Soutenance mémoire
IMPORTANCE DES MIGRATIONS INTERNES ET EXTERNES OUEST-AFRICAINES
Le déplacement des populations n‟est pas un phénomène particulier en Afrique de l‟Ouest. L‟histoire nous rappelle que tous les peuples de l‟Afrique de l‟Ouest contemporaine viennent des régions des fois éloignées des régions qu‟ils occupent aujourd‟hui . Les migrations sont souvent des migrations de main d‟œuvre, non de peuple. Bien avant la colonisation européenne, l‟Afrique était un espace de mouvement des populations .
Aperçu historique des migrations
Depuis le XV-XVI siècle, le commerce transsaharien a été florissant entre nomades berbères, royaumes africains et commerçant du pourtour de la méditerranée autour de l‟achat et de la vente de gomme arabique, de cuivre de sel, d‟ivoire ou encore en s‟accompagnant de déplacements pendulaires de personnes. Avec les déplacements Sud-Nord, se superposent des déplacements Est-Ouest au sein de trois bassins socioculturels traditionnels majeurs que sont la zone Haussa Kanuri, l‟arc peul du Lac Tchad au Fouta Djallon et l‟aire mandé . La fin de la traite transsaharienne et des flux de populations qui les accompagnent sont notés à partir du XX siècle.
De ce fait, les flux migratoires sont remplacés, surtout à partir des années 1930-1950 par le déplacement des travailleurs à l‟intérieur des anciens espaces coloniaux comme l‟Afrique occidentale française (AOF). La spécialisation de ces colonies en espaces agricoles autour des économies de rentes à l‟exemple du bassin arachidier au Sénégal, le bassin cacaoyer en Cote d‟Ivoire ou au Ghana….structure les flux migratoires entre espaces attractifs et espaces répulsifs . Mais à partir des années 1970, les flux migratoires transsahariens reprennent dans la vigueur avec la multiplication des besoins en main d‟œuvre. Le développement du secteur pétrolier dans d‟autres pays active les mouvements pendulaires de travailleurs subsahariens, principalement en Afrique de l‟ouest. L‟accélération du processus d‟urbanisation des espaces côtiers ouest africain à partir des années 70-80, s‟accompagne d‟un exode rural soutenu qui perdure encore de plus en plus.
Les migrations intra-régionales se structurent alors autour des pôles d‟attraction que sont l‟air Ghana, Cote d‟Ivoire sous l‟effet de l‟économie du cacao et du café, le pole Nigéria autour du secteur pétrolier et en fin le Sénégal en raison des échanges commerciaux notamment dans le secteur agricole plus précisément l‟arachide . Le phénomène migratoire est dans une phase d‟épanouissement tout en se généralisant à l‟ensemble des régions qui se partagent de plus en plus clair en zones d‟immigrations et zones d‟émigrations . Les migrations de main-d‟œuvre non qualifiée constituent la plus grande masse des flux migratoires . Le phénomène migratoire en Afrique de l‟ouest est plus souvent un flux de certaines campagnes vers d‟autres villes. Avec la distance, elle nécessite une importance lorsque celle-ci implique le passage d‟une frontière.
Avant la colonisation, les mouvements des peuples étaient trop importants, mais aujourd‟hui ces migrations des peuples sont tout à fait marginales par rapport aux migrations de main d‟œuvre. Ces mouvements de main d‟œuvre se caractérisent par le flux de migration des régions de l‟intérieur (Haute-Volta, Mali, Niger) vers le littoral, principalement vers les zones de plantations que des villes, un flux de certaines populations du Mali et de la Guinée vers le bassin arachidier Sénégalo gambien. Ce flux composé des allées et venues a disparu, mais les flux vers les villes du Sénégal s‟accentuent . Les mouvements de départ, tant des saisonniers que des mouvements à moyen et long terme, sont les Etats de l‟intérieur. La chute économique des pays du sahel, du fait de la pauvreté des sols à cause des facteurs climatiques, Haute-Volta, Mali, Niger, en font des réserves de main d‟œuvre pour les pays côtiers (Cote d‟Ivoire, Ghana, Gambie, Nigéria, Sénégal). Les déplacements des populations ont été accrus par les colonisateurs qui avaient besoin des réserves de population dans leurs entreprises pour le travail forcé, le service militaire .
