Après une légère diminution du nombre d’interruptions volontaires de grossesse (IVG) estimées depuis l’adoption de la loi Veil le 15 janvier 1975 autorisant l’IVG en France, la courbe des IVG françaises augmente de 6% entre 1990 et 1998 (1). Cette recrudescence a principalement été influencée par une nette augmentation du taux d’IVG chez les femmes de moins de 20 ans, passant alors de 21‰ en 1990 à 26‰ en 1997. La mauvaise information sur la contraception, des méthodes mal utilisées ou peu appropriées au mode de vie des jeunes, mais aussi un accès plus difficile pour les mineures à la contraception sont autant de facteurs qui aboutissent à des grossesses non désirées (2). En France, la scolarité étant obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans révolus, le milieu scolaire semble un lieu privilégié pour qu’une information de qualité soit dispensée à un maximum d’adolescents .
C’est dans ce contexte que la loi n°2001-588 du 4 juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception est établie (3). Ses deux principaux objectifs sont alors d’allonger à 12 semaines de grossesse le délai légal maximum pour avoir recours à une IVG et de faciliter son accès pour les mineures. Cette loi replace également le système scolaire au cœur de la prévention : « Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles et par groupes d’âge homogène. Ces séances pourront associer les personnels contribuant à la mission de santé scolaire et des personnels des établissements (…) ainsi que d’autres intervenants extérieurs (…) ».
Type et lieu de l’étude
Notre étude comprend deux enquêtes. Une première enquête (A), quantitative, consiste en l’établissement d’un état des lieux de la réalisation des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle par les établissements Finistériens accueillant des élèves de la 6ème à la 3ème. L’objectif est de décrire leur mise en place par les établissements : nombre de séances, durée horaire, et professionnels les réalisant. Une seconde enquête (B), descriptive qualitative, s’intéresse à la réalisation des séances à la vie sexuelle et affective par les sages-femmes du Finistère. Elle consiste à appréhender la réalisation de ces séances : leur organisation en pratique, les relations inter-professionnelles qu’elles créent, leurs objectifs et leurs motivations à cette activité, ainsi que l’existence d’un lien entre ces interventions et les consultations au CPEF.
Population
L’enquête A concerne l’ensemble des établissements scolaires accueillant des jeunes du niveau 6ème au niveau 3ème (cf annexe I). La liste des collèges finistériens a été élaborée d’après le site de l’éducation nationale. À ces établissements ont été ajoutées les Maisons Familiales Rurales (MFR ) finistériennes accueillant également des classes de 4ème et 3ème . Pour l’enquête B, la population était les sages-femmes du département du Conseil Département du Finistère (29) réalisant des interventions scolaires. Celles-ci ont ensuite été sollicitées par courriel afin de convenir d’une rencontre pour un entretien.
Recueil des données : outils
Concernant l’état des lieux des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle dans les collèges finistériens, le recueil des données s’est tout d’abord fait par entretien téléphonique, parfois poursuivi d’un contact courriel pour les professionnels qui le souhaitaient, ceci sur la période de novembre à décembre 2016. Les données recueillies, présentées en annexe II, étaient identifiées auparavant, permettant ainsi d’obtenir des réponses précises et rapides de la part du professionnel. Les réponses nous ont été apportées par différents professionnels selon l’établissement : infirmier scolaire, principal de l’établissement ou principal-adjoint, conseiller principal d’éducation, secrétaire, enseignant, ou documentaliste.
Concernant l’étude auprès des sages-femmes, afin de rechercher une diversité d’expériences, un entretien semi-directif d’environ 45 minutes avec chaque sage-femme a été réalisé suivant un guide d’entretien , laissant place à une liberté de parole pour les sages-femmes. Les entretiens se sont déroulés en octobre et novembre 2016, sur le lieu d’exercice du professionnel. En fonction de l’accord des sages-femmes, quatre entretiens ont été enregistrés puis retranscrits, et un entretien a été mené avec une prise de notes.
Description des établissements inclus dans l’étude
116 établissements accueillant des élèves de la 6ème à la 3ème ont été recensés : 64 établissements publics, 51 établissements privés sous contrat et 1 Établissement Régional d’Enseignement Adapté (EREA ). 11 MFR ont été ajoutées à cette liste. 127 établissements sont au total concernés par cette étude. Après appel dans chacun de ces établissements, une réponse a été obtenue pour 111 d’entre eux (87%) : 56 soit 88% des collèges publics, 45 soit 88% des collèges privés, 9 soit 81% des MFR, et 1 EREA. Suite à ces réponses, 3 établissements ont été exclus de cette étude : 2 MFR n’accueillant ni classes de 4ème ni classes de 3ème, et un centre de réadaptation hospitalier annexe d’un collège public dont l’organisation ne permet pas d’organiser des interventions sur ce sujet, l’établissement n’accueillant des élèves que sur des séjours très courts. Cette étude s’est donc portée au total sur 108 collèges, soit 85% des collèges finistériens : 55 collèges publics, 45 collèges privés sous contrat, 7 MFR et 1 EREA.
