Mesures radio-stéréométriques

Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études

Matériels et méthodes

Protocole

Définition de l’étude

Il s’agit d’une étude prospective, contrôlée, randomisée, en groupes parallèles, monocentrique réalisée au CHU de Caen, ouverte, promue par le Département d’Orthopédie du CHU de Caen après accord du Comité de Protection des Personnes dans la Recherche Biomédicale.

Objectif principal et critère de jugement

L’objectif principal est de comparer l’usure du polyéthylène de deux inserts dans une PTH à DM : l’un UHMWPE Arcom (Biomet) et un UHMWPE dit « VEPE » E1 (Biomet) par la mesure de la pénétration de la tête fémorale dans les inserts en PE par analyse RSA à 3 ans de l’intervention.

Objectifs secondaires

Les objectifs secondaires sont :
– D’évaluer les résultats fonctionnels à l’aide du score de hanche de Harris (HHS),
– D’évaluer les résultats radiologiques concernant la fixation cotyloïdienne par l’analyse des espaces clairs rétro-cotyloïdiens et l’apparition de granulomes fémoraux ou cotyloïdiens selon les zones de Delee et Charnley(32) et de Gruen(33) sur des clichés de face et de profil
– D’évaluer les complications post-opératoires.

Critères d’inclusion

– Homme ou femme de plus de 18 ans
– Atteint de coxarthrose primaire, secondaire ou d’ostéonécrose aseptique ou post-traumatique de la tête fémorale, d’une fracture du col fémoral.
– Atteinte inflammatoire de l’articulation coxo-fémorale (Polyarthrite Rhumatoïde…)
– Dont l’état nécessite la pose d’une prothèse totale de hanche primaire

Critères de non inclusion

– Infection, sepsis
– Majeurs protégés
– Patient incapable de donner un accord éclairé à l’étude
– Atteinte neurologique, musculaire ou vasculaire compromettant la marche du coté opéré.

Critère d’arrêt prématuré de la recherche

Durant le recueil prospectif, les événements indésirables seront recherchés. L’étude dans son ensemble pourrait être interrompue si des complications inattendues survenaient. Par ailleurs, un patient sera sorti de l’étude dans les circonstances suivantes :
– Patient non évalué pour toute cause (décès, perdu de vue, RSA non interprétable),
– Toute Maladie intercurrente, secondaire ou non à la chirurgie, ne permettant pas une marche correcte de nature à engendrer un biais d’usure,
– Retrait du consentement éclairé du patient.

Déroulement de l’étude

Une information claire, loyale et éclairée sur le déroulement de l’étude était fournie au patient une fois l’indication d’arthroplastie de hanche posée. Le consentement éclairé des patients était recueilli, ceux-ci pouvaient se retirer à tout moment de l’étude.
La randomisation était faite la veille ou le matin de l’intervention et était centralisée à l’Unité de Biostatistique et de Recherche Clinique du département d’Orthopédie du CHU de Caen.
L’intervention chirurgicale se déroulait dans les conditions habituelles du service. Le choix de la voie d’abord était laissé à l’opérateur, en pratique voie postérieure de Moore pour l’ensemble des patients. Une antibioprophylaxie per opératoire était systématiquement administrée et une anticoagulation préventive était mise en place en post opératoire selon les protocoles du service. Le drainage du site opératoire, par un drain pendant 3 jours, était systématique en sous-cutanée. Les consignes post-opératoires étaient classiques : la mise au fauteuil du patient à J1 et réalisation du premier levé à J2.
Les patients ont eu un suivi clinique, incluant le score fonctionnel HHS, et radiologique. Un cliché RSA était réalisé avant la sortie du patient vers J7 puis à 3 mois, 1 an, 2 ans et 3 ans au sein du service de radiologie du CHU de Caen. (Figure 4)
Le score de HHS (cf. annexes) fournit un score global sur 100 points évaluant la douleur, la mobilité, la fonction et la présence ou non de déformation(34).

Implants

Du côté acétabulaire, les patients ont reçu soit un polyéthylène de haute densité UHMWPE hautement réticulé (dose d’irradiation de 100 KGy) infusé à la vitamine E (E1, Biomet), soit un polyéthylène conventionnel de haute densité UHMWPE (ArCom, Biomet).
Les implants cotyloïdiens étaient sans ciment et revêtues d’hydroxyapatite (AVANTAGE RELOAD Biomet (X41), AVANTAGE 3P(X20), Biomet). Pour rappel, il s’agissait de cotyle double mobilités (DM) dans tous les cas. Le Cotyle Avantage 3P était doté de plots et d’une vis. Ils sont tous deux recouverts d’une couche d’hydroxyapatite (HA) (Figure 5).
Du côté fémoral, tous les patients ont reçu une tige fémorale cimentée en chrome-cobalt (Cr-Co) (Dédicace, Stryker (X59) ; Océane, Tornier (X2)). Les têtes fémorales en Cr-Co implantées avaient toutes un diamètre de 28mm.

