Migration et insertion des senegalais en gambie

Le thème de la migration internationale est aujourd’hui considéré aussi bien dans les pays du nord que du sud comme l’une des questions les plus cruciales. En effet, il fait l’objet d’une étude de plusieurs disciplines : démographie, géographie, économie, histoire, anthropologie, etc. Mais la migration suscite aussi un débat important entre les chercheurs et les différents spécialistes. L’étude que nous voulons entreprendre porte sur les migrations internationales sud/sud et les stratégies mises en œuvre pour favoriser l’insertion au sein de l’espace d’accueil. C’est-à-dire les différentes modalités mises en place par les migrants pour s’insérer dans leur milieu d’immigration. Elle a pour thème « Migration et insertion des migrants sénégalais à Serrekunda ».

INTERET DU THEME 

En effet les études sur les migrations internationales se focalisent sur l’Europe, l’Amérique alors que l’Afrique fait mention éparse sur cette littérature. Par ailleurs, il ressort des travaux de recherche que l’Afrique est la principale destination des sénégalais et au premier rang on trouve l’appendice géographique que constitue la Gambie. Une forte communauté sénégalaise est présente dans ce pays et y constitue la plus importante numériquement. Alors la question qui se pose est comment expliquer la migration sénégalaise en Afrique, notamment en Gambie un pays qui n’est pas plus enviable économiquement que le Sénégal. A ce titre, l’étude des modalités d’insertion des migrants est un excellent baromètre.

LES RAISONS DU CHOIX DU SUJET 

Beaucoup de recherches ont été menées sur les migrations internationales au Sénégal. Mais les recherches sont orientées vers les autres destinations comme l’Europe, l’Amérique alors que les mouvements des sénégalais dans le continent africain sont faiblement pris en compte. Le choix du sujet s’appuie sur des observations empiriques aux cours de visites successives en Gambie, notamment en 2004 et en 2007. Mais aussi la présence dans ce territoire gambien de membres de la famille qui y vivent depuis longtemps dont leur témoignage suscite notre volonté à étudier cette migration.

PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE 

Serrekunda est la plus grande ville de la Gambie, située au sud-ouest de Banjul la capitale. Sa population était estimée selon les prévisions à 19292 en 2003. Le commerce constitue la principale activité économique de cette ville qui se caractérise par son marché populaire. Ce secteur d’activité est la principale fonction d’accueil des sénégalais qui s’y investissent en témoignent les grandes entreprises qu’ils ont mis en place, ce qui leur permet d’avoir leur autonomie. En fait, ils se sont généralement organisés en groupes ou en communautés, construits sur des bases ethniques, familiales ou confrériques dont l’objectif est de maintenir une identité et surtout de promouvoir une solidarité active.

PROBLEMATIQUE 

La notion de migration appréhende un certain type de phénomène social en termes spatiaux, en termes de déplacement dans l’espace. Ainsi, les géographes sont d’autant plus légitimement autorisés à s’intéresser aux migrations que l’organisation de l’espace est le cadre explicatif majeur de la mobilité spatiale des hommes. Les migrations internationales qui sont peut-être l’indice le plus net de notre monde en mutation, suscite un intérêt croissant depuis la conférence mondiale de la population de 1974, en témoigne la place qui lui est consacré dans l’agenda des rencontres internationales. La mondialisation a contribué à accélérer et à diversifier la mobilité des personnes, l’apport de l’expansion des transports et de la communication ainsi que la baisse de leurs coûts est indéniable. L’accession à l’indépendance des pays d’Afrique et d’Asie, le niveau de développement très inégal des pays européens ou non ; sont autant de facteurs qui ont contribué à l’intensification des courants migratoires internationaux. « Elles sont généralement le produit d’une rupture d’équilibre. Celle-ci peut être politique (guerre ou révolution) et le phénomène migratoire se traduit alors par des déplacements de populations. La rupture peut être aussi économique ou démographique » . En conséquence, les migrations correspondent à des mouvements de travailleurs. Les facteurs et les causes de ces déplacements sont nombreux, « leur raison d’être est la volonté de recherche pour les hommes d’un nouvel et meilleur équilibre entre leur nombre et les richesses à leur disposition » (Frémont et al 1984) . Ainsi, se pose un problème du centre (pays développés) et de la périphérie (pays en développement). Certains auteurs souvent d’inspiration marxiste abordent la migration selon une approche macro-économique, fondée sur la domination et l’exploitation de la périphérie par le centre (Amin, 1974, Meillassoux, 1975 et 1982) . Cependant, dans les migrations africaines cette approche macro-économique ne s’avère pas toujours pertinente. Les phénomènes d’attraction/répulsion économiques n’expliquent pas tous les choix migratoires en situation.

