Ce mémoire consiste à une étude plus détaillée et plus profonde de la place des institutions de microfinance dans le développement rural à Madagascar. Il démontre l’importance de ces sources de financement pour que les couches défavorisées puissent profiter l’opportunité offerte par ces institutions de microfinance dans le but de pouvoir accéder au crédit et aussi de pouvoir confier leur épargne à ces institutions quelque soit le montant.
Il est reconnu que la pauvreté et l’insécurité alimentaire à Madagascar sont des phénomènes qui touchent en premier lieu les populations rurales. Plus de deux personnes sur trois, parmi les populations pauvres, sont en risque d’insécurité alimentaire et vivent en milieu rural à partir des activités agricoles, et non-agricoles. Il est donc évident que toute réduction significative de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire dans ce pays nécessite une concentration des efforts en priorité dans le milieu rural. A Madagascar, la productivité du travail tant dans l’agriculture que dans l’industrie est faible. Comme le fait remarquer Eicher , c’est essentiellement en raison de la faible productivité agricole que le secteur agricole ne peut pas assurer son rôle primordial de stimulant de la croissance économique, de fournisseur de devises, de générateur d’emplois. On a appris beaucoup dans les cinquante dernières années sur le rôle de catalyseur de l’agriculture dans le processus de développement, depuis le travail des pionniers du développement comme LEWIS en1954 , KALDOR en 1957… Le renforcement de la productivité est donc un facteur déterminant de l’élévation du revenu individuel et d’une dynamique de développement. Mais ce renforcement de la productivité nécessite un financement important. Ce qui justifie le recours à la microfinance.
En effet, les systèmes financiers malgaches sont étroits, peu profonds et peu diversifiés. Cette situation est tout à fait expliquée par le phénomène de pauvreté. Concerné par ce problème, le gouvernement s’est engagé à l’assainissement du secteur financier en instaurant des reformes financières sérieuses dans le territoire malgache. Ce qui en résulte la mise sur pied du système de microfinance. Le secteur de la microfinance est un secteur intermédiaire, c’est-à-dire créé progressivement pour assurer des services financiers aux pauvres, ignorés par les banques classiques. Ces services sont les résultats d’une intervention extérieure et d’une implication plus ou moins forte de la population bénéficiaire . La notion de microfinance est définie par deux critères : une population pauvre, ou tout du moins exclue du système bancaire et des opérations d’épargne et de crédit de faibles montants .La collaboration de l’Etat avec la Banque Mondiale favorise l’instauration de la microfinance et le renforcement de son développement. La microfinance permet aux couches défavorisées d’avoir accès au service financier en vue d’augmenter leurs revenus et d’améliorer leur niveau de vie. Etant donné que la majorité de la population rurale sont des pauvres, la microfinance trouve sa pleine justification en essayant de répondre aux besoins financiers des ruraux.
Microfinance et état des lieux du milieu rural
Les institutions de microfinance
L’économie malgache est primaire et désarticulée. L’environnement socioéconomique de Madagascar n’est ni stable, ni sain et ni incitatif. D’où le besoin de financement pour la relance des activités économiques. En particulier, le monde rural éprouve un énorme besoin en matière de financement. Les institutions de microfinance interviennent dans le cadre de financement des activités agricoles et non agricoles.
La genèse de la microfinance
La microfinance rentre dans le système financier formel mais trouve sa racine dans le système financier informel. Il est alors indispensable de distinguer la finance informelle de la finance formelle avant de parler de la microfinance à Madagascar.
La finance informelle
La « finance informelle », appelée aussi « finance autonome » comprend les systèmes financiers créés par les populations elles-mêmes, sans intervention extérieure. Elle regroupe toutes les institutions et les agents hors de l’influence directe du système régulatoire, les groupements d’entraide au niveau de la communauté et les agents tels que les gardes monnaie, les banquiers ambulants, les usuriers, les prêteurs personnels, la caisse de solidarité…
Ces secteurs n’ont pas de reconnaissance juridique, ne tiennent pas de comptabilité, sont peu monétarisés et sont les plus vulnérables aux chocs de tout nature. Ils se caractérisent en outre par la grande diversité de ses fonctions et de ses publics, par sa souplesse et ses capacités d’adaptation. Malgré tout, le secteur informel reste le principal recours de la majorité de la population et les sommes drainées sont souvent importantes que celles qui passent par le secteur bancaire.
