Méthodes d’évaluation du poids et de l’état corporel du cheval
Les lipides
Les lipides représentent la plus grande source d’énergie de l’organisme que ce soit au repos ou à l’exercice. Les lipides sont stockés sous forme de triglycérides dans le tissu adipeux et dans le muscle. Ils sont mobilisés sous forme d’acides gras qui fournissent de l’énergie par β-oxydation dans les fibres musculaires. L’utilisation des acides gras permet de limiter l’importance des voies anaérobies et donc l’accumulation d’acide lactique et par conséquent la fatigue musculaire. De plus, le rendement énergétique de la β-oxydation est bien supérieur à celui de la glycolyse. La proportion relative de chaque type de substrats énergétiques mis en jeu dépend notamment de l’intensité et de la durée de l’exercice.
En effet, les glucides sont surtout utilisés lors d’efforts intenses et au début d’un effort prolongé. Alors que les lipides sont plutôt utilisés lors d’efforts prolongés et d’intensité modérée, tels que l’endurance. L’entraînement peut modifier l’utilisation des différentes voies métaboliques et donc privilégier l’utilisation des acides gras chez le cheval d’endurance. Mais, ils ne peuvent pas être la seule source d’énergie d’autant plus que leur disponibilité est relativement lente (MARLIN et NANKERVIS, 2002).
C’est pourquoi, les glucides et les acides gras sont utilisés de manière simultanée en endurance. Les réserves de glucose utilisées au cours d’une course d’endurance peuvent être réduites de 50 à 100 %, aboutissant ainsi à la fatigue musculaire. Les protéines ne sont pas considérées comme une source d’énergie, les acides aminés en excès ne peuvent pas être stockés à la différence des glucides et lipides. Mais le catabolisme des acides aminés aboutit tout de même à la production de molécules impliquées dans certaines voies métaboliques (métabolites du cycle de Krebs…).
Consommation d’energie par le muscle lors de l’exercice d’endurance
C’est au niveau des cellules musculaires que l’énergie chimique (ATP) est convertie en énergie mécanique qui permet l’exercice. Les muscles locomoteurs sont les muscles striés ; ils sont constitués de cellules musculaires striées qu’on appelle fibres musculaires ou rhabdomyocytes. Celles-ci sont regroupées en faisceaux. Le tissu musculaire n’est pas homogène, il est composé de différents types de fibres musculaires qui différent notamment par leur métabolisme et leur contractibilité. Les systèmes de classification des fibres musculaires sont basés sur leurs propriétés contractiles et leurs capacités oxydatives. On distingue alors les fibres de type I et de type II.
Les fibres de type I sont des fibres à contraction lente et résistantes à la fatigue. Les fibres de type II sont des fibres à contraction plus rapide et plus intense mais qui sont moins résistantes à la fatigue. On distingue au sein des fibres de type II deux sous-types : IIA et IIB. Les fibres IIA sont des fibres à contraction rapide et à haut potentiel oxydatif, elles permettent ainsi des efforts assez intenses et longs. Les fibres de type IIB sont des fibres à contraction rapide et à potentiel oxydatif réduit, elles permettent des efforts intenses mais de courte durée. Les fibres de type I contiennent plus de lipides et moins de glycogène que les fibres de type II. Ce sont les fibres de type I et IIA qui ont le plus fort potentiel oxydatif et qui sont donc sollicitées lors d’exercice aérobie comme l’effort d’endurance.
La composition en fibres musculaires de différents types varie selon les muscles et les individus, de plus elle n’est pas homogène au sein d’un même muscle. Elle est également différente selon les races (facteurs génétiques), elle peut être modifiée par l’entraînement et ainsi être adaptée au type d’effort demandé. La composition en fibres musculaires de différentes races de chevaux est présentée dans le tableau 4. Les chevaux d’endurance ont une proportion importante de fibres de type I et IIA et utilisent essentiellement la voie métabolique aérobie (LANGLOIS, 2006 ; MARLIN et NANKERVIS, 2002).
Etudes a l’etranger
LAWRENCE et al. (1992) ont démontré que les chevaux ayant les meilleures performances ont un état corporel plus bas que les chevaux éliminés ou plus lents (p<0,05). Cette étude a été réalisée sur une course de 150 miles dans le Kentucky se déroulant sur 2 jours avec 61 chevaux partants dont 25 chevaux finissants. L’état corporel moyen est de 4,67 selon le système d’HENNEKE et le pourcentage de tissu adipeux corporel moyen est de 7,8% (mesuré à l’échographie au niveau de la croupe). Les chevaux finissant dans les premiers présentent également un pourcentage de tissu adipeux corporel inférieur (p<0,1 ; 6,5 % en moyenne contre 11% chez les chevaux éliminés). Ces résultats sont logiques puisque un cheval plus « gras » doit fournir plus d’énergie qu’un autre pour un travail identique.
