Les capacités transversales
Certains parleront de « capacités », d’autres de « compétences ». Rey, Carette, Defrance, & Kahn (2012) font la distinction entre compétences dans le monde du travail et compétences dans le monde scolaire. Selon ces auteurs, la notion de compétence est apparue d’abord dans le discours propre au monde de l’entreprise et du travail et elle est passée au monde scolaire par l’intermédiaire de la formation professionnelle initiale et continue. Mais, y a-t-il des différences entre ces deux termes ? Certes, on trouve, dans la littérature, des différences entre ces définitions. Mais, il y a également des points communs importants qui constituent une sorte de consensus sur ces notions.
En outre, « si la notion de compétences est désormais si répandue, c’est parce que les responsables des systèmes éducatifs voient en elle un ensemble d’avantages » (p.16, Ibid, 2012). Toutefois, Perrenoud (1995) propose de réserver la notion de compétences à des savoir-faire de haut niveau qui exigent l’intégration de multiples ressources cognitives dans le traitement de situations complexes. Le PER emploie le terme de « capacité ». Selon Roegiers (2000), « une capacité, c’est le pouvoir, l’aptitude à faire quelque chose. C’est une activité que l’on exerce. Identifier, comparer, mémoriser, analyser, synthétiser, classer, sérier, abstraire, observer, …sont des capacités » (p. 51).
Mais, aucune capacité n’existe à l’état pur et toute capacité est dans un processus évolutif et n’est donc jamais complètement achevée. « Toute capacité ne se manifeste qu’à travers la mise en œuvre de contenus. Fondée sur la mobilisation et l’utilisation efficace d’un ensemble de ressources (d’ordre intellectuel, méthodologique, personnel, social et de communication) » (PECARO, 2004, p. 1).
Utilisation pédagogique des TIC
Selon Devauchelle (1999), les utilisations pédagogiques concernent trois pôles : les TIC comme objet d’apprentissage, les TIC comme moyen d’apprentissage, les TIC comme aide à l’élaboration des séquences d’enseignement.
TIC, TICE, MITIC :Ce sont des termes utilisés pour désigner les technologies éducatives. Ainsi, certains parlent de nouvelles technologies, de médias éducatifs, de nouveaux médias, d’hypermédias, de multimédias. D’autres précisent les termes en parlant de Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) pour l’Education (TICE), d’autres incluent les Médias et les Images, qu’ils dénomment MITIC (Médias, Images et Technologies de l’Information et de la Communication) (Boéchat-Heer, 2009).
Les MITIC (médias, images, technologie de l’information et de la communication) englobent une évolution technologique que l’institution scolaire ne peut plus ignorer. En conséquence, le multimédia, l’Internet et la bureautique sont des domaines qui doivent être connus par les élèves et dont les outils enseignés deviendront, plus tard, les leurs. Ainsi, la conception des TIC est passée d’une conception isolée et technique à une conception transversale, intégrée et touchant l’ensemble des médias à l’école. Les attentes fondamentales des MITIC restent les mêmes pendant la scolarité obligatoire, mais elles deviennent plus précises au fil des trois cycles (de l’utilisation du clavier et de la souris à la mise en page d’un texte). Les cours MITIC préconisent donc la dactylographie par l’utilisation d’une ressource d’entraînement (logiciel).
L’utilisation des MITIC auprès d’élèves ayant des difficultés d’apprentissage
Les études portant sur cette problématique montrent qu’il s’agit d’une piste des plus intéressantes à explorer. Ainsi, selon Depover, Karsenti & Komis (2007, p. 176), « L’utilisation des TIC auprès d’élèves ayant des difficultés d’apprentissage ou de comportement représente le quatrième contexte où les TIC semblent avoir un impact particulier sur le développement de compétences (…), les TIC rendent l’apprentissage plus stimulant et permettent aux élèves d’investir plus d’efforts sur la tâche d’apprentissage ». Les auteurs rapportent également les résultats positifs d’une méta-analyse intitulée « Le Research Report on the Effectiveness of Technologiy in Schools » (Sivin-Kachala et Bialo, 2000, cité par Ibid) portant sur 311 études. Cette étude met en évidence l’impact positif des TIC pour le développement de compétences chez les élèves éprouvant des difficultés d’apprentissage.
