Migration et insertion urbaine

Déplacements d’individus plus ou moins longs, d’un pays à un autre ou à l’intérieur d’un pays, les migrations sont partout en expansion. Les hommes se déplacent pour diverses raisons ; même si la cause économique semble être privilégiée dans les migrations, elle n’explique pas seule, le fait migratoire. Au Sénégal, les populations se déplacent à l’intérieur comme à l’extérieur du territoire national. Malgré le fait que la migration interne est plus intense, c’est celle internationale qui est la plus médiatisée du fait des drames qu’elle occasionne, notamment, l’émigration clandestine.

D’après la deuxième Enquête Sénégalaise Auprès des Ménages (ESAM 2), un million quatre cent soixante et six mille sept cent quatre-vingt-dix-huit personnes (1 466 798) ont migré du milieu rural vers le milieu urbain entre 1997 et 2001 et pour la même période, seuls cent soixante-huit mille neuf cent cinquante et trois Sénégalais (168 953) sont partis à l’étranger. Aujourd’hui, « la population des villes, notamment, a été multipliée par 10 entre 1900 et 2000 et 40% de cet accroissement est lié aux migrations internes» . Dans le cas précis de la ville de Touba, sa population a été multipliée à plus de trente entre 1976 et 2010 car, elle est passée de plus de 29 000 habitants à plus d’un million.

Cette forte dynamique urbaine peut s’expliquer par la crise du monde rural. Ainsi, Dakar devient la nouvelle destination des migrants grâce à son attractivité (présence de zone industrielle qui permet d’obtenir du travail) et aussi à son caractère de capitale du Sénégal et de pôle économique majeur. Mais, depuis quelques décennies les migrations se sont tournées vers l’intérieur et plus précisément vers Touba qui, limite la macrocéphalie de Dakar et devient une zone de transit et d’accumulation de capitaux pour des migrants attirés plutôt par l’extérieur. En effet, l’accroissement de la population de la ville sainte est aujourd’hui le plus élevé du pays et selon le PDU de Touba, « 90 % des chefs de ménage ne sont pas des habitants de souche de la ville religieuse ».

PROBLEMATIQUE

La migration est une pratique qui a fortement marquée les évolutions des sociétés sénégalaises passées et présentes. En effet, l’histoire du Sénégal est jalonnée de mouvements migratoires. Le peuplement du territoire sénégalais est le fait de migrations successives de population à partir de la vallée du fleuve qui, par vagues successives ont peuplé le territoire national. Avec la pénétration coloniale, la migration ne s’est pas arrêtée mais au contraire, a continué dans une autre dynamique ; car la colonisation avait favorisé pour les besoins de l’économie de traite des axes qui servaient de relais pour l’acheminement des produits vers la métropole. D’abord, ce fut le centre ouest puis, le bassin arachidier dont l’objectif principal était de développer la culture de l’arachide au profit des huileries de la France. C’est ainsi que des mouvements migratoires se sont opérés vers cette zone sous l’impulsion des marabouts mourides pour la plupart.

Durant cette période, Cheikh Ahmadou Bamba avait émis le souhait de construire une mosquée à Touba et cette mission se heurtait aux conditions économiques précaires du pays. La seule opportunité qui se présentait aux populations de se procurer de l’argent était la culture de l’arachide. Raison pour laquelle Pélissier. P (1966, p 20) dira que : « l’arachide exerce sur toute l’économie du Sénégal une écrasante souveraineté. De l’importance de sa récolte dépendent aussi bien l’aisance du budget national, les moyens de fonctionnement et les possibilités d’investissement de l’État, que l’équipement des exploitations rurales les plus reculées et les ressources monétaires du plus modeste paysan ». Ce qui montre l’importance de la culture arachidière qui du coup pousse les dignitaires mourides vers le bassin arachidier, y occasionnant la création de nombreux villages. Se créaient alors, de véritables réseaux migratoires dont l’objectif était d’attirer les disciples vers cette zone, afin de trouver des revenus monétaires pour répondre au vœu du marabout.

Cependant, quelques décennies après l’accession du pays à l’indépendance, l’agriculture est frappée par de dures années de sécheresses et du désengagement de l’Etat, dans le secteur agricole. Cette situation avait alors conduit les populations à une paupérisation croissante, les obligeant alors à une migration vers les centres urbains plus attractifs. Le bassin de l’arachide qui était jadis attractif, devient alors répulsif. Ainsi, les migrations vont s’orienter vers la capitale Dakar qui, regroupe l’essentiel des investissements publics et privés du pays. Mais depuis quelques décennies, les migrations se sont tournées vers l’intérieur du pays et plus précisément vers la ville de Touba qui, capte les flux et limite la macrocéphalie de Dakar.

