Le sol constitue l’un des éléments indispensables à la vie végétale, animale ou humaine. L’homme tire du sol l’essentiel de sa production alimentaire. Cependant, l’augmentation de la pression démographique l’oblige à étendre les terres de cultures, à intensifier la production et à utiliser des techniques pas toujours adaptées au maintient de la fertilité des sols. Sous l’influence de ces activités humaines mal conduites, l’équilibre est rompu, l’érosion s’accélère aboutissant à la baisse de la productivité des sols avec des conséquences désastreuses pour le milieu physique et ainsi que pour l’économie.
Cette dégradation des terres n’est pas un phénomène nouveau, mais il atteint actuellement une ampleur sans précédent d’où la faiblesse des rendements agricoles. Dans la commune, la dégradation des sols inquiète beaucoup la population puisque composée essentiellement de paysans. Les terres cultivables deviennent de plus en plus rares et un sol de plus en plus pauvre. D’autre coté les politiques d’ajustement structurel mise en œuvre pour juguler la crise économique ont eu pour conséquence d’accroitre les déficits sociaux. Le surpâturage est un fait constaté dans la commune de Loul Sessène avec toutes ses conséquences.
L’arachide la seule pourvoyeuse en revenu agricole de la zone n’est plus rentable. Cette faiblesse des rendements s’explique dans une large mesure par des déficiences techniques : préparation du sol par simple grattage superficiel à la houe manuelle, absence d’engrais, semitardif, mauvaises semences, envahissement des cultures par les herbes, dégâts du fait des insectes et parasites et des pertes au cours du stockage. En plus, les aléas climatiques limitent les potentialités de culture pluviales.
D’où des conséquences sur la famille confrontée à des difficultés réelles pour la satisfaction des besoins essentiels de ses membres. Tout cela sont des phénomènes visibles auquel la population est confrontée et qu’elle ne parvient pas à résoudre .De manière plus spécifique ce sont surtout les impacts de la dégradation sur les propriétés physiques des sols (infiltration, capacité de rétention…) qui préoccupent les agriculteurs. Il suffit de constater l’importance accordée par les populations aux techniques utilisées pour la conservation de l’eau et pour celle des sols pour s’en convaincre. Les agriculteurs pauvres adoptent des stratégies complexes pour assurer leur subsistance et l’importance relative de l’agriculture est très variable dans leurs ménages. Pour beaucoup d’entre eux le moyen le plus important pour gagner sa vie n’est plus l’agriculture mais l’émigration ou la diversification des sources de revenus pour l’exercice d’activités non agricoles.
En outre, la migration est analysée comme un phénomène démographique et socialement sélectif. En fondant leur recherche sur le profil des migrants, M.GUILLON(2004) et NSTOKMAN(2004) ont montré que le plus souvent sont les adultes jeunes, ayant une certaine formation et un minimum de disponibilités, qui sont touchés. Ces mêmes auteurs ont donné une part importante de l’orientation des flux migratoires par les inégalités économiques entre les espaces. Par la suite, ils ont insisté sur les facteurs explicatifs des flux migratoires, ce sont notamment les facteurs économiques qui ont longtemps été les seuls motifs avancés. Le raisonnement est affirmé par la théorie néoclassique de la migration. Elle postule que les pays ou le rapport travail /capital est élevé tendent à l’équilibre vers un bas niveau de salaire alors que les pays ou ce rapport est réduit tendent vers des salaires élevés (CASELLI et al 2003).La différence de salaire qui en résulte incite les travailleurs des pays à faible salaire à migrer vers les pays à hauts salaires.