Population

Effectif étudié

65 patients ont été inclus entre janvier 2012 et février 2014. Après inclusion, les patients ont été randomisés en deux groupes. Un groupe Arcom (UHMWPE) de 33 patients et un groupe E1 (VEPE) de 32 patients.

Analyse RSA

Principe de la RSA

La radio stéréométrie (RSA) repose sur les principes de base de la géométrie projective. En effet, localiser un point dans l’espace est possible à partir de deux images réalisées simultanément selon deux angles différents (Figure 7). Pour une application en chirurgie orthopédique, il est nécessaire de définir préalablement : l’espace, le volume « os » et le volume « implant ».
Deux radiographies étaient réalisées simultanément, en plaçant au centre de l’installation RSA l’implant à étudier. Deux tubes à rayon X synchronisés et placés à environ 1,6m des cassettes numériques, réalisaient les clichés. Chacune des cassettes radiographiques numériques était placée à l’arrière d’une cage de calibration. La définition de l’espace était faite grâce à cette cage de calibration. Elle est composée d’une ossature en carbone dans laquelle se trouvent des billes de tantale dont les coordonnées exactes sont connues permettant de définir l’espace (Figure 7). Cette technique permet d’éviter tout problème de positionnement, d’agrandissement et de distorsion de l’image. En accord avec les travaux de Maruyama(35) et afin d’avoir des mesures reproductibles en limitant les biais, les clichés RSA ont été réalisées en position debout chez tous nos patients (Figure 8). En effet, une mesure faite sur un patient en position allongée sous-estime en moyenne de 20% la véritable mesure(35).
Le RSA basé sur des marqueurs (Marked based RSA) nécessite per-opératoire, la mise en place dans l’os spongieux des billes sphériques de tantale de 0,6 à 1,2mm de diamètre. Le tantale est un métal poreux permettant une ostéo-intégration rapide des marqueurs, évitant une mobilisation secondaire. Les quatre billes, positionnées dans des plans différents et le plus espacées possible, doivent être visibles sur les deux incidences. Le volume « os » était défini par la projection de ces marqueurs sur les cages de calibration (Figure 9). Pour notre part, nous avons opté pour une méthode RSA model-based.
Le volume « implant » ,dans notre étude, était défini par la détection des contours de la prothèse projetés selon la méthode du Model-based RSA. Il s’agit d’une méthode semi-automatique utilisant le logiciel MBRSA® (v3.2, Medisspecial©, The Netherlands), dans lequel sont intégrés les modèles tridimensionnels des implants fournis par les industriels. La technique repose sur la capacité à minimiser la différence entre la projection virtuelle du modèle tridimensionnel et la projection effective radiographique de l’implant. L’algorithme de Canny (36) était utilisé pour détecter les contours effectifs de l’implant sur les radiographies. Lecontour virtuel projeté était calculé par projection du modèle 3D sur l’image planaire (Figure 10). Les deux contours virtuel et effectif étaient définis comme une chaîne de nœuds et la différence entre les deux contours était définie comme la distance moyenne entre les nœuds des deux chaînes. Le premier positionnement de l’implant était réalisé manuellement afin de minimiser cette différence. Secondairement un algorithme basé sur les travaux de Wunsch(37) et Besl(38) était utilisé (Iterative Inverse Perspective Matching [IIPM]). Pour finir l’optimisation du contour était réalisée à l’aide de l’algorithme de Valstar optimisé par Kaptein et al(39).

