Méthodes d’évaluation corporelle d’un chien de grande race en croissance

Méthodes d’évaluation corporelle d’un chien de grande race en croissance

Vitesse de croissance chez le chiot

L’objectif de cette question était d’étudier si les propriétaires connaissaient les risques liés à une vitesse de croissance trop élevée, surtout chez le chien de grande race, et s’ils savaient quel(s) facteur(s) nutritionnel(s) avait un impact sur cette vitesse.

Un excès de fibres végétales peut avoir différentes conséquences. La première conséquence est d’augmenter le volume du bol alimentaire, en diminuant la densité énergétique et la digestibilité de la ration. Le premier risque est donc que le chien n’arrive pas à manger suffisamment à cause de l’encombrement. Selon la source de fibres, cet excès diminue l’absorption de différents minéraux comme cela a été prouvé pour le zinc, le calcium, le fer et le phosphore (Wedekind et al., 1995, 1996). Par ailleurs un excès de fibres fermentescibles, comme la pectine, peut engendrer des diarrhées. Un excès de fibres ne peut donc pas être à l’origine d’une croissance trop rapide, bien au contraire.
Un excès de protéines augmente les apports énergétiques. Une augmentation de la quantité de protéines, compensée par une diminution de la quantité des lipides ou des glucides pour maintenir la même densité calorique n’engendre pas d’effet sur la vitesse de croissance.
Chez un animal sain, un excès de protéines est sans conséquence. Par contre, cet excès pourrait accélérer la progression d’une insuffisance rénale sub-clinique ou clinique (Polzin et al., 1984), bien que cela reste un débat sans consensus. La teneur recommandée en protéines brutes dans un aliment pour chien adulte est de 18% de la matière sèche, en évitant de dépasser 30%. Nap et al. (1991) ont publié un article intitulé « Growth and skeletal development in great Dane pups fed different levels of protein intake » dans lequel ils ont conclu que la croissance ainsi que la fréquence des anomalies squelettiques ne variaient pas avec les apports protéiques. Ils ont pour cela suivi pendant dix-huit semaines des chiots âgés de sept semaines au départ, séparés en trois groupes, qui recevaient respectivement 14,6%, 23,1% et 31,6% de protéines brutes, avec un rapport protido-calorique de respectivement 38, 60 et 82 g/Mcal EM. A la fin de cette période, aucune différence n’a été observée entre les différents groupes au niveau de la taille ou de l’ossification.
A l’inverse, dès 1964 (Riser et al.), il a été prouvé qu’il existait un lien entre une alimentation riche en énergie et une croissance rapide qui engendrait des problèmes de santé. Hedhammar et al. (1974) ont conclu que les chiots nourris ad-libitum avaient une croissance plus rapide que ceux restreints, et que cela s’accompagnait d’anomalies ostéoarticulaires importantes avec des dysplasies coxo-fémorales, de l’ostéodystrophie hypertrophique, de l’ostéochondrite disséquante et des syndromes de Wobbler.
Dämmrich (1991) a confirmé qu’un excès calorique était associé à une croissance plus rapide et à une apparition plus fréquente de lésions d’ostéochondrose. L’étude de Kealy et al . (1992) avait pour objectif d’étudier la fréquence de l’apparition de la dysplasie coxofémorale, qui est un trouble héréditaire aussi influencé par des facteurs environnementaux, selon l’apport énergétique de la ration. Quarante-huit labrador retrievers de deux mois d’âge ont été suivis et évalués durant deux ans. Les chiens nourris ad-libitum avaient un accès libre à la nourriture quinze minutes par jour, la quantité ingérée était alors mesurée et, selon leur âge, ils ont consommé en moyenne de 1889 à 1978 kcal/j. Les chiens restreints recevaient 75% de la quantité ingérée par l’autre groupe, soit en moyenne de 1435 à 1493 kcal/jour. Les chiens ad-libitum ont eu un gain de poids plus rapide et la fréquence de la dysplasie coxofémorale était significativement plus élevée que chez les chiens dont l’apport calorique était contrôlé. Ces mêmes chiens ont été suivis jusqu’à leurs quatorze ans et plusieurs études ont été publiées par cette équipe (Kealy et al., 1997, 2000, 2002 ; Lawler et al., 2005 ; Smith et al., 2006). Durant toute cette période, les chiens nourris ad-libitum ont consommé 62,1 kcal par kg de poids idéal et les chiens restreints recevaient 25% de moins. En 2000, les chiens restreints en énergie de deux mois à huit ans ont présenté significativement moins d’arthrose et, si c’était quand même le cas, une forme moins sévère. Quelques années après, cette équipe a pu montrer que les chiens non restreints ont eu en moyenne une durée de vie plus courte de 15% et qu’ils ont présenté de l’arthrose plus précocement.
Par conséquent, un apport énergétique à volonté en début de croissance est à l’origine d’une croissance trop rapide chez le chiot, peu importe la source des calories excédentaires.