Ainsi celui-ci émigre dans l’espoir de gagner suffisamment d’argent pour servir la famille et les parents laissés au terroir. L’attachement du migrant au terroir local se matérialise par l’envoi périodique de sommes d’argent, effectué à partir du lieu de séjour. Ce montant transféré varie selon que le migrant ait un emploi rémunéré ou non. L’envoi d’argent semble être une obligation pour tous les migrants, même ceux qui sont sans emploi ou qui ne travaillent que de manière épisodique (emploi temporaire).Ceci peut nous amener à nous interroger sur les sources de revenus des migrants qui sont au chômage. En effet, la plus part des sans emplois se livrent soit au petit commerce des foyers ou à l’exercice d’un travail précaire journalier qui leur assure de l’argent.
Plusieurs études ont été menées sur cette zone mais la migration rurale urbaine et stratégies de survie non d’où l’intérêt de mener notre réflexion sur la migration comme une stratégie de survie dans la commune et plus particulièrement dans la zone de boyard.
PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
La zone de Boyard et celle de Loul Sessène sont des parties intégrantes de la commune de Loul Sessène qui appartenait jusqu’en 1984 à l’ancienne région administrative du SineSaloum, date à laquelle celle-ci a été scindée par la loi 84-22 du 22 février 1984 en deux régions administratives distinctes à savoir celle de Kaolack et celle de Fatick dont elle dépend depuis lors. Elle est une des quatre(04) CR constitutives de l’arrondissement de Fimela et couvre une superficie de 328km2 sur une population de 18153 habitants.
Limitée à l’Est par la CR de Diouroup, à l’Ouest par la CR de Nguéniène dans le département de Mbour, au Nord par l’arrondissement de Tattaguine et au Sud par la CR de Djilass, elle est située à 14° 18’ 0’’ de latitude nord et 16° 36’ 0’’ de longitude ouest. La commune de Loul Sessène est constituée par dix sept (18) villages appartenant au même terroir et unis par une solidarité résultant notamment du voisinage et ensemble capable de trouver les ressources nécessaires à leur développement (Article 192 du code des collectivités locales).
Cette commune a fait l’objet d’un zonage basé sur des raisons d’ordre pédologiques et socioculturel. C’est ainsi qu’on distingue d’une part, la zone de Loul, ou domaine des tannes, qui est constituée de 08 villages à savoir Loul Sessène, Loul Ndoundour, Loul Ndiodiome, Ngessine, Sing Ngessine, Ndoff, Sakhor et Dack , d’autre part, la zone de Boyard ou domaines des vallées qui est notre zone d’étude formée de 06 villages que sont Boyard Ndiodiome, Boyard Tock, Sing Boyard, Ndiol Mangane, Ndiol Khokhane et Thiendié enfin la zone de Ndiagamba constituée de sols diors, decks et deck dior et composée de Ndiagamba, Pombane, Nobandane, et Fouambégnard.
Les données morpho-pédologiques
La géomorphologie
Etudier la géomorphologie d’un milieu, revient à relater la formation et l’évolution de son relief. Il s’agit donc, tel que souligné par Tricart (1972 in Travaux pratiques de géomorphologie structurale), de décrire et d’expliquer les inégalités et irrégularités observées à la surface terrestre.
Située dans le bassin du Sine Saloum, notre zone d’étude appartient à l’ensemble du bassin sédimentaire Sénégalo-mauritanien qui, à l’exception d’une partie du Sénégal oriental, concentre la plus grande partie du territoire national. En effet, l’histoire géologique de ce bassin a fait l’objet de nombreux travaux scientifiques auxquels nous nous sommes appuyés pour retracer les différentes phases qui ont contribué à l’édification du relief actuel. Ce bassin, comme le témoignent de nombreuses études, a pris naissance au début du jurassique à la suite des distensions triasico-liasiques responsables de l’ouverture de l’Océan Atlantique. C’est au courant de cette phase qu’il se serait rempli de sédiments essentiellement marins dans sa partie occidentale entre le Jurassique supérieur et l’Eocène supérieur avant le retrait généralisé de la mer à la fin de cette période.
