Métropolisation et territorialisation de l’élevage à Abidjan

A LA SOUCHE DE LA THÈSE: QUAND LES ÉLEVAGES MODERNES DE VOLAILLES ET DE PORCS OCCUPENT LES PÉRIPHÉRIES URBAINES EN MOUVEMENT

À l’origine de notre étude, des éléments de contexte aux échelles locale et globale. Ces éléments vont des liens complexes tissés entre ville et élevages aux nouveaux enjeux de la question alimentaire de proximité. Les activités agricoles dans les villes et métropoles africaines sont une constante. Cependant, à parcourir la littérature existante sur l’agriculture urbaine en général et sur l’élevage urbain en particulier, il persiste la question de sa légitimité. Cette activité dans ses formes diverses (élevage bovin laitier, élevages de porcs et avicoles, etc.) est taxée de nuisances olfactives, d’activité polluante (Franck, 2007) et «a priori illégale» (Robineau, 2013).

Au fil des années, les formes de fonctionnement et de gouvernance de l’urbain ont évolué. L’État fortement centralisé a laissé place à la décentralisation et dans les grandes villes, l’agglomération migre vers une aire métropolitaine davantage institutionnalisée. Malgré ces évolutions, les liens entre l’élevage et la ville dans « l’écosystème » urbain peinent à se passer «d’une logique de confrontation à une logique de coopération entre les services et les acteurs» (Hatcheu, 2005). À l’exception du cas de Kampala, en Ouganda, où un projet fédérateur d’agriculture urbaine, «The KUFSALCC project» a vu le jour en 2004 modifiant les règlements municipaux en faveur des activités agricoles en ville (Nasinyama et al., 2005; Mougeot, 2006), les capitales africaines sont encore à la recherche de mécanismes adaptés à la coexistence de la ville et de l’élevage

Même les études qui ont montré la multifonctionnalité de l’élevage urbain ou l’importance des mutations actuelles et vanté ses atouts se terminent souvent par le même questionnement. «Les systèmes d’élevage sont-ils capables de s’insérer sans nuisance dans l’environnement urbain ou faut-il les déplacer vers une périphérie rendue plus accessible et plus sûre?» (Fall et al., 2004). «Quel type d’agriculture ou d’élevage est compatible avec le développement urbain et mérite par conséquent d’être protégé et encouragé? Quel agriculteur ou éleveur peut participer efficacement à la gestion durable de la ville et doit être encadré voir financé ? » (Hatcheu, 2005). « Il revient à chaque ville de définir les espaces et le type d’agriculture urbaine souhaités en fonction de son plan d’aménagement. » (Yemmafouo, 2014). Ou encore dans un contexte métropolitain, « si certaines agricultures sont plus dynamiques que d’autres, partout se pose la question de leur devenir » (Chaléard et al., 2014).

Ces interrogations relatives à l’élevage ou à l’agriculture en général, en milieu urbain, constituent un appel à multiplier les études sur les élevages périurbains car chaque espèce animale produit des contraintes et des enjeux propres à mettre en lumière. C’est une invitation à des monographies pour saisir les spécificités urbaines locales, les généralités à construire et les concepts à mobiliser (Fall et al., 2004; Franck, 2007; Darrax, 2009; Dauvergne 2012). En Côte d’Ivoire, dans le cadre d’une relance des productions de volailles et de porcs, les maillons modernes des secteurs avicole et porcin affichent à nouveau des objectifs importants de production locale à atteindre. En effet, l’objectif général des pouvoirs publics en matière d’élevage est de passer d’une couverture des besoins de «26,69% en 2012 à 61,62% en 2020». Pour atteindre cet objectif, la priorité des financements est orientée vers «les secteurs porteurs de croissance au niveau de l’élevage » ivoirien à savoir « l’aviculture et la porciculture où la Côte d’Ivoire a une meilleure valeur ajoutée» (PSDEPA 2014-2020, 2014).

