Production agricole au Burkina Faso
Situé au cœur de l’Afrique de l’Ouest et sans accès direct à la mer, le Burkina Faso est un pays à vocation agricole. Son climat est à dominance sahélienne avec une zone plus humide au Sud. Le pays est subdivisé en trois principales zones climatiques en fonction de la pluviométrie annuelle moyenne (Figure 1) : la zone sahélienne au Nord (300-600 mm/an), la zone sub-sahélienne (ou soudanosahélienne) au centre (600-900 mm/an) et la zone nord soudanienne au Sud (900- 1200 mm/an) (Ibrahim, 2013). Le climat du pays est composé de deux saisons: la saison sèche allant de novembre à mai et caractérisée par la présence de l’harmattan, vent chaud venu du Sahara, entre décembre et février, et une chaleur importante à partir du mois de mars. La saison des pluies s’étend de juin à octobre.
Le secteur agro-sylvo-pastoral qui occupe plus de 90% de la population active, constitue une composante déterminante de l’économie du pays. Il intervient pour près de 40% dans la formation du PIB (agriculture 25%, élevage 12%, foresterie et pêche 3%) (PNSR, 2011). La superficie en terres cultivables est estimée à 9 millions d’hectares dont environ 46% sont actuellement exploités (PNSR, 2011). Les céréales (mil, sorgho, maïs, riz, fonio) constituent les principales productions végétales au Burkina Faso et occupe 78% des superficies exploitées. Les superficies emblavées par ces céréales au cours de cette campagne agricole 2016/2017 est estimée à 4.017.586 hectares avec une production estimée à 4.567.066 tonnes, soit une hausse de 9,01% par rapport à la dernière campagne agricole et une hausse de 3,36% par rapport à la moyenne des cinq dernières années (MAAH, 2017a). Le maïs occupe la première place avec 1.469.612 tonnes sur une superficie de 911.728 ha (MAAH, 2017a). Quant aux cultures de rentes (coton, sésame, arachide, soja), elles sont pratiquées sur environ 19% des superficies totales emblavées (PNSR, 2011). Les superficies emblavées étaient estimées à 1.552.465 hectares au cours de la campagne agricole 2016/2017 avec une production totale de 1.493.900 tonnes (MAAH, 2017a). Le coton occupe la première place avec 768.930 tonnes sur une superficie de 667.840 ha. Les cultures horticoles dominées par l’oignon, la tomate, le chou, le haricot vert et la pomme de terre, occupent environ 17% de la production agricole (World Bank, 2015).
Production maraîchère au Burkina Faso
Malgré que le Burkina Faso soit un pays à vocation agricole et où plus 80% des 16 millions d’habitants tirent leurs revenus de l’agriculture, l’accès à une alimentation saine et en quantité suffisante par les populations se pose avec acuité. Ce déficit alimentaire s’est accentué récemment en raison de périodes de sécheresse prolongées (avec un tarissement précoce des points d’eau) ou au contraire d’inondations catastrophiques, consécutives au réchauffement climatique (MECV, 2007; Ouédraogo, 2012). Pour faire face à ce déficit alimentaire chronique, l’Etat burkinabè s’est engagé à développer les cultures maraîchères, qui contribuent significativement à la sécurité alimentaire et à la lutte contre le chômage (MAHRH, 2007; MEF, 2010). Cette agriculture qui se pratique principalement en saison sèche, s’impose de plus en plus sur le plan socioéconomique de par le nombre des acteurs qui en profitent directement ou indirectement. Il constitue en effet une source importante d’emplois et de revenus pour de nombreux producteurs dans les milieux urbains, périurbains et surtout des rives des fleuves et/ou des vallées de certaines zones (CAPES, 2007; MAHRH, 2007; MAH, 2011). Sur le plan national, la production maraîchère est marquée par une large diversification spécifique et variétale. Plusieurs espèces et variétés exotiques et locales de légumes sont produites. C’est une activité qui se rencontre dans presque toutes les régions du pays, mais son ampleur varie très considérablement entre région et producteurs.
Zones de production et principaux légumes produits au Burkina Faso
Au Burkina Faso, la production maraîchère est pratiquée dans toutes les régions, avec une disparité d’une région à une autre et d’une province à une autre due essentiellement à la disponibilité des ressources en terre (existence de bas-fonds en général) et en eau pendant la saison sèche (MAH, 2011). La région du Nord dispose du plus grand nombre de sites maraîchers avec 842 sites sur une estimation de 4.844 sites, soit 17,4% de l’ensemble des sites recensés du pays. Elle est suivie de la région des Hauts-Bassins avec 561 sites (soit 11,6% des sites) et de celle du Centresud avec 523 sites (soit 10,8%). La région du Centre dispose du plus petit nombre de sites (avec 157 sites, soit 3,2% de l’ensemble national), après le Sahel et les Cascades avec respectivement 209 sites (soit 4,3%) et 242 sites (soit 5,0%). En termes de répartition par province, la province du Yatenga vient en tête avec 613 sites maraîchers, soit 12,7% de l’effectif national. La province du Bazèga vient en deuxième position avec 351 sites (soit 7,2% du total des sites du pays) et celle du Houet en troisième position avec 247 sites (soit 5,1% de l’ensemble des sites). Les provinces du Nayala et de la Kompienga avec respectivement 9 sites (soit 0,2% de l’ensemble) et 20 sites (soit 0,4% des sites) présentent les plus faibles proportions en matière de sites maraîchers au Burkina Faso (MAH, 2011).
