La pauvreté est un des problèmes préoccupant les économistes contemporains dans les pays en voie de développement. Le fait de réduire ou d’éradiquer la pauvreté reste un défi à relever car celle-ci existe même dans les pays avancés mais c’est son degré qui diffère et c’est à travers cela qu’on peut faire une classification du pays par son niveau de développement. Ainsi, un pays sous développé est caractérisé par une majeure partie de la population vivant au dessous du « seuil de pauvreté » sinon il sera classé dans la catégorie des pays avancés ou pays riches. Vu sous cet angle, la pauvreté est un indicateur déterminant le niveau de développement d’un pays.
La microfinance a connu un développement spectaculaire médiatisé à l’échelle de la planète dans les 20 dernières années. Suite aux expériences pionnières de la Grameen Bank au Bengladesh et de la Banco Sol en Bolivie, la microfinance s’est étendue à travers le monde et toucherait aujourd’hui quelque 80 millions de personnes. Ce développement très rapide a été fortement encouragé et soutenu par les organisations internationales et les agences de coopération multi et bilatérales. Pourtant, le problème persiste encore dans d’autres pays car ils s’enfoncent de plus en plus dans une situation de « pauvreté profonde » car ils se rapprochent du seuil de pauvreté.
MICROFINANCE ET DEVELOPPEMENT RURAL
Dans les pays en voie de développement, l’économie est dominée par le secteur primaire. En effet, la majorité de la population active se trouve en milieu rural. Par définition, la microfinance est considérée comme un outil ayant pour objectif de donner l’accès au crédit aux agents économiques/ménages exclus du système financier traditionnel, donc des pauvres. Or dans les pays en voie de développement, ceux-ci se trouvent surtout en milieu rural. Dans cette partie nous essayerons de mettre en relation la microfinance et le développement rural. Pour ce faire, nous aurons à parler d’abord des concepts théoriques de la microfinance, nous aurons ensuite à caractériser le monde rural.
GENERALITES ET DEFINITION DE LA MICROFINANCE
A- Origine de la microfinance :
Parallèlement à l’évolution du système bancaire classique, la microfinance a déjà pris ses origines à travers les éléments qui sont notamment le système usuraire, la tontine et les efforts de Raiffeisen que nous analyserons successivement tout au long de cette section.
Le système usuraire :
Considérée comme la forme la plus ancienne de mode de financement, l’usure est incluse dans le cadre du financement autonome . C’est un système financier créé par la population elle-même sans aide ni apport extérieur. En fait, elle consiste à prêter de l’argent à un individu avec un taux d’intérêt annuel variant de 30 à 300% et le remboursement peut se faire soit en nature soit en espèce. Dans ces conditions, ce système est favorable à la classe aisée qui a la possibilité d’épargner. Dans ce système, les usuriers disposent de garanties à titre de gage qu’ils accapareront en cas de non remboursement. Par ailleurs, l’accès difficile au système bancaire fait évoluer ce type de prêt non seulement en milieu rural mais aussi en milieu urbain.
La tontine et ses caractéristiques :
Si l’on se réfère à l’histoire de la microfinance, la tontine demeure le système de financement le plus en vogue et tout système financier existant actuellement se sont inspirés de ce modèle. Elle débuta au 16e siècle à l’initiative du banquier napolitain Lorenzo TONTI. Le principe consiste à cotiser au sein d’un groupe d’individu géré par une personne membre et que, tour à tour, chaque membre du groupe peut en être bénéficiaire et mettant à sa disposition la totalité de la somme collectée. Pour Shirley HARDNER la tontine est « une association composée d’un groupe de participant versant des contributions régulières dans un fonds totalement ou partiellement réservé tour à tour à chaque contributeur » . La tontine est donc basée sur une confiance mutuelle des membres et sur une souplesse totale du système. Ainsi elle fût la plus populaire des formes financières informelles.
