Mesure d’impact d’une campagne de sensibilisation

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Importance de l’aviculture

L’importance de l’aviculture Malgache est surtout d’ordre économique et social [16]. En 2004, les volailles sont présentes dans tout le territoire bien qu’en général, elles soient inégalement réparties à Madagascar. La répartition des volailles correspond à la répartition de la population agricole par province. Les densités élevées de volailles se superposent aux principales zones d’urbanisation à densité démographique élevée [17].
L’élevage de volailles est pratiqué par 77% des éleveurs comme activité secondaire en complément de l’agriculture. Il intéresse les 72% des ménages ruraux Malgache s et constitue une principale source de revenu pour plus de 25% de la population rurale [18]. La maladie animale est une des contraintes limitant le développement de l’élevage.
L’aviculture traditionnelle constitue le début d’une chaîne de capitalisation et revêt une importance sur le plan social (dons, fête traditionnelle, …). Le poulet occupe une place importante dans la société. L’aviculture est ainsi pratiquée depuis plusieurs générations. Son utilité est beaucoup plus remarquée durant les cérémonies culturelles ou lors de la réception d’un hôte, où l’éleveur a toujours tendance à sacrifier la volaille plutôt qu’un petit ruminant ou un bœuf [17].

Evolution de la filière l’aviculture

L’aviculture traditionnelle évolue de plus en plus vers la modernisation depuis l’an 2000 [19]. L’élevage de volailles, poulets « gasy », est omniprésent dans toutes les exploitations sous forme traditionnelle mais en voie d’intensification (poulets de chair, poules pondeuses, canards) [20]. Des élevages améliorés apparaissent également pour assurer la production massive de poulets de chair et d’œufs dans les grandes villes [13].

Contrainte de l’aviculture à Madagascar

La production avicole Malgache endure de nombreux problèmes. Ils s’agissent des contraintes zootechniques, nutritionnelles, technico-économiques et surtout des contraintes pathologiques [17]. En outre, elle est opposée à l’insécurité et aux divers dangers naturels (prédateurs).
Sur le plan zootechnique et nutritionnel, les problèmes sont surtout rencontrés en aviculture traditionnelle par le fait que ce type de production a un faible intrant et une faible productivité. Ensuite, l’alimentation est de mauvaise qualité car les volailles sont laissées à elles-mêmes pour la recherche de la nourriture. Par ailleurs, l’alimentation avicole Malgache est toujours en compétition avec l’alimentation humaine (maïs, manioc, poissons,…) [17]. Et pour l’aviculture moderne, la principale contrainte zootechnique est constituée par la défaillance de l’application des normes techniques par les éleveurs [21].
Les contraintes technico-économiques concernent surtout les élevages semi-industriels. L’instabilité des prix sur les intrants alimentaires (provenderies) et sur les produits vétérinaires à cause de l’inflation, limitent l’engagement des éleveurs. En plus, les difficultés rencontrées dans les procédures douanières lors de l’importation de poussins d’un jour et l’accès très limité aux micro-finances les empêchent de mieux développer leurs productions [22].
Le cheptel avicole Malgache affronte des contraintes sanitaires inévitables surtout en élevage traditionnel. Ces contraintes sont principalement d’origine parasitaire et infectieuse. Parmi les maladies parasitaires, les plus redoutables sont les coccidioses et les ascaridioses aviaires qui constituent les premiers facteurs de mortalité chez les poussins. Pour les maladies bactériennes, il y a le choléra aviaire, les colibacilloses, les mycoplasmoses et les salmonelloses. Les pathologies virales sont constituées par la maladie de Gumboro, la maladie de Marek, la variole aviaire, les infections à adénovirus, la maladie respiratoire chronique, la maladie à influenza aviaire faiblement pathogène et surtout la MN qui constitue la première contrainte sanitaire dans les élevages villageois [14, 23].