En Afrique, Dumont fait remarquer que trois éléments dominants peuvent être distingués : la migration politique, la migration économique et la migration ethnique, qui s’additionnent pour former une migration complexe. L’Afrique de l’ouest est une dynamique migratoire, en effet les migrations internationales y sont relativement plus importantes. L’internationalisation des migrations est influencée par la multiplication des frontières nationales héritées de la colonisation qui ne correspondent pas aux réalités des échanges et leur emplacement sur le terrain n’est pas toujours évident. En conséquence, les échanges migratoires traditionnels qui existaient avant la création des Etats et qui s’expliquaient par la géographie et le climat se perpétuent. Ainsi, ni la colonisation, ni les indépendances n’ont pas d’incidence significative sur la mobilité au sein de ces espaces socioculturels traditionnels. La migration internationale est l’une des composantes majeures de la mondialisation que la communauté internationale s’emploie à favoriser. Mais la libre circulation des personnes et des biens se heurte çà et là à de profondes restrictions. En effet, ces pratiques ne sont seulement le fait des pays du nord, ceux du sud sont indignés de voir l’expulsion massive de leurs ressortissants. Mais en dépit de tout, partir fait partie du discours d’une jeunesse africaine en proie à une profonde crise d’affirmation. Certains jeunes pensent que la réussite et/ou la reconnaissance sociale passe nécessairement par le séjour en occident au moment où l’on assiste, dans les pays du nord à un renforcement du protectionnisme migratoire. En effet on assiste dans les pays du nord à la fermeture des frontières à partir de 1974 et l’établissement de visas puis l’essoufflement des réseaux traditionnels. Le Sénégal possède une forte colonie à l’étranger, en effet le ministère des sénégalais de l’extérieur estime à plus de deux millions (2000000) de personnes le nombre de sénégalais vivant à l’étranger. Les données disponibles indiquent que l’Afrique reste la principale destination des migrants internationaux bien que l’Europe du sud et l’Amérique du nord ont fait une entrée remarquée dans le champ migratoire sénégalais. En termes de stock, l’Afrique reste le premier continent d’accueil des migrants sénégalais mais les destinations phares comme la Côte-d’Ivoire et le Gabon sont aujourd’hui en perte de vitesse. Quant aux pays limitrophes comme la Gambie, la Mauritanie et le Mali, ils accueillent environ 40% des flux actuels. En effet la Gambie est la première destination mondiale des sénégalais, elle se positionne au premier rang des pays d’accueil avec 300000 personnes. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les fonds injectés dans l’économie sénégalaise, provenaient en 2005, à plus de 43% du continent africain notamment des pays limitrophes : la Gambie qui avec 27% du volume global des transferts se classe au premier rang toutes provenances confondues et la Mauritanie (9%) .

L’immigration sénégalaise en Gambie est très ancienne et les sénégalais constituent la communauté étrangère la plus importante de ce pays. Ainsi dès 1878 Bérenger-Féraud, attestant ces migrations écrit : « dans les contrés fertiles de la Gambie, il n’est pas rare de voir des saracolets venir au grand nombre à l’époque des semailles pour y cultiver des arachides qu’ils hâtent de vendre à la récolte, afin de retourner dans leur pays jusqu’à la saison des semailles suivantes » .

A la suite de Bérenger-Féraud, Armand-Prévost estime que la population sénégalaise vivant en Gambie contribue à maintenir des liens entre ces deux pays. En fait, la Gambie est pratiquement enclavée dans le Sénégal à l’exception de son côté ouest qui donne sur l’océan atlantique. Par conséquent, les mêmes groupes ethniques parlant les mêmes langues ou dialectes et ayant des structures sociales identiques vivent de part et d’autre de la frontière artificielle qui les sépare. En effet, la Gambie ni la géographie, ni les populations ne diffèrent en rien de celle du Sénégal, en a été séparé par les hasards de l’occupation européenne, anglaise ici, française là.

Ainsi les gens traversent la frontière sans éprouver le sentiment de pénétrer chez les étrangers ; ils ont des parents dans le pays voisin, ils se marient entre eux et le contact se fait généralement sans aucune difficulté. Par conséquent il n’est pas étonnant que les relations migratoires entre ces deux pays soient intenses. Cependant malgré la facilité d’insertion des sénégalais en Gambie, les relations sénégalo-gambiennes évoluent en dents de scie, en témoignent les incidents survenus lors d’un match de foot opposant les deux pays en 2003 à Dakar où beaucoup de ressortissants sénégalais établis en Gambie avaient subi les foudres des nationaux. Mais aussi, les coups d’Etat, la crise casamançaise, la fraude dans la frontière sont autant d’évènements qui ont contribué à la remise en cause des relations entre ces deux pays.

REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE 

Il y a une abondante littérature relative à l’étude des migrations internationales. Cependant, la plupart des études concernant les migrations internationales se sont davantage préoccupées de rendre compte des déplacements des sénégalais vers l’Europe. Rares ont été les travaux menés sur les mouvements migratoires africains, c’est-à-dire conduisant les sénégalais dans d’autres pays africains. Néanmoins nous avons pu collecter un certain nombre d’ouvrages qui sont d’un apport considérable dans la connaissance de notre zone d’étude, mais aussi l’éclairage des questions relatives à notre sujet de recherche.

Cheikh Oumar Bâ, (1996)
Pour l’auteur, les études concernant les migrations internationales au Sénégal se focalisent sur l’Europe ou les Etats-Unis, alors qu’à l’inverse, l’étude des mouvements à l’intérieur du continent africain est totalement négligée. Il a montré que l’Afrique dans le cadre de la migration sénégalaise est une majorité silencieuse. Par ailleurs, l’auteur a aussi mis l’accent sur les réseaux migratoires qui sont créés par les migrants dans le but d’aider les nouveaux arrivants à s’insérer dans leur milieu d’immigration et au maintien des relations à distance avec le milieu d’origine. Cette thèse est d’un apport considérable.

Papa Demba Fall, (2009)
L’auteur fait l’état des facteurs déterminants l’exode des populations sénégalaises, qui sont inhérents à la crise et à la situation de l’emploi. Pour l’auteur, cela est lié aux politiques d’ajustement structurel des années1980 sous l’impulsion des bailleurs de fonds et la lutte contre la pauvreté, mais aussi aux choix politiques des autorités. Cet article nous a particulièrement aidé à comprendre les raisons du départ des populations aussi bien urbaines que rurales. Par ailleurs, ça nous a beaucoup aidé à saisir le volumes des flux en partance du Sénégal et la manne financière qui en découle particulièrement en provenance de la Gambie qui trouve être notre zone d’étude. En effet ce chercheur spécialiste des questions migratoires a révélé que contrairement aux idées reçues, la majorité des migrants sénégalais se situent aux frontières du pays, en Gambie, plutôt que dans les pays européens. Il découle de cette donnée que, une bonne partie de la manne financière récoltée par les émigrés provient du pays de Yaya Jammeh qu’en Espagne, l’Italie ou les USA. Cet ouvrage nous a beaucoup aidé à la compréhension de notre étude.

Bara Mboup, (2006)
L’auteur fait l’état de la crise du vieux bassin arachidier liée à faillite des cours mondiaux de l’arachide. En effet la culture arachidière était le moteur principal de l’économie de cette zone, son déclin a favorisé le développement de la migration comme stratégie de survie. Cette étude nous a permis de comprendre les déterminants des mouvements dans cette zone, ceux-ci sont structurels et conjoncturels.

Gérard-François Dumont, (1998)
L’auteur a montré l’importance des migrations internationales africaines malgré l’insuffisance des statistiques. Il fait remarquer que les frontières résultant de la décolonisation ne correspondent pas à la réalité du milieu, par conséquent les échanges migratoires traditionnels qui existaient avant entre les Etats et qui s’expliquaient par la géographie, le climat se perpétuent. Il a été aussi d’un intérêt pour la compréhension des théories relatives à la question migratoire.

David Philippe, (1980)
L’auteur étudie l’histoire de la migration en Sénégambie, où la culture de l’arachide attirait les saisonniers. L’auteur a aussi écrit que la Gambie est indissolublement liée par l’histoire et la géographie au Sénégal et qui n’en constitue pas moins, derrière ces frontières aussi absurdes que perméables, une entité politique et économique bien distincte de son voisin. En effet la main d’œuvre étrangère assure largement la prospérité gambienne qui se fait au détriment du Sénégal. Cet ouvrage nous a permis de comprendre les origines de l’immigration en Sénégambie, qu’elle soit saisonnière ou non..

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
I. Problématique
II. Revue critique de la littérature
III. Cadre théorique et conceptuel
IV. Cadre opératoire
V. Méthodologie
CHAPITRE I : LE SENEGAL UN PAYS D’EMIGRATION
I. Déterminants de l’émigration sénégalaise
II. Champ migratoire sénégalais
PREMIERE PARTIE : LA GAMBIE, UNE ENCLAVE DANS LE SENEGAL
CHAPITRE II : PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
I. ¨Présentation de la république de la Gambie
II. Serrekunda capitale économique de la Gambie
DEUXIEME PARTIE : LES RESULTATS DE L’ETUDE
CHAPITRE I : CARACTERISTIQUES DES MIGRANTS
I. Profil des migrants
II. les Raisons évoquées de leur migration en Gambie
CHAPITRE II : LES STRATEGIES D’INSERTION DES MIGRANTS DANS LEUR MILIEU D’ACCUEIL ET LES RELATIONS A DISTANCE AVEC LE MILIEU D’ORIGINE
I. Stratégies d’insertion des migrants dans leur milieu d’accueil
II. Relation à distance entre le migrant et le milieu d’origine
CONCLUSION GENERALE

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *