Méthodes d’évaluation d’entreprise
L’importance de la question
Nous le verrons par le suite, mais l’éclatement d’une bulle financière n’a pas toujours les mêmes conséquences sur l’économie. Parfois maîtrisées et confinées à un marché spécifique, les bulles sont sans grande conséquence pour l’économie « réelle ». D’autres fois, l’éclatement de certaines bulles sont catastrophiques et entraînent de fortes récessions. Aujourd’hui, certains acteurs du monde financier se posent la question qui est de savoir si le marché action américain est dans une phase de bulle et si son éclatement est imminent. Appréhender le phénomène est aussi le moyen d’identifier sa dangerosité. Si la présence d’une bulle venait à se confirmer, il serait nécessaire de savoir à quel type de risque nous faisons face, afin d’utiliser les outils les plus adéquats pour y remédier. En outre, la perte potentielle des investisseurs est un élément à considérer.
Depuis plusieurs années, la gestion passive 8s’est beaucoup développée. Moins onéreux et plus rentable à long terme que la gestion active, beaucoup d’investisseurs ce sont tournés vers l’achat d’ETF 9 ou de fond indiciel parfois avec du levier. Qu’en sera-t-il du marché en cas de panique boursière? Ce type d’investissement risque d’amplifier le mouvement de marché à la baisse. Voilà les raisons qui méritent de soulever la question de savoir si oui ou non un risque de bulle existe sur le marché américain des actions. Les exemples historiques de bulles financières qui vont suivre retracent les conditions dans lesquelles ces bulles ce sont développées et soulignent également, pour certaines d’entre elles, le caractère néfaste pour toute une économie. Plus tard dans ce travail, il sera question de faire des comparaisons avec la situation actuelle afin de trouver ou non des similitudes et autres signes de la présence d’une bulle sur le marché.
La Tulipomania de 1636 Quel est le prix d’une tulipe? Actuellement, une tulipe des pays-bas vendue sur le marché de Ringis coûte en moyenne 30 centimes d’euro 10. Toutes choses étant égales par ailleurs, seriez-vous prêt à payer plus cher? Tout dépendra de votre préférence pour les tulipes mais probablement pas beaucoup plus. Pourtant, en 1637 sur le marché à terme11 de la tulipe, les hollandais étaient prêts à débourser l’équivalent « d’un beau palais sur le canal prisé d’Amsterdam »(FAUJAS, 2013) pour obtenir un simple bulbe. Entre 1634 et 1637 le prix des tulipes a cru de 5’900% avant de s’effondrer en février 1637. En quelques jours, le prix a été divisé par 100. Ce que l’on appellera plus tard la « tulipomania » était la toute première bulle spéculative de l’histoire financière. La littérature sur cette bulle spéculative est souvent contradictoire. Le manque d’information détériore quelque peu l’analyse. Malgré cet élément, l’étude de cette bulle reste très intéressante. Elle met en avant l’extrême divergence entre la valeur fondamentale et le prix du marché qui peut se développer. Comment imaginer qu’un simple bulbe de tulipe, dont on ne peut prédire sa couleur et donc sa rareté, puisse valoir le prix d’une maison? Même s’il est possible d’obtenir plusieurs tulipes à partir d’un seul bulbe. Il faut sept à douze ans de la graine à la floraison d’une tulipe. Il es difficile de retracer l’évolution des prix sur le marché. La figure 2.2 ci-dessous tend à donner une idée de l’évolution de la bulle spéculative.
Plusieurs éléments peuvent expliquer l’envolée des prix de la tulipe. Premièrement, la Hollande du XVIIème siècle est extrêmement prospère. La Guerre de 80 ans (1568–1648) opposant la monarchie espagnole aux provinces unies (Pays-Bas, Luxembourg, Belgique, et le nord de la France) déplace le commerce au Nord, ce qui profite largement à Amsterdam. On constate une forte augmentation de la richesse du pays. D’ailleurs cette période correspond au siècle d’or dans l’histoire des Pays-Bas. Deuxièmement, la présence d’un marché à terme peut également avoir un impact sur le cours de la tulipe. Il est relaté que certains vendeurs peu scrupuleux vendaient plus de contrat que de nombre potentiel de bulbe. Par ailleurs, un tel marché implique probablement la présence de levier, ce qui est un facteur augmentant potentiellement le développement de bulles spéculatives. Les investisseurs arrivent à prendre des positions importantes avec peu de moyen. Il ne devait sans doute pas exister de chambre de compensation comme c’est le cas aujourd’hui. Enfin, les revenus enregistrés par les négociants les poussaient sans doute à gonfler les prix et à prendre toujours plus de positions. Il est difficile de donner plus de détails avec certitude sur cette bulle spéculative. Mais elle a le mérite de rester dans les consciences et de démontrer que ce qui semble impossible peut arriver.
