origine
4) Tableau comparatif
Chapitre IX : Fonction sociale de la littérature orale mixte
Section 1 : Fonction sociale du Zafindraony
1) C’est une manière de consolider le lien social
2) Le Zafindraony : une prière
3) Le Zafindraony à double dimension contradictoire
Section 2 : Fonction sociale du Zafindraony
1) Le Kalambalala en tant qu’ornement de la cohésion sociale
2) Le rôle éducatif du Kalambalala
Conclusion générale
Bibliographie
Webographie
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des textes
Liste des photos
Annexes

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