De plus ses capacités de thermorégulation sont réduites par l’épaisseur de tissu adipeux qui forme une couche isolante plus importante. Une étude réalisée par GARLINGHOUSE et BURRILL (1999) donne des résultats légèrement différents. Dans cette étude des mesures ont été réalisées sur 360 chevaux réalisant une course de 160 km en Californie en 1995 et 1996. Il a été démontré que le poids du cavalier n’influence pas la performance de manière significative à la différence du poids vif et de l’état corporel du cheval (p<0,001). Les chevaux les plus lourds ont été plus éliminés pour boiterie que les autres (p<0,001). Les chevaux éliminés pour des raisons métaboliques présentent une note d’état corporel plus basse (système de notation d’HENNEKE : 2,88 +/- 0,81) que les chevaux éliminés pour boiterie (4,33 +/- 0.42) ou que les chevaux finissant l’épreuve (4,6+/-0.53). Les chevaux ayant un état corporel inférieur à 3 ont tous été éliminés alors que des chevaux présentant un état corporel de 5 et 5,5 présentent un taux de réussite plus important (respectivement 90,7 et 100%).
La distance parcourue avec succès augmente de 31,81 km pour chaque point d’état corporel avec un maximum de 5,5. Ceci peut s’expliquer par le fait qu’un cheval trop maigre manque de réserves en substrats énergétiques pour accomplir un effort d’endurance. D’autres études réalisées chez des Trotteurs et des Pur-Sangs (KEARNS et al., 2002 a et b) corroborent ces résultats. Le pourcentage de tissu adipeux est proche de celui déterminé par LAWRENCE et al., 8,8 % pour les Trotteurs et 8,4 % pour les Pur-Sangs, ce qui suggère qu’il y a peu de différence entre les races et que les chevaux concourant à haut niveau ont une composition corporelle assez similaire. Le pourcentage de tissu adipeux et la masse corporelle maigre sont là aussi corrélés négativement à la performance en course. Aucun pourcentage optimal de tissu adipeux n’a encore été suggéré mais dans les précédentes publications les meilleures performances ont été réalisées par des chevaux présentant environ 5 % de tissu adipeux
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Table des matières
TABLE DES ILLUSTRATIONS
INTRODUCTION
Première Partie : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
1.Description de la discipline et rappels physiologiques
1.1. Généralités sur les épreuves d’endurance
1.1.1. Présentation
1.1.2. Déroulement de l’épreuve
1.1.3. Contrôles vétérinaires
1.1.4. Causes d’élimination
1.2. Caractéristiques de l’effort d’endurance
1.2.1. Production d’énergie lors de l’exercice d’endurance
1.2.2. Consommation d’énergie par le muscle lors de l’exercice d’endurance
1.2.3. Thermorégulation lors de l’exercice d’endurance
1.3. Causes d’élimination lors d’une course d’endurance
1.3.1. Troubles locomoteurs
1.3.2. Troubles métaboliques
2.Méthodes d’évaluation du poids et de l’état corporel du cheval
2.1. Evaluation du poids vif
2.1.1. Utilisation de la balance
2.1.2. Utilisation d’équations établies à partir de mesures corporelles
2.1.3. Précision des différentes méthodes d’estimation du poids
2.2. Evaluation de l’état corporel
2.2.1. Relation entre le poids de dépôts adipeux et la notation de l’état corporel
2.2.2. Note d’état corporel
2.2.3. Evaluation échographique
3.Relation entre état corporel et performance en course d’endurance
3.1. Etudes à l’étranger
3.2. Etudes en France
Deuxième Partie : ETUDE EXPERIMENTALE
Relations entre les mesures corporelles, le poids, l’état corporel et la performance chez des
chevaux d’endurance concourant sur des épreuves de 120 à 160 km. Détermination expérimentale
du « poids de forme ».
1.Objectifs de l’étude
2.Matériel et méthodes
2.1. Population d’étude
2.1.1. Etude préliminaire
2.1.2. Etude de terrain
2.2. Protocole
2.2.1. Etude préliminaire
2.2.2. Etude de terrain
2.3. Analyse des données
2.3.1. Etude préliminaire
2.3.2. Etude de terrain
3.Résultats
3.1. Résultats de l’étude préliminaire
3.2. Caractéristiques des courses d’endurance étudiées
3.3. Caractéristiques des chevaux de la population d’étude
3.3.1. Age
3.3.2. Sexe
3.3.3. Race
3.3.4. Mesure du Poids
3.4. Mesures corporelles
3.4.1. Longueur du corps
3.4.2. Hauteur au garrot
3.4.3. Périmètre thoracique
3.4.4. Circonférence du canon
3.4.5. Largeur de la queue
3.4.6. Pli cutané en arrière de l’épaule
3.4.7. Indices Corporels
3.5. Notation de l’état corporel
3.6. Equations d’estimation du poids vif
3.6.1. Détermination d’une équation d’estimation du poids vif pour les Pur-Sang Arabes
3.6.2. Comparaison aux équations préexistantes :
3.7. Relations entre les différents paramètres et la performance
3.7.1. Relation entre les caractéristiques des chevaux et la performance :
3.7.2. Relation entre le poids et la performance
3.7.3. Relations entre les mesures corporelles et la performance
3.7.4. Relations entre l’état corporel et la performance
4.Discussion
4.1. A propos de la population étudiée
4.1.1. Représentativité de l’étude
4.1.2. Caractéristiques des courses étudiées
4.1.3. Caractéristiques de la population étudiée
4.2. A propos des paramètres étudiés
4.2.1. Poids
4.2.2. Mesures corporelles
4.2.3. Notation de l’état corporel
4.3. Biais et Limites de l’étude
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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