Le Krach de 1987 Le lundi 19 octobre 1987, aussi appelé lundi noir, la bourse de New York s’effondre de 22%. Cette spectaculaire dévaluation du marché est le résultat d’un renversement de marché initié par un mélange de hausse des taux d’intérêt, d’une balance commerciale américaine déficitaire et d’une dépréciation du dollar. L’atmosphère de la finance dans les années 80 est très bien résumée par le réalisateur américain Oliver Stone dans le film «Wall Street ». Une réglementation fiscale favorable au financement de fusion et acquisition pousse les entreprises à entreprendre des programmes d’achat d’autres entreprises. Les IPO 15 sont également très en vogue. Dans ce contexte, les investisseurs sont encouragés à spéculer sur la volatilité des actions afin de réaliser des gains immédiats. Les stratégies de trading se portent sur les marchés à terme moins coûteux. Ces expositions offrent un levier financier et donc une exposition plus importante. Les années 80 sont aussi les débuts de l’informatisation de la finance. Le système DOT (Designated Order Turnaround) permet de passer un grand nombre d’ordres de manière électronique avec la bourse de New-York. Il est probable que le krach de 1987 ait été facilité par cet outil (CARLSON, 2006). Cet élément rappelle quelque peu l’utilisation du trading à haute fréquence et des flash crash qu’il inflige au marché. Entre 1984 et 1987, les taux d’intérêt à long terme chutent progressivement, passant de 14% au début de la période à 7% en 1987. Cette tendance semble profiter au marché actions. La figure 2.5 ci-dessous confirme la corrélation négative entre ces deux actifs.
La bulle internet source : Yahoo finance
En 1990, le world wide web est lancé publiquement. Il faudra attendre trois ans pour que le premier navigateur web rende l’utilisation d’Internet populaire. Entre 1992 et 1996, le nombre d’ordinateurs connectés au réseau passe de 1 million à 36 millions 17. Cette technologie a ouvert la voie à la création d’un grand nombre de sociétés tournées sur l’utilisation d’Internet. Ces entreprises promettaient de bouleverser l’économie mondiale. Elles n’avaient pas totalement tort, on connait aujourd’hui l’impact majeur d’Internet dans la vie quotidienne. À la fin des années 90, les investisseurs sont devenus fous de ces nouvelles entreprises. L’indice Nasdaq s’est envolé entre les années 1995 et 2000. Il a ainsi cru de 500% en cinq ans. La frénésie a surtout été remarquée lors des IPO des sociétés technologiques.
En quelques jours après leur entrée en bourse, les actions pouvaient prendre 400% (WESTERN, 2004). Les fondamentaux étaient totalement écartés. Les entreprises n’avaient besoin que d’un nom de domaine Internet pour être hautement valorisées. Cet exemple de bulle est intéressant dans l’étude du comportement des investisseurs. C’est un peu un cas d’école. On remarque que personne ne voulait perdre l’opportunité d’acheter une entreprise prometteuse. C’est à ce moment là que la spéculation entre en jeu. Elle a d’ailleurs accentué l’entrée de petits investisseurs. Une étude intéressante menée par LJUNGQQVIST et WILHELM (2003) montre le changement dans la structure de détention des actions entre 1996 et 2000. Ces résultats confirment ce qui est prévu dans le schéma de Rodrigue. Plus l’on s’approche du pic de la bulle, plus une part importante des actions est prise par des investisseurs de moins en moins sophistiqués. L’engouement pour le secteur technologique se ressent par des P/E ratios très élevés.
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Table des matières
Déclaration
Remerciements
Résumé
Liste des Tableaux
Table des Figures
1 Introduction
2 Qu’est ce qu’une bulle financière?
2.1 Définition
2.2 Les phases des bulles financières
2.3 L’importance de la question
2.4 Exemples historiques de bulles financières
2.4.1 La Tulipomania de 1636
2.4.2 Le Krach de 1929
2.4.3 Le Krach de 1987
2.4.4 La bulle internet
3 Méthodes d’évaluation d’entreprise
3.1 Le Discounted Cash Flow
3.2 la méthode des multiples
4 Analyse des valeurs fondamentales
4.1 Explication du modèle d’évaluation
4.2 Résultats du modèle DCF à deux périodes
4.3 Price Earning Ratio et PEG
4.3.1 Analyse des résultats
4.3.2 Analyse de scénario – Choc sur le taux d’intérêt
4.4 Analyse Macroéconomique
4.4.1 Zero Lower Bound
4.4.2 Quantitative Easing
4.4.3 Le PIB américain vs. Le prix des actions
5 Conclusion
Annexe 1 : Composition du SP 500
Annexe 2 : Comparaison des différents indices boursiers
Annexe 3 : Graphique du Shiller P/E Ratio
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