La production maraîchère est caractérisée par une gamme très variée de légumes cultivés. Avec l’aménagement des périmètres irrigués et des retenues d’eau, les cultures ne cessent de prendre de l’ampleur au fil des années. En effet, l’ensemble des aires emblavées pour la culture des légumes est passé de 4.334 ha en 1997 à 46.529 ha en 2014 (MARHASA, 2014), soit un accroissement de 974%. Quant aux productions, elles sont passées de 79.772 tonnes en 1997 à 1.120.203 tonnes en 2014, soit une hausse de 1.304%. L’oignon, la tomate, la laitue et le chou, sont les principales spéculations produites en termes de superficies et de tonnage .
Typologie des zones de production
Au Burkina Faso, les cultures maraîchères sont pratiquées presque exclusivement dans des bas-fonds, autour des barrages, des lacs et des cours d’eau (rivière ou fleuve) autour des grands centres urbains et des zones aménagées. On distingue des exploitations urbaines, périurbaines et rurales (CAPES, 2007).
Exploitations urbaines
Ce sont des parcelles situées à l’intérieur des villes aux abords des cours d’eau qui les traversent (cas des parcelles maraîchères situées sur les deux rives du Houet dans la ville de Bobo- Dioulasso) ou à l’aval et autour des barrages à l’intérieur des villes (cas des parcelles maraîchères situées en aval des barrages de Boulmiougou et de Tanghin Barrage dans la ville de Ouagadougou). Les produits sont en priorité destinés à la vente immédiate dans les villes où ces exploitations sont installées. Les spéculations à cycle très court (laitue, chou, persil, amarante, céleri, épinard, gombo, oignon feuille et le piment) sont généralement les plus cultivées. Chaque producteur exploite en moyenne entre 100 et 500 m² de surface.
Exploitations périurbaines
On définit par « exploitations périurbaines » celles situées à l’extérieur des villes aux abords des retenues d’eau permanentes ou temporaires (puits, forages, barrages) mais situées à des distances de 25 km environ autour des villes (CAPES, 2007). C’est le cas des périmètres maraîchers de Saaba, Koubri, Loumbila, etc. autour de Ouagadougou. C’est également le cas de Lebroudougou et Tengrela à Banfora ; des périmètres maraîchers de Bama pour la ville de Bobo-Dioulasso et de Goïnré pour la ville de Ouahigouya. Les produits sont en priorité destinés à la vente immédiate dans les villes les plus proches et les spéculations sont plus diversifiées allant aux spéculations à cycle court (laitue, persil, amarante, céleri, haricot vert, oignon feuille, haricot feuille, etc.) aux spéculations à cycle long (tomate, oignon bulbe, chou, poivron, piment etc.). Chaque exploitant a en moyenne entre 100 et 10.000 m² (CAPES, 2007).
Exploitations maraîchères rurales
On appelle exploitations maraîchères rurales, toutes les exploitations sous irrigation situées en zones rurales qu’elles soient aménagées ou non. On trouve dans cette catégorie les grands périmètres aménagés qui reçoivent un encadrement soit de l’état, soit d’ONG. C’est notamment le cas du périmètre maraîcher de Sourou, de Guiédougou, de Kongounsi, du Lac Dem, etc. Les exploitants sur ces périmètres travaillent sur de grandes parcelles (500 à 10.000 m²) et les spéculations produites sont généralement celles de cycle long et supportant le transport (oignon, tomate, chou, aubergine, haricot vert, pomme de terre). Les productions sont soit destinées à la consommation dans les grandes villes du Burkina Faso ou soit à l’exportation dans la sous-région (tomate au Ghana et au Togo, chou et oignon en Côte-d’Ivoire) (CAPES, 2007).
