Méthodologie et analyse des interactions verbales des étudiants
Depuis l’apparition de l’internet beaucoup de réseaux sociaux sont nés. Ils sont à un nombre multiple et ne semblent pas s’arrêter là. Ceci explique les échanges faciles entre les individus qui ne se limitent ni au temps ni à la distance. Ainsi la relation entre toutes les parties du monde est accessible en un temps record. Les jeunes utilisent ces moyens en inventant même de nouvelles formes d’écriture qui n’ont pas existées ou utilisées auparavant. Les moyens de communication sont si développés et engendrent une nouveauté résidant dans un système d’écriture différent et un langage étrange transcrit dans une nouvelle orthographe. Les jeunes essayent toujours de marquer leur différence par rapport aux générations précédentes. De ce fait, la tranche d’âge qui se caractérise par cette nouvelle forme d’écriture via internet sont ceux qui sont ente 18 et 25 ans. Selon BENRABAH « la différence entre le langage des jeunes et celui de leurs ainés est un phénomène connu dans le monde » (BENRABAH H, 1999 : 22). La jeunesse d’aujourd’hui utilise un langage tronqué lors de leurs échanges électroniques, il est vite adopté et propagé entre les jeunes. Ce nouveau code de communication qui consiste à couper les mots de la langue française est une forme de simplification que les jeunes utilisent pour remplacer ce qui est difficile pour le rendre facile.
Motivation du choix
Nous avons fait le choix de prendre ce thème de recherche qui est la troncation, car ce type de communication électronique prend de l’ampleur de plus en plus chez les chateurs, tels que les étudiants du département français sur lequel sera basé notre travail tout au long de cette recherche. Ces derniers ressentent le besoin de créer un langage propre à eux, et ils ont adopté ce nouveau style qui déforme l’écriture de la langue française tout en gardant le sens radical du mot. Pour illustrer nos propos, nous allons souligner la définition donnée par LEHMANN et BERTHET le mot « radical est le segment restant d’un mot dérivé ou fléchi sans les affixes et /ou les désinences » (LEHMANN et BERTHET, 2005 :137). Le mot jeunesse se définit comme « une période de la vie humaine, comprise entre l’enfance et l’âge mûr » (LEHMANN et BERTHET, 2005 : 638). Donc on remarque que dernièrement durant cette période l’individu se développe et cherche de nouvelles choses et il essaye de faire de la créativité, discuter avec beaucoup de gens, faire de nouvelles connaissances par le biais de l’internet. De ce fait, c’est l’une des raisons qui nous motive davantage à mener cette recherche. Autrement dit, le passage de l’enfance à la maturité, la personne fait des recherches personnelles ou collectives pour sa perfection et une meilleure insertion dans la société. Pour cela, elle utilise les moyens dont elle dispose. Lors des échanges qui se font entre les internautes, ils exigent une rapidité de frappe, dire le maximum en un laps de temps, cela amène au relâchement de l’orthographe c’est ce qui est constaté dans toutes les conversations.
La sociolinguistique, la lexicologie et la didactique : Aspects théoriques
Dans cette partie théorique, afin d’étudier les divers formes d’écritures relevées et de comprendre les raisons pour lesquelles un même étudiant fait recours à telle ou telle forme d’écriture lors de la communication via internet, il nous a semblé intéressant de présenter les éléments théoriques nécessaires pour mener ce travail ; en se basant sur les trois champs suivants : la sociolinguistique, la didactique et la lexicologie Le champ de la sociolinguistique est très vaste, nous essayons de donner un aperçu sur la situation sociolinguistique en Algérie et à Bejaia, tout en s’intéressant sur le statut de la langue française dans la ville de Bejaia, et son usage entre jeunes dans les réseaux sociaux. Nous allons faire en sorte de définir le domaine de la didactique ainsi la situation d’enseignement/apprentissage du FLE en Algérie, et nous tenterons de réunir certains points sur l’émergence et l’influence du nouveau langage qui consiste à couper les mots de la langue française en situation de classe. Dans cette partie nous allons donner un aperçu sur la lexicologie qui s’intéresse à la structure des mots tout en s’appuyant sur toutes les formes de troncations et son influence sur la langue française. Depuis la création du premier dictionnaire en langue française, l’orthographe de cette langue s’est considérablement transformé, SAUSSURE souligne que « le temps change toute chose : il n y a aucune raison pour laquelle la langue échappe à cette loi universelle » (Saussure, 1916 :158). Les outils informatiques mis à la disposition des individus est une façon de contribuer à l’utilisation de la langue française. Les réseaux sociaux peuvent être considérés comme une cause au changement de l’orthographe de la langue française car la nouvelle génération y consacre plus de temps, plus une personne passe de temps sur ces sites, plus elle permet de modifier et de créer un nouveau code de communication.
