Les villes naissent sur un site, dans un contexte justifiant leur mise en place et leur développement. Elles évoluent selon des facteurs économiques, sociaux, politiques ou spatiaux, en interaction avec la croissance et la composition de leur population. Le développement des villes dépend souvent des relations qu’elles tissent avec la région, de leur place dans l’échiquier national et de leurs échanges internationaux. Thiès est une ville qui doit sa naissance et une partie de son évolution au chemin de fers qui catalyse tout le processus de la culture de l’arachide dans le bassin arachidier. Les usines de Dakar, Saint Louis, de Thiès Kayes, puis du Dakar Niger puis de la SNCS (Société Nationale de Chemins de fers du Sénégal) ainsi que les Industries Chimiques Du Sénégal (ICS) ont suscité un appel de main d’œuvre, grossissant la taille de la population citadine. A ces cheminots et ouvriers s’ajoutent les commerçants qui font partie des premiers habitants de la ville. On retrouve aussi des ruraux, des agriculteurs, des artisans … Plutôt rural avant 1920, Thiès a connu une urbanisation progressive, des années 1940 aux années 1960, importante, dans les années 1970, contribuant à l ’amenuisement des réserves foncières dans le périmètre urbain et aboutissant à la création des lotissements de Grand Standing et Mbour III respectivement en 1978 et 1980. Trois constats majeurs se dégagent de l’urbanisation de la ville :
– une croissance importante de la population urbaine,
– un besoin en espace d’habitations et l’accès difficile à la propriété foncière,
– et le manque de fonds chez certains citadins pour investir dans les activités commerciales.
C’est pour répondre au besoin en espaces habitables, il fut procédé au lotissement des quartiers en question. Plutôt destinée à abriter les fonctionnaires de l’Etat et les retraités, cette extension périphérique n’en demeure pas moins empreinte de diversité de professions de ses habitants, car on y retrouve sans omettre des chômeurs, de nouveaux diplômés, de nouveaux citadins en quête d’emploi, entre autres. La vétusté des infrastructures et des équipements urbains, la mise en veilleuse des chemins de fer, une croissance démographique et urbaine soutenue que ne suivent pas la croissance économique et celle des ressources des ménages, demeurent les raisons qui poussent une frange importante de la population à migrer : des chômeurs aux néo-citadins, des fonctionnaires aux ouvriers.
CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN DES QUARTIERS AMITIE ET GRAND STANDING
La ville de Thiès a connu une croissance urbaine marquée par l’apparition de nouveaux quartiers dans le tissu urbain. C’est ainsi que la trame urbaine s’est élargie de part et d’autre. Dès lors, la croissance démographique s’est traduite, dans l’espace, par une extension et un élargissement de la ville. La surface des espaces bâtis, occupés par l’habitation, les unités commerciales et d’autres infrastructures sociales de base, est donc évaluée à 1350 ha en 1956. De 1933 hectares, la superficie urbaine est ainsi passée à 1933 ha en 1980 pour atteindre 3600 ha en 2003. En 2006, 6822 ha de périmètre communal dont 4121 occupés et 2562 ha de titres fonciers. « De 1981 à 1996, les principaux lotissements réalisés sont situés dans les secteurs Sud, SudOuest et Est » (PDU Thiès horizon 2025). Dans cette configuration la route nationale 2 et celle de Sindian continuent d’influencer l’orientation de l’occupation humaine. Au pied du plateau de Thiès les quartiers de Mbour III et de Grand Standing sont excentrés vers le Sud-ouest de la ville. Ils font partis des quartiers plutôt récents. Ils ont une situation excentrique par rapport aux autres parties de la ville. Ils constituent cependant, un réceptacle pour entrer à Thiès en provenance de Dakar ou de Mbour. Du point de vue de la structure démographique, la zone présente quelques nuances, comparée à la ville prise dans sa totalité. Les comparaisons entre les différents ménages montrent des disparités dans les caractéristiques socio-démographiques aussi bien pour les ménages émigrés que non migrants.
CADRE PHYSIQUE
EVOLUTION SPATIALE DE LA VILLE DE THIES
La croissance de la population urbaine de Thiès, découlant du c roît naturel, du solde migratoire intérieur et l’évolution des activités urbaines se traduisent par une occupation des espaces intercalaires, la rénovation et la réaffectation de bâtiments anciens affectés à d’autres fins. Ainsi, dans le périmètre d es quartiers existant avant 1980, la densification de l’occupation humaine devient une réalité préoccupante. L’évolution spatiale s’est aussi poursuivie par l’occupation irrégulière d’espaces périphériques dans les franges de la ville, allant jusqu’à empiéter les villages de la communauté rurale de Fandène au Sud-est (Darou Salam). Grand Standing et Amitié, lotis respectivement en 1978 et 1980, sont des quartiers nés de l’extension de la ville vers le Sud-ouest.