LA MALADIE DE NEWCASTLE

La MN a été signalée à Madagascar depuis 1946 [24]. Cette maladie est causée par le virus paramyxovirus aviaire de type 1 (APVM 1 pour Avian paramyxovirus type I) qui est également connu sous le nom de NDV (Newcastle Disease Virus) [25]. Elle est connue des éleveurs. En fonction des localités, différentes dénominations lui sont attribuées : « barika », « ramoletaka akoho », « moafon’akoho », « ramibomogno » ou « pesta akoho » [26]. Les oiseaux les plus sensibles sont : les poules, les dindons, les pintades, les faisans, les cailles, les ratites et les pigeons [27,28]. Toutefois, les manifestations cliniques de la MN peuvent porter à confusion avec d’autres maladies, notamment le choléra aviaire, une autre maladie aviaire très meurtrière mais d’origine bactérienne [26]. Chez l’homme, la MN est considérée comme une zoonose mineure. Le virus de la maladie de Newcastle se transmet à l’homme par le contact direct avec des oiseaux malades à partir des digestions et les systèmes respiratoires. Ensuite, cette transmission de virus peut aussi se faire indirectement par l’intermédiaire des carcasses et des produits avicoles, des eaux ou des étangs, des fumiers de volailles, des matériels avicoles contaminé par le virus de la MN. Le virus de la MN peut disséminée pendant plusieurs semaines dans les milieux extérieurs surtout par le temps froid. Les symptômes de la MN chez l’homme se traduisent par une infection oculaire: une conjonctivite, un œdème des paupières et des larmoiements [28,29].

Importance économique

Selon l’importance des coûts des impacts économiques et en tenant compte de tous les systèmes d’élevage en aviculture à Madagascar, la MN se trouvait à la deuxième place après la maladie de Marek. En 2013, le chiffre d’affaire de l’aviculture traditionnelle est estimé à 106,5 milliards d’Ariary. Les pertes dues à la MN représentent 15 % de ce chiffre d’affaire soit 15,7 milliards d’Ariary [8,15]. Ce qui prouve son importance dans ce système d’élevage traditionnel.

Facteurs de risque

Au niveau élevage

Dans les élevages villageois, les palmipèdes domestiques (oies, canards) peuvent servir de réservoir et d’espèce-relais assurant la persistance et la transmission de VMN [6]. En effet, des observations de terrains à Madagascar et des études expérimentales montrent que les palmipèdes peuvent porter et transmettre des virus hautement pathogènes de MN tout en montrant peu ou pas d’expression clinique, alors que le passage de la barrière d’espèce peut s’accompagner de mutations virales importantes aboutissant éventuellement à des différences de pathogénicité [6, 30-32]. La mixité des espèces dans les élevages est favorable à une transmission inter-espèces du virus de la MN. Les oiseaux, autre que les dindes et les poulets, avaient plus de chance d’être infectés s’ils appartenaient à des élevages mixtes ayant une ou des volailles infectés. En plus, la fréquentation d’un plan d’eau important (comme des lacs, des rizières) par de multiples espèces y compris les oiseaux sauvages, ayant une ou des volailles infectés, favorise la transmission interspécifique du virus [6, 33].
Au niveau des grandes fermes de volailles, les facteurs de risques sont représentés par le nombre élevé des animaux d’élevage, les interventions des vétérinaires et des techniciens qui viennent de l’extérieur de l’élevage. En outre, il y a l’utilisation de litières et l’abondance des déjections et des déchets d’élevages [6].

Au niveau de la commercialisation

o Passage de collecteurs de volailles
Les collecteurs de volailles sont des personnes qui vivent du commerce de volailles. Ce sont des personnes à la fois éleveurs et collecteurs ou des collecteurs uniquement. Le but de leur fonction est d’avoir le plus de bénéfice en achetant des volailles à bas prix et de les revendre à un prix plus élevé. Pour ce faire, les collecteurs passent dans plusieurs villages pour s’approvisionner. En effet, lorsque la maladie touche un village ou les environs, les éleveurs vendent les restes de volailles (malades ou apparemment sains). Lorsque les collecteurs apprennent l’existence d’un foyer, ils profitent de l’opportunité pour acheter les volailles à bas prix [6, 34, 35]. Cela explique le rôle de vecteur du virus par le passage des collecteurs de volailles d’un élevage à un autre.
o Achat de volailles au marché
Après ou lors des épizooties, les éleveurs reconstituent leur basse-cour à partir des rescapés ou des nouveaux animaux achetés au marché. Pourtant, le virus de la MN a été isolé plusieurs fois et dans différents pays au niveau des marchés de volailles vivantes [34-36]. Le rôle des marchés de volailles vivantes dans la concentration d’animaux infectés puis leur diffusion entre les différents villages, constituent une des hypothèses fortes de facteurs de risque. Ils sont connus des éleveurs comme un comportement à risque. En 2010, ce lien entre le réseau de commercialisation et la diffusion du virus de la MN a été établi au Lac Alaotra. Plus un Fokontany avait des connexions commerciales avec les autres Fokontany et plus il était le carrefour en termes de commerces de volailles, plus le risque d’avoir un foyer de Newcastle était élevé [37].