Il aurait connu au début du Tertiaire une sédimentation qui, selon Sall. M (1983) est à dominante chimique et biochimique. Selon ce dernier, les calcaires et argiles du Paléocène et de l’Eocène inférieur affleurent entre le horst de Ndiass et Kaolack. Les sédiments marins de l’Eocène moyen sont recouverts dans la région de l’estuaire du Sine Saloum de dépôts argileux, sableux et gréseux du Continental Terminal qui correspond à des dépôts détritiques marins couvrant la majeure partie du bassin. La mer se serait ensuite progressivement retirée pour ne former plus au Miocène qu’un golfe couvrant la basse et moyenne Casamance. Il en résulte une forte altération continentale de ces dépôts détritiques surmontés par une cuirasse latéritique formée en climat tropical humide entre le pliocène et la base pléistocène. Et c’est surtout au cours de cette phase récente du Quaternaire que notre zone d’étude a acquis sa configuration actuelle. Un tel point de vue est partagé avec Pélissier (in les paysans du Sénégal, 1966) qui estime que « les différents étages marins accumulés dans le Bassin sédimentaire du Sénégal sont voilés par une couverture continue de formations quaternaires sur toute l’étendue du territoire étudié à l’exception de la presqu’ile du Cap-Vert et de la falaise de Thiès. Dans le Bassin de l’arachide, couvrant notre zone d’étude, les formations gréseuses du Continental Terminal qui coiffent dans une grande partie du pays les assises marines de l’Eocène, ne jouent qu’un rôle marginal car n’apparaissant que sur ces lisières orientales dans le Ferlo.».
Cette phase se caractérise par une alternance d’épisodes humides et d’épisodes secs ayant façonné le milieu. Ainsi au cours de la période post Inchirienne, dite Ogolienne, il se serait produit un assèchement lisible à travers l’avancée du désert du Sénégal jusqu’au Nord de la Gambie, en englobant le Delta du Saloum. Les reliefs dunaires se seraient formés au cours de cette période. Datée entre 20000 et 18000 ans BP, elle est suivie du Tchadien. Période très humide, le Tchadien se caractérise par une remontée du niveau de la mer. C’est au courant de cette phase que le réseau hydrographiques du Sine et du Saloum se serait mis en place entre 13000 et 8000 ans BP, c’est-à-dire à l’Holocène inférieur (Michel, 1973 cité in Kaly, 1991).
Il est séparé du Nouackchottien par une phase sèche dite « petite phase sèche du Tchadien » au cours de laquelle les dunes Ogolienne furent localement remaniées. Marqué par une transgression marine, le Nouackchottien demeure la période la plus longue qui aurait atteint son maximum vers 5.500 ans BP. « C’est au courant de cette phase que la mer avait envahi les basses vallées du Sine et du Saloum » .Il est suivi d’un retrait du niveau de la mer qui en abandonnant les cordons sableux successifs a occasionné un comblement des lagunes inter cordons favorisant ainsi avec les cordons dunaires, l’édification des iles du Saloum.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
CADRE OPERATOIRE
QUESTIONS DE RECHERCHE
OBJECTIFS DE RECHERCHE
HYPOTHESE DE RECHERCHE
METHODOLOGIE
LES DIFFICULTES RENCONTREES
CHAPITRE I : LA COMMUNE DE LOUL SESSENE : UNE ZONE DE PLAINE HUMIDE
CHAPITRE II : LE CADRE SOCIO-ECONOMIQUE
CONCLUSION PARTIELLE
CHAPITRE I : LE PROFIL DES MENAGES
CHAPITRE II : LA MIGRATION DANS LA ZONE DE BOYARD
CHAPITRE III : MOTIVATIONS DE DEPART
CONCLUSION PARTIELLE
CHAPITRE I : LES TRANSFERTS DES MIGRANTS
CHAPITRE II : L’IMPACT DES REVENUS DE LA MIGRATION SUR L’AMELIORATION DES CONDITIONS DE VIE DES FAMILLES D’ORIGINE
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES