Le placenta humain
Le placenta est un organe temporaire essentiel à la grossesse. Il s’agit de l’organe le plus vascularisé du corps qui assure les échanges entre la mère et le fœtus de gaz, des éléments nutritifs et assure l’élimination des déchets . Le placenta constitue également l’organe endocrine de la grossesse qui produit et métabolise les hormones d’une manière autocrine, paracrine et endocrine, contrôlant son propre fonctionnement, ainsi que celui du fœtus et de la mère. En outre, le placenta protège le « fœtus-allogreffe » du système immunitaire maternel et remplit de multiples fonctions comme celles assurées par l’intestin, les reins et les organes endocriniens après la naissances (Aplin, 1991). Sur le plan morphologique, les placentas des différentes espèces sont classés en plusieurs types en fonction de i) du nombre de couches de tissu fœtal intégrant le tissu maternel et constituant l’interface fœto-maternelle, (ii) l’interdigitation fœto-maternelle caractérisant la forme de contact entre le tissu fœtal et le sang maternel, et iii) la forme du placenta. Le placenta humain est classé comme un placenta hémochorial, car les villosités placentaires fœtales pénètrent jusque dans les vaisseaux sanguins maternels ; à interdigitation villositaire et d’une forme discoïde. Le placenta humain subit un remodelage continu tout au long de la grossesse et ce en réponse à l’évolution des besoins fonctionnels de l’embryon puis du fœtus en développement. La surface hémochoriale fœto-maternelle offre une surface de 15 m2 d’échange et se compose de cinq couches distinctes: (i) le syncytiotrophoblaste villeux en contact direct avec le sang maternel dans l’espace intervilleux (ii) la membrane basale (iii) les villosités contenant la matrice intracellulaire et les vaisseaux fœtaux (iv) une membrane basale attachée aux cellules endothéliales des capillaires (v) des cellules endothéliales des capillaires fœtaux où circule le sang fœtal (Georgiades, Ferguson-Smith, & Burton, 2002).
Chez l’homme la durée d’une grossesse et d’environ 39 semaines divisées en trois périodes de trois mois chacune dénommées trimestres de grossesse. Le terme d’une grossesse est calculé soit en semaines d’aménorrhées (SA) correspondant au nombre de semaines écoulées depuis le premier jour des dernières règles, soit en semaines de grossesse correspondant au nombre de semaines après la fécondation.
Mise en place de la placentation humaine
Phase préimplantatoire
Dans les 24 heures après l’ovulation, la fécondation de l’ovocyte se produit dans la trompe de Fallope . Les premières étapes du développement du zygote vers une morula à 16 blastomères s’effectuent lors de son passage dans la trompe de Fallope. A ce stade le zygote est enfermé dans une couche de revêtement non-adhésive appelée « Zone pellucide » . La morula rentre dans la cavité utérine environ 2 à 3 jours après la fécondation. Les divisions cellulaires mènent à la transformation de la morula, par un phénomène de compaction, en un blastocyste. Ainsi une phase de différenciation cellulaire commence, le trophectoderme issu des cellules de la surface externe du blastocyste se différencient en trophoblastes. Ces cellules donneront par la suite les structures extra-embryonnaires, dont le placenta. Les cellules de la masse interne du blastocyste donneront le bouton embryonnaire à l’origine de l’embryon. A partir de ce stade, le blastocyste perd sa zone pellucide et les trophoblastes se trouvent en contact direct avec l’endomètre de l’utérus.
Phase implantatoire
La phase implantatoire implique une série d’événements incluant: l’apposition, l’adhérence et l’invasion du blastocyste. Chez les humains (et d’autres primates et rongeurs) l’embryon devient complètement intégré dans l’endomètre et l’implantation est appelée interstitielle.