EXTENSION SPATIALE DE LA VILLE
Après les indépendances, la ville de Thiès a connu une croissance démographique importante. Les activités urbaines s’étoffent et s’intensifient, même si leur rythme de croissance ne suit pas le besoin de trouver un emploi que fait naître le croit démographique. La surface des espaces bâtis (abritant les habitations et les unités commerciales et autres infrastructures sociales de base) est ainsi évaluée à 1 350 hectares en 1956. Cette surface urbaine est passée à 1933 hectares en 1980 pour atteindre 3600 hectares en 2003. En 2006, 6822 hectares de périmètre communal dont 4121 hectares occupés et 2562 hectares de titres fonciers. D’une part une extension vers le Nord-ouest est obstruée par la base militaire tandis que le Nord et le Nord-est présentent des terrains inondables nécessitant une viabilisation coûteuse (Thionakh). D’autre part, « De 1981 à 1996, l es principaux lotissements réalisés sont situés dans les secteurs Sud, Sud-Ouest et Est » (PDU Thiès horizon 2025). Dans cette configuration la route nationale 2 et celle de Sindian continuent d’influencer l’orientation de l’occupation humaine. En résumé, de 20 quartiers en 1981, on c ompte 42 quartiers dont 14 qua rtiers récents lotis mais sous-équipés situés dans la zone d’extension Sud. Par conséquent, c’est le besoin de loger qui engendre l’éclosion d’une extension irrégulière vers le Sud-est de la ville aboutissant à la création de Darou Salam. Par contre, les lotissements de Grand Standing et Amitié destinés au départ à d es fonctionnaires, étaient viabilisés et restaient nettement les plus chers de la cité. L’apparition de nouveaux acteurs sociaux, en l’occurrence les émigrés, a stimulé le processus construction de parcelles d’habitations grâce aux fonds plus substantiels qu’ils détiennent.
CREATION DES QUARTIERS MBOUR III ET GRAND STANDING
La définition du terme quartier nous montre que le découpage de la ville en quartiers n’est pas toujours fait sur des bases cohérentes et impartiales. Ce terme a souvent une connotation bien éloignée de la représentation qu’on en fait dans les écrits géographiques. « Partie d’une ville ayant une physionomie propre, liée à son histoire, à son paysage, à sa localisation dans la ville, aux spécificités éventuelles de son peuplement et de sa culture, lui conférant une certaine unité. » (Concepts et problématiques – Lexique des villes et de l’urbain) .
Cette définition peut nous permettre de considérer l’ensemble Grand Standing – Mbour III comme n’étant qu’un seul et unique quartier tant l’histoire, la physionomie et le peuplement restent identiques et se sont déroulés presque dans les mêmes conditions. Le contexte de la création de ces quartiers demeure le manque d’espaces intercalaires habitables entre les quartiers déjà existants, le besoin de loger les populations, l’accès à l a propriété foncière et au logement. C’est précisément le lundi 5 mai 1980 que le préfet a pris un arrêté créant les lotissements de Grand Standing et de Mbour III. Par la suite une commission d’attribution des parcelles présidée par le maire a été érigée pour étudier les demandes d’attribution. Le cadastre, la direction de l’urbanisme et de l’aménagement ainsi que les domaines étaient associés aux travaux d’attribution pour permettre une plus grande cohésion. Les mesures prises n’ont pas empêché les ventes de parcelles et l’ouverture d’un marché du foncier dans lequel les émigrés essentiellement acheteurs ont largement tiré profit. Ce pendant l’occupation s’est déroulé progressivement et il faut attendre la fin des années 90 pour que naissent officiellement les quartiers de Grand Standing et de Mbour III. Ce dernier a p ris récemment le nom de « Amitié ».
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE
PREMIERE PARTIE : CADRE PHYSIQUE ET HUMAIN DES QUARTIERS AMITIE ET GRAND STANDING
CHAPITRE I : CADRE PHYSIQUE
I- EVOLUTION SPATIALE DE LA VILLE DE THIES
II- PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
CHAPITRE II : LES ASPECTS HUMAINS
I- CARACTERISTIQUES SOCIO-DEMOGRAPHIQUES DES MENAGES
II- CARACTERISTIQUES DES EMIGRES INTERNATIONAUX
DEUXIEME PARTIE : EFFETS DES MIGRATIONS INTERNATIONALES SUR LES MENAGES ET SUR LEUR HABITAT
CHAPITRE I : LES INVESTISSEMENTS DOMESTIQUES
CHAPITRE II : MIGRATIONS INTERNATIONALES ET MOBILITES RESIDENTIELLES
CHAPITRE III : MIGRATIONS INTERNATIONALES ET HABITAT URBAIN
TROISIEME PARTIE : MIGRATIONS INTERNATIONALES ET ACTIVITES URBAINES
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES INVESTISSEMENTS ECONOMIQUES
CHAPITRE II : COMMERCE
CHAPITRE III : LES SERVICES
CONCLUSION GENERALE