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Table des matières

ABBRÉVIATIONS
TABLE DES ILLUSTRATIONS INTRODUCTION
PARTIE I : SYNTHÈSE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LES THÈMES ABORDÉS PAR LE QUESTIONNAIRE
1. Méthodes d’évaluation corporelle d’un chien de grande race en croissance
1.1 Méthodes d’évaluation corporelle
1.2 Comparaison des méthodes disponibles
1.3 Application de ces méthodes chez le chiot de grande race en croissance
2. Vitesse de croissance chez le chiot
3. Mention « cendres brutes » sur les aliments
4. Conséquences de l’obésité canine
4.1 Impact de l’obésité sur le métabolisme
i. Conséquences sur l’insuline, les acides gras et les hormones de la satiété
ii. Obésité et pancréatite
iii. Conséquences sur la thyroïde
iv. Obésité et inflammation
4.2 Obésité et pathologies articulaires
4.3 Conséquences du surpoids sur la fonction respiratoire
4.4 Obésité et pathologies cardiaques
4.5 Obésité et tractus urinaire
4.6 Obésité et cancer
4.7 Obésité : quel impact sur la durée de vie ?
5. Impact de l’utilisation de différentes sources de protéines dans l’alimentation du chien
5.1 Protéines et allergie alimentaire
5.2 Protéines et fonction rénale
6. Transition alimentaire
7. Couverture des besoins en calcium du chien
8. Macronutriments et alimentation canine
PARTIE II :EVALUATION DE LA CONNAISSANCE DES PROPRIÉTAIRES DE CHIENS EN FRANCE
1. Matériel et méthodes
1.1 Questionnaire
1.2 Distribution du questionnaire
1.3 Analyse statistique
2. Résultats
2.1 Description de la population
2.2 Réponses au questionnaire
a. Question 1 évaluant la capacité des sondés à évaluer la condition corporelle d’un chien de grande race en croissance
b. Question 2 étudiant la cause présumée, par les sondés, d’une vitesse de croissance trop importante chez le chiot
c. Question 3 évaluant la compréhension de la mention « cendres brutes » sur l’aliment
d. Question 4 déterminant les conséquences de l’obésité canine attendues par les sondés
e. Question 5 mesurant le bénéfice estimé par les sondés de l’utilisation d’une large variété d’aliments
f. Question 6 appréciant l’impact présumé de l’utilisation de différentes sources de protéines dans l’alimentation du chien
g. Question 7 déterminant la manière dont les sondés feraient une transition alimentaire idéale
h. Question 8 sur les aliments permettant une bonne couverture des besoins en calcium
i. Question 9 portant sur les aliments étant des sources de glucides
j. Bilan
PARTIE III : COMPARAISON DES RÉSULTATS OBTENUS ENTRE LA FRANCE ET LA SUISSE
1. Analyse statistique
2. Résultats
a. Questions avec une très faible différence selon le pays
i. Question 1 portant sur l’évaluation corporelle d’un chien de grande race en croissance
ii. Question 4 interrogeant les sondés sur l’existence de problèmes liés à l’obésité canine
b. Questions avec une faible différence selon le pays
i. Question 2 évaluant les facteurs mis en cause par les sondés dans une vitesse de croissance trop rapide chez le chiot
ii. Question 3 déterminant le sens attribué à la mention « cendres brutes » présente sur l’aliment
c. Questions avec une différence modérée selon le pays
i. Question 5 questionnant sur l’éventuel bénéfice lié à l’utilisation d’une large variété d’aliments
ii. Question 6 évaluant l’impact, attendu par les sondés, de l’utilisation de différentes sources de protéines dans l’alimentation du chien
iii. Question 7 portant sur la réalisation d’une transition alimentaire lors de l’adoption d’un chiot
iv. Question 8 interrogeant sur les aliments permettant une couverture des besoins en calcium à eux seuls
v. Question 9 portant sur la teneur en glucides de différents aliments
d. Bilan
PARTIE IV :DISCUSSION
1. Biais de l’étude
2. Discussion sur l’état des connaissances des utilisateurs de chiens en France
3. Discussion sur les connaissances des professionnels et des non-professionnels en France
4. Discussion sur les connaissances des utilisateurs de chiens en France et en Suisse
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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