La sociolinguistique
La sociolinguistique est une science venue pour prendre en charge la réflexion des questions posées par un objet d’étude. Avant la sociolinguistique, il existait déjà la sociologie du langage, celle-ci permettait de traiter tous les moyens de communication y compris la langue. COHEN écrit un livre de « sociologie du langage » qui explique comment l’homme communique avec la société en s’aident de la gesticulation. Le premier livre de la sociolinguistique a été écrit par William LABOV qui traite de la langue au sein de la société et va préciser son objet d’étude qui diffère des sciences existantes déjà. Dans ce livre LABOV explique la langue, les pratiques linguistiques qui sont liées aux classes sociales : la grande bourgeoisie, la petite bourgeoisie et la classe prolétarienne (ouvrière). Autrement dit, la sociolinguistique est une réaction contre une certaine définition de la langue. La langue a plusieurs fonctions sociales, elle ne sert pas uniquement à la communication, elle peut servir à l’éducation, acquérir une intelligence, un savoir-faire, savoir être.
La sociolinguistique est considérée de manière générale comme l’étude des rapports entre le langage et la société, ou l’étude du fonctionnement social du langage. De plus « la sociolinguistique se fixe comme tâche de faire apparaitre dans la mesure du possible la covariance des phénomènes linguistique et sociaux et, éventuellement, d’établir une relation de cause à effet »(dictionnaire,2007 : 435). C’est d’étudier les phénomènes linguistiques et sociaux. Quant à LABOV, il estime « qu’il s’agit là tout simplement de linguistique» (LABOV ,1978 :258). Il s’agit donc d’une étude scientifique du langage.
La situation sociolinguistique en Algérie
Les faits sociolinguistiques tels que les croisades, les guerres et les mouvements migratoires peuvent mettre les langues en contact et c’est le cas pour l’Algérie. KARA informe qu’« Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, la réalité langagière des locuteurs va complètement changer non seulement par la généralisation, à l’école, de l’arabe classique comme langue nationale mais aussi du français, au statut de première langue étrangère. L’arabisation a été instaurée par le biais d’une politique linguistique imposée et puissamment contrôlée avec pour objectif la généralisation de son utilisation dans tous les organismes et institutions étatiques.» La situation sociolinguistique en Algérie est complexe avant et après l’indépendance, ceci montre le conflit entre les langues ; l’arabe classique, le français ainsi les langues dominées, l’arabe dialectal et tamazight. C’est une réalité qu’on ne peut nier. Le terrain nous confirme l’existence de trois langues en Algérie, l’arabe, le français et tamazight. De ce fait, Le plurilinguisme est donc présent en Algérie. Kara note que « La situation linguistique de l’Algérie peut être qualifiée de plurilinguisme dans la mesure où plusieurs langues de statuts différents cohabitant. (…), la langue nationale (l’arabe classique) et les langues étrangères (le français principalement), (…) le berbère (le kabyle, le chauie….) et l’arabe dialectal ». (KARA, 2004 : 33)
La situation sociolinguistique à Bejaia
Dans la willaya de Bejaia, la langue française est présente dans les foyers, les rues, les café. Dans cette willaya, il y a trois langues qui sont en coexistence, ses habitants parlent et écrivent la langue française à des niveaux différents. Parmi les lieux où l’on peut trouver écrits en langues française sont : les administrations, des lieux publics, sur les murs même les avis de décès sont écrits en français. Les jeunes, les vieux parlent le français mais à des niveaux différents. Dans la plupart des administrations, on nous propose de remplir les papiers en langue française, cela prouve qu’à Bejaia la langue française s’est implantée depuis longtemps. Lors des conférences ou rassemblements, on utilise la langue française pour être mieux compris. De ce fait, elle est omniprésente dans tout le secteur à Bejaia.
