Face aux enjeux climatiques mondiaux actuels, l’humanité doit innover ses pratiques et comportements compromettant pour l’environnement surtout en agriculture. Malgré cela, l’accroissement de la production agricole est impératif du fait de la croissance démographique. Les pays du Nord comme du Sud sont donc obligés de trouver des techniques profitant de l’augmentation de la production et de sa qualité mais également de l’amélioration des revenus des paysans et enfin de la protection de l’environnement, primordiale pour la durabilité de toute technique adoptée. Madagascar n’est pas épargné par ces enjeux actuels. En effet, l’agriculture, base de l’économie malgache, connaît une période difficile. La production agricole n’est point encore autosuffisante, et l’environnement se dégrade continuellement dû aux impacts négatifs des pratiques agricoles conventionnelles : dégradation des terres, érosion des sols, baisse de la biodiversité, pollution, désertification…, et toutes leurs conséquences sociales dramatiques (Groupe AFD, 2006). Face à tout cela, depuis quelques années, la technique du système de couverture végétale sur couverture permanente a été lancée à Madagascar pour faire face à ce lourd cahier de charges de l’agriculture. Faisant partie des cinq pays pilotes de la zone de solidarité prioritaire (ZSP) du plan global agro-écologie (PAA), plusieurs acteurs de l’aide française dont le ministère des Affaires étrangères (MAE – DGCID), l’Agence Française de Développement (AFD), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM), regroupent leurs efforts afin de mettre au point des méthodes agro-écologiques, dont la SCV, adaptés aux différentes contraintes et besoins des agriculteurs, et de tester leurs forces et leurs faiblesses, en vue d’une éventuelle diffusion/adoption à l’échelle du pays. L’ONG TAFA, avec l’appui du CIRAD est à l’origine de la mise au point d’une large gamme de systèmes SCV à Madagascar.
Au niveau régional, la cuvette du lac Alaotra, l’une des plus grandes zones rizicoles de Madagascar, avec plus de 80.000 ha de rizières. C’est l’une des rares zones du pays excédentaires en riz avec une production annuelle en année normale de 200.000 tonnes, dont 80.000 tonnes en moyennes sont exportées chaque année vers Antananarivo et Toamasina. Malgré sa richesse relative et son dynamisme, attestés par la forte pression migratoire, la plaine du lac Alaotra apparaît comme une région menacée (MAEP, 2004). Elle est soumise actuellement à une diffusion de la technique agricole sous couverture végétale permanente.
Divers projets sont en cours pour la protection de cette zone notamment le Projet de Mise en valeur et de protection des Bassins Versants du lac Alaotra financé par l’AFD et dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par le Ministère de l’Agriculture malgache. Il a pour objectif d’accroître et de sécuriser les revenus des producteurs associant préservation des bassins versants et appuis technique et financier aux organisations de producteurs locales. Plusieurs organismes collaborent afin de réaliser les objectifs du projet : CIRAD, le bureau d’études BRL Madagascar, l’ONG AVSF, l’ONG Tafa.
Les SCV constituent une nouvelle approche de l’agriculture qui permet de s’affranchir du labour avec des effets à court ou moyen terme sur l’arrêt de l’érosion, l’amélioration de la fertilité des sols et la stabilisation, voire l’augmentation des rendements même sur des terres réputées incultes (groupe AFD, 2006). Le sol n’est donc pas labouré et est maintenu couvert par une couverture végétale morte ou vivante. Plusieurs espèces de plante de couverture sont utilisées pour cette fin :
● la vesce, Vicia villosa
● la dolique, Dolichos lablab
● le niébé, Vigna unguiculata
● le stylosanthès, Stylosanthes guianensis
● le brachiaria, Brachiaria sp.
Ces plantes, par le biais d’un enracinement profond, permettent de remonter en surface les nutriments des horizons profonds pouvant être utilisés par la culture principale. Elles produisent également une importante biomasse rapidement. De plus, ces plantes peuvent résister à des conditions difficiles telles que la saison sèche, un sol compacté ou une forte pression des mauvaises herbes. La couverture mise en place peut être tuée par coupe ou peut demeurer vivante mais contrôlée par une dose faible d’herbicides. De plus, certaines plantes de couverture peuvent être utilisées comme fourrage pour le bétail tout en gardant une bonne quantité de couverture sur le sol. La pratique de la SCV offre une possibilité d’intégration avec l’élevage car la production de produits vivriers (riz, maïs, etc…) se combine avec la production de fourrage au cours de la même saison. En retour, les animaux apportent du fumier pour les cultures.
