Mesures nécessaires pour l’amélioration du capital humain à Madagascar

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De la notion de développement à celle de développement durable

Au sens strict du terme, le développement économique consiste en un relèvement durable du niveau de vie comme l’avons vu dans la sous section précédente. Celui-ci est mesuré par de nombreux variables notamment le niveau de la consommation, le niveau d’instruction et l’état sanitaire de la population mais aussi par le degré de protection de l’environnement. Quoique depuis les années 90, un glissement conceptuel s’est apparu et a abouti vers le développement durable.

La genèse du développement durable

La conférence de Stockholm sur « l’environnement humain » fut organisée par l’ONU en 1972. Elle a donné lieu au Programme des Nations Unies pour l’Environnement connu sous le sigle PNUE. En tant que première conférence internationale sur les rapports entre enjeux environnementaux et socio-économiques, elle pose les points de repère d’une nouvelle approche du développement: « l’écodéveloppement », théorisé par la suite notamment par l’économiste franco-polonais IGNACY SACHS.
Cependant, cette approche anthropo-économique, s’appuyant sur les cultures locales et prônant un développement autocentré 9 et même « reterritorialisé » pour réduire la pression des activités éc onomiques sur les milieux, a peu de succès au sein des institutions internationales. Par ailleurs, l’intérêt pour les enjeux environnementaux émergents disparaît rapidement avec l’avènement des chocs pétroliers et le début de la crise économique dans la seconde moitié des années 1970. Ce n’est qu’en 1983 qu’une Commission mondiale pour l’environnement et le développement, créée par l’ONU et placée sous la présidence du à Stockholm 11 ans plus tôt. Elle publie en 1987 un rapport, intitulé « Notre avenir à tous », dont l’idée-force est que l’exploitation des ressources naturelles et la dégradation de l’environnement constituent un danger pour les perspectives futures de croissance et de développement.
En 1992, le sommet de Rio définit un Agenda 21, c’est-à-dire un programme des initiatives à mettre en œuvre pour le développement durable du XXIème siècle. Ces recommandations concernent des domaines variés (la pollution, la gestion des déchets et de l’eau).
En 1997, le protocole de Kyoto fixe des objectifs de réduction des émissions des gaz à effet de serre pour les pays développés, afin de lutter contre le changement climatique. Il n’est pas ratifié par les Etats-Unis.
En 2002, Johannesburg accueille un sommet pour le développement durable. En 2009, un sommet sur le climat est organisé à Copenhague. Toutefois, ces rencontres internationales sont critiquées pour leur manque de résultats concrets et le refus de nombreux pays en développement de respecter des objectifs contraignants sous peine de sanctions.

Les fondements du développement durable

Le développement durable se fonde sur l’idée qu’il est nécessaire de trouver des modes de développement qui permettent le bien être des individus aujourd’hui sans compromettre celui des générations futures.
Le développement durable implique donc de trouver des solutions pour assurer la solidité de ses trois piliers :
– le pilier environnemental : il s’agit de laisser une planète viable aux générations futures (atmosphère, biodiversité, mil ieux fragiles). Cela incluse également la préservation des ressources limitées et essentielles à la vie humaine.
– le pilier économique : le développement durable nécessite de permettre l’accès aux populations à un niveau de vie et de richesse suffisant pour assurer leur bien être.
– le pilier social : la lutte contre la pauvreté et les inégalités est au cœur de ce pilier.
Pour atteindre ce but ultime, c’est-à-dire celui de développement durable, notre « UN »11 s’est focalisé sur le capital humain. Toutefois, avant de voir son apport dans le développement durable, il est strictement nécessaire d’approfondir la notion même de capital humain qui se fera dans la section suivante.

Revue de la littérature sur la notion de capital humain

Définitions

Le concept de capital humain est inlassablement utilisé en économie depuis au moins une trentaine d’années (par exemple SCHULTZ, 1961 et BECKER, 1964) ; certains le font même remonter aux travaux de SMITH au XVIIIème siècle comme nous le ver rons dans la sous-section suivante. Ce concept insiste beaucoup sur l’importance du facteur humain dans les économies qui se fondent sur les connaissances et les compétences. On peut distinguer différentes formes de « capital » employé dans les activités é conomiques notamment le capital physique et le capital humain. Le meilleur moyen de tirer profit de chacune de ces activités est d’appréhender l’interaction entre les différentes formes de capital dans les fonctions de production qui sont complexes. Par la suite, il serait souhaitable de disposer d’instruments de mesure pour décrire la quantité, la qualité et l’utilisation du capital humain, ainsi que les changements qui l’affectent que nous verrons ultérieurement.

Définitions selon le lexique des finances et l’OCDE

L’ensemble des capacités de production acquises par un individu, par le biais de l’accumulation de connaissances ou de savoir-faire faire généraux ou spécifiques, forme ce que l’on entend par capital humain. Ainsi les connaissances et les compétences accumulées permettent à une ou plusieurs personnes d’améliorer leur efficacité et leur revenu.
Selon l’OCDE12, « le capital humain recouvre l’ensemble des connaissances, des qualifications, des compétences et des caractéristiqu es individuelles facilitant la création du bien être personnel, social et économique. Le capital humain constitue alors un bien immatériel qui peut faire progresser ou soutenir la productivité, l’innovation ainsi que l’employabilité »13.
De plus, de nos jours, l’un des thèmes les plus en vogue dans le domaine de la politique publique est celui de l’investissement en capital humain tant dans les pays en développement que développés. Il semble pouvoir apporter des solutions à divers problèmes auxquels les décideurs politiques sont confrontés tels le ralentissement de la croissance économique, la montée du chômage ou la polarisation des revenus. Effectivement, l’accumulation de capital humain permettrait des gains de productivité favorables à la croissance et à l’emploi.

Autres définitions importantes

En premier lieu, GARY BECKER s’est exprimé en ces termes : « les activités qui influencent les revenus monétaires futurs, qu’ils soient de type monétaire ou de type non monétaire sont désignées par l’expression d’investissement en capital humain. Les nombreuses formes que peuvent revêtir ces investissements incluent : l’éducation scolaire, la formation professionnelle sur le tas, les soins médicaux, les migrations, la recherche d’information sur les prix et les revenus »14.
Puis en second lieu, « le capital humain est le capital incorporé dans l’homme, disons encore l’ensemble des biens qui, incorporés dans l’homme, permettent d’accroître la productivité du travail humain/ il s’agit en fait de l’éducation et de la santé, qui ont le double caractère d’être produits et d’être des biens de production. Comme ces biens sont en même temps des biens de consommation, les dépenses faites pour accroître l’éducation et la santé que l’on nomme investissement en capital humain pourraient être appelées tout aussi bien consommations productives », stipule P.GUILLAUMONT15
En conséquence, même si les deux auteurs s’accordent sur la considération de l’éducation, le second apporte plus de précision dans sa définition du concept de capital humain. En effet, il exclut totalement l’homme en tant que tel de la notion de capital, c’est-à-dire que l’homme n’est pas considéré comme un capital et qu’il est autonome par rapport au capital dont il est porteur.
De ce fait dans l’analyse, nous allons considérer le capital éducatif étant donné que celui-ci est considéré comme le capital humain par excellence. Cependant, on ne doit pas négliger pour autant la santé qui doit aller de paire avec celle -ci. En effet, elle est totalement indissociable du capital éducatif vue que c’est un élément nécessaire, par exemple, pour déterminer les classes des individus qui peuvent ou non acquérir des connaissances. C’est pourquoi nous allons éclaircir certains points sur cette notion de santé dans la seconde se ction du deuxième chapitre.

L’évolution de la notion de capital humain dans l’histoire de la pensée économique 

Le précurseur (Adam Smith)

Tout comme dans de nombreux domaines, on peut attribuer à A. SMITH le titre de père fondateur de l’économie de l’éducation. En effet, celui-ci étant l’un des premiers, à se questionner sur la notion de capital humain. Et c’est ce qui lui différencie de ses contemporains, eux qui ont une conception beaucoup plus étroitement matéria liste de la science économique. Ainsi, pour Ricardo l’élément stratégique étant le capital technique c’est pourquoi il ne s’est pas tellement intéressé au facteur travail. En outre, pour sa part, T.MALTHUS n’évoque l’éducation que du point de vue démographique: selon lui, l’éducation n’a que deux objets, d’une part elle conduit les individus à des comportements plus conscients et responsables et en conséquence à une limitation des naissances est possible ; d’autre part il estime qu’elle est également le garant de la « liberté civile ». De ce fait, l’éducation ne doit en aucun cas être considérée comme un facteur de production ou une richesse.
Toutefois, avant SMITH, PETTY17 a été le seul à s’être interrogé sur la valeur de l’être humain. Selon lui, afin d’évaluer cette valeur, il suffit de multiplier les revenus annuels du travail de l’individu par 20. Une solution qui est certes peu satisfaisante, cependant elle lie l’homme et son travail à la notion de capital, puisque manifestement, son évaluation repose sur le principe de capitalisation ou d’actualisation d’un flux de revenu futur, d’où son mérite. « Qui dit homme dit donc capital humain et donc richesse ».
SMITH, dans son ouvrage « La recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », va, lui aussi, adopter cette vision et considérer que les qualifications possédées par les individus sont des élément s déterminants du progrès économique. Ces qualifications ou aptitudes ont été acquises par les individus par le biais de l’éducation familiale, des études ou des apprentissages quelconques. Et c’est cette acquisition qui entraîne des dépenses réelles correspondant à un capital fixe et incorporé dans l’individu .Ce capital fait alors partie de sa fortune comme celle de sa communauté à laquelle il appartient. « La dextérité améliorée (par l’éducation) du travailleur peut dès lors être considérée de la même façon qu’une machine qui facilite et abrège le travail et qui, bien qu’entraînant une certaine dépense, compense cette dernière par un profit ».En effet, selon SMITH, le métier appris par l’homme qualifié lui rapporte un salaire qui est supérieur à celui du travail non qualifié et rembourse sa dépense totale d’éducation haussée au minimum du profit habituellement rapporté par un capital de même montant.