La communication
Les êtres humains peuvent s’échanger des paroles, informations entre eux, créer des relations cela se fait par le biais de la communication. La communication est le fait de transmettre ainsi que de recevoir des messages entre personnes. La communication est « l’action de communiquer quelque chose à quelqu’un » Dans une situation de communication, on trouve l’émetteur celui qui transmet le message, le récepteur c’est celui qui reçoit le message ainsi que le message c’est l’information transmise entre l’émetteur et le récepteur. Afin d’illustrer nos propos nous allons nous référer à la définition de Collet pour lui « la communication met en jeu une personne physique ou morale appelée émetteur qui adresse à une autre personne physique ou morale appelée récepteur un message par l’intermédiaire d’un support que l’on nomme média »(COLLET, 2004 : 18) Lorsqu’on dit communication, cela ne concerne pas l’échange verbal direct entre deux individus, elle peut être aussi faite par le biais de machine que la technologie mise au service de l’humain. Daniel BAUGNOUX souligne que le terme communication : « recouvre trop de pratique, nécessairement disparate, indéfiniment ouverte et non dénombrables » (Daniel BOURGNOUX ; 2001) nous comprenons par ça que la communication n’est pas une discipline mais fait partie de pratiques multiples, elle reste ouverte à tout dialogue. Après avoir parlé de la communication entre les jeunes, nous abordons un point très important qui est la communication dans les réseaux sociaux. Nous expliquons d’abord ce que sont les réseaux sociaux .
Les réseaux sociaux
La notion « réseau social » a été introduite en 1954 par l’anthropologue australien John ARUNDEL. Ces réseaux nous renvoient à l’utilisation d’autres moyens techniques. Autrement dit, ils représentent l’ensemble des moyens qui sont mis à la disposition des sociétés afin de faciliter la transmission d’information entre les individus. KAPLAN et HAENLEIN rejoignent cette explication en définissant les réseaux comme : « un groupe d’applications en ligne qui se fondent sur la philosophie et la technologie du net et permettent la création et l’échange du contenu généré par les utilisateurs » Il y a beaucoup de sites dans chaque réseau social, certains sont incontournables, spécialisés et des sites nouveaux, On peut expliquer cela comme suit: Parmi les incontournables on trouve facebook et twitter qui sont les plus populaires, toutes les tranches d’âges ainsi que toutes les classes sociales y adhèrent. Il y a aussi flickR qui est un réseau social de photo apparu en 2004, il s’est vite imposé c’est un site très utilisé par la société.
Les réseaux de communication
Les réseaux de communication sont un moyen de rapprochement entre les sociétés et dans tous les domaines. Ils enrichissent les connaissances et les développements, ce sont des moyens d’échanges riches et rapides. Actuellement, on compte plus de 200 plates formes sociales. On appelle communication personnelle lorsqu’elle ne se déroule qu’entre deux individus et interpersonnelle lorsque il y a trois individus ou plus, ceci s’applique même quand c’est par le biais de réseaux sociaux. GUMPREZ souligne que : « la communication est une activité sociale qui exige des efforts conjugués de deux ou plusieurs individus » (GUMPEZ, 1989 :57). Les réseaux sociaux de la communication sont définis comme étant un ensemble avec un même noyau car ils sont reliés les uns aux autres directement ou indirectement, ils ont un même principe. A ce propos, MERCHKLE explique mieux les réseaux sociaux de la communication en disant que c’est « un ensemble d’unités sociales entretiennent les unes avec les autres directement, ou indirectement à traves des chaines de longueurs variables » Selon DAGNAUD « facebook, le plus vaste réseau sociaux : il revendique millions d’inscrits français en 2012 et prés d’un milliard à l’échelle de la planète » (DAGNAUD, 2011 :63) nous nous apercevons donc que le nombre de chateurs augmente continuellement et considérablement. Ce système de communication est considéré par les internautes comme une technologie de haute facture dont ils tirent profit. DAGNAUD, dans son ouvrage « génération y »explique que la communication entre individus par réseaux sociaux sont plus fréquentes que celles directes (face à face) mais gardent les mêmes valeurs, lorsqu’elle dit que « le temps de dialogue sur messagerie ou sur réseaux sociaux a autant de valeur que le temps passé ensemble » (DAGNAUD, 2011: 63).