L‟un des facteurs qui influence l‟évolution de la migration est le système économique colonial, celui-ci a entrainé d‟importants mouvements volontaires de populations vers les villes minières, les plantations et les centres urbains commerciaux et administratifs. Les marchés européens pour la vente de produits agricoles et miniers, les économies africaines seront vouées à l‟exportation et vont connaitre de ce fait des disparités régionales . Les stratégies de développement instaurées par les puissances coloniales ont eu une grande influence sur la structure actuelle des mouvements migratoires internes. En Afrique de l‟ouest, l‟économie reposait sur l‟exploitation minière et les cultures commerciales dans les régions côtières, et les installations connexes tels les réseaux de communication (routes, chemin de fer etc.…..) étaient destinées d‟abord et avant tout à desservir ces régions . C‟est ce qui est à l‟origine des profondes disparités régionales dans le développement socioéconomique. Après les indépendances, la majorité des pays africains ont suivi la voie tracée par les colons et continué de suivre la même politique de développement. C‟est ce qui ne fait qu‟accentuer les inégalités entre les régions côtières et l‟arrière pays. L‟exemple le plus marquant à cet égard est la prédominance de la culture arachidière au Sénégal, au détriment de l‟agriculture intensive qui était plus profitable pour le Sénégal. La Haute-Volta constituait une réserve de main-d‟œuvre pour les régions côtières comme la Cote d‟Ivoire et du Ghana .
L‟Afrique de l‟ouest est une sous-région qui a connu de nombreuses migrations qui sont dues à la pression démographique, la pauvreté, les problèmes économiques et les conflits endémiques. Les migrants considèrent cette région comme un espace économique caractérisé par un commerce de bien et de services florissant par la libre circulation des personnes. Les mouvements migratoires dans cette région ont des racines socio-économiques, politiques, historiques et culturelles qui ont marqué les migrations intra-régionales des travailleurs transfrontaliers, des professionnels, des femmes commerçantes, des réfugiés etc. C‟est ce qui fait que la carte des mouvements migratoires présente un visage très contrasté, certains pays sont des pays d‟origines, ou servant aux migrants de lieux de transit, d‟autres des pôles d‟attractions . Durant l‟époque antérieure à la colonisation, les flux migratoires avaient pour motif principal la recherche d‟une plus grande sécurité et de nouveaux espaces propices à l‟agriculture où les migrants peuvent habiter sans danger. Mais l‟instauration d‟un régime colonial introduit et applique par la force différents systèmes politiques et économiques en imposant des taxes et fixant des frontières territoriales, qui seront à l‟origine de la modification de ce système migratoire. Une nouvelle stratégie voit le jour avec des mesures économiques et des politiques de recrutement ( embauche forcée, législations et contrats sur le travail obligatoire) sont mises en places pour stimuler la migration des travailleurs originaires du Mali, du Togo et de la Haute-Volta vers les chantiers routiers, les plantations et les mines de la Cote de l‟or (actuel Ghana) et la Côte-d‟Ivoire. Le développement des transports a réduit les distances et les dangers liés à des voyages qui jusqu‟alors font obstacles aux migrations lointaines tout en facilitant la migration de la main d‟œuvre. Cette migration voit naitre une migration essentiellement masculine, saisonnière et transfrontalière . Les régions côtières et forestières de l‟Afrique de l‟ouest, qui autrefois avaient une faible densité sont devenues les principales régions de peuplement avec l‟importance des flux migratoires. Ces changements ont été favorisés par les politiques appliquées par les puissances coloniales, même après les indépendances, les nouveaux Etats ont mis l‟accent sur la promotion de cultures de rente (café, cacao, palmier à huile, arachide….) et le développement de grandes agglomérations dotées d‟infrastructures portuaires.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : MIGRATIONS INTERNE ET EXTERNE DANS L‟ESPACE OUEST-AFRICAIN
CHAPITRE I : IMPORTANCE DES MIGRATIONS INTERNES ET EXTERNES OUEST-AFRICAINES
CHAPITRE II : PRESENTATION DES FLUX DE MOBILITES INTERNES ET EXTERNES
DEUXIEME PARTIE : FACTEURS ET IMPACTS DES MIGRATIONS INTERNES ET EXTERNES DANS L‟ESPACE OUEST-AFRICAIN
CHAPITRE I : LES CAUSES DES MIGRATIONS
CHAPITRE II : LES CONSEQUENCES DES MIGRATIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