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Table des matières

Introduction
METHODOLOGIE
Première partie : Généralités sur les concepts de base
Chapitre 1 : Capital humain et développement
Section 1 : Le concept de développement
1. Définitions
a. Le développement
b. La croissance économique
2. De la notion de développement à celle de développement durable
a. La genèse du développement durable
b. Les fondements du développement durable
Section 2 : Revue de la littérature sur la notion de capital humain
1. Définitions
a. Définitions selon le lexique des finances et l’OCDE
b. Autres définitions importantes
2. L’évolution de la notion de capital humain dans l’histoire de la pensée économique
a. Le précurseur (Adam Smith)
b. Le XIXème siècle
c. La première moitié du XXème siècle (Marshall et quelques pionniers)
3. THEODORE SHULTZ, l’initiateur
a. L’émergence de la notion de capital humain
b. Les sources de production du capital humain
4. Gary Becker, le précurseur de l’économie comportementale
a. Des agents économiques rationnels
b. La distinction entre formation générale et spécifique : l’arbitrage des entreprises
Chapitre 2 : Analyse du rôle du capital humain dans le développement
Section 1: Les types de capital humain
1. Le capital éducatif
a. Caractéristiques « capitalistiques » de l’éducation
i. Les coûts d’acquisition du capital éducatif
ii. Génération d’un flux de revenu
iii. Reproductibilité
b. Caractéristiques spécifiques du capital éducatif
2. Le capital santé
a. Définition
b. Caractéristiques du capital santé
c. Capital santé inné et capital santé acquis
Section 2 : Le rôle du capital humain dans le développement
1. Les facteurs susceptibles d’améliorer la croissance économique
a. Les rendements d’échelle
b. L’intervention de l’Etat
c. Le progrès technique ou l’innovation
d. La qualité du facteur travail
2. Le rôle économique du capital humain
a. Capital humain : un outil de progrès économique
b. Capital humain : facteur pour accroitre la productivité privée
c. Capital humain : facteur pour améliorer la productivité nationale
Seconde partie: Le capital humain dans la Grande île
Chapitre 3 : La faiblesse du capital humain malagasy
Section 1 : Les réalités socio-économiques du pays
1. La croissance économique malagasy
2. Indicateurs démographiques
Section 2 : Les facteurs explicatifs de la faiblesse du capital humain malagasy
1. Au niveau du capital éducatif
a. L’éducation de base à Madagascar
Tableau 1 : Enseignement Fondamental premier cycle (EF1 ou Primaire)
b. Perspectives selon l’OMD
2. Au niveau du capital santé
a. L’évolution de la santé malagasy
b. Les principales maladies caractéristiques du pays
Chapitre 4 : Mesures nécessaires pour l’amélioration du capital humain à Madagascar
Section 1 : Améliorer l’éducation de base
1. La sensibilisation
2. La rationalisation des dépenses
a. Les types de dépenses
i. Les dépenses de fonctionnement
ii. Les dépenses d’investissement
iii. Les dépenses de transfert
b. La rationalisation des dépenses en éducation
i. La formation des instituteurs
ii. La formation « post-étude »
iii. La construction d’infrastructures
3. Valorisation de l’éducation par la loi
a. La réduction des disparités liées au pouvoir d’achat
b. La sanction de vagabondage
Section 2 : Au niveau de la santé
1. Subvention au niveau de la santé
a. Les types de subventions du point de vue général
i. La subvention en nature
ii. La subvention de fonctionnement
iii. La subvention d’investissement
b. Subvention au niveau de la santé
2. L’internalisation des externalités
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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