Stade pré lacunaire
L’adhérence initiale du blastocyste à la paroi utérine est appelée apposition. Ce phénomène se déroule au 6ème jour après la fécondation. L’apposition est due à l’entrecroisement des microvillosités qui se trouvent à la surface apicale du trophectoderme et des micro-protusions de la surface apicale de l’épithélium utérin, connu sous le nom de pinopodes . Au niveau de la zone de contact, deux assises vont se différencier : une assise cellulaire interne issue du trophectoderme constituée de cytotrophoblastes, et une assise cellulaire externe multi-nucléée qui va constituer le syncytiotrophoblaste (ST) . Le syncytiotrophoblaste est l’unité endocrine du placenta capable de sécréter plusieurs hormones de grossesse notamment l’hCG (human Chorionic Gonadotropin). Hautement invasif à ce stade, le blastocyste envahit l’endomètre et pénètre progressivement dans l’épithélium utérin. Une brèche se forme, facilitant ainsi la nidation du blastocyste au sein de la muqueuse utérine (Aplin, 1991).
Stade lacunaire
Ce stade est atteint entre le 8ème et 9ème jour après la fécondation. Des lacunes apparaissent dans le tissu syncytiotrophoblastique qui continue à se développer. Ces lacunes grandissent, se multiplient et finissent par fusionner et communiquer entre elles. Le réseau ainsi formé est limité par du syncytiotrophoblaste. Les lacunes formées constitueront la chambre intervilleuse dans laquelle circulera du sang maternelle .
Stade villeux
Ce stade est caractérisé par l’apparition de villosités. Leur formation est progressive et s’étend sur plusieurs jours. Ce processus se met en place du 13ème jour post-fécondation et se poursuit jusqu’à l’accouchement. On distingue deux périodes. La première s’étendant du 13ème jour post-fécondation à la fin du quatrième mois de grossesse ; elle est caractérisée par la formation de villosités choriales. C’est la période d’élaboration placentaire. La seconde est appelée période stationnaire, elle s’étend du cinquième mois jusqu’au terme (Mihu, Susman, Rus Ciuca, Mihu, & Costin, 2009). Le placenta est alors entièrement formé, mais continue à se développer par rallongement du système vasculaire .
Mise en place de la villosité placentaire
Le placenta humain est constitué d’une partie fœtale représentée par le chorion et d’une partie maternelle représentée par la décidue. L’interface fœto-maternelle se constitue graduellement au cours du premier trimestre de la grossesse et est régit par plusieurs processus finement contrôlé dans le temps et dans l’espace (Demir, Kaufmann, Castellucci, Erbengi, & Kotowski, 1989). Le premier contact des trophoblastes avec la vascularisation maternelle est à environ 9 jours après la fécondation, lorsque les syncytiotrophoblastes envahissant développent des lacunes dans lesquelles se déversera le sang maternel. Suite à cette étape, les cytotrophoblastes prolifèrent rapidement et s’insinuent dans les travées de syncytium formant ainsi des excroissances qui envahissent la paroi utérine. Les villosités baignent dans le sang maternel et sont appelées à ce stade des villosités primaires . A la fin de la deuxième semaine les villosités primaires se remplissent de mésenchyme embryonnaire provenant de la plaque choriale basale. A ce stade elles sont appelées des villosités secondaires . Enfin, à la troisième semaine après la fécondation, le système circulatoire fœtal commence à se former. Les néo vaisseaux sanguins embryonnaires apparaissent dans les villosités ; ces dernières sont alors dénommées, villosités tertiaires (Demir et al., 1989) . À partir de ce stade, les principaux constituants de la mise en place de la circulation fœto maternelle sont en place. Dans sa forme finale, le placenta est constitué de tiges villositaires qui se prolongent à partir du tissu choriale . Ces villosités sont soit flottantes dans l’espace intervilleux comme les villosités terminales , soit ancrées dans l’endomètre maternel constituant les villosités crampons. Après cette étape de mise en place de la villosité choriale, deux voies de différenciation du cytotrophoblaste se distinguent, d’une part celle de la différentiation du CT vers le ST endocrine et d’autre part celle de la différentiation vers le cytotrophoblaste extravilleux (CTEV) invasif (Cross, Werb, & Fisher, 1994).