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Table des matières
Introduction générale
Chapitre 1
1.1. Problématique
1.2. Questions de recherche et objectifs de la thèse
1.2.1. Questions de recherche
1.2.2. Objectifs de la thèse
1.3. Structuration de la thèse
Chapitre 2
Production agricole et maraîchère au Burkina Faso
2.1. Production agricole au Burkina Faso
2.2. Production maraîchère au Burkina Faso
2.2.1. Zones de production et principaux légumes produits au Burkina Faso
2.2.2. Typologie des zones de production
2.2.2.1. Exploitations urbaines
2.2.2.2. Exploitations périurbaines
2.2.2.3. Exploitations maraîchères rurales
2.2.3. Importance socio-économique de la filière maraîchère au Burkina Faso
2.3. Production de la tomate au Burkina Faso
2.3.1. Description de la tomate
2.3.2. Cycle de développement de la tomate
2.3.3. Variétés de tomate cultivées au Burkina Faso
2.3.4. Exigences pédoclimatiques de la tomate
2.3.4.1. Température
2.3.4.2. Eau et humidité
2.3.4.3. Sols
2.3.4.4. Fertilisation de la tomate
2.3.5. Production et importance socio-économique de la tomate
2.3.5.1. Production de la tomate dans le monde et au Burkina Faso
2.3.5.2. Importance socio-économique de la filière tomate au Burkina Faso
2.3.5.3. Importance nutritionnelle de la tomate
2.3.6. Contraintes liées à la production de la tomate au Burkina Faso
2.3.6.1. Difficultés d’accès aux intrants (semences, produits phytosanitaires, engrais)
2.3.6.2. Difficultés liées à l’accès aux équipements
2.3.6.3. Difficultés d’ordre technique et naturel
2.3.6.4. Difficultés liées à l’irrigation
2.3.6.5. Difficultés liées à l’accès au crédit agricole
2.3.6.6. Difficultés liées à la commercialisation
2.3.6.7. Maladies et ravageurs de la tomate rencontrés au Burkina Faso
2.3.7. Méthodes de lutte contre les bioagresseurs de la tomate au Burkina Faso
Chapitre 3
Production et gestion des pesticides au Burkina Faso
3.1. Production, importation et utilisation des pesticides au Burkina Faso
3.1.1. Définition d’un pesticide
3.1.2. Modes d’action des pesticides
3.1.3. Production des pesticides au Burkina Faso
3.1.4. Importation et distribution des produits phytosanitaires au Burkina Faso
3.1.5. Utilisation des pesticides en production agricole au Burkina Faso
3.1.5.1. Domaines d’utilisation
3.1.5.1.1. Circuit d’approvisionnement des producteurs en produits phytosanitaires
3.1.5.1.2. Caractéristiques sociodémographiques des utilisateurs de pesticides et équipements
3.1.5.2. Traitements phytosanitaires et gestion des emballages vides de pesticides
3.1.6. Facteurs favorisant l’utilisation des pesticides en production maraîchère au Burkina Faso
3.2. Risques liés à l’usage des produits phytosanitaires
3.2.1. Notions de « danger » et de « risque »
3.2.2. Toxicité des produits phytosanitaires
3.2.2.1. Notion de toxicité d’un produit phytosanitaire
3.2.2.2. Type de toxicité et forme d’intoxication
3.2.2.3. Voies d’exposition aux pesticides
3.2.2.4. Facteurs influençant la toxicité des pesticides
3.2.2.4.1. Paramètres liés à la toxicité intrinsèque des pesticides
3.2.2.4.2. Paramètres liés à la tâche réalisée
3.2.2.4.3. Paramètres liés au matériel de pulvérisation
3.2.2.4.4. Paramètres liés aux Equipements de Protection Individuelle (EPI)
3.2.2.4.5. Paramètres liés à l’opérateur
3.2.2.4.6. Paramètres liés aux conditions météorologiques
3.2.3. Analyse des « dangers » et analyse des « risques »
3.2.4. Importance de l’analyse des risques
3.2.5. Composantes de l’analyse des risques
3.2.5.1. Evaluation des risques (risk assessment)
3.2.5.2. Gestion des risques (risk management)
3.2.5.3. Communication sur les risques (risk communication)
3.2.6. Impacts de l’usage des pesticides en production agricole au Burkina Faso
3.2.6.1. Impacts sur la santé humaine
3.2.6.2. Impact sur l’économie du pays
3.2.6.3. Impact sur les organismes et sur la fertilité des sols
3.2.6.4. Impact sur les insectes polinisateurs, les prédateurs et sur les parasitoïdes
3.2.6.5. Impact sur la qualité des points d’eau et sur les organismes aquatiques
3.3. Gestion des risques liés aux produits phytosanitaires au Burkina Faso
3.3.1. Cadre règlementaire sur la gestion des pesticides au Burkina Faso
3.3.2. Prévention et gestion des risques d’intoxication
3.3.2.1. Elaboration des plans de gestion des pesticides au Burkina Faso
3.3.2.2. Renforcement des capacités techniques et organisationnelles des producteurs
3.3.2.3. Développement des méthodes alternatives
3.4. Gestion intégrée des bioagresseurs en production maraîchère
3.4.1. Définitions de quelques concepts (lutte intégrée, protection intégrée et production intégrée)
3.4.1.1. Lutte intégrée
3.4.1.2. Protection intégrée des cultures
3.4.1.3. Production intégrée
3.4.2. Processus de mise en œuvre de la protection intégrée
3.4.2.1. Connaissance du ou des ravageur(s) et de la culture à mettre en place
3.4.2.2. Mesures indirectes de protection
3.4.2.3. Mesures directes une fois les ravageurs observés dans la culture
Conclusion générale
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