Microscopie non lineaire : chiralite et generation de second harmonique

A toute รฉpoque, les progrรจs de lโ€™Optique ont contribuรฉ aux avancรฉes dans la connaissance du vivant. En biologie cellulaire, le microscope reste lโ€™outil central et de nombreuses dรฉcouvertes, y compris durant les vingt derniรจres annรฉes, sont la consรฉquence directe du dรฉveloppement de cette technique, en particulier dans le domaine de lโ€™imagerie fonctionnelle tri-dimensionnelle. Lโ€™origine du premier microscope est difficile ร  dater avec prรฉcision. Aux environs de 1595, Zacharias Janssen met au point un ensemble de trois lentilles montรฉes dans un tube qui permet dโ€™imager non pas directement lโ€™objet comme dans le cas dโ€™une loupe, mais lโ€™image agrandie par une optique annexe appelรฉe objectif. Ce microscope grossit entre 3 et 10 fois, il possรจde de nombreuses aberrations, la lumiรจre traversant des lentilles de courtes focales sous des angles importants. En 1660, Antoine Von Leeuwenhoek dรฉveloppe un microscope utilisant un globule de verre de 6 mm de diamรจtre (il fabrique des lentilles biconvexes dont il garde le secret). Lโ€™objet est placรฉ ร  lโ€™extrรฉmitรฉ dโ€™une tige que lโ€™on dรฉplace grรขce ร  une vis ร  crรฉmaillรจre, le tout est placรฉ dans une monture en bois et grossit entre 50 et 300 fois. Il sโ€™agit du microscope simple. Von Leeuwenhoek รฉtait drapier ร  Delft, il avait crรฉรฉ son premier microscope pour contrรดler la qualitรฉ des toiles tissรฉes, mais sโ€™intรฉresse plus aux sciences du vivant. Il a donnรฉ naissance ร  lโ€™histologie et ร  la protistologie (รฉtude de la formation des tissus vivants). Il dรฉcouvre en 1677 les spermatozoรฏdes, les globules rouges, les protozoaires (eucaryotes unicellulaires dโ€™origine animale) malgrรฉ les distorsions importantes des images. A la fin du XVIIe siรจcle, Hooke amรฉliore encore le dispositif et introduit un oculaire : cโ€™est le microscope composรฉ. Le microscope devient alors un produit commercial.

A. Effets non linรฉairesย 

Lorsque le champ รฉlectrique dโ€™une onde incidente possรจde une intensitรฉ comparable ร  celle du champ responsable de la cohรฉsion de la matiรจre, il est possible de gรฉnรฉrer des effets non linรฉaires. Le champ รฉlectrique liant un รฉlectron au noyau dโ€™hydrogรจne vaut typiquement 5.10ยนยน V/m, le champ รฉlectrique associรฉ ร  lโ€™onde รฉmise par un laser pulsรฉ oรน la durรฉe des impulsions vaut 100 fs et lโ€™รฉnergie 1 mJ pour un faisceau dโ€™1 mm vaut 2.10โน V/m. Dans ces conditions la matiรจre rรฉpondra de faรงon non linรฉaire au champ incident, le champ รฉlectromagnรฉtique rayonnรฉ pourra se dรฉcomposer comme une sรฉrie dโ€™harmoniques du champ incident. Cette comparaison dโ€™ordres de grandeur permet de comprendre la liaison extrรชmement forte existante entre les lasers pulsรฉs et lโ€™รฉlectromagnรฉtisme non linรฉaire. En effet, anciennement, les lampes ร  arc les plus puissantes (500W) en utilisant un condenseur placรฉ ร  10 cm des รฉlectrodes et de 10 cm de diamรจtre focalisant le faisceau dans un disque dโ€™1mm de diamรจtre, ne permettaient pas dโ€™obtenir des intensitรฉs de champ supรฉrieur ร  10โต V/m, valeur de quatre ordres de grandeur infรฉrieur aux 2.10โน V/m citรฉs prรฉcรฉdemment.

Cโ€™est donc lโ€™avรจnement des lasers pulsรฉs qui permit de travailler sur des signaux harmoniques dโ€™intensitรฉ suffisamment confortable et de rรฉaliser de nombreuses รฉtudes des interactions non linรฉaires entre la lumiรจre et la matiรจre.