Mesure de la pénétration de la tête fémorale

Au terme de ces opérations, les volumes « implants » étaient positionnés et orientés au sein l’espace défini par la cage de calibration. On pouvait dès lors calculer la migration des différents volumes les uns par rapport aux autres à partir des examens successifs. Les résultats étaient exprimés sous la forme d’une pénétration globale de la tête fémorale prothétique, correspondant au vecteur de migration totale, obtenu par la somme vectorielle des translations médiale, proximale et antérieure (respectivement axes x, y et z) (40), et non en séparant ces trois vecteurs comme décrit par Önsten(41). Cette pénétration progressive d’un implant dans l’autre reflète à la fois le fluage et l’usure. La formule du calcul de la migration totale est la suivante : √( ̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅−)+( ⅈ−)̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅̅+( −)
Cette migration totale dans les trois dimensions, exprimée en millimètres, représente l’évolution de la distance entre le centre de la tête et le centre de l’insert en PE, et de ce fait son fluage et son usure.
Au cours de son utilisation, l’implant prothétique est soumis à une modification différente de l’usure appelé fluage. Le fluage correspond à une déformation adaptative irréversible du matériau lorsque celui-ci est soumis à une contrainte constante inférieure à sa limite d’élasticité. Ce phénomène ne s’accompagne pas de perte de substance, à la différence de l’usure, et ne crée pas de débris. L’étude RSA réalisée par Glyn-Jones montre que 95% du fluage survient lors des 6 premiers mois. Entre 6 mois et un an, la RSA mesure le reste du fluage et un début d’usure. Au-delà de 1 an, seule l’usure est mesurée(41), celle-ci devient dès lors linéaire et peut être extrapolée sur le long terme.

Analyse radiologique

Les clichés radiographiques de chaque patient ont été analysés en post-opératoire immédiat et au dernier recul de trois ans.
-La présence d’un espace clair rétro-prothétique, distance entre le métal-back et l’arrière-fond cotyloïdien, était recherchée
-Le positionnement de l’implant cotyloïdien était mesuré, par l’inclinaison de l’implant acétabulaire par rapport à la ligne des U radiologiques
-La présence de géodes ou de liséré péri-prothétique était estimée en fonction des zones de Delee et Charnley(32) et de Gruen(33) sur les clichés de face et de profil, tant sur le fémur que sur le bassin (voir figures 16 & 17 en annexe).

Analyse Statistique

Pour vérifier la corrélation des variables étudiées avec le fait d’avoir un résultat juste, nous avons calculé le degré de significativité p à l’aide du test de Student et de Mann Whitney pour les variables quantitatives et du test du Chi 2 pour les variables qualitatives.
Les statistiques ont été réalisées par un statisticien indépendant.
Le logiciel de statistique utilisé était Statview Software ® (SAS©, Cary, North Carolina, US)
Le risque α de première espèce admis était de 5% et la puissance initiale de l’étude était de 90%.

Résultats

Mesures radio-stéréométriques

Fluage

A 3 mois, les mesures RSA retrouvaient une pénétration moyenne de la tête fémorale dans le PE de 0,143 0,0038 mm dans le groupe Arcom et de 0,163 0,0027 mm dans le groupe E1. Il n’y a pas de différence significative de fluage entre les deux PE (p=0,117).

Usure

A 1 an, les mesures RSA retrouvaient une pénétration globale moyenne de la tête fémorale dans le PE de 0,169 0,036 mm dans le groupe Arcom et de 0,179 0,030 mm dans le groupe E1 avec une différence non significative (p=0,357).
A 2 ans, les mesures RSA retrouvaient une pénétration moyenne de la tête fémorale dans le PE de 0,188 0,039 mm dans le groupe Arcom et de 0,199 0,032 mm dans le groupe E1 avec une différence non significative (p=0,272).
A 3 ans, les mesures RSA retrouvaient une pénétration moyenne de la tête fémorale dans le PE de 0,218 0,063 mm dans le groupe Arcom et de 0,218 0,033 mm dans le groupe E1 avec une différence non significative (p=0,320).
Par ailleurs, il est ressorti d’une analyse en sous-groupe initialement non prévue, une différence d’usure en fonction du métal back cotyloïdien implanté (Avantage Reload ou Avantage 3P). En effet le VEPE (E1, Biomet) semble s’user plus rapidement avec un métal back de type Avantage 3P, les valeurs restaient non significatives (Figure 12).