a- La tontine et ses variantes
Le secteur de la finance a connu une histoire qui datait de très longtemps bien avant le développement du secteur bancaire moderne. La formule de « TONTINE » est la plus célèbre et conçue comme l’origine de l’histoire de la finance dans le monde. Au XVII ème siècle, le mécanisme de « tontine » ou « clubs d’épargne » a été imaginé pour la première fois par le banquier Italien Lorenzo TONTI. Il s’agit d’un dispositif d’intermédiation financière le plus efficace et le moins coûteux. La tontine, composée à la fois d’amis, de voisins et de parents est une formule populaire de financement informel et une forme rudimentaire d’intermédiation. Le mécanisme de tontine se déroule comme suit :un groupement d’individus choisissent un responsable qui collecte périodiquement un montant donné auprès de chaque membre, l’argent ainsi collecté est donné à tour de rôle à chaque membre des groupes.
D’après l’anthropologiste Shirley HARDENER, la tontine est une « Association composée d’un groupe de participants versant des contributions régulières dans un fonds, totalement ou partiellement reversé tour à tour à chaque contributeur » . Dans cette formule de tontine, crédit et épargne sont confondus. Elle est fortement caractérisée par sa souplesse et son originalité. La tontine est transparente et dispense de coût de fonctionnement mais découle d’un coût non financier qui est la confiance entre les membres. Cette confiance doit être élevée. De plus, elle rencontre des limites du fait de leur manque de flexibilité. Les membres ne peuvent pas toujours recevoir un crédit au moment voulu avec le montant qui leur est nécessaire. Le plus célèbre exemple mondial de forme de tontine étant la « GRAMEEN BANK » du Bangladesh, reconnue comme banque pour les pauvres. Fondée en 1983 par le Professeur Muhammad YUNUS. Cette banque accorde des petits crédits à des paysans sans terre, majoritairement des femmes. Elle continue à se développer et atteint une clientèle considérable de 2,4 millions en 1998 .
b- Le système usuraire
Pour un individu qui est en mesure d’épargner, deux alternatives sont possibles : soit il stocke son épargne dans du bétail (achat de bœufs), soit il prête son argent à intérêt. Ce prêt d’argent doit rapporter un intérêt aussi élevé que possible. Celui-ci peut être exprimé soit en nature (riz), soit en argent. C’est-là l’origine de l’usure. Tout ce qui possède une somme d’argent additionnelle peut être des usuriers potentiels. Ils peuvent être des gens proches aux demandeurs comme voisins, parents, famille, et amis. Le taux d’intérêt pratiqué par les usuriers varie entre 30 et 300 % , largement supérieur à celui des prêteurs reconnus formels. Le prêt est rapide et sans formalité. Ils détiennent quelques biens à titre de garantie pour prévoir le non remboursement et pour compenser les impayés. En général, ces usuriers n’accordent pas de délai de grâce. En effet, si à l’échéance aucun remboursement n’est réglé, ils saisissent immédiatement les biens faisant l’objet de gage. Ce type de prêteur est très développé aussi bien en milieu rural qu’urbain.
Le crédit usuraire est très répandu dans toutes les régions de Madagascar. En effet, dans la région de Toamasina, ce type de crédit est pratiqué par les commerçants qui sont les seules sources d’emprunt pour les paysans pour faire face aux situations d’urgence et aux obligations coutumières . Au lac Alaotra, une autre forme de l’usure est le « vary aloha » , c’est-à-dire l’achat sur pied. Il est alors plus facile pour les paysans d’avoir accès aux crédits des usuriers qu’à ceux des banques. Pourtant, le coût de l’opération est extrêmement élevé pour l’emprunteur et l’endettement usuraire peut entraîner les familles dans la misère.
|
Table des matières
INTRODUCTION
Partie I : Microfinance et état des lieux du milieu rural
Chapitre I : Les institutions de microfinance
I-1 La genèse de la microfinance
I-2 Présentation des IMF à Madagascar
I- 3 Politique nationale en matière de microfinance
Chapitre II : Etat des lieux du milieu rural
II-1 Pauvreté rurale
II-2 Les freins au développement rural
II-3 Politique nationale de développement rural
Partie II : La contribution des IMF au développement rural
Chapitre I : Leurs activités
I-1 Leurs principales missions
I-2 Conditions d’efficacité des IMF
Chapitre II : Evaluation de leurs activités
II-1 La nécessité des IMF
II-2 Les résultats
II-3 Propositions d’amélioration
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIES