Les déficits pluviométriques engendrés ces dernières décennies années dans les régions sahéliennes, ont eu des répercussions sur l’environnement, notamment sur la production agricole, avec une forte réduction des rendements. Au Sénégal les précipitations annuelles ont beaucoup varié ces dernières décennies. La période 1958-1970 conférait au pays des pluies annuelles moyennes variant de 1600, au sud-ouest, à 400mm au nord. Durant la période 1971- 1992, cette moyenne n’est plus que de 1200 à 200mm soit une diminution allant de 400 à 200mm par endroit (Albergel, J. & Dacosta, H., 1996). En effet, ce déficit pluviométrique est très marqué dans le département de Tivaoune. En 1918 la moyenne annuelle se situait à plus de 600mm et aujourd’hui (2014) cette moyenne n’est plus que 400mm soit une diminution de 200mm en l’espace de 96ans.
Ainsi cette sécheresse a fragilisé les systèmes de production basés sur les cultures sous pluie et pose aujourd’hui le problème de la satisfaction des besoins alimentaires. Pour faire face à ces difficultés et assurer la sécurisation et l’accroissement de la production agricole, les paysans tournent vers les bas-fonds qui apparaissent comme des zones où la sécurisation de l’agriculture est possible grâce à leur régime hydrodynamique particulier .
Les bas-fonds, objet de cette recherche, ont été définis comme des fonds plats ou concaves des vallons et des axes d’écoulement déprimés, ne possédant pas de cours d’eau important bien marqué, submergés pendant une période de l’année par une nappe d’eau qui s’écoule. Les sols sont d’origine colluviale. Le bassin versant a une superficie variant de 1 à 200 km2. Les parcelles appartiennent au même village ou à quelques villages voisins. Les aménagements de régulation de l’eau relèvent d’investissements financiers faibles ou moyens. Ils peuvent être réalisés avec une forte participation paysanne. Leur gestion est compatible avec l’organisation sociale existante (Albergel, 1993).
Le bassin versant de Wangal s’étale largement dans la cuvette des Niayes et s’insinue entre le cordon de dune littorale et le front de la cuesta de Thiès, le long des axes du réseau hydrographique (Michel, P. 1972). Il se situe entre la latitude 14° 56’ et 15° 2’ Nord et la longitude 16° 52’ et 17° 1’ Ouest. Le bas-fond se trouve entièrement dans le département de Tivaoune, à cheval entre la commune de Mont Rolland qui se situe au sud, la commune de Notto Gouye Diama au centre et à l’ouest et la commune de Taïba Ndiaye au nord. Le Wangal couvre une superficie de 91 km² avec un périmètre de 53km. Son altitude maximale de 91m se situe vers Pambal et l’altitude minimale qui coïncide avec l’exutoire du bassin versant vers Notto Gouye Diama est de 6m.
PROBLEMATIQUE
Les bas-fonds présentent de fortes potentialités de développement et d’intensification de la production agricole. En Afrique subsaharienne leur surface est estimée à 85millions d’hectares, soit 7% de la superficie totale des terres dont seulement 5 à 10% sont utilisées (Andriesse et fresco, 1990) et (Albergel, 1993). Le bas-fond de Wangal comme la plupart des bas-fonds en Afrique Subsaharienne connaissait un écoulement permanent des eaux durant toute l’année. Il était occupé par une forêt galerie et il servait ainsi de lieu d’abreuvement du bétail pendant la saison sèche et de loisir pour la population qui s’y baignait. Le bas-fond était considéré comme une zone marginale par rapport aux autres espaces de culture traditionnels, alors qu’il est riche en ressources naturelles. Mais depuis le début de la sécheresse des années 60, il est devenu le centre de convergence des paysans malgré la faiblesse de sa superficie comparée à celle des terres hautes. L’extension de la mise en culture actuelle du bas-fond ne résulte pas simplement d’une pression accrue sur l’espace, la saturation des terres pluviales ou de la sécheresse. Elle dépend aussi d’autres facteurs tels que l’évolution des structures familiales et la demande urbaine (Philippe L. Delville et Nicolas C., 1998).Ce qui fait qu’aujourd’hui durant la saison sèche on ne trouve plus d’espace libre dans le bas-fond car il est entièrement mis en culture, y compris les versants. Certains agriculteurs ayant les moyens matériels et financiers se rabattent sur le plateau pour gagner plus d’espace et développer leurs cultures. Cependant durant la saison pluvieuse, le bas-fond est presque déserté étant donné que l’écoulement des eaux de pluies n’y permet pas le développement des cultures. Néanmoins on constate par endroit de petites parcelles cultivées de choux, d’aubergines amères et de piments aux abords des versants.