La communication entre jeune via internet
On ne peut pas parler de communication sans intégrer la jeunesse. La jeunesse se définit comme une « période de la vie entre l’enfance et l’âge mur chez l’homme ». Autrement dit, elle se traduit par un âge compris entre l’adolescence et l’adulte. La jeunesse est éphémère, elle ne dure qu’un temps défini tel qu’il a été dit par MURGER « la jeunesse n’a qu’un temps » (MURGER, 1861 : 47). La jeunesse est une étape marquée culturellement et linguistiquement. Autrement dit, durant cette période l’individu se forme, forme son identité et cette identité constitue le socle à partir duquel se formeront les idées d’un jeune, ses représentations et ses opinions. La jeunesse est un âge de la vie très spécifique, les jeunes s’expriment de plus en plus par un système langagier propre à eux, ils partagent les mêmes pratiques culturelles. Ces derniers manient un langage particulier, incompréhensible par les parents, selon LEMOINE et BESSARION « les jeunes tentent d’affirmer leur indépendance vis-à-vis de la cellule familiale » (LEMOINE et BESSARION, 2015 :5). Une fois l’adolescence franchie, l’individu rentre dans la jeunesse et des changements naissent chez lui, il invente de nouvelles méthodes dans sa conduite. Nous retrouvons cette attitude chez toute sa génération. Cette génération a en commun la façon de s’habiller, de parler et la même musique. DAGNAUD rejoint cette opinion en annonçant que : « Les 15-25 ans se rencontrent, écoutent des musiques et des chansons qui leur parlent d’eux, ils élaborent des codes vestimentaires, une façon d’être, un style, un langage qui bousculent les normes, établies et instaurent une rupture avec la génération précédente » (DAGNAUD, 2011 :38/39). L’apparition des outils informatiques ont fait que les émotions, idées et avis s’échangent via internet. Afin de pouvoir échanger, il faut avoir un compte personnel sur un site par inscription. Dans un même site, un même individu peut posséder plusieurs comptes en s’inscrivant dans le même site, cet individu peut accéder à d’autres comptes dans d’autres sites. Une inscription se fait en donnant son identité, son numéro de téléphone ou adresse email. L’individu n’a son compte qu’une fois inscrit, les jeunes ont alors la liberté d’échanger des écrits, des images, des vidéos et de commenter des publications.
La lexicologie
C’est l’étude du lexique d’une langue, selon LEHMANN et BERTHET le mot lexique se définit comme : « l’ensemble des mots d’une langue constitue son lexique. Cet ensemble se sépare en sous-ensembles, selon un certain nombre de variables ; il n’est pas clos, et ses contours ne sont pas fixés de manière absolue » (LEHMANN et BERTHET, 2005 ; 3). Donc nous comprenons que le lexique est un ensemble de mots que les individus utilisent, cet ensemble n’est pas fermé de manière absolue. Il y a deux formes de lexique : le lexique général et le lexique de spécialité, ils se différent selon leur utilisation.
Troncation lexicale
La troncation est une manière de diminution consistant à éliminer une ou plusieurs syllabes d’un mot et cela, sous trois formes qui sont comme suit :
A- L’aphérèse :
L’aphérèse se définit comme : « Retranchement d’une syllabe ou d’une lettre au commencement d’un mot » Autrement dit, l’aphérèse est le fait de supprimer la première partie du mot. On cite les exemples suivants :
– Velle : Nouvelle
– Blème : Problème
B- L’apocope :
L’apocope se définie comme « Elision d’un ou plusieurs phonèmes en fin de mot ». Est le fait de supprimer la deuxième partie du mot. Nous proposons trois exemples :
– Senti est l’apocope de sentiment
– Dispo est l’apocope de disponible
– Tel est l’apocope de téléphone
C- La syncope :
La syncope est définie comme « Métaplasme consistant en la disposition d’un ou plusieurs phonèmes au sein d’un même mot ». Quant à elle, elle est un ensemble de suppression de lettres successives.
Conclusion générale
Notre recherche s’est portée sur l’émergence et rôle du phénomène de troncation dans les réseaux sociaux chez les étudiants du département français de l’université de Bejaia. L’objectif principal de notre étude était de répondre à plusieurs questions qu’on a posé dans l’introduction. On a vu la façon avec laquelle les jeunes étudiants passent de la langue standard à ce type de langage qui consiste à tronquer les mots de la langue française. Nous nous sommes intéressé aussi aux différentes formes de troncation ainsi qu’aux raisons pour lesquelles les étudiants font appel à ce genre de phénomène. Notre étude nous a montré que la troncation a une influence sur l’enseignement/apprentissage du FLE et on a confirmé que ce style d’écriture coupé utilisé par les jeunes appauvrit la langue française et cause son déclin.
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre I : la sociolinguistique, la lexicologie et la didactique : aspects théoriques
Introduction partielle
1-La sociolinguistique
2-La lexicologie
3-La didactique
Conclusion partielle
Chapitre II : présentation et analyse des donnés
Introduction partielle
1-Méthodologie et analyse des interactions verbales des étudiants
2-Présentation du corpus
3-Méthodologie et analyse des questionnaires
Conclusion partielle
Conclusion générale
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