«Les TIC facilitent aussi l’accès à des ressources jusqu’alors inaccessibles, en plus de favoriser une mutualisation des savoirs » (Baron, 2001, cité par Depover & al., p. 177).
Les TIC selon Tardif (1998, cité par Ibid) permettent de faire des apprentissages plus « signifiants » en plus d’augmenter la capacité de résolution de problèmes et d’utilisation de stratégies métacognitives des élèves » (p. 177).
Enfin, les avantages des MITIC rapportés dans de nombreuses recherches sont grands. Cependant, il existe également un grand nombre d’études qui soutiennent qu’il n’y a aucun avantage sur le plan de l’apprentissage à utiliser tout média d’enseignement. Ainsi, Clark (1994a, cité par Ibid, p. 178) indique que « les médias d’enseignement (ordinateur, p. ex.) ne sont que des véhicules qui livrent l’instruction et qui n’influencent pas plus l’apprentissage ou la réussite éducative que le type de camion qui livre de la nourriture n’influencera le goût d’un repas ».
Selon de Depover & al. (2007), des contradictions apparaissent dans les résultats de recherches sur l’impact des TIC sur l’apprentissage. Néanmoins, c’est plutôt la manière dont les TIC sont intégrées en éducation qui aura un impact ou non sur la réussite éducative des apprenants. Ainsi les TIC seraient utiles en éducation parce qu’elles favoriseraient, dans certains contextes (et conditions), un apprentissage plus efficace.
Le rôle des MITIC dans le développement des compétences transversales
Selon Barthélémy (2004) « les mondes de l’éducation et des médias s’interpénètrent et l’on peut s’instruire, s’éduquer, en se divertissant. Le devoir pédagogique impose à l’école un effort de rapprochement de ces cultures parallèles » (p. 44). Les réticences quant à l’ordinateur en classe se sont amoindries pour s’imposer peu à peu, grâce aux possibilités répétitives qu’il offre à l’enseignant (et élève). Il en va de même avec les autres médias et technologies de l’information. Comme, notamment, la vidéo qui est particulièrement exploitée dans les pratiques pédagogiques. Il y a eu jusqu’à peu des compétences qui, tout simplement, n’avaient pas leur place à l’école, comme l’esprit critique face aux médias, l’ouverture au monde et le respect de la sphère privée, entre autres. Mais, avec l’éclosion des outils multimédias, il est nécessaire de mettre en place des directives et des actions pédagogiques rapides afin de transformer positivement les comportements sociaux et relationnels des jeunes.
Carrier (2000, p. 56) indique que : « Les outils multimédias sont d’abord des outils de communication particulièrement performants. Ils peuvent ainsi être sollicités lorsqu’il s’agit d’apprendre aux enfants à communiquer, à travailler en équipe, à échanger avec d’autres, à confronter des points de vue et mettre en commun des ressources et des connaissances. »
En accord avec Carrier (2000), introduire les MITIC dans les pratiques pédagogiques dans des classes de l’enseignement spécialisé n’est en soi ni une garantie d’efficacité, ni le signe d’une pédagogie résolument actuelle. Tout dépend en fait, et qui s’en plaindrait, du travail des enseignants, de la façon dont ils organisent la classe et placent les élèves en situation d’apprendre. Cela ne signifie pas cependant que le choix d’intégrer des outils technologiques à l’école ne soit pas déjà chargé de sens et ceci est particulièrement sensible à propos des outils multimédias. Ainsi, il est difficile de nier que ces outils offrent des potentialités nouvelles et spécifiques dans la réalisation des apprentissages scolaires.