L’exploitation des bas-fonds est confrontée à des contraintes telles que le manque d’eau, la salinité, le manque de terre, la divagation des animaux, la commercialisation des produits après la récolte et l’absence d’investissement. En effet la revalorisation des bas-fonds constitue le fer de lance d’une économie rurale en précarité (Sarr, 2007). Ainsi l’accroissement des revenus ruraux, pour limiter l’exode rural et redynamiser les campagnes constitue un facteur important de la valorisation du bas-fond. En effet dans cette zone, à part l’agriculture on ne trouve presque pas d’activités productrices de revenus pour la population. Ce manque de travail se traduit par une très forte émigration de la population locale vers les villes (exode rural). En plus la bonne rentabilité des cultures maraîchères par rapport aux autres cultures et la présence de petits opérateurs proches du monde rural constituent des facteurs incitatifs à la valorisation de cette zone à fort potentiel, mais actuellement insuffisamment aménagée. Leur aménagement aidera les exploitants à maîtriser leur calendrier cultural à travers une gestion rationnelle des ressources. Ce mémoire de Master 2 intitulé «Mise en Valeur du Bas-Fond de Wangal », est une contribution à la compréhension des modes d’exploitation du bas fond et de l’enjeu qu’il constitue pour la population locale. Il s’inscrit ainsi dans le souci d’assurer, au moins, une pérennité aux cultures de subsistance. En effet, leur valorisation permettrait de diminuer la dépendance alimentaire de ces populations vis à vis de l’extérieur et d’assurer le développement de ces localités. Elle permettrait également de diminuer la vulnérabilité alimentaire et la paupérisation des paysans.
Caractéristiques physiques du Wangal
Il s’agit principalement de la morphométrie, de la topographie, du réseau hydrographique, de la pédologie, de la géologie, et enfin de la végétation. La répartition de l’eau dans le paysage et son stockage dans les réservoirs superficiels et souterrains dépendent de la géologie, de la géomorphologie et de la physiographie des bassins versants (Albergel et Lamachère, 1993 p.115).
Caractéristiques de forme du Wangal
La méthodologie adoptée dans cette partie se limite à l’étude de quelques caractéristiques morpho métriques du bassin versant de Wangal. Il s’agit notamment de la surface, du périmètre, de la forme du bassin, de la pente et de son orientation, qui influent en partie sur la vitesse et l’intensité de la réaction face à une sollicitation des précipitations (Musy, 2009) cité par (Manga 2012).
Densité de drainage
C’est le rapport entre la longueur totale des cours d’eau du réseau et la superficie du bassin. L’écoulement étant saisonnier dans le bassin versant de Wangal, il s’agira plutôt de calculer la densité de drainage saisonnier (Dds).Cette densité de drainage saisonnier correspond à la somme totale des cours d’eau pendant la saison pluvieuse sur la superficie du bassin, ce qui donne la formule suivante :
Dds = ∑L/A
Elle est égale à 2,3km/km² pour le bassin versant de wangal.
On a défini visuellement sur une carte rastérisée 3 noyaux (carte 5) en fonction des différentes combinaisons correspondant à diverses densités : faible, moyenne et forte. La «densité moyenne» couvre la plus grande superficie du bassin versant (43 %). Cette zone de densité moyenne regroupe à la fois les crêtes et les têtes de talwegs du bassin. La «densité faible» occupe une partie relativement large (37%). La zone de «densité forte» est répartie en portion de surface dans le bassin et couvre seulement 20% de la superficie. Ainsi on constate que la densité de drainage du Wangal est assez faible, cela est dû au relief qui est aussi faible.
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Table des matières
INTRODUCTION
PROBLEMATIQUE
Objectifs
Hypothèses
METHODOLOGIE
Revue documentaire
Collecte des données
Echantillonnage
Traitement de l’information
PREMIERE PARTIE Caractéristiques physiques et paramètres climatiques du bassin versant de Wangal
Chapitre I Caractéristiques physiques du Wangal
I. Caractéristiques de forme du Wangal
1. Délimitation et caractéristiques géométriques
2. Caractéristique topographique
Figure 1 : Courbe hypsométrique du bassin versant de Wangal
3. Réseau hydrographique
4. Morphopédologie
5. Géologie
6. Carte de l’occupation du sol
Chapitre II Climat et variabilité pluviométrique dans le bassin versant de Wangal
I. Les paramètres climatiques
1. Les températures
2. L’humidité relative
3. L’évapotranspiration potentielle Penman (ETo) ou ETP
4. Insolation
5. Les vents
II. Variabilité pluviométrique dans le bassin de Wangal
1. Homogénéisation des données
2. Analyse de la pluviométrie moyenne sur le bassin
3. Analyse de la pluviométrie interannuelle
4. Analyse des précipitations mensuelle
5. Analyse fréquentielle des précipitations annuelle
DEUXIEME PARTIE La mise en valeur du bas fond de Wangal
Chapitre III Profil socio-économique et historique de la zone Analyse des données
I. Le profil socio-économique et historique de la zone
1. Profil social
2. Historique du peuplement
3. Le profil économique
II. Analyse des données d’enquêtes
1. Répartition des exploitants par Sexe et par Age
2. Accès au foncier
3. Les différents types d’activités
4. L’élevage
5. L’emploi de la main d’œuvre extérieure
6. Accès aux crédits
7. Types de spéculation
8. La production
9. La phase post-récolte
10. Le revenu
Chapitre II Les contraintes à la mise en valeur du bas-fond
I. Les contraintes naturelles
II. Les contraintes anthropiques
III. Les contraintes économiques
IV. Hypothèses de Solutions
CONCLUSION
Bibliographie