Polarisation

Dipรดle individuelย 

En se plaรงant ร  lโ€™รฉchelle atomique, un champ รฉlectrique extรฉrieur dรฉforme le nuage รฉlectronique des molรฉcules (pour des effets non rรฉsonnants). Les barycentres des charges de signe opposรฉ sont dรฉplacรฉs, un moment dipolaire est donc induit par le champ extรฉrieur. Le dรฉplacement des deux barycentres est proportionnel aux puissances multiples du champ รฉlectrique.

Une polarisation macroscopique permanente peut รชtre prรฉsente dans le milieu en lโ€™absence de tout champ extรฉrieur comme pour les ferroรฉlectriques, (distribution non isotrope des dipรดles permanents). Un dipรดle nโ€™est pas uniquement soumis au champ extรฉrieur, il subit le champ crรฉรฉ par les autres dipรดles qui lโ€™entourent. La rรฉsultante de ces deux contributions est notรฉe sous la forme dโ€™un champ local : El. La quantitรฉ permettant de relier le champ รฉlectrique extรฉrieur (E(ฯ‰)) ร  la polarisation est appelรฉe susceptibilitรฉ linรฉaire (ฯ‡). Elle dรฉpend de la densitรฉ volumique N de dipรดles.

Lorsque le champ extรฉrieur devient non nรฉgligeable vis-ร -vis du champ reliant les รฉlectrons aux noyaux, il faut tenir compte des non linรฉaritรฉs induites ร  lโ€™ordre 2 et plus.

On obtient la susceptibilitรฉ du second ordre en sommant les hyperpolarisabilitรฉs individuelles. Il en rรฉsulte un moyennage oientationnel des hyperpolarisabilitรฉs dรฉfinies dans le repรจre molรฉculaire. Des composantes peuvent รชtre non nulles pour une molรฉcule individuelle et se moyenner ร  zรฉro suivant lโ€™arrangement spatial de lโ€™assemblรฉe de molรฉcules.

Fluorescence excitรฉe ร  deux photonsย 

Dรฉfinitionย 

Lโ€™รฉmission dโ€™un signal de fluorescence ร  partir dโ€™un niveau excitรฉ dโ€™un chromophore est prรฉcรฉdรฉe dโ€™une excitation qui porte le systรจme dans cet รฉtat excitรฉ. Cette excitation se fait dans notre รฉtude par lโ€™absorption de deux photons de caractรฉristiques identiques [GรถppertMayer, 1931], nous parlerons de fluorescence excitรฉe ร  deux photons (TPEF).

Fluorescence

Considรฉrons un fluorophore non plus comme un simple dipรดle, mais comme ayant une certaine structure et donc des degrรฉs de libertรฉs supplรฉmentaires. Alors, les รฉtats |e> et |f> sont remplacรฉs par de nombreux รฉtats rotationnels et vibrationnels (Figure I)A.3). La diffรฉrence dโ€™รฉnergie entre la somme des deux photons dโ€™excitation et celui de dรฉsexcitation ou de fluorescence est appelรฉ le dรฉcalage de Stokes (Stokes shift). Il vaut โˆ†E avec โˆ†E = โˆ†E1 + โˆ†E2, cette รฉnergie se retrouvant sous forme de transfert thermique dans le milieu. (Il vaut 30 nm pour la fluorescรฉine ร  pH 13 et une excitation ร  500 nm ร  un photon).

Gรฉnรฉration de second harmoniqueย 

Dรฉfinition

A la diffรฉrence de la fluorescence la gรฉnรฉration de second harmonique (SHG) est un phรฉnomรจne cohรฉrent, c’est-ร -dire que le signal gรฉnรฉrรฉ possรจde une phase non alรฉatoire, corrรฉlรฉe avec lโ€™excitation. Les champs harmoniques rayonnรฉs par diffรฉrents centres รฉmetteurs pourront alors interfรฉrer entre eux. Cette cohรฉrence en SHG nโ€™est possible que sโ€™il nโ€™y a pas dโ€™absorption du rayonnement incident puis rรฉรฉmission, comme dans le cas de la fluorescence.

La puissance rayonnรฉe par une assemblรฉe dโ€™harmonophores ร  partir de I.A-18 est obtenue suite ร  un moyennage spatial des composantes tensorielles des hyperpolarisabilitรฉs. Un milieu homogรจne peut รชtre invariant par une symรฉtrie centrale, il est dit : ยซ centrosymรฉtrique ยป, cโ€™est le cas par exemple dโ€™un liquide ou dโ€™un gaz composรฉs de molรฉcules achirales. Dans un milieu centrosymรฉtrique, les susceptibilitรฉs dโ€™ordre pair sont nulles, il ne peut pas y avoir dโ€™effets non linรฉaires dโ€™ordre 2 dans un tel milieu, donc pas de gรฉnรฉration de second harmonique.

Par contre, dans le cas dโ€™une surface cette invariance est brisรฉe. Il est alors possible de produire un signal de second harmonique. Ce signal est mรชme extrรชmement sensible ร  lโ€™organisation de la surface ร  lโ€™รฉchelle molรฉculaire [Heinz, 1991], [Shen, 1989].

SHG de surface :
Lโ€™utilisation de lโ€™optique non linรฉaire pour sonder des surfaces est une mรฉthode dโ€™investigation trรจs riche. Sa sensibilitรฉ est spรฉcifique de la surface sondรฉe. La mesure du signal de SHG rรฉflรฉchi par la surface et rรฉsolu en polarisation fournira des informations sur les propriรฉtรฉs optiques non linรฉaires des molรฉcules sondรฉes et leur organisation ร  la surface.

Calcul de lโ€™intensitรฉ du signal de SHG rรฉflรฉchi :
Considรฉrons une couche dโ€™รฉpaisseur a, รฉcrivons lโ€™intensitรฉ du signal de second harmonique gรฉnรฉrรฉ par la surface.

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Table des matiรจres

Introduction
I) Cadre thรฉorique
Introduction
A. Effets non linรฉaires
i. Polarisation
ii. Fluorescence excitรฉe ร  deux photons
iii. Gรฉnรฉration de second harmonique
iv. Utilisation de la SHG et TPEF en microscopie non linรฉaire
B. Activitรฉ optique
i. Activitรฉ optique dans le domaine linรฉaire
ii. Effets non linรฉaires du second ordre
iii. Gรฉnรฉration de second harmonique par un film de molรฉcules chirales
iv. Modรฉlisations microscopiques de la chiralitรฉ
C. Conception de colorants membranaires
i. Chiralitรฉ des colorants membranaires
ii. Caractรฉristiques
Conclusion
II) Techniques expรฉrimentales
Introduction
A. Spectrofluorimรจtre ร  deux photons
i. Principe de fonctionnement
ii. Construction et caractรฉristiques
iii. Procรฉdures de rรฉglages
B. Expรฉrience de gรฉnรฉration de second harmonique en surface
i. Montage optique
ii. Dรฉtections
C. Microscope ร  balayage
i. Principe de fonctionnement
ii. Reconstruction des images
iii. Objectifs
iv. Rรฉsolution
D. Vรฉsicules unilamellaires gรฉantes
i. Membranes phospholipidiques
ii. Electroformation
iii. Observation
III) Etude dโ€™un colorant chiral : lโ€™ASTB
Introduction
A. Obtention et caractรฉrisation de lโ€™ASTB
i. Obtention de lโ€™ASTB
ii. Fabrication dโ€™un film dโ€™ASTB
iii. Spectres dโ€™absorption de lโ€™ASTB
iv. Spectre de fluorescence excitรฉe ร  deux photons de lโ€™ASTB
B. Gรฉnรฉration de second harmonique en surface de lโ€™ASTB
i. Expรฉriences dโ€™ORD
ii. Expรฉriences de CD
iii. Expรฉriences de LD
iv. Activitรฉ optique
C. Utilisation de lโ€™ASTB en microscopie
i. Insertion membranaire
ii. Imagerie de SHG et de TPEF
iii. Toxicitรฉ
iv. Exemple
D. Perspectives
i. Efficacitรฉ en SHG
ii. Insertion membranaire
Conclusion
IV) Microscopie non linรฉaire basรฉe sur des contrastes endogรจnes : รฉtude et applications
Introduction
A. Contraste endogรจne en microscopie multiphotonique
i. Sources de contraste
ii. Exemples
iii. Comparaison avec lโ€™histologie classique
B. Propriรฉtรฉs de fluorescence de lโ€™รฉlastine et de SHG du collagรจne
i. Elastine
ii. Collagรจne
C. Application de la microscopie non linรฉaire ร  lโ€™รฉtude du tissu vivant
i. Matรฉriel biologique
ii. Effets du lindane sur le systรจme vasculaire du Rat
D. Effets de la saxitoxine sur les cellules cardiaques
i. Motivations
ii. Expรฉriences rรฉalisรฉes
iii. Rรฉsultats
Conclusion

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