Les exploits de RAIFFEISEN :
A l’âge de 30 ans, G. RAIFFEISEN, précurseur de crédit mutuel en Rhénanie (Allemagne), a eu l’idée de créer une association qui va gérer un système de crédit. Cette dernière va permettre d’acheter les bétails nécessaires pour les activités agricoles, ensuite les paysans pourront louer ces bétails à coût moindre. A cette époque, ces derniers ont été sous l’emprise des riches par l’usure. En effet, si les riches s’enrichissaient, les paysans s’enfonçaient de plus en plus dans la situation de pauvreté profonde. RAIFFEISEN a inventé la notion d’association et de prêt à taux raisonnable. Pour réaliser son objectif, il a porté garant des prêts auprès des gens aisés du village. Et comme la caution sera supportée par tous les bénéficiaires, c’était donc la 1ere initiative pour la solidarité et la responsabilité illimitée des membres d’une association .
B-Définition de la microfinance :
Si bien que la microfinance a été considérée comme « une arme » pour lutter contre la pauvreté, plusieurs définitions ont été proposées à ce concept et celles-ci ont fait l’objet d’une large discussion sur le plan international. En effet, il est difficile d’avoir une définition universelle de la microfinance. Il nous a fallu se contenter d’analyser les quelques approches et ce n’est qu’à partir de cela que nous proposerons la définition de la microfinance.
Approches de la microfinance selon quelques auteurs :
En faisant référence au professeur Laurent LHERIAU : « la microfinance constitue un ensemble d’activités financières axées sur l’épargne et le crédit en faveur de personnes globalement non bancable ». Ainsi, pour lui, la microfinance est une offre de services financiers destinée aux exclus du système bancaire traditionnel.
Pour Kofi ANAN, ex secrétaire général de l’ONU, « la microfinance est une arme efficace contre la misère et la faim, pouvant améliorer les sorts des gens surtout de ceux qui auront les plus besoins. C’est une façon de permettre aux ménages à revenus faibles de disposer de même droits et des mêmes services que tout les autres » . Tout d’abord conformément à son objectif principal, la microfinance est pour lui un outil de lutte contre la pauvreté en prenant en considération les problèmes sociaux. Elle est aussi un moyen permettant d’assurer l’égalité sociale en matière d’accès aux crédits. C’est en quelque sorte un remède pour aider les personnes les plus pauvres à prendre un écart par rapport au seuil de pauvreté.
« La microfinance fait référence à l’offre de services financiers aux populations pauvres et à faibles revenus qui ont peu ou pas accès aux services financiers bancaires, dans le but de satisfaire les besoins de leurs ménages ou de leurs activités économiques et professionnelles ». Vu sous cet angle, la microfinance est considérée comme un outil financier pour les pauvres. Ce mode de financement consiste à faire augmenter le revenu des pauvres pour qu’ils puissent s’intégrer au mécanisme du marché par l’amélioration de leur pouvoir d’achat et pour satisfaire leurs besoins.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : MICROFINANCE ET DEVELOPPEMENT RURAL
Chapitre I : Concepts théoriques de la microfinance
Section 1 : Généralités et définition de la microfinance
Section 2 : Principes de base et objectifs
Section 3 : Système de crédit
Chapitre II : Déterminants théoriques du monde rural
Section 1 : Quelques approches sur la notion de développement rural
Section 2 : Caractéristiques et réalités du monde rural
Section 3 : Concepts de « pauvreté »
Chapitre III : Relation de dépendance entre microfinance et développement rural
Section 1 : Services financiers et besoins de financement en milieu rural
Section 2 : Impacts généraux de la microfinance
Section 3 : Importance de la microfinance au développement rural à Madagascar
PARTIE II : ETUDE DE CAS DU RESEAU CECAM MADAGASCAR
Chapitre I : Présentation du réseau CECAM
Section 1 : Organisation du réseau CECAM
Section 2 : Activités et services proposés par le réseau CECAM
Section 3 : Les principaux cibles du réseau CECAM
Chapitre II : Analyse des impacts des activités du réseau CECAM
Section 1 : Impacts perçus par la clientèle
Section 2 : Analyse de quelques indicateurs
Section 3 : Importance de ces impacts sur le développement rural et agricole
Chapitre III : Synthèses et évaluations
Section 1 : Forces et limites de la microfinance
Section 2 : Quelques points de réflexions et propositions d’orientation
CONCLUSION GENERALE
ANNEXE