Par ailleurs, selon le président de l’Interprofession porcine (Info Porc, 2015), pour 2020 la Côte d’Ivoire envisage d’abattre 80 000 porcs par an, soit une augmentation de 233%, et réaliser un chiffre d’affaires de 25 milliards soit une hausse de 316%. Contrairement à la filière porcine, la filière avicole dispose d’un maillon moderne qui couvre déjà une grande part des besoins de la population. L’adoption du Plan stratégique de Relance de l’Aviculture (PSRA) vient renforcer ce maillon. En effet, il a pour objectif global d’assurer la souveraineté alimentaire en produits avicoles (poulets et œufs de consommation) en faisant passer d’une part le niveau de consommation de poulets du maillon moderne de 0,84 kg/hab./an en 2008 à 2 kg/hab./an en 2021 et d’autre part en améliorant la consommation d’œufs de 33 œufs/hab./an en 2008 à 56 œufs/hab./an en 2021; ce qui représente une production d’environ 60 000 tonnes de viandes de poulets et 1 678 000 000 d’œufs de consommation » l’année. Toute chose occasionnant « la création de plus de 15 000 nouveaux emplois directs et des investissements privés de 150 milliards par les opérateurs » (PSRA 2012-2021, 2012).

ÉTAT DES CONNAISSANCES

Dans les lignes qui suivent, nous faisons dans un premier temps le tour des concepts et théories explicites et implicites que mobilise notre étude. Et par la suite, nous passons par l’analyse des études existantes sur les activités agricoles dans les villes africaines pour mettre en lumière les vides à questionner.

Cadre théorique

« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Albert Camus « Faute de concepts, pas de recherche dynamique ». Jean-Pierre Raison, 2010.

Le cadre théorique de notre travail s’intéresse au champ disciplinaire dans lequel s’inscrit notre étude et au champ conceptuel qui enrichit la compréhension de notre objet d’étude. Il est question pour nous d’éclaircir le concept de la territorialisation, de la périphérie, de faire le point sur comment l’élevage périurbain a été appréhendé dans les études jusque-là.

Un objet d’étude imposant un champ disciplinaire varié

Notre recherche s’inscrit dans un champ disciplinaire à la croisée des géographies urbaine, rurale, sociale et des relations .

Nous faisons avant tout appel à la géographie urbaine parce que le cadre spatial de notre étude est fortement urbanisé. Notre objet d’étude se situe dans une zone urbaine, le district d’Abidjan qui est à la fois métropole et capitale économique. Mais cet urbain, cette ville élargie dont nous parlons ici, ne peut se saisir sans d’autres branches de la géographie.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PREMIÈRE PARTIE: ÉLEVAGES MODERNES AVICOLES ET PORCINS DANS LE DISTRICT D’ABIDJAN : DES SYSTÈMES DE PRODUCTION ENTRE NORMES ET « INGÉNIOSITÉ »
CHAPITRE 1: LOCALISER LES PRODUCTIONS AVICOLES ET PORCINES DANS LA PÉRIPHÉRIE ABIDJANAISE
CHAPITRE 2 : LES TECHNIQUES UTILISÉES PAR LES PRODUCTEURS DE VOLAILLES ET DE PORCS DU DISTRICT
DEUXIÈME PARTIE : SPÉCIFICITÉ DE LA POPULATION ABIDJANAISE ET DISTRIBUTION DES PRODUITS AVICOLES ET PORCINS DANS LA MÉTROPOLE
CHAPITRE 3 : LA CROISSANCE DE LA POPULATION ABIDJANAISE, UNE OPPORTUNITÉ POUR L’ESSOR DES ÉLEVAGES AVICOLES ET PORCINS
CHAPITRE 4 : UN APPROVISIONNEMENT DE LA MÉTROPOLE DONNANT DE LA VOIX A LA PRODUCTION LOCALE
TROISIÈME PARTIE: POLITIQUES PUBLIQUES ET PRODUCTIONS AVICOLES ET PORCINES PÉRIURBAINES À ABIDJAN
CHAPITRE 5 : LES POLITIQUES PUBLIQUES D’ÉLEVAGE : ATOUT ET CONTRAINTE POUR LES PRODUCTIONS AVICOLES ET PORCINES
CHAPITRE 6 : GOUVERNANCE TERRITORIALE ET ÉLEVAGES PÉRIURBAINS : DES INITIATIVES INACHEVÉES
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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