Introduire l’esprit coopératif dans les activités collectives dans un atelier
« L’atelier est une organisation de loisirs ou d’activités éducatives utilisant l’intelligence concrète servie par la motricité manuelle dans la production d’objets. L’atelier vise à permettre les acquisitions nécessaires à la connaissance d’un métier ou à la formation gestuelle et intellectuelle indispensable à l’occupation ultérieure d’un poste de travail » (Vigy, 1976, p. 26). Ainsi, en accord avec Vigy, on peut dire que l’atelier utilise l’intelligence concrète. Cette intelligence caractérise certains élèves de l’enseignement spécialisé, en particulier mes élèves qui seront orientés vers des classes « transition école-métier » et, ensuite, les meilleurs pourront suivre une formation professionnelle certifiée (AFP). En plus, cette intelligence implique la motricité manuelle, ce qui veut dire qu’il n’est pas possible de séparer le travail de la main de celui de l’intelligence. Mais encore, l’atelier vise à permettre les activités nécessaires à la connaissance d’un métier. Ce dernier correspond aux principes que le secteur des écoles de la Fondation de Vernand poursuit dans l’accompagnement des élèves dans la phase « transition école-métier ».
En outre, dans les ateliers, tous les exercices sont envisageables et doivent être proposés aux élèves en vue de les exercer, de leur permettre de créer, raisonner et aussi bien écrire que lire ou imaginer et expérimenter, afin qu’ils construisent leur personnalité et développent leurs capacités sociales.
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Contexte
1.1.1 Secteur des écoles d’enseignement spécialisé de la Fondation de Vernand
1.1.2 Classes d’enseignement spécialisé de Bussigny
1.2 Mes motivations
2 Thème du mémoire
2.1 Problématique
2.2 Méthodologie
2.2.1 Intérêt
2.2.2 Questions de recherche
2.2.3 Hypothèses générales
2.2.4 Recherche-action
2.2.5 Échantillon
2.3 L’observation
2.3.1 L’observation intégrée
2.3.2 Outils de travail
2.3.3 Les outils d’observation
2.4 Difficultés
3 Cadre théorique
3.1 Les capacités transversales
3.2 MITIC et capacités transversales dans l’enseignement spécialisé
3.2.1 Le PER
3.3 Utilisation pédagogique des TIC
3.3.1 TIC, TICE, MITIC
3.4 L’utilisation des MITIC auprès d’élèves ayant des difficultés d’apprentissage
3.5 Avantages et inconvénients des MITIC
3.5.1 Utilisation croissante de l’iPad à l’école : possibilités et limites
3.5.2 Le rôle des MITIC dans le développement des compétences transversales
3.6 La collaboration
3.6.1 Introduire l’esprit coopératif dans les activités collectives dans un atelier
3.6.2 Pourquoi un atelier cuisine ?
3.7 La communication
3.7.1 La communication non-verbale
4 Description de l’expérience
4.1 Utilisation des MITIC à l’école de Bussigny de la Fondation de Vernand
4.2 Equipement de la classe
4.3 Enseignement de la cuisine à la Fondation de Vernand
4.4 Autoévaluation des compétences avant la mise en marche de l’expérience
4.5 Compétences développées chez l’enseignante pour mener à bien le projet
4.5.1 Profils des élèves
4.6 Organisation de la classe (atelier)
4.6.1 Familiarisation avec les outils MITIC
4.7 Organisation du travail de groupe
5 Résultats et discussion
5.1 Analyse des séquences filmées
5.2 Indicateurs observés
5.3 Vérification des hypothèses
5.3.1 Interprétation et discussion des résultats
5.4 Bilan
5.4.1 Les difficultés et remédiation
5.5 Autoévaluation des élèves
5.6 Limites de la recherche
5.7 Conclusions et perspectives
6 Références
6.1 Sites Internet consultés
7 Annexes
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