Ainsi, ces migrations ont contribué activement à la croissance démographique et au développement économique de Touba. Sa croissance urbaine durant les cinquante dernières années est la plus forte du pays. Sa population qui était estimée à moins de trente mille dans les années soixante-dix, dépasse aujourd’hui le million d’habitants. De même sa superficie bâtie fait d’elle la plus grande agglomération urbaine du Sénégal avec 12 000 ha. Cette nouvelle dynamique va générer des besoins de consommations considérables dans la ville et booster son économie par le biais du commerce informel. C’est ce contexte propice qui, donne aux migrants des possibilités de reconversion dans un secteur non contrôlé et dans une ville hélas de solidarité proche de leur cadre de vie rural.

La ville sainte de par son exterritorialité, attire de plus en plus de ruraux, spécialisés dans la contrebande et le commerce informel qui ne nécessite pas une grande formation ou qualification. Mais ce renouveau de Touba qui coïncide avec la crise du bassin arachidier, n’est-elle pas une stratégie de redéploiement spatial des mourides face à la crise arachidière ? Il faut également signaler que les flux migratoires vers la ville sainte peuvent aussi se comprendre à plusieurs niveaux : d’abord, par la volonté des autorités mourides à la peupler et ensuite, par son dynamisme économique du fait des différentes cérémonies religieuses qu’elle abrite, cérémonies qui nécessitent une grande consommation.

La migration

La migration est un concept polysémique diversement apprécié selon les considérations. Elle peut être considérée comme un changement de résidence dicté par des motivations économiques, politiques ou socio-culturelles et poussant à franchir des limites administratives. Pour L. Henry (1981, p 105), c’est « un ensemble de déplacements ayant pour effet de transférer la résidence des intéressés d’un certain lieu d’origine, ou lieu de départ, à un certain lieu de destination, ou lieu d’arrivée ».

Pour les géographes, la migration est donc intimement liée à l’espace. Il s’agit pour eux, d’analyser les rapports qu’entretiennent les hommes avec l’espace. Ces déplacements s’effectuent généralement de la campagne vers la ville et inversement mais aussi entre les campagnes et entre les espaces urbains. Au Sénégal cette forme de migration peut se présenter sous différents types : le navétanat, l’exode rural, les migrations rurales-urbaines et inter urbaines.

✓ Le navétanat : Le mot « navétane » signifie en Wolof « saison des pluies » et désigne également les migrants saisonniers. Pendant la période faste de l’arachide, le « navétanat » se faisait durant la période des pluies, des régions du pays vers le bassin arachidier et même des flux provenaient des pays voisins. Ce mouvement migratoire était parfois organisé par les marabouts de la confrérie mouride et devenait très important lors d’une pluviométrie abondante. Par contre une mauvaise saison des pluies entraînait une décroissance de la courbe démographique et une migration vers les « Terres Neuves », où les conditions climatiques étaient plus favorables. Mais comme l’a souligné Mboup (2006, p 258), « l’exode rural l’a emporté sur le navétanat ».
✓ L’exode rural est aussi un phénomène de flux internes qui se matérialise par l’afflux des populations des zones rurales (zones démunies et touchées par la rareté des réserves alimentaires) vers celles urbaines où, l’attractivité économique est plus marquée. C’est une question d’envergure mondiale particulièrement actuelle, car la population des villes a dépassé celle des campagnes depuis 2007 et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité. Cela est dû à la plus grande facilité de trouver un emploi salarial en ville qu’en campagne mais aussi, à la crise agricole qui, affecte le monde rural.
✓ Les migrations rurales-urbaines se font au gré des relations ville-campagnes. Ces types de migrations permettent aux villes de se ravitailler en produits vivriers venant de la campagne et inversement à la campagne, les produits de la ville.
✓ Les migrations inter urbaines et pendulaires se font entre les aires urbaines et sont favorisées par le développement des transports. Elles sont plus intenses dans les grandes agglomérations comme celle de Dakar-Pikine où, les populations se déplacent des lieux de travail vers la banlieue dortoir.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
CADRE OPERATOIRE
METHODOLOGIE
1ère partie : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE ET FACTEURS DE LA MIGRATION A TOUBA
I.1. PRESENTATION DE TOUBA
I.2. ORIGINE DES MIGRANTS ET FACTEURS DE LA MIGRATION VERS TOUBA
Conclusion
2ème partie : INSERTION DES MIGRANTS ET PLACE DU MARCHE OCAS DANS LA MIGRATION INTERNATIONALE
II.1. INSERTION DES MIGRANTS DANS L’ECONOMIE DE TOUBA
II.2. OCAS ET LA MIGRATION INTERNATIONALE
Conclusion
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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