Les intervenants
Au total, pour les 108 établissements inclus dans cette étude, 133 interventions sur la vie affective et sexuelle sont prévues pour l’année scolaire 2016-2017. Les différentes interventions sont animées par un professionnel unique pour 77% d’entre elles. Les interventions en classes de 4ème sont d’avantage animées par un binôme de professionnels, représentant alors 33% des interventions, contre 11% en 6ème, 24% en 5ème et 18% en 3ème. Dans les niveaux 3ème, nous retrouvons 4 interventions réalisées par une association de plus de deux professionnels. Dans les niveaux 6ème, c’est l’infirmier scolaire qui intervient principalement, celui-ci étant présent dans 55% des interventions et intervenant majoritairement seul. Concernant les niveaux 5ème, 41% des interventions sont animées par la sage-femme du CPEF seule. L’infirmier scolaire anime seul 29% de ces interventions. À ce niveau scolaire, on voit apparaître l’association infirmier scolaire et sage-femme du CPEF pour 12% des interventions. Dans les classes de 4èmes, 35% des interventions sont réalisées par la sage-femme du CPEF seule. L’infirmier scolaire anime seul 11% des séances, mais en anime 30% en duo. Ses animations en binôme se réalisent pour moitié avec la sage-femme du CPEF et pour moitié avec d’autres professionnels, ces derniers étant membres de l’établissement pour 86%.
Dans les classes de 3ème, la sage-femme du CPEF seule réalise 48% des interventions. L’infirmier scolaire seul intervient dans 3% des interventions, mais anime 17% des interventions en association. 31% des séances sont réalisées par un professionnel extérieur à l’établissement (autre que la sage-femme du CPEF). Les interventions où au moins un membre de l’établissement participe à l’animation diminuent avec l’âge scolaire : 66% des séances en 6ème, 53% en 5ème, 45% en 4ème, et 21% en 3ème.
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Table des matières
INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODES
1.Type et lieu de l’étude
2.Population
3.Recueil des données : outils
4.Analyse des résultats
RESULTATS
1.Enquête A : réalisation des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle dans les établissements scolaires niveau collège
1.1 Description des établissements inclus dans l’étude
1.2 Mise en place de séances d’éducation à la vie affective et sexuelle
1.3 Nombre d’heures consacrées aux séances d’éducation à la vie affective et sexuelle
1.4 Les intervenants
1.5 Places privilégiées de la sage-femme du CPEF et de l’infirmier scolaire
2.Enquête B : Réalisation des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle par les sages femmes du Finistère
2.1 Présentation des sages-femmes incluses dans l’étude
2.2 Organisation des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle
2.2.1 Organisation des séances en amont
2.2.2 Organisation de la séance
2.2.3 Contenu des séances
2.2.4 Outils et supports d’information
2.2.5 Différences entre chaque séance
2.2.6 Conditions favorisant le bon déroulement des séances
2.3 Relations pluri-professionnelles
2.3.1 Relations entre les élèves et la sage-femme
2.3.2 Relations entre l’infirmière scolaire et la sage-femme
2.3.3 Relations entre les autres membres des établissements et la sage-femme
2.4 Objectifs et motivations des sages-femmes à la réalisation de cette activité
2.5 Lien entre ces séances et le CPEF
DISCUSSION
1.Forces et limites
1.1 Forces et limites de l’enquête A
1.2 Forces et limites de l’enquête B
2.Discussion autour des principaux résultats de cette étude
2.1 Le nombre d’interventions
2.2 Des séances de durées inégales selon les établissements et selon les niveaux scolaires
2.3 Inégalités de répartition des séances sur les niveaux scolaires
2.4 Les intervenants
2.4.1 Associations pluri-professionnelles
2.4.2 Évolution des intervenants selon le niveau scolaire (enquête A)
2.4.3 Place de l’infirmier scolaire
2.5 La sage-femme du Centre d’Éducation et de Planification Familiale
2.5.1 Intégration dans les interventions du Finistère
2.5.2 Âge des sages-femmes du CPEF
2.5.3 Organisation de ces interventions en pratique
2.5.3.1 Rencontres inter-professionnelles en amont de la séance
2.5.3.2 Classe entière ou demi-groupes ? Mixtes ou non mixtes ?
2.5.3.3 Thèmes abordés et supports utilisés
2.5.3.4 Le retour de la séance
2.5.4 Éléments facilitant la réalisation de ces séances
2.5.4.1 Sage-femme en tant que professionnel de santé
2.5.4.2 Sage-femme en tant que professionnel extérieur
2.5.4.3 Organisation adaptée de la salle de classe
2.5.4.4 Poser un « cadre » aux élèves
2.5.4.5 Autres facteurs facilitant le déroulement des séances
2.6 Difficultés rencontrées auprès des élèves et des établissements
2.6.1 Objectifs de réalisation de ces séances
2.6.2 Influence des séances d’éducation à la vie affective et sexuelle sur les consultations au CPEF
CONCLUSION
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