|
Table des matières
Introduction
Le placenta
1. Le placenta humain
1.1 Mise en place de la placentation humaine
1.1.1 Phase préimplantatoire
1.1.2 Phase implantatoire
1.1.3 Stade pré lacunaire
1.1.4 Stade lacunaire
1.1.5 Stade villeux
1.2 Mise en place de la villosité placentaire
1.2.1 Cytotrophoblaste villeux
1.2.2 Cytotrophoblaste extravilleux
1.3 Le placenta murin
1.3.1 Comparaison entre placentas humain et murin
1.4 Remodelage vasculaire
1.4.1 Formation et rôle des bouchons trophoblastiques dans le remodelage
1.4.2 Remodelage indépendant de l’invasion trophoblastique
1.4.3 Mécanisme du remodelage des artères spiralées
1.5 Cancer et grossesse: Similitudes dans la prolifération et l’invasion
1.5.1 Prolifération
1.5.2 Invasion
Résumé Chapitre I
Les Maladies Trophoblastiques Gestationnelles
2. Introduction
2.1 Pathologie, Génétique et classification des MTG
2.1.1 Grossesses môlaires : Complètes et partielles
2.1.2 Nodules du site placentaire (NSP)
2.1.3 Site placentaire exagéré (SPE)
2.1.4 Le Choriocarcinome (CC)
2.1.5 Mole invasive
2.1.6 Tumeur trophoblastique du site placentaire (TTSP)
2.1.7 Tumeurs trophoblastiques Epithéloїdes (TTE)
2.2 Epidémiologie
2.3 Facteurs de risque
2.3.1 Age
2.3.2 Antécédents
2.3.3 Groupe sanguin
2.3.4 Niveau socio-économique
2.4 Diagnostic des maladies trophoblastiques gestationnelles
2.5 Traitement des maladies trophoblastiques gestationnelles
2.5.1 Grossesse môlaire
2.5.2 Néoplasie trophoblastique gestationnelle
2.5.2.1 Patientes à faible risque de néoplasie trophoblastique gestationnelle
2.5.2.2 Patientes à Haut risque de néoplasie trophoblastique gestationnelle
2.5.3 Chirurgie
2.6 Dosage d’hCG : Faux positifs et « Fantôme d’hCG »
Résumé Chapitre II
Les Prokinéticines
3. Découverte des prokinéticines
3.1 Les gènes des prokinéticines
3.2 Les protéines des prokinéticines
3.3 Les récepteurs des prokinéticines
3.4 Activation des récepteurs couplés aux protéines G
3.4.1 Différentes protéines G
3.4.4 Affinités des agonistes et antagonistes pour les récepteurs des prokinéticines
3.5 Expression des prokinéticines
3.5.1 Expression des prokinéticines dans le système central et périphérique
3.5.2 Expression des prokinéticines dans le système reproducteur mâle
3.5.3 Expression des prokinéticines dans le système reproducteur femelle: Ovaires
3.5.4 Expression des prokinéticines dans le placenta
3.6 Expression de l’EG-VEGF et de ses récepteurs dans le placenta murin
3.7 Régulations locales de l’expression de l’EG-VEGF
3.7.1 Régulation par l’hypoxie
3.7.2 Régulation par l’hCG
3.7.3 Régulation par les stéroïdes
3.8 Prokinéticines et angiogenèse
3.9 Prokinéticines et système immunitaire
3.10 Prokinéticines et cancer
3.10.1 EG-VEGF et Cancer colorectal
3.10.2 EG-VEGF et carcinome de l’endomètre
3.10.3 EG-VEGF et cancer de l’ovaire
3.10.4 EG-VEGF et Cancer de la prostate
3.10.5 EG-VEGF et Cancer des testicules
Résumé Chapitre III
VE-Cadhérine
4. Cadhérines épithéliales et endothéliales
4.1 Structure de la VE-cadhérine
4.2 Signalisation de la VE-cadhérine
4.3 Régulation de la VE-cadhérine par phosphorylation
4.4 Sites de phosphorylation de la VE-cadhérine humaine
4.5 Cadhérines et cancer
Résumé Chapitre IV
OBJECTIFS
Conclusion