Discussion

Usure et RSA

Dans notre étude nous ne retrouvons pas de différence à 3 ans sur la pénétration de la tête dans  un insert DM entre VEPE et UHMWPE via une étude RSA. L’usure globale n’était pas significativement différente entre les deux groupes à 0.218mm (p=0.320). L’usure était mesurée par pénétration de la tête dans le PE dans les trois dimensions, reflet de l’usure volumétrique du PE. Il n’y a pas non plus de différence significative sur l’usure annuelle entre les deux groupes, estimée à 0,024 mm/an pour l’UHMWPE Arcom et 0,018 mm/an pour le VEPE E1. Nos taux d’usure sont cohérents avec la littérature actuelle (Tableau 4).
Notre hypothèse initiale d’une moindre usure pour le VEPE n’est donc pas vérifiée. Aucune différence n’est retrouvée sur le fluage à 3 mois, l’adjonction de vitamine E n’a pas eu d’incidence sur ce paramètre.
Notre choix d’utiliser la technologie RSA en charge nous permettait d’obtenir des mesures extrêmement précises de pénétration même avec notre effectif réduit de patients(30,31). Callary et Hamadouche recommandent la RSA de façon systématique pour l’étude de l’usure des pièces(42,43).
Les facteurs modifiables influençant l’usure sont la taille de la tête et l’épaisseur du PE(26,44,45). Les facteurs non modifiables sur l’usure sont des paramètres extérieurs tels que la température, la pression du milieu environnant. Dans notre étude, toutes les têtes implantées étaient de dimension 28 mm, en Chrome-Cobalt, correspondant à une taille standard dans les couples PE/métal des PTH.
La précision d’une mesure dépend pour beaucoup de la technologie utilisée. Le choix du type de méthode RSA est primordial avec des avantages et des inconvénients dans les deux cas(31). La méthode via détection des contours prothétiques (Model-based RSA) fut choisie pour notre étude et non la technique RSA de référence, basée sur la détection de marqueurs (Marker-based RSA). La mesure radiographique standard était insuffisante car beaucoup trop imprécise(29). La précision de la mesure RSA model-based dépend évidemment de la qualité du model 3D de l’implant fourni par le fabricant et intégré au logiciel. Hurschler(46) a montré dans une étude purement expérimentale, que la réduction de la proportion de contour détectée via Model-based RSA ne modifiait en réalité que peu les mesures.
L’ensemble des études de mesure d’usure des PTH est regroupé dans le tableau n°4. Ces études seront citées tout au long de la discussion, reprenant les différents points de débats (DM, VEPE).

Usure et Double mobilité

L’intérêt de la DM est la réduction du risque de luxation prothétique en première ou en seconde intention(7–14). L’augmentation de la « jump distance » permet de fait une réduction du risque de luxation prothétique. Les risques de la DM sont l’usure plus importante via la deuxième articulation et la troisième articulation, ainsi que la LIP, complication propre à ce système.
Philippot et al retrouve une survie de 77% à 22 ans de recul chez des patients jeune (moins de 50 ans) porteur d’une PTH DM(47). Dans cette étude, 44 prothèses sur les 137 ont dues être reprises (19 descellements aseptiques cotyloïdiens, 15 LIP, 2 descellements aseptiques de la pièce fémorale, 6 usures du PE sans usure de la troisième articulation, une fracture péri-prothétique, une infection de site opératoire). Ces résultats restent spécifiques à une population jeune et ne peuvent donc pas être extrapolés à notre population, plus âgée.
Les résultats en termes de survie de la série stéphanoise sont excellents(48). La survie globale des implants cotyloïdiens étant de 90,6% à 25 ans de recul pour des patients jeunes (53 ans d’âge moyen à la pose). Ces résultats sont comparables à ceux de Callaghan et al : 84% de survie à 30 ans de recul pour des prothèses cimentée de Charnley(49).
Epinette et al retrouvent une survie globale de 97,51% avec une prothèse à DM associée à un HXLPE dans une série multicentrique à 5 ans de recul(50).
L’usure supposée plus importante des DM, par rapport au simple mobilité, n’est pas prouvée (51). Gaudin et al lors d’une étude in vitro comparant l’usure d’un PE standard (UHMWPE) dans un système à double et simple mobilité n’ont pas retrouvé de différence de perte de masse (mesure sur banc d’essai de la masse des PE avant et après 5 millions de cycles)(52).
Saikko et al lors d’une étude également in vitro sur banc ne mettent pas non plus en évidence de différence d’usure via mesure de masse des PE(53).
Herrera et al retrouvent quant à eux une diminution de 35% de l’usure en comparaison à un système simple mobilité pour un UHMWPE(54) par mesure de poids. Cette étude est néanmoins biaisée, certaines mesures traduisant un gain de poids des PE sur une DM secondaire à l’absorption par le PE du liquide de lubrification du banc d’essai.
Adam et al retrouvent une usure moyenne de 0.072 mm/an sur son étude d’explants(55). Cette étude, réalisée par la mesure des explants, portait sur des PE première génération chez une population jeune (âge moyen 46 ans) ayant nécessité une reprise, comprends donc un biais de population expliquant l’usure importante retrouvée ainsi que la survenue d’ostéolyse plus importante.
Prudhon et al(56) confirment l’intérêt de la DM dans la prévention des luxations (7.5% vs 19.5% dans les simples mobilités). Par ailleurs le taux de descellement aseptiques n’était pas plus important dans leur série.
Récemment, Hannecbique a montré dans son travail de thèse, sur une mesure RSA une absence de différence d’usure entre DM et SM à trois ans de recul(17). En effet, il retrouvait une usure à 3 ans de 0,348 0,0.29 mm et 0,381 0,046 mm pour les cotyles à double mobilité et 0,275 0,032 mm pour le cotyle simple mobilité(p=0.0968).
Plusieurs études ont montré l’efficacité du Cotyle DM Avantage dans les indications de reprise de PTH pour instabilités prothétiques(9,57), nous y reviendrons plus loin.
Ces très bons résultats avec, rappelons-le, des PE de première génération (UHMWPE) associée à l’amélioration des matériaux et du design des implants, laissent espérer un usage plus général de la DM à l’avenir sans crainte d’un taux de descellement aseptique ou de LIP plus important.