Localisation de l’étude
La collecte de données s’est étalée sur deux mois (Octobre 2009à Décembre 2009) autour du Lac Alaotra, dans la région Alaotra Mangoro. Des relevés des quantités de biomasse brute ont été réalisés sur les parcelles de SCV. A part cela, pour compléter les données recueillies, plusieurs données nécessaires pour l’analyse ultérieure ont été également relevées. Ces sites ont été choisis d’abord parce que ce sont des parcelles déjà encadrées par des partenaires du CIRAD : BRL Madagascar et l’ONG AVSF. De plus, à part les parcelles situées dans les environs d’Ambatondrazaka, celles situées sur la rive Ouest et la rive Est du lac ont été déjà reconnues par d’autres stagiaires du CIRAD au cours de la saison passée (2008-2009).
Zone de la vallée du Sud-Ouest
Cette zone est la plus proche d’Ambatondrazaka, le chef lieu de la région AlaotraMangoro. La zone de collecte s’est située entre la commune rurale d’Ambandrika et celle d’Ambohitsilaozana, sur 10km sur la route qui mène vers Andilamena (RN 44). Ce sont des rizières en contre-saison à cette période de l’année. Les parcelles vues dans cette zone n’ont jamais fait l’objet d’une quelconque étude, d’où il s’avère intéressant d’y prendre des informations. Cette zone est encadrée par BRL Madagascar Sud. Les reconnaissances des parcelles ont été effectuées avec les techniciens de BRL Madagascar. Cette zone se divise en trois parties, dont les points de séparation sont deux ponts qui se situent tout au long de la route:
1- la partie nommée « Tetezamby » où cette contre-saison 2009 était encore une période de diffusion des systèmes SCV. Les parcelles étudiées dans cette partie ont toutes moins d’une année d’utilisation en SCV.
2- La partie « Ambohitsilaozana Sud » dont plusieurs parcelles sont déjà à plus d’une année sous SCV. Cette partie traverse quatre (4) villages à savoir, du Sud au Nord : Ambohipasika, Ambohitriesana, Vohitsarakely et Mahatsinjo.
3- La partie « Ambohitsilaozana » où l’on n’a relevé que trois parcelles dont deux de vesce à cause de l’absence momentané du technicien au cours de notre passage. Ces parcelles se situent toutes dans le Fokontany d’Ambodivoara de la commune d’Ambohitsilaozana.
Mesure de la quantité de biomasse
Cas des parcelles déjà étudiées auparavant
Pour les parcelles déjà étudiées par les collègues précédents, si les traces des carrés qui ont fait l’objet de la mesure de biomasse étaient retrouvées, il fallait prendre des mesures dans ces mêmes carrés mais également prendre celles de la même surface posée à côté de ces carrés pour deux raisons :
– pour voir l’évolution de la quantité de biomasse prise dans les mêmes carrés
– pour comparer la quantité de biomasse obtenue dans les deux carrés côte à côte dont l’un a fait déjà l’objet de plusieurs coupes tandis que l’autre est nouvellement coupé.
Méthode de mesure de la biomasse
Tout ce qui se trouve dans les carrés de 1m² est pesé. Mais les méthodes de mesure diffèrent selon que la plante est encore vivante ou déjà morte au moment de la coupe.
Mesure de la biomasse des plantes vivantes
Les cultures de contre-saison, c’est-à-dire la vesce et la dolique, ainsi que les cultures fourragères sont concernées. Pour la vesce et la dolique, les coupes sont rasantes mais il faut que la couverture décapée soit remise en place immédiatement après la mesure.
Pour le Brachiaria et le Stylosanthes, puisque ce sont des fourrages, leur coupe doit se faire assez en hauteur, entre 15 centimètres et 20 centimètres, pour ne pas les tuer. Sauf dans le cas où ces plantes seront tuées pour la mise en place d’une autre culture la saison suivante.
Mesure de la quantité de mulch au sol
Ce sont les résidus de maïs+dolique, de maïs+niébé et de riz pluvial. Tout ce qui se trouve dans les carrés de 1m² est mesuré.
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie 1 : MATERIELS ET METHODES
1. Localisation de l’étude
2. Les systèmes de culture étudiés
3. Mesure de la quantité de biomasse
4. Mesure de la qualité de biomasse
5. Autres données recueillies sur terrain
6. Analyse des données
7. Détermination de l’échelle de recouvrement
8. Evaluation de la quantité de lait relative à chaque système de culture
9. Limites méthodologiques de l’étude
Partie 2 : RESULTATS
1. Quantité de biomasse produite en SCV pour chaque système de culture
2. Qualité de la biomasse produite
3. Modélisation du taux de couverture en fonction de la biomasse produite
4. Evaluation des productions de lait potentielles par l’utilisation des plantes de couverture
Partie 3 : DISCUSSIONS
1. Importance de la quantité de biomasse produite par les plantes de couverture en agriculture et en élevage
2. Mode de gestion des parcelles de SCV avec l’élevage de vaches laitières
3. Détermination du point critique entre la couverture végétale proprement dite et l’utilisation des plantes de couverture comme fourrage
4. Limites de l’utilisation des plantes de couverture comme fourrage
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES