Les infections associées aux soins (IAS), aussi connues sous les dénominations suivantes : « infections nosocomiales » ou « infections hospitalières » sont des infections acquises par un patient au cours des soins délivrés à l’hôpital ou dans tout autre établissement de soins et ; qui ne sont ni présentes, ni en incubation à l’admission au moment de délivrer le soin. Qui comprennent l’infection contractée dans un établissement de soins mais ne se manifeste qu’après la sortie. Elles comprennent aussi l’infection acquise par le personnel dans le cadre des activités professionnelles [1].
Les IAS touchent des centaines de millions de personnes dans le monde et représentent un problème majeur pour la sécurité des patients. Dans les établissements de soins modernes et des pays développés 5 à 10% des patients contractent une ou plusieurs IAS. Dans les pays en développement, le risque d’IAS est de 2 à 20 fois supérieures à celui dans les pays développés ; la proportion de patient affecté par ces IAS peut dépasser 25%. Dans les unités de soins intensifs, les IAS touchent environ 30% des patients et la mortalité associée peut atteindre 44% [3].
La pratique d’hygiène des mains permet de protéger le patient des germes présents sur les mains du soignant ou sur sa propre peau, de protéger le soignant ainsi que l’environnement des soins, et de prévenir de la dissémination des germes. En octobre 2005, l’OMS lançait le premier défi mondial pour la sécurité des patients avec pour objectif de réduire les infections liées aux soins, notamment par la promotion de l’hygiène des mains. Ce programme a été baptisé « Clean Care is Safer Care » (« un soin propre est un soin plus sûr »). Entre octobre 2005 et mai 2009, 120 pays représentant plus de 85% de la population mondiale y ont adhéré, faisant de la prévention des infections une priorité de leur politique de santé. À ce jour, 40 d’entre eux ont développé des campagnes de promotion à l’échelle nationale, diffusant largement les outils élaborés par l’OMS. Le 5 mai 2009, l’OMS a rappelé l’importance cruciale de l’hygiène des mains au cours des pratiques de soins dans le cadre d’une journée mondiale de sensibilisation [3]. Le Mali s’est engagé dans l’exécution de ce défi en janvier 2007 avec le choix de l’Hôpital Universitaire du Point G au Mali par l’OMS comme site pilote de la Région Africaine pour tester la stratégie de la promotion de l’hygiène des mains au cours des soins. Les recommandations de l’OMS pour l’hygiène des mains au cours des soins et la stratégie de promotion largement testée et validée sont mises à la disposition ; ainsi que des outils validés, nouveaux ou révisés, destinés aux établissements de soin du monde entier. Ceux-ci aident les établissements de soin à mesurer leur performance en matière d’hygiène des mains et à mettre en œuvre une stratégie de promotion efficace et pérenne. La stratégie a été testée dans huit centres de soins pilotes et utilisée par plus de 500 établissements de soins dans le monde dont l’hôpital du Point G au Mali [5]. Le premier atelier de travail commun entre la Région africaine de l’OMS et la Sécurité des Patients de OMS a eu lieu à Kigali en décembre 2007. Il a souligné les enjeux relatifs à la sécurité des patients et des recommandations ont été émises quant aux politiques et aux stratégies nationales visant à améliorer la situation. Les infections associées aux soins (IAS), à la tête des discussions, étaient considérées comme une priorité d’action pour la Région africaine. Les IAS ont en effet été identifiées parmi les plus fréquentes des complications liées aux soins en Afrique. En 2008, après discussion avec certains pays d’Afrique, d’une part, avec l’Angleterre et la Suisse d’autre part, la Sécurité des patients de l’OMS a mis en place un nouveau programme intitulé les Partenariats africains pour la Sécurité des patients (African Partnerships for Patient Safety – APPS), pour conduire à l’administration de soins plus sûrs aux patients. La première série de partenariats a débuté en 2009 et concerne six partenariats, trois en Afrique anglophone, chacun étant partenaire d’un hôpital en Angleterre, et trois en Afrique francophone en partenariat avec les Hôpitaux Universitaires de Genève en Suisse. Chaque année de nouveaux partenariats seront établis et rejoindront le programme. Au Mali l’hôpital Gabriel est choisi comme hôpital phare pour la sécurité des patients. Nous avons décidé de mener une étude d’évaluation portant sur la pratique de l’hygiène des mains au CHU Gabriel Touré.
Généralités sur les infections associées aux soins
Histoire de l’hygiène des mains dans la prévention des infections associées aux soins
La transmission croisée des agents pathogènes par les mains du personnel soignant au cours des soins est la cause principale des infections nosocomiales [15 ; 16]. La pratique adéquate de l’hygiène des mains, demeure la première mesure essentielle de prévention de ces infections [17]. L’importance de cette hygiène des mains dans la prévention des infections est connue depuis plus d’un siècle [18 ; 19]. En effet, c’est le médecin obstétricien Hongrois Ignaz Philippe Semmelweis (1818-1865) qui, en 1847, (figure N°1) a apporté la première preuve épidémiologique de l’intérêt de l’hygiène des mains dans la prévention de la transmission des infections [18 ; 20].
Il exerçait à l’Hôpital Général de Vienne. La maternité comportait des pavillons contigus. Dans l’un d’eux (A), les étudiants en médecine et les élèves sagesfemmes examinaient les patients ; alors que dans le second (B), seules les élèves sages-femmes intervenaient. La mortalité globale liée à la fièvre puerpérale était considérable : supérieure à 10%. Mais ces taux étaient inégaux entre les deux pavillons : en 1846 la mortalité était à 11,4% dans le pavillon A, versus 27% dans le pavillon B. A la mort par septicémie de son confrère le Dr Kolletscka, professeur d’anatomie blessé au cours d’une autopsie ; Semmelweis entrevit que les mains pouvaient être contaminatrices. Il entreprit de vérifier son hypothèse selon laquelle les mains souillées des étudiants en médecine, lors de dissection, transportaient « les fatales particules dans les organes génitaux de la femme enceinte ». En 1847 et 1848, son intervention consista à imposer à tous, la friction des mains avec une solution de chlorure de chaux, en complément, du lavage au SAVON. Le résultat fut spectaculaire : les taux de mortalité tombèrent à moins de 2% dans les deux pavillons A et B.
Rappel sur les infections associées aux soins
Différentes catégories d’IAS
Infection associée à l’Environnement des soins (IAES)
Ce sont des infections causées par la présence physique dans la structure des patients, des soignants et des visiteurs ; par l’eau, l’air, les surfaces, les linges, les aliments ; par les micro-organismes d’origine environnementale (légionnella, aspergillus) ou d’origine humaine (grippe) [2].
Infections associées aux actes de soins
Ce sont des infections qui surviennent au cours des soins délivrés par un personnel de santé ou une personne encadrée par un personnel de santé dans le cadre d’un protocole ambulatoire, de soins auto-administrés (patient lui-même, membre ou proche de la famille) [2].
Agents pathogènes :
Flore transitoire :
Ce sont des micro-organismes contaminant récemment la peau et provenant du tube digestif ou acquis de patients colonisés ou infectés, ou à partir de l’environnement ou d’un matériel contaminé [7]. Ils font un séjour bref sur la peau car ces micro organismes ne peuvent pas se multiplier à la surface de la peau et ne peuvent pas survivre très longtemps sur la peau à cause de l’effet protecteur de la flore résidente et d’un environnement peu favorable (froid, sécheresse…). La flore transitoire des malades hospitalisés est le reflet de l’écosystème microbien hospitalier [7]. Composition : Entérobactéries, Pseudomonas spp de l’environnement, Streptocoques du groupe A, Enterococcus spp, Staphylococcus aureus, Candida albicans chez les sujets immunodéprimés ou diabétiques, Spores de Bacillus spp et Clostridium spp qui proviennent de l’environnement. [7]
Flore résidente :
Elle est constituée de micro-organismes implantés de façon permanente sur la peau; elle se trouve sur la couche superficielle de la peau (statum corneum). Elle joue un rôle important dans la résistance à la colonisation. Elle prévient la colonisation par d’autres micro-organismes potentiellement plus pathogènes. D’une façon générale, les antiseptiques ont une action limitée sur la flore résidente, mais rapide et efficace sur la flore transitoire. Composition : genre Staphylococcus (S.epidermidis, S.haemolyticus, S.hominis, Staphylococcus aureus), genre Corynebacterium (C.lipophiles, C.jeikeium, C.urealyticum) présent sur tout le territoire cutané, genre Propionibacterium (P. acnes, P. granulosum, P. avidum).
Facteurs favorisant les transmissions croisées et la dissémination des micro-organismes:
•Rôle des mains : carrefour des contaminations, accentué par des facteurs socioculturels défavorables
•Absence de mesures d’isolement des patients
•Personnel peu formé
•Visiteurs non sensibilisés sur les risques et omniprésents
•Traitement de matériels de soins non conforme
•Animaux : présence de vecteurs animaux participant soit à la dissémination (mouches, cafards) soit à la transmission directe de micro-organismes (chats, chiens, rats, moustiques) [2].
|
Table des matières
1. Introduction
1.1. Objectif général
1.2. Objectifs spécifiques
2. Généralités sur les infections associées aux soins
2.1. Histoire de l’hygiène des mains dans la prévention des infections associées aux soins
2.2. Rappels sur les IAS
2.2.1. Différentes catégories d’IAS
2.2.2. Agents pathogènes
2.2.3. Facteurs favorisant la transmission des IAS
2.2.4. Mode de transmission des IAS
2.3. Hygiène des mains
2.3.1. Indication de l’hygiène des mains
2.3.2. Technique de l’hygiène des mains
2.3.3.1. Le lavage des mains au savon et à l’eau
2.3.3.2. La friction de la solution hydro-alcoolique
2.4. Solution hydro-alcoolique
2.4.1. Définition t composition
2.4.2. Formulation de solution hydro-alcoolique
2.4.3. Contrôle de qualité de la solution hydro-alcoolique
2.5. La stratégie multimodale de l’OMS pour la promotion de l’hygiène des mains
3. Méthodologie
3.1. Cadre d’étude
3.1.1. Description du CHU Gabriel Touré
3.1.2. Description des services
3.1.3. Activité du département de chirurgie
3.2. Aspects éthiques
3.3. Type d’étude
3.4. Période d’étude
3.5. Déroulement de l’enquête
3.5.1. Enquête sur les infrastructures
3.5.2. Enquête sur l’observance de l’hygiène des mains
4. Résultats
4.1. Résultat des enquêtes sur les infrastructures
4.2. Résultat des enquêtes sur l’observance de l’hygiène des mains
5. Commentaires et discussion
6. Conclusion
7. Recommandation
8. Références bibliographiques
9. Résumé
10. Annexes
Télécharger le rapport complet