Concernant la saisonnalité de la maladie et la dynamique du cheptel

La dynamique intra-annuelle de la MN, avec le pic épidémique en septembre et octobre, amène à penser à l’impact de la saison. L’explication de ce pic relève en fait de plusieurs aspects [6, 22].
• L’augmentation de la taille du cheptel aviaire « naïf » dans les villages. En effet, les périodes de ponte des poules ont souvent lieu après les périodes de récolte de riz du fait de la disponibilité alimentaire. Cette période va d’avril à juillet. Ces jeunes volailles gardent leurs anticorps maternels jusqu’à 4 semaines d’âge au plus et deviennent ensuite complètement sensible au virus [38]. Il y a alors une concentration importante de jeunes poulets de quelques mois en septembre et octobre ;
• La période de septembre-octobre correspond à une intersaison entre la saison sèche chaude et la saison pluvieuse. La forte chaleur et cet effet intersaison pourraient être une source de stress pour les volailles en les rendant plus fragiles [26] ;
• C’est aussi la période de rentrée des classes, et il y a généralement une augmentation importante des ventes de volailles par les éleveurs pour subvenir aux frais de scolarisation. L’augmentation du flux de volailles vendus et qui intègrent le circuit de commercialisation, pourrait aggraver la diffusion de virus entre les villages. Un effet saison, combiné avec la dynamique du cheptel pourrait donc expliquer ce pic. La transmission serait ensuite favorisée par l’intensification de la commercialisation [26].

Distribution géographique et allure épidémiologique

D’après une enquête épidémiologique sur la MN en aviculture villageoise qui a été effectuée à Ambohimangakely et à Moramanga entre mai 1999 et juin 2000, la MN a effectué un pic principal en octobre et un pic secondaire en mars [22]. En 2011, une étude a montré la prééminence de la MN parmi les différentes maladies aviaires des élevages traditionnelle des hauts plateaux Malgache s. Cette étude a décrit un taux de morbidité moyen de 87,6 % des villages des 35 communes d’Ambatondrazaka et d’Amparafaravola avec un taux de mortalité globale de 44% [6]. Par ailleurs, à Antananarivo les élevages de basse-cour étaient associés à un niveau de risque de MN plus élevé en raison l’absence des mesures de biosécurité. Des prélèvements ont été effectués dans les foyers de MN sur les volailles domestiques dans deux sites d’études (Antananarivo et lac Alaotra) entre 2008 et 2010 afin de caractériser les souches isolées et de déterminer l’index de pathogénicité intracérébrale (IPIC). Les valeurs d’IPIC étaient de 1,9, ce qui correspond à fort pouvoir pathogène (souche vélogène) [39]. D’après OIE en 2016, la maladie de Newcastle était présente dans toute l’île de Madagascar [40].

La vaccination à Madagascar

La vaccination constitue le pilier de la lutte contre la MN [5]. Plusieurs vaccins contre la MN sont commercialisés à Madagascar : il y a les vaccins produits localement par l’IMVAVET et les vaccins importés [7]. Ils sont fabriqués essentiellement à partir de trois souches : La Sota, Hicthner B1, et Mukteswar. Les deux premières sont des souches lentogènes appartenant au génotype II. La souche Mukteswar est une souche mesogène appartenant au génotype III. Le choix du vaccin par les éleveurs se fait en fonction du type d’élevage et de vaccins disponibles. Dans les élevages villageois généralement le vaccin Pestavia (souche Mukteswar) est utilisé. Il est recommandé chez les poussins à l’âge de 21 jours une vaccination et un rappel annuel par injection sous cutané, mais cela reste un protocole difficile à réaliser en pratique. En ce qui concerne la vaccination, l’étude en 2011 sur la caractérisation des virus de la MN (APMV-1) circulant sur les hautes terres de Madagascar montrent que les poulets vaccinés et infecté sont protégés contre la morbidité et mortalité, cependant, ils excrètent le virus [9,39].
Concernant la santé animale, la zone du lac Alaotra a une très bonne couverture sanitaire avec plus d’une dizaine de vétérinaires, des ACSA et des techniciens d’élevages. En outre, il existe plusieurs dépositaires de médicaments vétérinaires, des pharmacies vétérinaires et des cabinets vétérinaires privés dans la zone. Les vaccins aviaires y sont disponibles. Elle serait l’une des zones du pays où le taux de vaccination des volailles serait le plus élevé. Pourtant ce taux reste inférieur à 10% [8, 15, 39]. Les aviculteurs considèrent que l’évitement de la maladie par la vaccination n’est qu’une stratégie parmi d’autres (consommation ou la vente des volailles mortes, vente rapide des animaux malades ou menacés, …). Ainsi chacun des éleveurs ont leur choix. Pour les éleveurs qui privilégient la vaccination, le niveau de connaissance de cette vaccination est faible (non différenciation des maladies spécifiques respectifs aux vaccins) [41].

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : RAPPELS
I SITUATION DE L’AVICULTURE À MADAGASCAR
I.1 Importance de l’aviculture
I.2 Evolution de la filière l’aviculture
I.3 Contrainte de l’aviculture à Madagascar
II LA MALADIE DE NEWCASTLE
II.1 Importance économique
II.2 Facteurs de risque
II.2.1 Au niveau élevage
II.2.2 Au niveau de la commercialisation
II.2.3 Concernant la saisonnalité de la maladie et la dynamique du cheptel
II.3 Distribution géographique et allure épidémiologique
II.4 La vaccination à Madagascar
II.5 Les déterminants de la pratique de la vaccination contre la MN
III GÉNÉRALITÉS SUR LA CAMPAGNE DE SENSIBILISATION
III.1 Mesure d’impact d’une campagne de sensibilisation
III.2 Mesure de l’efficacité d’une campagne de sensibilisation
III.2.1 Les enquêtes «avant-après»
III.2.2 Les enquêtes de suivi
III.3 La campagne de sensibilisation contre la MN dans la zone du lac Alaotra et dans la zone d’Itasy
III.3.1 Les canaux utilisés pour la diffusion des messages
III.3.2 Les contenus des messages
DEUXIÈME PARTIE : MÉTHODES ET RÉSULTATS
I MÉTHODES
I.1 Sites d’étude
I.1.1 Situation administrative et démographie
I.1.2 Milieu physique
I.1.3 Agriculture
I.1.4 Aviculture
I.2 Type d’étude
I.3 Période de l’étude
I.4 Population d’étude
I.4.1 Critères d’inclusion
I.4.2 Critères d’exclusion
I.5 Echantillonnage
I.5.1 Taille de l’échantillon
I.5.2 Plan de sondage
I.6 Collecte de données
I.7 Analyse de données
I.7.1 Manipulation et vérification
I.7.2 Description de l’échantillon
I.7.3 Description de la variable de l’étude
I.7.4 Indicateurs et facteurs de variation
I.7.5 Test du Khi deux
II RÉSULTATS
II.1 Description de l’échantillon
II.1.1 Nombre d’aviculteurs enquêtés
II.1.2 Proportion des aviculteurs enquêtés selon la classe d’âge
II.1.3 Proportion des aviculteurs enquêtés selon le sexe et le niveau d’étude
II.1.4 Distribution des aviculteurs enquêtés suivant l’espèce avicole élevée
II.2 Couverture géographique de la campagne de sensibilisation
II.3 Proportion d’aviculteurs atteints par la campagne de sensibilisation
II.3.1 Proportion des aviculteurs au courant de la sensibilisation selon les canaux de sensibilisation utilisés
II.3.2 Proportion des aviculteurs au courant de la sensibilisation par classe d’âge
II.3.3 Proportion des aviculteurs au courant de la sensibilisation
par région
II.3.4 Proportion des aviculteurs au courant de la sensibilisation par sexe
II.3.5 Proportion des aviculteurs au courant de la sensibilisation par niveau d’étude
II.3.6 Proportion des aviculteurs au courant de la sensibilisation par type d’élevage
II.4 Les messages acquis par les aviculteurs
II.4.1 Proportion des aviculteurs ayant acquis les messages selon le type de message
II.4.2 Proportion des aviculteurs ayant acquis des messages selon le canal
II.4.3 Proportion des aviculteurs ayant acquis des messages par classe d’âge
II.4.4 Proportion des aviculteurs ayant acquis des messages par région
II.4.5 Proportion des aviculteurs ayant acquis des messages par sexe
II.4.6 Proportion des aviculteurs ayant acquis des messages par niveau d’étude
II.4.7 Proportion des aviculteurs ayant acquis des messages par type d’élevage
II.5 Proportion des aviculteurs prêt à appliquer les messages prophylactiques acquis
TROISIÈME PARTIE : DISCUSSION
I Discussion de la méthodologie
I.1 Choix des populations ciblées par l’enquête et les zones d’étude
I.2 Justifications de l’enquête
I.3 Choix de la méthode d’enquête
II Couverture géographique de la campagne de sensibilisation
III Discussion des résultats de la sensibilisation par les aviculteurs
IV Recommandations
CONCLUSION
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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