Usure de la 3e articulation ou « surface de contact » et risque inhérent

Adam et al retrouve comme première cause de reprise chirurgicale dans les PTH DM la luxation intra-prothétique (LIP) (13 cas sur 40 PTH)(55). Cette complication est spécifique de la double mobilité. Elle est secondaire au phénomène d’usure dit de la « troisième articulation ». Elle est provoquée par le contact se produisant entre le col de la tige fémoral et la collerette de rétentivité du PE lors de d’amplitudes extrêmes. Ce contact est responsable d’une usure du PE sur son pourtour qui est donc non mesurable par le RSA mais uniquement pas l’étude des PE retirés lors des changements de prothèse. Une usure importante de la collerette peut entrainer une LIP(58). Les facteurs de risque de LIP sont : le blocage de la grande articulation, une usure excentrique de la petite articulation, une usure de la collerette de rétentivité. Le mécanisme de la LIP passe par un effet came sur la collerette de rétentivité usée(59).
Le risque de LIP peut être réduit en augmentant le diamètre de la tête fémorale et le ratio tête/col, ce qui limite le contact entre le col et le PE(60). La modification du design des PE pourrait de même permettre une diminution du risque. L’usure de la troisième articulation n’est pas la seule cause de LIP, qui peut aussi être secondaire à un défaut de fonctionnement d’une des deux surfaces articulaires. En effet, l’étude d’explants de Boyer et al(61) retrouve une absence d’usure d’une des surfaces dans 90% des cas de LIP. Au vu de ces constatations, la LIP reste une complication à craindre sur les cotyle DM. En l’occurrence, aucune LIP n’est à déplorer dans notre étude.
Notre mesure RSA du vecteur global de migration de la tête fémorale dans le PE ne permettait pas la mesure de l’usure de cette « 3eme articulation ». La mesure de l’usure de la collerette de rétentivité n’étant pas accessible via la RSA n’était donc pas prise en compte dans notre étude. Il n’est donc pas possible de conclure sur l’éventuelle efficacité ou non supériorité du VEPE face à l’UHMWPE dans cette usure particulière aux cotyles DM.

Impact du type de PE sur l’usure

L’amélioration des PE par irradiation plus forte type HXLPE et le dopage à la vitamine E (VEPE) pourrait réduire l’usure et améliorer les résultats en termes de survie des arthroplasties de hanche.
Plusieurs études in-vivo ont montré un bénéfice à l’utilisation d’HXLPE, dans une moindre mesure de la vitamine E.
Maruyama et al retrouvent dans une étude RSA rétrospective une différence significative entre l’UHMWPE (0.18mm/an) et le HXLPE (0.04mm/an)(35).
Digas et al dans leur cohorte, par mesure RSA et à 5 ans de recul, concluaient à une diminution de plus de 95 % de l’usure avec le HXLPE par rapport à l’UHMWPE(62).
Sur une mesure RSA à 2 ans de recul, Salemyr et al, sur un cotyle DM, retrouvait une différence de fluage mais pas de différence significative d’usure entre un HXLVEPE et un HXLPE(63).
Loving et al ont montré, dans une étude in vitro sur banc d’essai un taux d’usure, moins important pour une prothèse à DM face à une prothèse SM (toutes les deux implantés avec un HXLPE) avec respectivement 1,2 contre 2,7 mm3/million de cycle d’usure (p = 0,02)(64). Il est important de noter que la différence d’usure n’était significative que pour une tête de 22,2mm et à une inclinaison de 65° de l’implant cotyloïdien.
Leung et al, par la réalisation d’un scanner de contrôle à 5 ans post-opératoire pour des PTH à SM, retrouvaient une incidence supérieure de l’ostéolyse péri-prothétique chez les patients implantés avec un UHMWPE (28%) par rapport aux patients implantés avec un HXLPE (8%, p = 0,04)(65). L’ostéolyse est encore une fois corrélée à l’usure dans cette étude. En effet, les patients présentant une ostéolyse avaient une usure du PE plus importante sans différence significative.
Pour référence, Lafon, qui utilisait aussi une méthode de mesure radiologique, mesura une usure moyenne de 0.07 mm/an avec un UHMWPE(66).
Dowd et al retrouvaient quant à eux une usure de 0.18mm/an(20).
Il persiste malgré tout pour le moment un doute sur l’activité biologique des HXLPE et leur potentiel ostéolytique bien que certains résultats récents soient rassurant(67).
L’adjonction de vitamine E permet d’obtenir avec les HXLPE des propriétés mécaniques équivalentes à celles de l’UHMWPE. De plus, la résistance à l’oxydation offerte par la vitamine E, permet de conserver les caractéristiques du PE sur une durée de vie plus longue. En effet Beck et al(68), dans une étude in vitro sur banc d’essai (5 millions de cycles) retrouvaient une usure sept fois moindre que pour l’UHMWPE (Figure 15). Les mesures d’usure étaient réalisées par mesure de poids et écart de masse.
Halma et al. qui évaluaient l’usure d’un HXLVEPE sur 107 prothèses, par une mesure radiologique, retrouvaient à un recul de 2 ans, un taux d’usure annuel moyen de 0,055 mm(69).
Sellisen et at ont étudié via la mesure RSA l’usure du VEPE E1 (Biomet) dans un système à simple mobilité(70). Ils comparaient à trois ans l’usure du PE en fonction du type de couple de frottement : tête fémorale Chrome cobalt de 32mm ou tête fémorale céramique de 32mm. Ils ne retrouvaient pas de différence significative (p=0,450)
Une précédente étude prospective, randomisée et in vivo réalisée dans le Département d’Orthopédie du CHU de Caen(71) retrouve par mesure RSA, avec un protocole de mesure identique à notre étude, une usure moins importante du HXLVEPE par rapport à l’HXLPE à 3 ans de recul avec respectivement 0,199 ± 0,029mm et 0,216 ± 0,034 mm (p = 0,17). L’usure annuelle du VEPE est mesurée à 0,018 0,010 mm/an pour l’HXLVEPE versus 0,020 0,010 mm/an pour l’HXLPE sans que cette différence ne soit significative (p = 0,64). Les résultats à 5 ans sont attendus, et pourraient mettre en évidence une différence significative d’usure.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

1 Introduction
1.1 Coxarthrose et arthroplastie de hanche
1.2 La Double-mobilité
1.3 Usure et polyéthylène
1.4 Objectifs
2 Matériel et méthode
2.1 Protocole
2.1.1 Définition de l’étude
2.1.2 Objectif principal et critère de jugement
2.1.3 Objectif secondaire
2.1.4 Critères d’inclusion
2.1.5 Critères de non inclusion
2.1.6 Critère d’arrêt prématuré de la recherche
2.1.7 Déroulement de l’étude
2.1.8 Implants
2.2 Population
2.2.1 Effectif étudié
2.2.2 Comparabilité des groupes
2.3 Analyse RSA
2.3.1 Principe de la RSA
2.3.2 Mesure de la pénétration de la tête fémorale
2.4 Analyse radiologique
2.5 Analyse statistique
3 Résultats
3.1 Mesures radio-stéréométriques
3.1.1Fluage
3.1.2 Usure
3.2 Complications
3.3 Résultats cliniques
3.4 Résultats radiologiques
3.4.1 Espace clair
3.4.2 Position des implants cotyloïdiens
3.4.3 Ostéolyse
4 Discussion
4.1 Usure et RSA
4.1.1 Usure et Double-mobilité
4.1.2 Usure de la troisième articulation
4.2 Impact du PE sur l’usure
4.3 Rôle des implants cotyloïdiens perforés ou tripodes ?
4.4 Ostéolyse et survie des implants
4.5 Score fonctionnel HHS
4.6 Biais
5 Conclusion
6 Bibliographie
7 Annexes

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *